C. La limite et l'échec de la politique du
régime.
Les techniciens ainsi que les dirigeants ont certainement vu
trop grand dans leur calcul lors des investissements à outrances.
Très peu d'entre les projets mis en route étaient viables si bien
que leur échec était patent. Ces calculs étaient d'autant
plus erronés que sur le plan international, une nouvelle
récession venait à tout remettre en cause.
La fin des années 70 a connu la deuxième crise
pétrolière, bouleversant l'économie mondiale au moment
où les Malgaches commençaient sa réforme
économique. La situation s'est désagrégée : en
1979, la balance commerciale devenait de plus en plus déficitaire avec
la baisse du prix des produits d'exportation alors que parallèlement, le
prix du pétrole et des produits importés augmentaient. Cet
état de fait a condamné Madagascar à emprunter - avec une
échéance à court terme et des taux d'intérêt
élevés - auprès des banques extérieures pour
honorer le payement des produits manufacturés, les intrants des
industries, le pétrole et le riz...
CHAPITRE 6. DE LA REFORME
DES ANNEES 80 A LA POLITIQUE
LIBERALE DE LA FIN DES
ANNEES 90
T
out le monde se souvient certainement des pénuries
dans les années 80 : des mères de famille qui se levaient
à 2-3 heures du matin pour faire la queue au bureau du
fokontany et recevoir le maigre ration de riz et des Produits
de première Nécessité (PPN) dans la rue de la Capitale...
Rien n'allait et les premières victimes étaient la couche moyenne
qui, du jour au lendemain, s'est retrouvée acculée devant
l'ampleur du phénomène. La situation était alarmante si
bien que le gouvernement a dû se plier et négocier auprès
de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI).
I. Une situation économique en pleine
dégradation.
A. Un Produit Intérieur Brut instable (cf. graphe
2).
Graphe 2 : Evolution du Produit Intérieur Brut de
Madagascar.
On perçoit une nette dépréciation du PIB
(Produit Intérieur Brut) 35 par habitant depuis
l'indépendance. Le plafond a été atteint en 1972 et
depuis, tout semble s'écrouler. A cette date, le PIB était
évalué à 250.000 Fmg (base 1984)36.
Paradoxalement, cette période coïncidait à la chute du
gouvernement de TSIRANANA. Depuis, la dégradation de la situation semble
irréversible. La Grande-île est aujourd'hui un des Pays le plus
pauvre au monde. Tous ses indicateurs économiques sont là pour
accréditer cette thèse : balance commerciale déficitaire,
prédominance du secteur agricole.
35 Le PIB est le montant total de la production de
biens et de services, fourni par les entreprises dans un pays quelle que soit
leur nationalité.
A l'opposé de cela, le PNB ou Produit National Brut
reflète l'évolution des masses monétaires
effectuées par les entreprises d'un pays tiers et sur son territoire et
en dehors.
36 1 Franc français équivaut à peu
près à 60 Fmg
Au tout début des années 80, pourtant, dû
certainement aux efforts effectués par l'AREMA et le Front, le PIB
semble s'être remis sur de bon rail avant de dégringoler et
afficher les 180 US $ au début de l'année 2003. Dans ces
années difficiles, l'augmentation du PIB passe de 8.6% en 1980 à
1.8% en 1981 alors que dans le même temps, le TAN frôle les 3%...
Cela démontre bien que Madagascar est toujours sur une pente raide et
que l'équilibre tellement souhaité est encore loin d'être
atteint.
Par ailleurs, quand on s'attarde sur l'analyse du PIB
constant, on retrouve une évolution en dent de scie dont la pointe
maximale se situe aux alentours du début des années 80.
L'explication la plus plausible est que c'est durant cette période que
Madagascar s'est lancé dans l'investissement à outrance. Des
capitaux étrangers ont afflué vers la Grande-île, mais cela
n'a pas profité à la masse de la population. Il est certain que
ces investissements auraient dû changer le quotidien des Malgaches mais
la réalité est autre.
A cause de ces capitaux empruntés à des taux
d'intérêt exorbitants et à court terme, l'économie
malgache s'est « grippée ». Il a fallu négocier et
trouver des partenaires solvables. Si Madagascar avait été une
entreprise on aurait parlé de faillite et de dépôt de
bilan. Mais un Etat n'est pas une entreprise et quand un régime est en
difficulté, il disparaît ou s'adapte à la situation.
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