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Les Partis gouvernementaux et l'espace malgache de 1960 à 2001

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par Lala Herizo RANDRIAMIHAINGO
Université d'Antananarivo - DEA 2004
  

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B. Les mesures d'accompagnement.

Ces dispositions ne seraient s'il n'y a pas des mesures prises pour faciliter leur mise en oeuvre. Ces conceptions sont des bases sur lesquelles vont s'appuyer des réformes en profondeur de la mise en valeur du monde rural malgache.

1) L'obligation de résultat.

Les terres sont une denrée rare qu'il faille ménager. Son appropriation ne signifie nullement qu'on peut en faire tout ce dont on voudrait. L'Etat exige que des résultats soient tangibles. Les paysans ont l'obligation d'aménager sa parcelle. Le non-suivi de cette règle peut conduire au retrait de la parcelle au profit d'autrui. Dans les zones de grands aménagements, comme Marovoay ou Alaotra, l'Etat peut dicter le type de mise en valeur que chaque propriétaire doit suivre.

Il faut cependant noter que les terres peuvent être transmises de génération en génération si l'héritier s'engage à travailler la terre. Mais il lui est interdit de le vendre ou de l'affermer. Cette disposition est prise pour empêcher l'apparition d'une « bourgeoisie paysanne. »

2) La mise en place de la coopérative.

Cette disposition a été prise suivant le modèle des pays communistes qui ont mis en commun leurs moyens de production. La collectivisation a pour but d'alléger les coûts d'exploitation. La mise en commun des efforts peut en effet induire une dynamique qui influera sur les résultats de la production. Parmi ces coopératives, on peut citer la COOPAREMA qui est une émanation de la préséance de l'AREMA dans les différentes actions

accomplies jusque là. Son étude aurait été grandement un plus, malheureusement, les archives y afférentes sont introuvables.

D'autres dispositions ont été aussi prises pour faciliter la mutation du paysage agraire malgache. C'est ainsi qu'il y a eu la création de la BTM, une banque qui saurait aider et conseiller les paysans dans leur investissement. La réforme agraire démontre une volonté certaine du pouvoir de faire évoluer l'espace rurale malgache. Le tissu industriel n'était pas pour autant délaissé ; au contraire, l'AREMA voulait « frapper un grand coup » en mettant en place une politique ambitieuse : l'investissement à outrance.

III. L'investissement à outrance : Un échec patent.

Vers la fin des années 1970, en 1977 plus précisément, Madagascar semblait avoir atteint un certain équilibre dans ses balances commerciales. Cela est dû notamment à un concours de circonstance favorable : La Grande-île a pu écouler, sur le marché international, son café avec des bénéfices, le Brésil ayant été touché par une vague de froid qui a hypothéqué ses récoltes.

A. Un souci de rééquilibrage de la présence sur le territoire national ( cf. fig.12).

L'Etat malgache est présent sur tout le territoire malgache. Cette présence se manifeste à travers les sociétés publiques ou fermes d'Etat qui ont été érigées dans toute l'île. Cette situation est voulue car la nouvelle approche édictée par la charte veuille que les actions soient décentralisées. L'Etat dans cette démarche se propose de venir auprès de la population pour leur apporter son soutien. C'est une nouvelle politique qui tranche avec celle en vigueur sous la première république.

L'AREMA a toujours eu comme souci le rééquilibrage de la présence des activités initiées par le gouvernement sur le territoire national. Cette politique ne diffère en rien à celle préconisée par le PSD. Au contraire, elle a renforcé celle de l'ancien parti tenant du pouvoir.

La différence réside dans l'approche : le PSD est considéré comme beaucoup plus capitaliste qui ne se soucie guère plus que de l'intérêt économique de ses activités ; l'AREMA par contre a une approche plus sociale de ses projets. Le parti de M. RATSIRAKA pense ainsi avoir un plus grand poids auprès de la population.

Figure 12 : Répartition des sociétés contrôlées par l'Etat en terme de pourcentage sur le territoire.
Source : Archive BNI-CL

Figure 13 : Représentation graphique de la répartition des sociétés publiques à Madagascar.
Source : Archive BNI-CL.

Certes, cette prise de position avait permis de créer (ou de s'approprier via la nationalisation) des sociétés à travers la grande-île, mais la politique de rééquilibrage des investissements au niveau des Faritany n'avait pas que des avantages. Elle avait poussé l'Etat malgache dans une course effrénée vers l'investissement à outrance qui la plupart du temps était mal-calculé.

B. Les investissements à outrance et les sociétés nationalisées (cf. fig.13).

L'ancien régime a été critiqué pour ses prises de position trop timorée dans les investissements. Du fait de la conjoncture en bonne voie, notamment avec les devises apportées par la vente du café, l'Etat malgache pensait que le moment était venu de franchir le cap et de faire de grands investissements. Cette politique a permis l'acquisition de nouveaux moyens de transport (les fameux Ikarus venus de l'Europe de l'Est) et de labour (1.000 tracteurs venus d'URSS) - le développement de nouvelles infrastructures - la construction de nouveaux centres universitaires dans les Faritany etc. C'étaient de grands projets forts louables qui devaient porter ses fruits à long terme.

La représentation graphique ci-dessus représente une partie de ces investissements alliés aux sociétés nationalisées de force. Elle permet de constater de visu la prédominance dans les actions menées des industries ayant trait avec le monde agricole. On peut citer entre autres la SIRAMA qui était présente dans trois Faritany (Mahajanga, Toamasina, Antsiranana) et dont le capital s'élève à 927.400.000Fmg - la KAFEMA présente à Antsiranana et Fianarantsoa avec un capital de 26.260.000Fmg.

Mais l'industrie a été une grande déconvenue de cette politique. Avec des usines surdimensionnées ou mal-implantées, les techniciens ont confondu vitesse et précipitation. Des complexes aux normes internationales ont ainsi vu le jour sans pour autant fonctionner. Divers exemples sont à relever en ce domaine :

· C'est le cas de l'Abattoir de Mahajanga situé à l'entrée de la ville, sur la RN4. Ce grand ensemble dans les années 80 n'avait que peu fonctionné. Vers la fin des années 80, il a même été fermé. La seule activité qui s'y faisait était le prêt de son groupe électrogène à la JIRAMA dont la centrale thermique n'arrivait pas à alimenter la ville en électricité avec de fréquentes pannes dues au délestage...

· Les complexes de fabrication d'outillage agricole TOLY ont aussi été un de ces exemples. Présents sur trois sites avec un capital de 660.000.000Fmg, TOLY n'avait jamais fonctionné...


· Les usines LALASOA et la ZEREN (respectivement pour la transformation du soja et la confection d'engrais) sont souvent citées en exemple comme les usines n'ayant pas fonctionnées, mais d'autres usines ont aussi vivoté comme le FAMAMA (Famokarana Mahabibo Malagasy) à Mahajanga ou encore l'usine de construction de voiture Karenjy à Fianarantsoa.

Tableau 4 : Liste exhaustive de quelques-unes des sociétés nationalisées et/ou créées par l'investissement à outrance.
Source ; Archive BNI-CL/Min. de l'industrialisation

Société Localisation Nombre Capital en (Fmg) Activités

d'employés

AFM (Abattoir frigorifique de Mahajanga - -

Mahajanga)

ANM (Abattoir frigorifique de Morondava - -

Morondava)

COROI (Comptoir de commerce et de représentation pour l'océan indien)

FAMAMA (Famokarana Mahabibo malagasy)

Nationale - - Importation de

marchandises - exportation de produits agricoles

Mahajanga - - Plantation et

transformation d'anacarde

FIARAFY Fianarantsoa 34 - Industrie automobile

HASYMA (Hasy malagasy) Toliara, Mahajanga 790 1.701.600.000 Collecte et transformation

du coton

JIRAMA (Jiro sy Rano Malagasy) Nationale 5.008 53.768.050.000 Entreprise de distribution

de l'électricité et de l'eau potable

KAFEMA (Kafe malagasy) Ambanja, Manakara 85 26.260.000 Industrie caféière

LALASOA Antananarivo - - Transformation du soja en

lait de soja

LANSU (Langouste du Sud) Fort-Dauphin - - Pêche et

commercialisation de la langouste

MAMISOA Antsirabe - - Transformation du soja en

huile

SECREN (Société d'exploitation, de Antsiranana 1.108 2.000.000.000 Construction navale

construction et de réparation navale)

SEVIMA (Société d'exploitation de la Antananarivo - - Industrie de mise en

viande à Madagascar) conserve de viande

SICE Nationale - - Commerce et distribution

SINPA (Société d'intérêt national des Nationale - - Collecte et

produits agricoles commercialisation de

produits agricoles

SIRAMA (Siramamy malagasy) Mahajanga, 7.328 219.000.000 Industrie sucrière

Brickaville, Nosy-Be

SIRANALA (Siramamy Analaeva) Morondava 950 500.000.000 Industrie sucrière

SOAVOANIO (Société Sambava Sambava - - Plantation et

voanio) transformation de l'huile

de coprah

SOLIMA (Solika malagasy) Nationale 1.570 2.504.500.000 Industrie pétrolière

SOMAPALM (Société malagasy pour le palmier à huile)

SOPRAEX (Société promotion pour
les produits agricoles d'exportation)

Toamasina - - Plantation et

transformation de palmier à huile

Fianarantsoa - - Recherche en produit

pharmaceutique

Madagascar)

SUMATEX (Sud malgache textile) Toliara 788 - Industrie textile

TOLY Toliara, Farafangana, - 660.000.000 Confection d'outillage

Morondava mécanique

Tranombarotra ROSO Nationale - - Commerce et distribution

ZEREN Toamasina - - Transformation engrais

chimique

IV. La décentralisation de l'enseignement supérieur, un travail à long terme.

La réforme de l'enseignement supérieur a été prévue dans la charte de la deuxième république33. Trois axes principaux ont été proposés et mis en relief : la démocratisation - la décentralisation et la restructuration de la pédagogie de l'enseignement. Ces axes sont sensés apporter une nouvelle dynamique dans la formation des futurs cadres de la nation.

Dans ce contexte, le gouvernement, s'est proposé d'accroître le nombre d'étudiants qui vont fréquenter le « banc » des facultés. L'augmentation du crédit alloué à l'aide financière [la bourse estudiantine] a été une des solutions proposées. De 3.000 boursiers en 1974, on est passé à 12.000 en 1979 : 60% des étudiants bénéficient d'une bourse dont 70% avec le taux maximal. Cette réforme de l'accession à la formation supérieure a été renforcée par la mise en place de nouvelles infrastructures : les Centres Universitaires Régionaux.

A. Les CUR : Des centres d'enseignement supérieur de proximi( cf. tableau 5).

Centre universitaire Matière enseignée

Antananarivo Droit - économie - gestion - sociologie, Lettres et Sciences Humaines, Médecine, Sciences -

Mathématiques - Physique et chimie

Antsiranana Filière électromécanique

Fianarantsoa Mathématiques, Physique, Ecole normale niveau 3

Mahajanga Médecine dentaire

Toamasina Gestion

Toliara Lettre, Sciences, Ecole Normale, Philosophie

Tableau 5 : Représentation des « spécialités » de chaque CUR.
Source : Archive MENRES.

Les CUR ont été érigés pour décentralisés l'enseignement supérieur. il faut pourtant voir que cette politique n'a vraiment pas résolu le problème dans la mesure où les CUR étaient des centres spécialisés en un domaine d'études précis. Par conséquent, la mise en place d'un réseau sensé décongestionné la concentration des étudiants à Antananarivo n'avait pas eu l'effet escompté. Une grande partie de la population estudiantine est toujours regroupée dans la Capitale.

Un autre constat révèle aussi que la concentration d'étudiants dans les cités universitaires, notamment à Antananarivo ne signifiait pas forcément augmentation de la population estudiantine. Certaines personnes « squattaient » les cités universitaires alors qu'elles ne sont plus inscrites dans les facultés. Cette situation a été favorisée par un climat de « laisser-aller » qui a gangrené le système administratif malgache. Il a fallu attendre les années 90 pour voir l'Etat reprendre en main la situation. L'assainissement a ainsi permis de réduire de plus de la moitié, le nombre de l'effectif estudiantin dans la Capitale : on est actuellement à 15.000 étudiants pour Antananarivo.

B. Les CUR : Des exemples d'investissement à outrance clé en main (cf. fig14-15-16).

L'Etat malgache avait déboursé 30 milliards de FMG pour la construction des CUR. Ces investissements ont été contractés dans le cadre de la politique de l'investissement à outrance. Madagascar travaillait avec des entreprises qui apportaient leur savoir-faire en construction. Parmi les entreprises contactées, on peut citer la FABRICA IMBALLAGI34 qui a transporté de Milan, en Italie, les bâtiments préfabriqués et assemblés, à Madagascar.

Tableau 6 : Les travaux effectués par province.
Source : Afrique-Asie, numéro spécial, 23 juin-6juillet 1980.

Type de construction

Antsiranana

Mahajanga

Toamasina

Toliara

Fianarantsoa

Antananarivo

Logement étudiant

500 (I)

 

500 (I)

300 (T)

500 (T)

1.500 (I)

 

500 (C)

 

500 (C)

300 (I)

 

1.500 (C)

Salle de cours

17 pour 50

7 (C)

1 pour 200

3 (T)

6 de 100 places

10 (I)

 

places (T)

 

places (I)

2 de100 et de

(T)

37 (C)

 

10 pour 100 places (T)

 

12 (C)

200 places (I)

 
 
 

15 pour 200 places (C)

 
 
 
 
 

Amphithéâtre

1 de 150 places

1 de 750 places

1 de 750 places

2 de 750 places

1 de 750 places

1 de 1.000

 

(I)

(C)

(I)

(I)

(T)

places (I)

 

2 de 750 places

 

1 de 750 places

 
 

2 de 750 places

 

(C)

 

(C)

 
 

(I)

 
 
 
 
 
 

2 de 1.000
places (C)

 
 
 
 
 
 

4 de 750 places

 
 
 
 
 
 

(C)

Restaurant

1 de 600 places

1 de 600 place

1 de 600 places

1 de 600 places

1 de 600 places

1 de 600 places

 

(I)

(C)

(C)

(I)

(T)

(I)

 
 
 
 
 
 

1 de 600 places

 
 
 
 
 
 

(C)

Logement professeur

10 (I)

10 (I)

10 (I)

20 (I)

10 (I)

15 (I)

 
 
 
 
 
 

20 (C)

Surface aménagée

31.073 m2

5.630 m2

25.747 m2

20.775 m2

14.226 m2

86.323 m2

 

N.B. : (T) : Entreprise locale - (I) : FABRICA IMBALLAGI - (C) : CONACO

La répartition de ces installations est certes inégale pour chaque CUR, mais il faut tenir compte des spécialisations de chaque centre auquel on avait adjoint les infrastructures. Malgré tout, on retrouve la volonté de l'AREMA de mettre en place un réseau national pour l'éducation supérieure.

Ces réseaux complètent les réformes déjà amorcées dans l'enseignement primaire et secondaire. Le but avoué est que les jeunes malgaches puissent accéder à un minimum de savoir. Cela leur permettra d'oeuvrer pour le développement de leur région respective et par ricochet de madagascar.

187 logements étudiants, 33 logement de professeurs, 11 salles de cours de 100 places, 4 salles de cours de 200 places, 15 salles de projection, 3 restaurants, 7 amphithéâtre.

Figure 14 : Représentation des surfaces aménagées pour les CUR.
Source : Archive Min. Industrialisation.

Figure 15 : Représentation de la capacité d'accueil des réalisations.
Source : Archive Min. Industrialisation.

Figure 16 : Représentation des réalisation effectuées.
Source : Archive Min Industrialisation.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon