II. La réforme agraire : Une entreprise inaboutie.
Plus que la réforme de l'administration, c'est un
domaine auquel les dirigeants tenaient beaucoup. Ils voulaient restituer
à ceux qui cultivent la terre le droit d'en jouir pleinement. RATSIRAKA
proposait d'améliorer la condition de vie et de travail en milieu rural
: plus de progrès et d'avancée technologique. Pour cela, il a
fait appel au concours des pays de l'Est et a fait venir des engins
motorisés à Madagascar. Or, le terrain de Madagascar ne convenait
pas à ces types de véhicules. En effet, une grande partie des
terres dans la Grande-île - 60% à peu près - est en pente
difficile à aménager d'où l'échec du projet. Il en
va ainsi de plusieurs projets qui n'ont trouvé d'écho
auprès de la population car ils sont irréalisables. De plus comme
Madagascar entrait de nouveau en récession au début des
années 80, l'Etat n'était plus en mesure de pérenniser ses
actions fautes de budget...
A. Pourquoi la « révolution agraire » ?
Madagascar est un pays pauvre où près de 80% de
la population sont des ruraux. Cela ne veut pas dire que ces gens sont tous des
agriculteurs. Néanmoins, il fallait concéder que le
développement devait partir de cette frange majoritaire de la
population. La politique de la révolution agraire ne fait
qu'emboîter le pas tracé par le régime de TSIRANANA :
intégrer l'économie rurale dans le circuit de la grande
distribution et de consommation.
1) Une agriculture au service du
peuple.
Les Malgaches, dans son ensemble, pratiquaient une
agriculture d'autosubsistance qui ne favorisaient pas un décollage de
l'économie malgache. Cette pratique hypothéquait gravement les
chances de Madagascar de se développer. Tant que la Grande-île ne
produit pas suffisamment de denrées pour nourrir tous les Malgaches, on
se retrouve dans un cycle infernal. Pour renverser cette situation, il fallait
aider les ruraux à avoir plus confiance aux structures mises en place et
les inciter ainsi à produire plus. La charte s'engageait à
réinvestir les revenus issus de l'agriculture dans l'amélioration
des conditions de vie de la masse paysanne et de moderniser l'agriculture. Les
dirigeants espèrent aussi bannir l'exploitation de l'homme par l'homme.
Cette mesure a été à l'origine de cette réforme
agraire.
2) La réforme
agraire
proprement
dite.
« Deux régimes fonciers » cohabitent à
Madagascar : celui hérité du temps des royaumes et celui de
l'ère moderne. Le premier, de droit coutumier, avait
privilégié une certaine classe dans la société
tandis que le second s'appuie sur le droit positif.
S'appuyant sur la loi 66-025 du 19 décembre 1966 qui
dit dans son article premier : « Tout national, occupant de fait d'un
terrain à vocation agricole appartenant à autrui, quel que soit
le régime juridique de l'appropriation, a droit au maintien dans les
lieux (...) », le nouveau régime décide de sanctionner
ceux qui font mauvais usage de leur terre. « La terre appartient à
ceux qui la cultivent. » Tel est le nouveau mot d'ordre. En bref, cette
disposition annule toute velléité de faire main basse sur les
terrains qui désormais sont disponibles pour ceux qui sont
disposés à les aménager. Par ailleurs,
pour tempérer les ambitions trop grandes de certains, la parcelle de
terrain que l'on peut acquérir est limitée ceci afin de
privilégier les systèmes de production intensive en lieu et place
des grandes exploitations de type extensif.
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