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Les Partis gouvernementaux et l'espace malgache de 1960 à 2001

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par Lala Herizo RANDRIAMIHAINGO
Université d'Antananarivo - DEA 2004
  

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A. Plus de pouvoir au peuple...

Durant l'ère TSIRANANA, l'organisation administrative du territoire se faisait en grande partie, sous la forme d'un pouvoir déconcentré (bien que la Commune soit une forme décentralisée ayant déjà existé en ce temps). A l'inverse, le gouvernement de 1972 a préconisé l'instauration d'une nouvelle organisation du pouvoir administratif. RATSIMANDRAVA a élaboré une nouvelle structure reprise par les dirigeants de la RDM : le VIP ou « Vondrombahoaka Itsinjaram-Pahefana ». Dès 1973, des ordonnances ont été promulguées pour l'amélioration de la décentralisation. La mise en place de cette décentralisation n'a été effective qu'avec les élections qui se sont déroulées (après la mise en place des assises territoriales sur lesquelles vont s'exercer ces nouveaux pouvoirs).

FARITANY

Fivondronampokontany
(Fivondronana)

Firaisampokontany
(Firaisana)

Fokontany

Organigramme 4 : Schéma de l'ordonnancement du pouvoir administratif sous la deuxième république.

En tout, outre le pouvoir central, on retrouve quatre échelons de pouvoir décisionnel (cf. organigramme 3). En malgache, cette nouvelle forme de décentralisation a été connue sous l'appellation « Vondrom-bahoaka Itsinjaram-Pahefana » ou VIP. On parle ici d'une réelle volonté de changement dans la conduite des affaires car pour la première fois, les Décideurs à la tête de ces entités seront élus par le peuple au suffrage universel (c'est une des conditions de la décentralisation). C'est l'ordonnance 76-044 du 27 décembre 1976 qui fixe l'organisation, le fonctionnement et l'attribution des Collectivités Décentralisées.

1) Les Collectivités décentralisées selon la deuxième république (cf. fig.11).

L'article premier de l'ordonnance 76-044 donne une définition de cette Collectivité décentralisée : « Une Collectivité décentralisée est une portion du territoire national dans laquelle l'ensemble de ses habitants électeurs de nationalité Malagasy, dirige l'activité locale en vue du développement économique, social, culturel et édilitaire. Elle est dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. » Cette définition est par ailleurs complétée par la disposition prise dans la charte qui dit que : « Seul l'octroi de responsabilités effectives introduites aux différents échelons, du Fokontany jusqu'au Faritany, permettra la mise en place de structures mobilisatrices. »

En partant de ces énoncés, on peut déduire que Madagascar voulait effectivement s'engager sur la voie de la décentralisation. Une décentralisation qui allait donner plus de pouvoir décisionnel aux différentes entités de cette Collectivité. Ces dispositions ont été prises pour changer l'approche du développement de Madagascar qui doit partir de la base.

a. Le Fokontany.

C'est l'échelle de base. Il est la plus proche du peuple puisque sa délimitation reprend les limites des anciens quartiers. Les gens qui y vivent forment une entité qui a vocation à s'associer pour discuter de leur quotidien. C'est une approche participative que l'on a tenté d'instaurer. Elle avait fait décider les concepteurs de la délimitation administrative de l'époque d'y instaurer une Assemblée Générale pour discuter des actions à prendre30. Les décisions concernant le fokontany y sont prises et ont force de loi.

30 Ce système instauré en 1976 a encore cours aujourd'hui. Les Fokontany se réunissent toujours en AG pour décider des grandes lignes des travaux relatifs à la vie communautaire. Malheureusement, la plupart du temps, c'est la cacophonie qui y règne car chacun veut faire entendre sa voie. Les réelles décisions qui sont prises durant ces AG sont des compromis qui, au lieu d'insuffler vie à la communauté, la condamne à une lente agonie.

b. Les Firaisana et les Fivondronana.

Ce sont respectivement des groupements de fokontany et de firaisana. Dans leur circonscription, ces collectivités assurent biens des tâches qui ont trait au développement de leur division administrative respective.

Les Fivondronana dans leur limite, reprend en grande partie les limites des anciennes sous- préfectures. Les Firaisana quant à eux sont des échelles d'approche nouvelle qui sont censés fédérés les fokontany. On y discute des problèmes qui concernent les fokontany limitrophes. Il faut remarquer que les décisions prises par un fokontany peut concerner des territoires en dehors de sa juridiction d'où cette disposition.

Ces deux structures étaient pour être plus proche du peuple. Elles n'ont pourtant pas résolu certains problèmes comme dans le domaine de l'administration. La lenteur que cette dernière accuse en matière de transfert de compétence a gravement paralysé l'essor de Madagascar.

Un exemple parmi tant d'autre est le cas du Firaisana de Talata Volonondry qui dépendait de l'ancienne sous-préfecture de Manjakandriana. Quand l'administration a basculé vers la nouvelle structure, certaines actions administratives devaient encore être traitées à Manjakandriana. Une débauche d'énergie supplémentaire dans la mesure où il faut encore venir dans la Capitale avant d'y aller. Les voies de communication directes n'existent pas à moins d'y aller à pied... Ces problèmes d'ordre administratif ont été la source de la corruption dans le milieu des agents de l'Etat.

c. Les Faritany.

Leur limite reprend celle des anciennes provinces. La différence majeure est que pour la nouvelle collectivité, on a des élus à leur tête et non plus des hommes désignés. Les Faritany, au fur et à mesure, ont cristallisé la différence dans l'optique du développement. Les moyens de communication entre chacune de ces entités étant forts peu développé. Ils ont travaillé

chacun de leur côté. Toliara a même été handicapé dans la mesure où pour aller de Morondava à la Capitale du Faritany, il fallait repasser par Antananarivo31...

2) Des attributions des Collectivités.

Sur son territoire, le Fokonolona d'une Collectivité décentralisée détient le pouvoir révolutionnaire : administratif, législatif, juridictionnel, défense, sécurité, économique, politique et social. Ainsi sous réserve des modalités imposées par les principes du centralisme démocratique et par les lois et règlements en vigueur :

· Sur le plan administratif, il dispose de services publics ;

· Sur le plan législatif, il élabore des dina ayant force exécutoire ;

· Sur le plan juridictionnel, il exerce les attributions à lui confiées par les lois sur l'organisation judiciaire ;

· Sur le plan de la défense, il participe à la défense du territoire et à la sécurité publique ;

· Sur le plan économique, il oeuvre pour le développement de l'économie socialiste notamment en organisant des coopératives ; sur le plan politique, il élit et révoque ses représentants ;

· Sur le plan social, il réalise toute activité concourant au bien-être social et au développement socioculturel de ses membres.

31 Sans entrer dans une polémique vaine, on peut noter que la limite du blocus qu'Antananarivo avait subi durant les « évènements de 2002 » peut être expliquer par le fait que « tous les chemins mènent à ... Antananarivo. » A cause de cela, les Pro-Ratsiraka n'arrivaient pas à coordonner leur activité.

Figure 11 : Représentation de la limite administrative de la deuxième république.
Source : BD 500.

3) Un centralisme dégui...

Le VIP était mis en place pour démocratiser le pouvoir. Malheureusement, comme le jeu de la démocratie est tronqué à cause du Front, ces assises administratives étaient devenues des lieux où s'exerçaient la « dictature » du parti dominant, en l'occurrence l'AREMA. Le verrouillage systématique des décisions était devenu le lot quotidien des Responsables locaux rendant les gens méfiant envers le système.

De plus, comme l'appareil administratif était entre les mains des seuls tenants du pouvoir, le parti AREMA. Partout, dans le rouage de l'administration et de l'économie, les techniciens sont peu à peu écartés au profit des gens acquises à la propagande révolutionnaire (quand bien même ces dernières sont peu qualifiées)32. Les Malgaches, peu à peu, se désintéressaient du jeu politique qui ne favorisait guère que ceux qui étaient dans le sérail. En fin de compte, cette pratique « a sali la Politique » à Madagascar.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld