Chapitre 2
Corpus B : La phase interprétative
ou le dégagement des
insus culturels
2.1 La mise en scène de l'Homme
2.1.1 Une scénographie particulière
La combinaison des signifiants tels que /format
portrait/*/construction humaine et matériaux en p1/*/clarté en
P1/*/personnage(s) en p1/*/paysage de nature en plan intermédiaire et
arrière plan/ montre l'importance du sujet lHomme' et son
habitat. Il ne s'agit effectivement pas de rendre compte dun paysage ou des
éléments naturels mais de la manière dont l'Homme utilise
les ressources de la nature pour construire ses objets. L'on pressent
déjà la dichotomie Nature/ Culture. Dailleurs, Cro-Magnonest pour
nombre de spécialistes le point de départ de lArt (peintures dans
les grottes) et donc de la Culture proprement dite. Penchons-nous sur cette
relationquels liens les représentations tissent-elles entre l'Homme et
la Nature environnante?
S'il y a un /paysage de nature/ alors le personnage
esttoujours situé au /milieu de l'axe horizontal/, position à la
fois centrale de lHomme mais non dominante. LHomme paraît en relation
harmonieuse, en relation d'interdépendance avec la Nature mais toutefois
pas en position de dominanceEn effetIl semble toujours soumis
auxaléasdes éléments naturels. La présence de
signifiants tels que /armes en main/* /bras gauche en action/ (soit le bras
droit du personnage)*/poing gauche très serré/ (soit le poing
droit du personnage)*/attitude de grande concentration/*/attitude de grande
inquiétude/*/attitude de grande tristesse/*/absence totale deliens
affectifs entre lhommeet la femme/ confèrent à représenter
la mise en scène des activités quotidiennes sous angle d'une
certaine rudesse. En outre, la dangerosité de la vie est
particulièrement présente dans les peintures de Maxime Faivre
(aEaF)
1Nous utiliserons une majuscule au mot Hommeorsque
nous parlerons el'omme T eaemmee
Par ailleurs, ces scènes de la vie quotidienne semblent
etre des scènes familiales, ilny a jamais moins de trois personnages la
proxémie des personnages et leurs attitudes> semblent définir
un lien clanesque entre les membresToutefois, on ne peut s'empêcher de
remarquer la distribution des sexes au sein de ces familles oùil y a
toujours une seule femme pour plusieurs hommes . Les femmes ne semblent etre
que définies par leur <role familial de mère ( femme en pi *
bébé, enfant en pi * toujours en contact ) le role de l'homme
semble moins se définir par cet aspectil est dailleurs souvent difficile
de distinguer le père, du frère etc. Nous y reviendrons lorsque
nous aborderons la question de la sexuation.
2.1.2 Le corps académique
La combinaison des signifiants tels que partition
entière * mimogestualité visible montre le souci de
représenter le corps de lHomme préhistorique. Ce corps de lHomme
moderne, c'est le notre. Pas d'erreur scientifiquequoiquePascal Picq souligne
dans son ouvrage2 :
« Les populations humaines actuelles appartiennent
à une seule et meme espèce : Homo sapiens [...1 Les premiers Homo
sapiens sont plus corpulents, plus robustes et plus encéphalisés
que leurs représentants actuels.
Nous ajoutons que ces différences sont dordre purement
morphologiques et non génétiques. On peut donc hésiter
à affirmer que les représentations du corpus soient
erronées puisque Cro-Magnon, c'est nous-memesPour autantil est certain
que le point de vue adopté dans la représentation du corps est
celui académique et hérité de la Renaissance (Leonard de
Vinci, Raphaël etc.) qui a revisité les canons esthétiques
de lAntiquité (Praxitèle). Souvent, la nudité est
partielle la poitrine visible mais cette mise en avant de la nudité
n'est pas sans etre accompagnée de caractéristiques telles que
jamais de poils au torse * muscles saillants * peau claire Ainsi, le corps,
s'ilest montré dans sa nudité, est celui de l'Homme occidental et
correspondant aux canons esthétiques occidentaux. On peut donc parler
d'anachronisme et de projection culturelle ethnocentriste.
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