3.3 Le problème de la vulgarisation scientifique
Nous ne reviendrons pas sur les problèmes de dogmatisme
scientifique évoqués dans la partie théorique. Constatons
simplement que dun côté le savoir doitêtre diffusé
pour pouvoir être remis en cause et participer en cela à la
santé de la pensée scientifique et d'un autre côté
cet effort de diffusion du savoir ne peut quouvrir des pistes
forcément
17Ihid, p 39. 180p. cit, p 49.
simplistes que le receveur devra lui-mêmejuger comme
étant suffisantes ou nonet chercher par lui-même à
approfondir cette connaissancedéjà plus tout à fait
exacte, quon lui sert.
Boris Cyrulnik évoque le point de vue réducteur du
scientisme
« L'ennui des approches scientifiques, cest quelles sont
réductrices.Comme celui qui posait son flacon d'huile sur le rebord de
la fenêtre pour savoir à quelle température elle gelait. Ce
pré-scientifique nenvisageait de lhuile ni son goût, ni sa
couleur, ni ses préparations culinaires ni lhistoire de safabrication.
Il ne connaissait rien de l'huile totaleréelleexistante. Simplement, sa
méthode de réalisme naïf lui avait permis de savoir à
quelle température elle gelait. Il avait donc réduit sa
connaissance sur lhuile à un seul de ses éléments, et
grâce à cette restriction, il devenait scientifique. Leffet
pervers de cette connaissance commence avec celui qui prétend
réduire lhuile à son gel. Cette démarche
caractérise le scientisme qui na rien de scientifique. »19
De même les phénomènes d'essentialisation
peuvent-être dangereux. Qu'est ce que LA femme, L'art africain? Il n'y a
pas quune manière dêtre femme et il y a une multitude de
manifestations dans l'art arficainC'est réduire la pluralité
à une essence uniqueet par là même tout à fait
réductrice et ignorante de la réalitéDans le
sujettraité par notre mémoire, nous avons été
confronté à ce problème de la vulgarisation scientifique
qui est principalement un problème d'essentialisation lHomme et
lévolution. LHomme de notre corpus est un représentant qui exclut
toutes les autres possibilités lest /blanc/ /athlétique/, de sexe
/masculin/ etc. Cest nier la diversité humaine et ses richesses.En
outre, la diversité humaine, lorsquelle est évoquée, ne
rend compte que dinsus racistes majeurs. Par conséquent, le discours
scientifique et artistique construisent leur propre histoire de l'Homme.
A ce propos, nous avons une autre anecdote à raconter
concernant notre séjour dans le Périgord Noir. Nombre de
conférenciers nous ont avoué avoir rebaptisé le
célèbrefilm de vulgarisation scientifique dirigé par Yves
Coppens L'Odyss de l'espèce en ces termes : « l'odyssée de
la pire espèce »à cause des nombreuses incohérences
scientifiques qui subsitent (une femelle homo erectus accouche d'un homo
sapiens, voilà comment notre espèce serait venue au monde, ce qui
est tout à fait improbable) Si cette histoire nous a fait sourire, l'on
ne peut nier la démarche honorable de vouloir diffuser à un large
public l'histoire de nos origines. Apparemmentelle aura permis à de
nombreuses personnes non sensibilisées à ce sujet de vouloir en
savoir plus et entamer des recherches.Mais pour celles qui ne font pas cet
effort, c'est face à un savoir tronqué, réducteur et donc
erroné qu'elles se trouvent. Cette problématique ne semble
pouvoir être résolue.
??Op. (it, p 29.
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