3.1.2 Le terme Homo sapiens
Nous aimerions également revenir sur le terme Homo
sapiens. Sapiens, provient du verbe latin sapere (=savoir). Il s'agit du
participe présent de la forme savant ou qui sait. Notre espèce
est donc celle qui saitexpression méliorative rattachée au champ
sémantique de l'<intelligence>, de
l'<ingéniosité> et de la <sagesse>Autrement dit, la
<culture>, la <finesse d'esprit> émergent avec le genre homo
sapiens. Cette approche exagérée est en tous les cas celles qui
se cache derrière la notion sapiens et celle qui est
présentée par les insus culturels dégagés lors de
la phase interprétative. D'ailleurs, 'Henri Bergson, philosophe
français, s'efforcera de tempérer une vision de l'Homme qu'il
jugeait trop exclusivement fondée sur l'intellectualitéIl proposa
donc le terme de Homo faber soit l'homme artisan.
3.1.3 Le terme Cro-magnon
Le terme Cro-Magnon est synonyme d'Homo sapiens. Ce dernier
est utilisé plus volontiers dans le discours scientifiqueLe nom vient de
la découverte dans la commune des Eyzies-en-Tayac (en Périgord),
de labri (< cro »en occitan) de M. Magnon par le géologue Louis
Lartet d'un crâne en 1868. Cette appellation est en principe
destinée aux Homo Sapiens Sapiens européens, mais la
qualification de Cro-magnon s'est ensuite étendue à tous les
hommes du Paléolithique supérieurLe terme semble donc moins
connoté que homo sapiens puisque, étant toponyme, il renvoie
à un nom propre et non à un nom commun.
3.1.4 Le terme Néandertal
Le terme Néandertai doit son origine également au
lieu d'une découverte importante (toponymie). Le nom de Neander avait
été donné à cette vallée en lhonneur de
Joachim
Neumann (1650-1680), dit aussi Joachim Neander carsuivant un
usage familial datant de son grand-père, il se faisait appeler par son
patronymetraduit en grec.
Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore
populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration
dans cette vallée, jadis idyllique.
Ainsi donc, l'Homme de Néandertal est « lHomme
nouveau »puisque en grec íE soit <nouveau> et
áíäñò soit <Homme>. Ce qui est pour le
moins étonnant vu lapparition très ancienne de cette
espèce.
Par ailleurs, deux points de vue s'affrontentSoit les
chercheurs considèrent quilny a pas réellement de
discontinuité entre les divers types Homo. A l'inverse, d'autres
chercheurs mettent l'accent sur la pluralité des espèces qui ont
formé des rameaux spéciifiques de la grande famille humaine de
façon brutaleClaude Louis Gallien préçise
« Cette divergence d'opinion montre que les «
savants »contemporains ne sont pas beaucoup plus à l'aise que leurs
prédécesseurs quandil s'agitdaborder au fond la question de la
nature de l'HommeEnfant de singe, ou créé à limage de
Dieu? Objet d'une création unique, ou aboutissement aléatoire
dune série de « brouillons »dont l'animalité pose
problème? Lidée bien commode dune double humanité, qui
permet de séparer les « sauvages »des « hommes sages et
savants »que nous sommes réapparaît
régulièrement sous des formes plus ou moins claires [...1
»?
Or l'Homme de Néandertal semble symboliser cette forme
de pensée. Certains scientiifiques ont donc proposé l'appellation
Homo sapiens neandertalensis pour rendre compte des manifestations culturelles
de l'espèce. Cette problématique est toujours actuelle et montre
que les idéologies et les préconçus transforment ou
adaptent le savoir scientiifique selon le point de vue adopté.
En réalisant cette partie sur le sémantisme des
mots et leurs charges connotatives, nous avons voulu montrer le pouvoir des
mots etlimaginaire auquel ceux-ci renvoient. La subjectivité, avant
d'être une question de point de vuese trouve déjà
fondamentalement en Langue.
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