4.1.4. LA FORMATION BEHAVIORISTE
Le modèle béhavioriste est un des modèles
les plus structurés des méthodes actives. Il se présente
de la manière suivante :
· Objectif : faire des enseignants
des spécialistes des sciences appliquées du comportement,
travaillant dans des équipes dont les membres unissent leur
expertise.
· Programmes : souvent modulaires,
ils sont conçus pour faire acquérir les habilités
indispensables
· Exercices proposés :
- la simulation : on fournit
à l'élève-maître un ensemble d'informations
relatives à un problème pédagogique particulier et on lui
demande de réagir de façon aussi adéquate que possible.
Par exemple, un cas d'indiscipline en classe est présenté dans un
petit film. L'élève-maître propose sa solution, et un
second film montre les effets qu'elle aurait pu avoir. Une discussion aide
à tirer les leçons de l'expérience. Le professeur peut
organiser d'autres expériences à discuter avec les
élèves-maîtres sans toutefois utiliser le film.
L'expérimentation de cette pratique a prouvé que des exercices de
simulation aident les élèves-maîtres à pratiquer
sans devoir se rendre sur le terrain.
- L'autoscopie : cet exercice
consiste à utiliser le magnétophone. On enregistre son propre
discours et on l'écoute. Cela permet de découvrir ses
imperfections et de modifier ces comportements de façon durable. Pour
réussir avec cette méthode, le formateur doit avoir des
connaissances pédagogiques solides et une expérience approfondie
des techniques de modifications comportementales
- Le micro-enseignement107(*) :
cette technique d'enseignement préconise que les bons
formateurs fassent participer les élèves en leur posant des
questions, les encouragent, utilisent leurs idées, donnent des exemples,
etc.
· Méthode de formation : les
méthodes d'enseignement utilisées sont en fonction des
compétences attendues, «les critères permettant
d'établir si ces compétences sont acquises, sont définis
de façon opératoire, dès le départ, et sont rendus
publics »
· Objectifs à atteindre :
les habilités sont hiérarchisées et traduites en objectifs
à atteindre par chaque élève-maître. Houston
distingue cinq catégories d'objectifs 108(*):
1. Objectifs cognitifs : pouvoir apporter
la preuve de l'acquisition de connaissances et d'habilités
données ;
2. Objectifs de performance :
être capable de traduire ses connaissances en actions.
3. Objectifs axés sur les
conséquences : être capable de susciter un
apprentissage donné.
4. Objectifs affectifs : faire
acquérir une meilleure image de soi, susciter la curiosité, la
tolérance... Ces objectifs sont inclus dans les
précédents.
5. Objectifs exploratoires : susciter
des situations, des activités favorables à des apprentissages
positifs, non précisés d'avance.
Il est évident que cette méthode de formation
est différente de celle de la formation traditionnelle. Les aspects
suivants sont à relever 109(*):
a) Le critère du succès est la réussite
d'actions éducatives et non la qualité de connaissances
théoriques.
b) Chacun se forme à l'allure qui lui convient,
indépendamment des notions d'année scolaire ou de durée
réglementaire d'un cours. La formation ne se termine donc pas au
même moment pour tous.
c) La formation ne commence pas au même point pour
tous, mais là où chacun est arrivé. Au besoin, des
activités permettent de s'approprier les prérequis sont
proposées.
d) On s'efforce de tenir compte des différents styles
d'apprentissage.
Comme toute méthode, cette méthode n'est pas
idéale, elle a ses avantages et ses limites que nous présentons
dans le tableau suivant:
Tableau 3 : Avantages et désavantages de la
méthode béhavioriste
Les avantages de la méthode
|
Les dangers de la méthode
|
- Précision du projet
|
- Réduction de la place faite à la culture
générale
|
- système modulaire qui donne de la souplesse et une
pédagogie de maîtrise aisément pratiquée
|
- Mécanisation des comportements
|
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La solution à préconiser pour éviter ces
dangers est d'avoir « le souci de poursuivre au moins autant des
objectifs de transfert que des objectifs de maîtrise. Toute acquisition
d'une compétence doit s'accompagner d'une réflexion critique et
permettre l'initiative, la créativité110(*)». La formation
béhavioriste privilégiant beaucoup la micro-leçon dans la
formation des élèves-maîtres, il nous semble important de
présenter cette méthode qui a connu et qui continue de
connaître beaucoup de succès.
Cette technique de micro-enseignement dans la formation des
élèves-maîtres111(*) est apparentée à l'enseignement
programmé skinnérien, avec lequel elle partage les
caractéristiques suivantes :
- l'apprentissage est individualisé;
- un modèle comportemental précis est
proposé;
- l'imitation de ce modèle peut être
répétée à volonté;
- le renforcement apporté par la réussite
éventuelle de la micro-leçon et l'évaluation par les
condisciples et par le professeur est immédiate;
- l'avancement se fait pas à pas, de façon
progressive.
Le Micro-enseignement a pour but d'installer les
habilités pédagogiques les unes après les autres :
- savoir introduire une leçon;
- éveiller l'intérêt pour un objet, un
problème;
- apprendre à poser des questions à
différents niveaux cognitifs;
- encourager les élèves;
- exprimer un sentiment par des comportements non verbaux;
- illustrer une notion;
- utiliser une technique audiovisuelle;
- provoquer une discussion entre les élèves;
- faire la synthèse d'une leçon.
Cette technique d'enseignement est centrée sur
l'enseignant et non sur l'apprenant. Heureusement, selon Brusling112(*) cette méthode a
connu une évolution observable entre 1963-1972:
1) Centrée au départ sur le professeur, la
procédure a eu tendance à se centrer davantage sur
l'élève
2) D'objectifs comportementaux indépendants des
disciplines enseignées, elle s'est ouverte davantage à des
objectifs spécifiques à celles-ci
3) De même, de l'apprentissage d'habiletés
simples et isolées, elle s'est orientée de plus en plus vers un
apprentissage d'habileté intégratives (faisceaux élargis
de comportements)
4) D'objectifs préalablement définis, elle
a évolué vers une participation active des stagiaires dans la
formulation des objectifs.
* 107 Technique
inventée en 1963 à l'université de Stanford(aux USA) par
Allen et Ryan, dans le but de former rapidement des enseignants. Ils analysent
l'activité d'enseignants chevronnés compétents, afin
d'identifier les principales techniques (habilités) mises en oeuvre par
les « bons formateurs ».
* 108 Houston W. R. (1974)
Exploring competency based education, Berkeley, McCutchan, p.7-8, in DE
LANDSHEERE, p. 358
* 109 DE LANDSHEERE, p. 358
* 110 Cf. Ibid. p. 358-359
* 111 Toutes les informations
de Micro-enseignement sont tirées DE LANDSHEERE et F. RAYNAL&A.
RIEUNIER
* 112 Cité in Altet M.
et Britten J.D., Micro-enseignement et formation des enseignants, Paris, PUF,
1983, p. 203
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