Contribution des Ecoles Normales Primaires au processus de l'Education Pour Tous( Télécharger le fichier original )par Jean-Baptiste NDAGIJIMANA Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Maîtrise 2005 |
3.1.2.6. MATIERES ENSEIGNEES DANS LES ÉCOLES NORMALESEn général, les matières enseignées dans les Écoles Normales doivent préparer les élèves-maîtres à leur métier d'enseignant. En Belgique, l'arrêté royal du 17 décembre 1843 indique le programme des matières enseignées dans les ENP : la religion, la méthode ou la théorie générale de l'art d'enseigner et de communiquer ses connaissances, la langue maternelle (français ou flamand), l'écriture, l'arithmétique, le système légal des poids et mesure, la géographie du pays, l'histoire nationale, les lois les plus usuelles (la loi sur l'instruction primaire), l'art épistolaire, la tenue de livres, le dessin linéaire et l'arpentage, le chant grégorien, la musique et l'art de toucher l'orgue. Les notions utiles (économie domestique, jardinage, etc.). Ces cours étaient obligatoirement donnés dans les Écoles Normales primaires de l'État comme dans les Écoles Normales primaires agréées en Belgique ainsi que dans les colonies belges (Rwanda, RDC, Burundi). En Belgique comme dans les colonies, le programme des Écoles Normales a connu des réformes adaptées aux politiques éducatives du temps. Au Rwanda comme en Côte d'Ivoire, actuellement l'accent est mis sur la préparation professionnelle notamment la conduite de la classe et la connaissance de l'enfant. Les contenus portent essentiellement sur un renforcement des connaissances et des aptitudes intellectuelles, la connaissance de l'enfant, la psychologie de l'apprentissage, la préparation et l'évaluation de l'acte pédagogique et l'entraînement à la conduite de la classe86(*). 3.2. POLITIQUES EDUCATIVES DE L'EDUCATION POUR TOUS.3.2.1. LA DÉCLARATION MONDIALE SUR L'EDUCATION POUR TOUS.La déclaration mondiale sur l'éducation pour tous adoptée le 9 mars 1990 avait pour but de demander à toutes les nations de« répondre aux besoins éducatifs fondamentaux » et de rappeler que cela est un droit fondamental de la personne. Depuis ce temps, nous avons assisté à une grande mobilisation des chefs d'état, nous pouvons donner l'exemple de la « Conférence sur l'éducation pour la Renaissance de l'Afrique » à Johannesburg (Afrique du Sud), le 6 décembre 1996. Nous n'allons pas en faire le bilan. Néanmoins, le rapport mondial de suivi sur l'EPT 2002 affirme qu'un groupe de pays de l'Afrique subsaharienne, l'Inde et le Pakistan risquent fort de ne pas atteindre les objectifs de l'Enseignement Primaire Universel (57pays) et de l'Education Pour Tous (79 pays)87(*). L'Éducation primaire universelle serait sur la bonne voie dans un certain nombre de pays y compris le Rwanda, mais l'EPT a un grand chemin à parcourir car « les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de l'EPT sont insuffisants : le monde n'est pas en voie de réaliser l'EPT d'ici 2015 »88(*). Les préoccupations majeures qui ont fait qu'il y ait une conférence mondiale sur l'éducation pour tous existent encore. D'après ce rapport, dans plusieurs pays de la planète, l'état de la situation dans laquelle l'éducation de base a été présentée en 1990 ne s'est pas beaucoup amélioré, elle était la même en 2002. Les problèmes n'ont pas été résolus. Les pays et les bailleurs de fonds n'ont pas respecté leurs engagements. Ce n'est qu'en 2000 avec le forum mondial sur l'EPT à Dakar que les engagements ont été renouvelés par les États et les bailleurs de fonds. Nous pouvons évoquer les problèmes d'accès à l'éducation de base, l'abandon scolaire, la qualité de l'enseignement liée à la formation des enseignants, l'alphabétisation des adultes, etc. La situation se présente de la manière suivante :
C'est dans ce contexte que la déclaration mondiale sur l'EPT a été faite en comptant sur les forces telles que : la coopération entre les nations, les droits et facultés essentiels des femmes deviennent effectifs, les réalisations scientifiques et culturelles, les informations disponibles dont une bonne partie présente un intérêt pour la survie de l'être humain et son bien-être élémentaire, les informations sur les moyens d'acquérir des nouvelles connaissances, source de mieux-être, c'est-à-dire « apprendre à apprendre ». Les progrès remarquables accomplis par de nombreux pays dans le secteur de l'éducation permettent de dire que l'éducation fondamentale pour tous est un but accessible. Cependant, la conférence réaffirme que « l'éducation est un droit fondamental pour tous, femmes et hommes, à tout âge et dans le monde entier ». La conférence affirme avec fermeté que « l'éducation contribue à l'amélioration de la sécurité, de la santé, de la prospérité et de l'équilibre écologique dans le monde, en même temps qu'elle favorise le progrès social, économique et culturel, la tolérance et la coopération internationale ». L'éducation devient une condition suffisante pour le développement de l'individu et de la société. La conférence reconnaît que le savoir traditionnel et le patrimoine culturel autochtone ont une valeur et une validité propres. La conférence constate aussi l'insuffisance de l'éducation dispensée. L'éducation nécessite d'en améliorer la qualité et la pertinence en rendant l'accès universel. C'est à partir de l'éducation fondamentale solide qu'on peut renforcer l'éducation de qualité et donner un développement autonome à chaque individu. Les institutions de formation pédagogique, chargées de former des futurs enseignants et les enseignants en fonction, doivent contribuer de façon effective à l'amélioration de la qualité de l'éducation de base. C'est en formant de bons enseignants qu'on peut répondre efficacement aux objectifs de l'Éducation Pour Tous. Dans le même sens, l'UNESCO s'adresse aux enseignants en ces termes : « En tant qu'enseignants, vous êtes sur la ligne de front pour la mise en oeuvre des innovations pédagogiques, votre compréhension et votre connaissance des problèmes concernant l'établissement d'un rapport entre éducation de base et le monde du travail sont donc très importantes.»89(*) La déclaration est composée de dix articles essentiels (voir en annexe): « Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux; Élargir notre vision; Universaliser l'accès et promouvoir l'équité; Mettre l'accent sur la réussite de l'apprentissage; Élargir les moyens et le champ de l'éducation fondamentale; Améliorer le contexte de l'apprentissage; Renforcer les partenariats; Mettre en place des politiques d'accompagnement ; Mobiliser des ressources; Renforcer la solidarité internationale ». Pour sa mise en application, cette déclaration a été traduite en objectifs que nous appelons couramment « les objectifs de l'Éducation Pour Tous ». Nous présentons les six objectifs de Dakar (forum mondial sur l'EPT en avril 2000)90(*) :
* 86 Voir Grille horaire de l'École Normale Pédagogique au Rwanda en annexes. * 87 Rapport mondiale sur l'EPT, L'éducation pour tous : Le monde est-il sur la bonne voie? p. 198 * 88 Ibid., p. 26 * 89 Manuel pour la formation des enseignants dans le cadre de l'Éducation pour tous, Volume 2 * 90 Les engagements (six objectifs) formulés lors de la conférence tenue à Jomtien n'ont pas été respectés, d'où la nécessité du Forum de Dakar (Cadre d'Action de Dakar 2000) pour reformuler les mêmes objectifs sur l'éducation de base. Les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de l'EPT sont insuffisants : le monde n'est pas en voie de réaliser l'EPT d'ici 2015, d'après le rapport 2002. |
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