CHAPITRE3 : ELEMENTS
EMPIRIQUES DE L'EFFET DE LA DETTE EXTERIEURE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU
BENIN
Si les ouvrages examinant l'effet de la dette
extérieure sur la croissance abondent dans les écrits, peu
d'études concernent spécifiquement les pays à faible
revenu comme le Bénin.
I- EVALUATIONS EMPIRIQUES DE LA
DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE
Pour analyser l'incidence de l'endettement sur la croissance,
il importe d'examiner le poids la dette à un ensemble de variables et
d'agrégats économiques du fait de leurs rôles dans
l'augmentation de la croissance du PIB par habitant.
1-L'endettement extérieur au Bénin
Durant les années soixante-dix, la conjoncture
internationale favorable a permis le recours à l'endettement
extérieur de plusieurs pays en développement afin de soutenir
l'effort d'investissement et la croissance économique. La
conséquence immédiate d'une telle stratégie était
la hausse de l'endettement externe conduisant les IFI en 1996 à adopter
un dispositif global de réduction de la dette des PPTE.
a- Structures de la dette
extérieure Béninoise
La dette extérieure béninoise est
composée de deux grandes parties inégales.
°La dette multilatérale
°La dette bilatérale
Le graphique n° 1 suivant montre la proportion que
chacune des parties occupe dans le total de l'encours de la dette
extérieure de 1986 à 2008.
Graphique n°1 : Encours de
la dette extérieure de 1986 à 2008
Au 31 décembre 2008 la dette due aux créanciers
institutionnels multilatéraux totalise un montant de 189,7
milliards de FCFA. Les principaux bailleurs dans cette catégorie
demeurent l'Association Internationale pour le Développement (AID) et la
Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD). Les autres bailleurs
sont la Banque Européenne d'Investissement (BEI), le Fonds International
pour le Développement en Afrique (BADEA), la Banque Islamique pour le
développement (BID), l'Organisation des Pays Exportateurs de
Pétrole (OPEP), le Fonds Monétaire International (FMI) et le
groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) etc...
Le tableau complet récapitulant les principaux
créanciers institutionnels multilatéraux du Bénin de 1986
à 2008 est disponible en annexe. Il faut noter qu'en
général la grande part de la dette des pays pauvres très
endettés est bilatérale, 56% de créance bilatérale,
28% de créance multilatérale et 16% de créance
privée mais pour le Bénin, la situation est différente. En
effet au 31 décembre 2008 la dette bilatérale ne
représente ne représente que 36,7% et la dette
multilatérale 63,3 %. La prépondérance de la dette
multilatérale du Bénin s'explique par le recours aux prêts
concessionnels que privilégie le pays.
Au demeurant l'allocation des crédits a
été telle que la reconstitution des ressources n'est pas
assurée, celles-ci n'ayant pas été affectées
prioritairement aux activités productives. Aussi force est de constater
que même pour les projets générateurs de revenus, les
problèmes de gestion ont souvent entravé la reconstitution voulue
des ressources et ont conduit à l'incapacité d'assurer
régulièrement le service de la dette. Le cas de la dette
rétrocédée aux entreprises publiques est significatif
à cet égard. Il s'avère donc qu'en plus de la question
d'allocation intersectorielle des crédits, l'efficacité n'a pas
toujours été de mise dans les projets financés. La
rentabilité des investissements réalisés n'ayant pas
été celle espérée, le poids excessif de la dette
extérieure sur l'économie nationale reflète les effets
pervers de la détérioration des termes de l'échange ainsi
que les faiblesses observées dans l'allocation et la gestion des
emprunts.
Plus qu'une question de mesure du poids de l'endettement, le
service de la dette est devenu un véritable problème dans la
gestion des ressources internes et externes de l'Etat.
Il est indéniable que dans l'ensemble la pression sur
les ressources financières du pays débiteur est plus ou moins
forte selon que les nouveaux tirages sur emprunts sont faibles ou importants.
Sur le plan de l'allocation des ressources internes, la priorité
accordée au paiement du service de la dette extérieure et la
régression des tirages sur les prêts ont poussé l'Etat
à se désengager des activités productives et mieux se
concentrer sur les rôles qui sont les siens (justice,
sécurité, éducation etc..) Les tableaux présentant
la situation et les indicateurs de la dette extérieure sont disponible
en annexe.
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