B- Le déclin de la principauté.
A la fin du XVIIIè siècle, le Roi
ANDRIANAMPOINIMERINA amorçait le prélude de la naissance d'une
unique et seule Nation malagasy. Il déclarait alors : « Ny
ranomasina no ho valamparihako » ( La mer sera ma frontière ).
Le futur Etat malgache va naître.
1- Le départ de l'unification de Madagascar.
Quand ANDRIANAMPOINIMERINA arrivait au pouvoir, il mettait en
place des stratagèmes pour asseoir son autorité sur
l'étendue du territoire. Les Mandiavato, clan d'Ambohitrabiby,
avec le clan Tsimahafotsy d'Ambohimanga et le clan
Tsimiamboholahy d'Ilafy avaient été les artisans de la
montée au pouvoir de ce Roi. Ce qui leur conférait le titre
d'aîné de la Nation dans l'organisation de l'Etat d'alors : on les
surnommait les « Voromahery » ( Aigle ).
A ceux qui l'acceptaient, il offrait son alliance. Aux autres,
il déclarait la guerre. Madagascar était alors dirigé par
des Gouverneurs Andriamasinavalona ou des gouverneurs militaires qui
géraient les territoires au nom du Roi avec une certaine autonomie.
Cette situation avait été scrupuleusement
respectée par ses successeurs. Mais, très vite sous
RAINILAIARIVONY ( Premier-ministre du Royaume de Madagascar de 1864 à
l'annexion de l'île en 1896 ), Prince-Consort des trois dernières
Reines de Madagascar, la donne changeait.
2- L'émergence du centralisme.
Le Royaume grandissait avec de nouvelles alliances et de
nouvelles conquêtes. Le poids de l'administration se faisait de plus en
plus sentir. Le pouvoir central avait changé le mode de gouvernance de
chaque Région avec l'arrivée des représentants de l'Etat :
Les Sakaizam-bohitra.
Antananarivo dirigeait tout sous la houlette du
Premier-Ministre RAINILAIARIVONY qui rêvait d'une nouvelle dynastie
Andriana - Hova au détriment de l'économie et de la
pacification interne de l'île. Son entêtement avait
précipité la chute du Royaume. Les gens se
désintéressaient peu à peu de la vie politique de
Madagascar. Le vieil homme, aigri, était de plus en plus isolé
tant à l'intérieur que sur le plan international. Il avait
été ainsi facile aux Français d'annexer le Royaume.
II- L'étatisation du pouvoir ou le centralisme
à outrance.
'
n 1896, Le Royaume tombait entre les mains des
Français. Madagascar était annexé. Les Français
devenaient maître de l'île. Les Malgaches étaient
relégués au statut de citoyens de seconde zone.
A- L'empreinte de la colonisation.
La venue des Français à Madagascar était
dictée par le besoin économique avec l'insistance des
Réunionnais, les « taikiringa » ( terme
péjoratif utilisé par les Malgaches pour désigner les
Réunionnais en général et les créoles en
particuliers ) qui commençaient à manquer de terre sur
l'île soeur.
A l'instar de ce qui se passait au Zimbabwe ( anciennement
Rhodésie du Sud ) tout comme dans les autres pays colonisés, les
meilleures terres étaient données aux colons français qui
en plus bénéficiaient de mains d'oeuvre bon marché sinon
gratuites. Les Malgaches devenaient des modes de faire-valoir.
1- « Diviser pour régner.
»
Pour asseoir son autorité, Les colonisateurs avaient
monté les Malgaches entres-eux. Les gens des Hautes-Terres contre ceux
de la côte, les Castes de la couche la plus démunie contre les
Nantis. Par ailleurs, avec l'abolition de l'esclavage, une nouvelle frange de
population s'était formée. Les Malgaches naissaient égaux,
mais « sous les Français » qui les
considéraient comme des « sauvages ». Alors que sous le
règne des anciennes souveraines, on parlait déjà
couramment l'anglais dans l'enceinte du Rova...
2- Une organisation administrative
désarticulée.
Comme la colonisation a surtout été
dictée par le besoin économique engendré par la
révolution industrielle du XIXe siècle,
l'administration mise en place était plus que jamais tributaire des
échanges mercantiles. Les aménagements entrepris ont donc
été tournés vers l'amélioration des productions et
l'acheminement des matières premières vers les ports
d'exportation. En retour, Madagascar servait de débouchés pour
les produits finis.
L'administration coloniale était fortement
centralisée. Toutes les décisions administratives partaient de la
Capitale.
La colonisation marquait un point encore douloureux dans
l'histoire de Madagascar, c'était une époque sombre, la perte de
l'identité ; l'asservissement total qui se traduit par «
l'esclavage » économique, culturel et politique. A la
longue, les Malgaches finissaient par se révolter pour
recouvrir leur Indépendance. Cette quête a toujours
été sous-jacente depuis l'annexion.
Une théorie énonçait même que,
Madagascar tombait sous le joug des Français, non pas par
défaite, mais plutôt par lassitude. Les gens en avaient assez de
l'administration royale en place sous RAINILAIARIVONY.
B- 40 ans d'indépendance et la quête de
l'identité perdue.
En 1945, la deuxième guerre mondiale prenait fin. Les
Français sortaient victorieux de cette bataille avec l'aide de
ses colonies. Ces dernières, à l'exemple de son illustre
mère-patrie, avaient commencé à crier :
INDEPENDANCE.
Madagascar ouvrait le bal en 1947 avec le soulèvement
du mouvement M.D.R.M. (Mouvement pour le Développement et la
Rénovation de Madagascar. Parti politique qui militait pour
l'indépendance de Madagascar. Ses membres étaient surtout des
intellectuels ). En 1959, la Grande île choisissait la voie de
l'indépendance au sein de la Communauté française.
En 1960, la Grande Île obtenait son indépendance.
1- L'héritage de la colonisation.
A la veille de l'Indépendance, Madagascar avait
opté pour la république. Ce régime était
adopté par la majorité des pays nouvellement
indépendants. Après le passage des Français, la
nouvelle équipe héritait d'une administration très
centralisée. Tout se traitait à partir des grands centres
urbains, laissant les bourgs ruraux démunis. A ce stade il était
difficile de voir comment faire pour accélérer le
développement de Madagascar :
L'enseignement prodigué par les Français
était fait pour assujettir les Malgaches.
Très peu de techniciens sont disponibles.
Les meilleures terres restaient encore aux mains des
étrangers.
Ces quelques données illustraient encore la main mise de
l'ancien pays colonisateur dans la gestion de Madagascar.
2- Le fokonolona, une solution ?
Après la chute prématurée du
Président TSIRANANA en 1972, les Malgaches ont fait un virage de
180°. Ils ont voulu renouer avec leur Histoire. Le Colonel RATSIMANDRAVA
à la commande décrétait la réanimation de la
structure de base de la société malagasy : Le
Fokonolona. Si avant, l'Etat prônait une libéralisation
à l'occidentale, avec cette nouvelle initiative, on a tenté de
reconstruire « une âme malgache » dans la conduite des affaires
courantes de l'Etat. Avec le fokonolona, on revoit poindre
l'idée de la communauté de base comme point de départ des
concertations pour le développement.
Mais le fokonolona comme RATSIMANDRAVA le voulait,
faisait faux-bond quand le Colonel disparaissait lors d'un attentat.
3- Le paradis socialiste : une utopie...
En 1975, Le président RATSIRAKA devenait le
deuxième Président de la toute jeune république de
Madagascar qui au passage avait pris un coup de jeune avec l'adoption d'une
nouvelle constitution. L'ère du socialisme soufflait sur la Grande
île.
Le leitmotiv d'alors était l'affranchissement de
Madagascar du joug de la colonisation économique qui s'exerçait
encore malgré la relative indépendance dont on jouissait en ces
temps. On nationalisait toutes les Grandes entreprises étrangères
présentes à Madagascar. L'Etat se lançait aussi dans la
promotion de grands centres de productions agricoles et industrielles. La
stratégie adoptée était mauvaise ; les actions ne sont
plus concertées : Ces aménagements sont perçus par la
population comme l'omnipotence de l'Etat. Peu à peu, les gens devenaient
spectateurs de ce qui se passait autour d'eux.
En marge de ces grands projets, l'Etat malagasy devenait de
plus en plus centralisé à l'image des Pays communistes où
le pouvoir central contrôlait tout. Madagascar sombrait peu à peu
dans le gouffre de la misère. Le projet d'un monde
meilleur, où les Malgaches travaillaient pour le
décollage de Madagascar, devenait utopique. Les dirigeants
s'apercevaient mais un peu tard de leurs erreurs.
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