B- Les bas-fonds menacés.
Pour le monde rural, le sol est le bien le plus cher. C'est le
moyen de production. Sans cela, les paysans ne peuvent pas travailler.
Malgré tout, on voit aujourd'hui dans la région de Talata
Volonondry que le sol est un problème qu'il faudrait résoudre.
1- L'apport d'alluvions pour les bas-fonds.
Les paysans malgaches ont depuis longtemps utilisé les
versants comme une réserve de terre arable pour les bas-fonds. Ils font
du transfert de fertilité en faisant migrer vers les vallées les
sols riches des versants ( horizons humifères ). En effet, pour les
Malgaches, c'est la culture du riz qui dicte les activités dans le
finage.
Les systèmes sophistiqués d'irrigation des
bas-fonds.
Les systèmes de cultures sur « Tanety » (
c'est le terrain de cultures sur les pentes en opposition au « lohasaha
», terrain de cultures dans la vallée ).
Sur les Tanety, dans la zone de Talata où
l'implantation humaine est ancienne, on a des flancs de collines
caractérisés par de grandes surfaces non cultivées, et des
sols dégradés dont la fertilité a été
épuisée par de longues exploitations dans les temps
reculés.
Le problème réel n'est donc pas le manque de
terre, mais le faible fertilité du sol. C'est cette raison qui pousse
les gens à s'investir dans les bas-fonds et l'exploiter jusqu'à
épuisement.
2- Eviter l'ensablement des vallons.
Les principales activités de l'Homme dans la Commune
sont concentrées dans les bas-fonds. C'est la conséquence de la
dégradation des tanety qui les y ont poussés. Malgré tout,
cette situation est aujourd'hui précaire car ces vallons sont à
leur tour menacés par l'ensablement.
Il leur faut préserver ces deux facettes de terrains
qui sont interdépendants dans le monde agricole. Les gens pour combler
l'insuffisance de la production rizicole se sont tournés vers les
tanety. Ce dernier est aujourd'hui au bord de l'épuisement et ne comble
guère l'attente des paysans. Au contraire, il jette dans les bas-fonds
des sables, marque du stade ultime avant la perte totale du sol. C'est pour
cela que les gens sont intéressés aux techniques de la protection
des sols et notamment des versants.
Photo 9 : Des vallons étroits colonisés par
la riziculture. Source : Cliché de l'auteur.
Les versants et les bas-fonds sont complémentaires dans
le paysage agricole. On ne doit pas les « négliger », il faut
les protéger au risque de les voir devenir des « désert
».
C- Le repeuplement des versants.
La gestion rationnelle des ressources naturelles de la Commune
doit se faire. La politique environnementale initiée à Madagascar
tend vers cette conscientisation pour ensuite donner à la population une
capacité à gérer seule le devenir de son Univers. Dans la
Commune, quand on parle aux gens de l'environnement, ils répondent sans
ambages « Plantation d'Arbres ». Or la protection de l'environnement
ne se résume pas au simple fait de replanter des arbres. Quel avenir si
on plante des arbres et en même temps, on les brûle par «
le feu de brousse P »
La protection de ce bassin versant est un gage pour le
développement de la commune rurale.
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Schéma 3 : Formation d'un bassin
versant.
Source : Microsoft® Encarta® 99
Le bassin versant est formé par un versant haut
perché et un versant en contre-falaise. Ces deux versants sont
reliés entre-eux par un talus qui régresse à mesure qu'il
est rongé par l'érosion. Les ruisseaux prennent sources au pied
du talus. C'est là son importance, car si ce dernier régresse,
petit à petit, l'eau se tarit. Les zones en aval seront
condamnées, tandis que l'amont devient stérile et risque de jeter
du sable dans la vallée.
Photo 10 : Affleurement rocheux dans la région
d'Antsahamaro. Source : Cliché de l'auteur.
1- Exemple d'une gestion rationnelle d'un paysage
collinaire.
A Madagascar, on constate qu'en général, les
versants des collines sont de plus en plus dénudés. Le
départ des sols sur ces versants est le premier signal d'alarme de la
dégradation de l'environnement. On peut citer entre autres :
l'infertilité des sols, l'ensablement des vallées, les nappes
phréatiques mal- alimentées etc. C'est pour ces raisons qu'il
faudrait mettre en place une gestion rationnelle des versants suivant la strate
collinaire pour mieux lutter contre l'érosion ( hydrique et
éolienne ).
Sur les sommets de ces collines, on aura des forêts.
C'est toujours le cas aujourd'hui. Ces arbres serviraient à alimenter le
bois pour la consommation des ménages, pour la fabrication du charbon de
bois. Ce seront aussi des anti-érosions. Si le sommet est plat, on
pourrait y cultiver, avec des bandes de forêts en aval sur les pentes
fortes.
Pour les pentes accentuées, le mieux sera de les
laisser en jachère améliorée avec des haies vives ou des
végétations. Cela permettra de produire des biomasses
fertilisantes, de l'engrais vert pour les cultures localisées sur les
pentes modérées. En même temps cette jachère permet
de fixer le sol et de lutter contre l'érosion. Par ailleurs, les
cultivateurs pourraient aussi y planter des arbres fruitiers et autres bois de
chauffe.
Toujours sur ces versants, dans l'optique d'un
aménagement sensé, on devrait y trouver des bandes de terrains
réservées aux plantes fourragères destinées
à la consommation des bétails et autres animaux de la ferme.
Ainsi, les gens ne sont plus obligés de pratiquer l'élevage
extensif qui nuit considérablement au paysage agricole ( il y a des
inconvénients à laisser les bétails libres : les fumures
sont éparpillées, les marques des sabots dans le sol sur les
pentes provoquent l'érosion etc. ).
On doit aussi construire des fossés qui vont servir
à stocker ou à canaliser l'évacuation des eaux selon les
conditions pluviométriques.
Sur les pieds des pentes, les cultures légumineuses et
autres
cultures sèches auront leur place. Enfin dans les
bas-fonds, il y aura la
riziculture.
Le but de toutes ces opérations est de rendre les
versants cultivables dans des conditions respectant l'environnement. Si bien
qu'il est nécessaire d'adopter la culture en gradin qui va limiter
l'action érosive.
2-L'utilisation de l'engrais.
Un autre grand défi pour l'agriculture, l'engrais. Son
utilisation répond au besoin précis d'un meilleur résultat
sur le plan de la production. Or les gens l'utilisent à tort et à
travers. L'épandage de l'engrais chimique qui va s'infiltrer dans le
sol, va jusqu'à polluer les nappes phréatiques : Ces
contaminations ont été les sources de plusieurs maladies qui ont
bouleversé l'équilibre écologique à
l'étranger. De plus ces engrais sont coûteux. Si bien que les gens
devraient adopter l'utilisation de l'engrais vert, plus que préconiser
dans la forme de l'agriculture pratiquée dans notre pays. La plus
répandue d'entre ces engrais verts aujourd'hui est le compost.
Schéma 4 : Processus de formation du compost.
Source : Microsoft® Encarta® 99
L'engrais est un apport nutritionnel pour le sol que l'on
cultive. Cet apport est nécessaire quand le sol travaille tout au long
de l'année. Et comme on sait que dans Talata, le sol est devenu une
denrée rare, il y a de moins en moins de terres laissées en
jachère. D'où son importance. Ces engrais verts
nécessitent très peu de dépenses et en plus ils sont
nettement moins polluant que les engrais chimiques. Le principe des engrais
verts est simple : il suffit de fermenter des déchets organiques pour
qu'ils libèrent des éléments minéraux utiles au
sol, dans le cas du compost. Par ailleurs, il y a aussi l'emploi des plantes
riches en matières minérales tels le vétiver ou encore le
« ramilamina » ( Azolla ). Ainsi, les engrais
s'obtiennent naturellement sans agent chimique. Cela
vérifie la théorie de LAVOISIER : « Rien ne se perd,
rien ne se crée, tout se transforme ».
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