D- Des infrastructures en délabrement.
Le laisser-aller s'est installé dans le paysage. Cela
s'est traduit par le délabrement des infrastructures en place
héritées de la colonisation. Très peu de projets ont vu le
jour.
1- Des voies de communication en mauvais état.
A 30km de la capitale, c'est à peine si la Commune
peut dire qu'elle n'est pas enclavée. Elle possède près de
240km de route ( Figure 6 ). Seulement, quelque 6km sont goudronnées :
c'est la portion de la Route nationale n°3. Les autres sont des pistes
carrossables difficiles à emprunter lors des saisons de pluies.
Cette route nationale divise la commune en deux parties
presque égales. Les pistes carrossables sont ses ramifications, comme
les digitations des bras d'une rivière se jetant dans le
lit-mère. Cette métaphore renvoie à l'image d'une commune
ayant un atout à faire valoir dans son développement : La
présence de pistes couvrant toute l'étendue de Talata. Il lui
faudrait seulement un assainissement et de bons entretiens.
2- Le problème de la scolarité
au-delà du CEG ( Collège d'Enseignement Général ).
Presque toutes les localités dans Talata ont une Ecole
Primaire Publique ( EPP ), soit 27 EPP. La plupart des enfants fréquente
l'école, mais très peu y réussit. Le problème est
le même que celui du reste de l'île : la pauvreté. Les
parents n'ont pas assez d'argent pour épauler leurs
enfants. Les moins chanceux y passent leurs années scolaires quand ils
ne font pas l'école buissonnière pour aller aider leurs parents
au champ pendant la saison agricole. Les mieux nantis vont dans des
écoles privées. Il y en a 3 dans la commune.
Après le primaire, les collégiens peuvent
continuer leurs études dans 3 établissements dont l'un est
confessionnel, les deux autres publics. Seulement au-delà du secondaire,
le problème se pose car pour des apprentissages plus approfondis, il
faudrait aller dans un lycée. Or, Talata n'en possède pas. Il
faut aller à Sabotsy-Namehana pour la plus proche, soit une distance de
près de 15km. Ce déplacement pendulaire n'est pourtant pas
à la portée des bourses familiales. Les enfants sont
obligés d'abandonner à la fin des études au
collège. Et, quand on sait la valeur du Brevet d'Etudes du Premier Cycle
( BEPC ) actuel, on ne peut guère espérer des
débouchés pour ces enfants sur le plan professionnel.
E- Antananarivo, la ville tentation.
Comme tous les grands pôles des pays sous
développés, Antananarivo est un centre macro céphalique.
Tout se fait à travers elle. C'est un monde mirage qui à la fois
fascine et intrigue les gens qui n'y vivent pas.
1- Une commune écrasée par la
proximité de la capitale.
Quand rien ne va, on cherche toujours le bouc émissaire
sur lequel, on va décharger toutes les fautes. Talata n'arrive pas
à s'affirmer et cela à cause de la Capitale qui lui est trop
proche. C'est un univers qui attire autant les gens que les marchandises.
Talata produit pour la consommation en denrée fraîche de Tana. En
contre partie, elle reçoit de cette dernière les PPN ( Produits
de Première Nécessité ), les intrants pour l'agriculture
et les nouvelles. Cette symbiose, déjà en
déséquilibre, est instable. Les nouvelles
générations ont les yeux tournés vers la
Ville-Lumière. Cette fuite est latente partout à Madagascar.
2- La fuite de la jeunesse.
Sur une enquête réalisée dans la Commune
auprès des jeunes collégiens en fin d'étude, 90% d'entre
eux disent ne plus vouloir cultiver la terre. Ils préfèrent
tenter leur chance dans le monde du secteur industriel et des services. Cette
situation s'explique par le fait que Talata côtoie la Ville Des Milles.
Les jeunes sont au courant des nouveautés dans la cité et veulent
en faire partie.
Par ailleurs, ils y sont pousser inconsciemment du fait du
rétrécissement des terres cultivables. Si on regarde la
proportion des gens par rapport à la notion d'appropriation des terres,
c'est à peine si 18.34% ( Graphique 5 ) des gens possèdent leur
propre terrain de culture. Ce chiffre, à cause de la pression
démographique est en train de s'amenuiser. Le faire valoir indirect (
58.83% ) est élevé car les « diasporas » laissent la
gestion de leur terre à ceux qui sont resté au « pays
». Ils s'accordent sur la répartition des récoltes, et cette
pratique s'est généralisée depuis longtemps.
Répartition des terres.
40,00%
20,00%
70,00%
60,00%
50,00%
30,00%
10, 00%
0,00%
18,34%
58,83%
11,30% 11,53%
Faire valoir direct Faire valoir indirect Faire valoir mixte Ne
se prononce pas
Graphique 5 : Répartition de la notion
d'appropriation des terres. Source : Enquête personnelle. Taux
d'échantillonnage 20%
Il existe plusieurs points que l'on pourrait qualifier de
négatifs. Ils ne le sont que si on les regarde de façon
pessimiste. La vérité, c'est qu'il faut les positiver. Donner une
image noire de la commune est une manière d'exorciser ses points
faibles. Il ne reste plus alors qu'à les rendre voir suivant un nouvel
angle d'approche...
|