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Talata Volonondry, une commune en pleine mutation dans le Nord d'Antananarivo

( Télécharger le fichier original )
par Lala Herizo RANDRIAMIHAINGO
Université d'Antananarivo - Maîtrise 2003
  

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Conclusion partielle.

T

alata est connue dans l'histoire comme étant l'une des principautés fondatrices de la future Nation malgache. Elle avait connu son heure

de gloire du temps du grand Roi RALAMBO. C'est sous ce Roi que les Merina ont commencé à manger du zébu ( jamoka ). Il avait même érigé son parc à zébu dans la région, donnant naissance à Ampahidralambo. Depuis Talata Volonondry n'a cessé de péricliter. Elle semblait dormir sur ses lauriers.

Depuis quelques années, l'Etat se cherchait une âme, une identité après le passage des colonisateurs français qui ont totalement assujetti les Malgaches. Après les errements du centralisme étatique, la Grande Ile a adopté le libéralisme.

Le temps, aujourd'hui, est donné à la libre-entreprise. De l'Etat - providence, on est passé à l'Etat - partenaire. Chaque région est maintenant libre de modeler son avenir, de prioriser ses besoins dans le cadre d'une plus large autonomie des Collectivités Territoriales Décentralisées. Talata devrait en être consciente, et tout faire pour que ses potentialités soient mises en valeur.

Miser sur l'avenir tel est le défi que la Commune se doit de lancer à elle- même. Pour y arriver, il est utile d'établir un diagnostic de la Région.

 

Partie II : Des potentialités

longtemps ignorées.

 

A

vec la révolution industrielle et la révolution agricole, les relations internationales avaient changé. Elles étaient tournées vers la recherche

du profit : de la pure économie mercantile. On parle à l'heure actuelle de la mondialisation et de la globalisation. La planète Terre est devenue un Grand Village à l'intérieur duquel le commun des mortels cherche sa place. Talata est une goutte d'eau dans ce vaste projet planétaire. Elle a son mot à dire.

Chapitre 3 : Une Commune dans la torpeur.

I- Un réveil difficile.

M

adagascar, depuis l'indépendance, a évolué dans un système complètement opaque. Toutes les décisions sont prises au niveau de

l'Etat Central et cela sans en référer au niveau local. L'Etat est devenu une entité omnipotente pour la plupart des gens. Ils n'ont plus fait d'efforts, ils se contentaient de quémander auprès du Fanjakana. Cette situation a conduit au laisser-aller, et petit à petit Madagascar a sombré. Talata est dans la même situation. Le pouvoir créatif des gens est annihilé par le « collectif forcé. » L'attentisme est devenu une gangrène pour le développement.

A- Une densité démographique au seuil de la rupture.

La répartition de la population dans la Commune n'est pas uniforme. Elle est tributaire des conditions physiques du milieu. Les gens sont localisés autour de 3 grandes zones de peuplement : les lits des rivières Ampasika ( Sud ) et Mambakely ( Ouest ) d'une part et d'autre part autour de la source des rivières Ambodiriana et Anobe( est ). Les zones « basses » sont peuplées tandis que les zones en hauteur sont nettement désertées.

1- Une démographie galopante.

Bien que les statistiques sur le taux d'accroissement naturel soit difficile à fournir à cause du manque de documentation au niveau de la Commune, on peut estimer que Talata connaîtrait un "boom" démographique avec une pyramide d'âge ( Graphique 4 ) qui présente une base évasée. Les jeunes y sont majoritaires. 23.5% de la population sont des femmes en âges de procréer. Malgré tout, le nombre de personnes dans la cellule familiale est en train de baisser. Une famille est composée en moyenne de 5 personnes dans la Commune.

Graphique 4 : Pyramide des âges dans la Commune.

Source : Extrapolation à partir de la banque de données de la Commune. Taux d'échantillonnage 30%

Talata a une pyramide qui caractérise un pays en voie de développement : Une base évasée et un sommet pointu. Cela démontre que le nombre de naissance y est élevé tandis que les personnes âgées sont peu nombreuses. Talata est loin d'atteindre l'équilibre démographique. Elle est encore en train d'amorcer sa phase de transition démographique : Le nombre d'enfants qui naissent est encore assez élevé alors que le nombre de gens qui meurent diminue.

Entre 25-35 ans, on a un creux que l'on pourra assimiler à la migration des jeunes vers la capitale pour la recherche d'emploi. Talata n'est pas en mesure de le leur fournir. C'est surtout le cas des jeunes hommes compris dans la tranche d'âge de 25-30ans. C'est cette fuite que les dirigeants de la Commune devraient juguler.

2- La « gérontocratie », une structure sociale érigée en institution.

Dans la civilisation malagasy, le plus âgé est le détenteur du savoir et de la sagesse. Les jeunes lui doivent le respect dû aux aînés. Peu à peu cette structure a glissé en une sorte de privilège que les anciens exercent sur leurs contemporains.

Conjugué au régime totalitaire en place dans l'île, c'est un des facteurs du blocage de toutes les régions à Madagascar. Personne ne prend plus d'initiatives de peur de heurter la « sensibilité » de leurs aînés. L'usage de la parole, seul les grands y ont droit. Les jeunes étaient tenus à l'écart des grandes décisions. Quand ils arrivent à leur tour à l'âge de la maturité, ils ne savent plus quoi faire. C'est ainsi que la connaissance se perd et les repères se brouillent. A chaque génération, une part de la sagesse collective part en lambeau. C'est la dégénérescence.

3- Le rapport surface cultivable/population de plus en plus faible.

Comme Talata est une zone collinaire, les gens ont décidé de s'installer dans les vallons encaissés qui n'offrent que très peu de latitude pour un développement à long terme. Ces zones sont vite saturées par une population en accroissement exponentiel. A chaque nouvelle génération, le nombre de population s'agrandit un peu plus. Parallèlement, le terrain de culture diminue pour les futurs héritiers.

Bien que l'on soutire de la terre le maximum de rendements qu'elle peut fournir, le fait est là : Elle n'arrive plus à satisfaire les besoins de la population locale. Talata a adopté les cultures de rotation, les cultures de contre-saison sur les rizières auparavant en friche, mais rien n'y fait. Comme les gens ne savent pas comment améliorer ce patrimoine, ils le détruisent sans le savoir. C'est surtout le cas des versants où l'homme n'apporte pas de travaux particuliers, il se contente seulement d'y planter les jeunes pousses. Or, pour la gestion des terroirs, il est nécessaire de cultiver sur ces versants sous forme de gradins...

« L'avenir est ailleurs », le paysage ne se limite pas au bas-fond, il y a aussi les collines qui sont de plus en plus nus à cause de la déforestation.

Aujourd'hui, on estime qu'une famille d'agriculteur possède en moyenne 1ha de terrain de culture sur la surface cultivable.

4- Le problème foncier de plus en plus récurrent.

Avec en moyenne 1ha de terre de culture par famille de cultivateur, Talata a très peu de chance de s'appuyer sur l'agriculture pour son développement. A chaque génération, la surface agricole par habitant diminue. De plus, la terre est devenue un litige entre les gens de la commune. Un « combat » qui oppose parfois une même famille en mal d'héritage. Toutes les semaines, au moins 3 à 4 démêlés sont portés devant le Délégué au Maire. Cette tendance n'est pas près de s`inverser.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery