Conclusion partielle.
T
alata est connue dans l'histoire comme étant l'une des
principautés fondatrices de la future Nation malgache. Elle avait connu
son heure
de gloire du temps du grand Roi RALAMBO. C'est sous ce Roi que
les Merina ont commencé à manger du zébu ( jamoka ). Il
avait même érigé son parc à zébu dans la
région, donnant naissance à Ampahidralambo. Depuis Talata
Volonondry n'a cessé de péricliter. Elle semblait dormir sur ses
lauriers.
Depuis quelques années, l'Etat se cherchait une
âme, une identité après le passage des colonisateurs
français qui ont totalement assujetti les Malgaches. Après les
errements du centralisme étatique, la Grande Ile a adopté le
libéralisme.
Le temps, aujourd'hui, est donné à la
libre-entreprise. De l'Etat - providence, on est passé à l'Etat -
partenaire. Chaque région est maintenant libre de modeler son avenir, de
prioriser ses besoins dans le cadre d'une plus large autonomie des
Collectivités Territoriales Décentralisées. Talata devrait
en être consciente, et tout faire pour que ses potentialités
soient mises en valeur.
Miser sur l'avenir tel est le défi que la Commune se doit
de lancer à elle- même. Pour y arriver, il est utile
d'établir un diagnostic de la Région.
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Partie II : Des potentialités
longtemps ignorées.
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A
vec la révolution industrielle et la révolution
agricole, les relations internationales avaient changé. Elles
étaient tournées vers la recherche
du profit : de la pure économie mercantile. On parle
à l'heure actuelle de la mondialisation et de la globalisation. La
planète Terre est devenue un Grand Village à l'intérieur
duquel le commun des mortels cherche sa place. Talata est une goutte d'eau dans
ce vaste projet planétaire. Elle a son mot à dire.
Chapitre 3 : Une Commune dans la torpeur.
I- Un réveil difficile.
M
adagascar, depuis l'indépendance, a
évolué dans un système complètement opaque. Toutes
les décisions sont prises au niveau de
l'Etat Central et cela sans en référer au niveau
local. L'Etat est devenu une entité omnipotente pour la plupart des
gens. Ils n'ont plus fait d'efforts, ils se contentaient de quémander
auprès du Fanjakana. Cette situation a conduit au laisser-aller, et
petit à petit Madagascar a sombré. Talata est dans la même
situation. Le pouvoir créatif des gens est annihilé par le «
collectif forcé. » L'attentisme est devenu une gangrène pour
le développement.
A- Une densité démographique au seuil de la
rupture.
La répartition de la population dans la Commune n'est
pas uniforme. Elle est tributaire des conditions physiques du milieu. Les gens
sont localisés autour de 3 grandes zones de peuplement : les lits des
rivières Ampasika ( Sud ) et Mambakely ( Ouest ) d'une part et d'autre
part autour de la source des rivières Ambodiriana et Anobe( est ). Les
zones « basses » sont peuplées tandis que les zones en hauteur
sont nettement désertées.
1- Une démographie galopante.
Bien que les statistiques sur le taux d'accroissement naturel
soit difficile à fournir à cause du manque de documentation au
niveau de la Commune, on peut estimer que Talata connaîtrait un "boom"
démographique avec une pyramide d'âge ( Graphique 4 ) qui
présente une base évasée. Les jeunes y sont majoritaires.
23.5% de la population sont des femmes en âges de procréer.
Malgré tout, le nombre de personnes dans la cellule familiale est en
train de baisser. Une famille est composée en moyenne de 5 personnes
dans la Commune.
Graphique 4 : Pyramide des âges dans la
Commune.
Source : Extrapolation à partir de la banque de
données de la Commune. Taux d'échantillonnage 30%
Talata a une pyramide qui caractérise un pays en voie
de développement : Une base évasée et un sommet pointu.
Cela démontre que le nombre de naissance y est élevé
tandis que les personnes âgées sont peu nombreuses. Talata est
loin d'atteindre l'équilibre démographique. Elle est encore en
train d'amorcer sa phase de transition démographique : Le nombre
d'enfants qui naissent est encore assez élevé alors que le nombre
de gens qui meurent diminue.
Entre 25-35 ans, on a un creux que l'on pourra assimiler
à la migration des jeunes vers la capitale pour la recherche d'emploi.
Talata n'est pas en mesure de le leur fournir. C'est surtout le cas des jeunes
hommes compris dans la tranche d'âge de 25-30ans. C'est cette fuite que
les dirigeants de la Commune devraient juguler.
2- La « gérontocratie », une
structure sociale érigée en institution.
Dans la civilisation malagasy, le plus âgé est
le détenteur du savoir et de la sagesse. Les jeunes lui doivent le
respect dû aux aînés. Peu à peu cette structure a
glissé en une sorte de privilège que les anciens exercent sur
leurs contemporains.
Conjugué au régime totalitaire en place dans
l'île, c'est un des facteurs du blocage de toutes les régions
à Madagascar. Personne ne prend plus d'initiatives de peur de heurter la
« sensibilité » de leurs aînés. L'usage de la
parole, seul les grands y ont droit. Les jeunes étaient tenus à
l'écart des grandes décisions. Quand ils arrivent à leur
tour à l'âge de la maturité, ils ne savent plus quoi faire.
C'est ainsi que la connaissance se perd et les repères se brouillent. A
chaque génération, une part de la sagesse collective part en
lambeau. C'est la dégénérescence.
3- Le rapport surface cultivable/population de plus
en plus faible.
Comme Talata est une zone collinaire, les gens ont
décidé de s'installer dans les vallons encaissés qui
n'offrent que très peu de latitude pour un développement à
long terme. Ces zones sont vite saturées par une population en
accroissement exponentiel. A chaque nouvelle génération, le
nombre de population s'agrandit un peu plus. Parallèlement, le terrain
de culture diminue pour les futurs héritiers.
Bien que l'on soutire de la terre le maximum de rendements
qu'elle peut fournir, le fait est là : Elle n'arrive plus à
satisfaire les besoins de la population locale. Talata a adopté les
cultures de rotation, les cultures de contre-saison sur les rizières
auparavant en friche, mais rien n'y fait. Comme les gens ne savent pas comment
améliorer ce patrimoine, ils le détruisent sans le
savoir. C'est surtout le cas des versants où l'homme n'apporte pas de
travaux particuliers, il se contente seulement d'y planter les jeunes pousses.
Or, pour la gestion des terroirs, il est nécessaire de cultiver sur ces
versants sous forme de gradins...
« L'avenir est ailleurs », le paysage ne se limite pas
au bas-fond, il y a aussi les collines qui sont de plus en plus nus à
cause de la déforestation.
Aujourd'hui, on estime qu'une famille d'agriculteur
possède en moyenne 1ha de terrain de culture sur la surface
cultivable.
4- Le problème foncier de plus en plus
récurrent.
Avec en moyenne 1ha de terre de culture par famille de
cultivateur, Talata a très peu de chance de s'appuyer sur l'agriculture
pour son développement. A chaque génération, la surface
agricole par habitant diminue. De plus, la terre est devenue un litige entre
les gens de la commune. Un « combat » qui oppose parfois une
même famille en mal d'héritage. Toutes les semaines, au moins 3
à 4 démêlés sont portés devant le
Délégué au Maire. Cette tendance n'est pas près de
s`inverser.
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