Partie I : Contexte de la gestion de l'eau en milieu
aride et présentation de la zone d'étude (Zammour - Beni
Khédache)
1. contexte de la gestion de l'eau
« C'est une vérité simple et cruelle à
la fois, l'eau est une ressource vitale, vulnérable et rare pour
l'humanité » a déclaré, à l'ouverture de
conférence sur l'eau, Dominique Voynet.
Le constat est en effet alarmiste : les nappes
phréatiques se dégradent ; la consommation grimpe en
flèche, avec la croissance démographique, l'urbanisation et
l'industrialisation, est colossal.
L'eau n'est pas qu'un bien économique, elle est aussi
un bien social, un bien culturel, un bien environnemental...L'eau est un bien
fondamental, selon l'expression de Riccardo Petrella, économiste et
professeur à l'Université de Louvain.
L'économie a toujours été
intéressée à la fois aux décisions d'allocation des
ressources prises par l'individu et tous les agents économiques et la
question plus large de l'allocation des ressources par la société
dans son ensemble.
En agriculture, les facteurs de production n'existent qu'en
quantité très limitée. L'eau en particulier qui
était considérée comme un bien libre, tend à
devenir le facteur le plus limitant. En effet, elle est le facteur de
production déterminant, toutes les autres actions d'intensification se
trouvent ainsi compromises et cela quelle que soit leur efficacité de
principe. Cette rareté accélérée de l'eau rend de
plus en plus difficile sa répartition. Ainsi Hamdi (1988) écrit
« en Tunisie, les ressources en eau sont rares, dès lors, la
problématique de la gestion des ressources en eaux se pose en terme
économique, c-a-d, l'allocation rationnelle » il faut alors bien
avouer que les ressources hydriques soumises à une demande accrue et
à des conflits d'intérêt, sont très limitées,
il convient de les employer aux mieux.
En zone aride, la petite hydraulique est le moyen le plus
évident de mobiliser les eaux de surface et de tirer le meilleur parti
des nappes phréatiques.
Les écoulements se produisent de façon
sporadique, par des événements brefs dans lesquels transitent des
volumes importants avec des vitesses élevées. Pour vivre dans ces
régions difficiles, les populations ont su, depuis toujours,
déployer un réel savoir-faire pour maîtriser et utiliser
les écoulements.
Les techniques inventoriées par différents
auteurs depuis l'époque romaine (Bouderbala & al, 1984 ; El Amami,
1984 ; Emmabli, 1993) ) sont très diverses, à l'image d'un milieu
contrasté : banquettes pour retenir localement eaux et sédiments
pour l'agriculture (tabias) ; terrasses de cultures pour limiter le
ruissellement ; ouvrages dans les oueds pour diminuer les vitesses
d'écoulement (jessours) et des réservoirs qui sont appelés
à jouer aussi bien le rôle d'organe de stockage d'eau (Mejel ou
Fesguia).
Ces ouvrages sont disposés sur le bassin selon une
organisation spatiale qui permet d'adapter chaque type d'aménagement aux
contraintes de la zone, chacun contribuant à l'équilibre
écologique global par ses effets annexes : favoriser l'infiltration,
limiter l'érosion et restaurer les sols.
L'accès à l'eau structurait les
sociétés rurales dans la mesure où nous pouvons classer
les propriétés en fonction de leur éloignement de l'amont
du bassin versant. Les propriétés qui sont proches de l'amont du
bassin sont favorisées puisqu'elles peuvent satisfaire tout leur besoin
en eau. Par contre, les propriétés qui se trouvent à
l'aval du bassin doivent attendre le surplus d'eau qui peut traverser le
déversoir. Les exploitants sans propriété sont le plus
souvent marginalisés par rapport aux processus de décision, ces
derniers fournissant le travail pour la construction, l'entretien et la gestion
technique des aménagements. La cohabitation de ces deux groupes sociaux
était définie par un ensemble de règles se rapportant
à la propriété de l'eau, à sa distribution et
à l'entretien des ouvrages. Elles étaient acceptées par
tous et précisaient les statuts et les rôles de chacun.
Même si, l'eau restait souvent l'ami du puissant
(Bedoucha, 1987), il y avait totale cohérence entre outils techniques et
objectifs de gestion ce qui assurait une bonne performance globale du
système.
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