2. Présentation de la zone d'étude
2.1. Organisation spatiale des zones montagneuses du
sud-est
Malgré sa situation géographique favorable,
territoire médian entre la bande littorale caractérisée
par un réseau urbain relativement dense polarisé par
Gabès, Jerba-Zarzis, Médenine et Tataouine au sud-est et un
centre d'échange polarisé par Gafsa, Kébili et Tozeur au
sud-ouest, la zone du Dhahar semble échapper à cette influence et
à l'organisation d'un réseau urbain similaire aux deux
régions d'influence précitées.
A l'exception des communes de Matmata, de
Béni-Khédeche et de Ghomrassen, l'organisation spatiale du reste
de la population reste non définie et elle passe par une mutation
profonde, car la population en question n'est pas sédentaire totalement
et reste caractérisée par les Ksours et les points d'eau
(Birs) qui ne constituent pas un réseau classique, mais des
points d'attaches d'une population transhumante.
2.2- Localisation géographique et
administrative
La délégation de Beni Khédache fait partie
du gouvernorat de Médenine, dont la création remonte à
1956 est située au nord-ouest du gouvernorat Médenine et au
sud-est de la Tunisie.
Limitée à l'est par la délégation de
Médenine nord, à l'ouest par le gouvernorat de Kébili, au
nord par le gouvernorat de Gabès et au sud par le gouvernorat de
Tataouine.
La région de Beni khédache couvre une superficie
de 1250 km2 répartie en 13 Imadas (circonscription
administrative), dont 12 en milieu rural. La superficie est répartie
comme suit (Lissir H, 2003) :
+ SAU : 36038 ha ;
+ terres incultes : 18279 ha ;
+ Forêt : 1559 ha ;
+ Parcours : 79724 ha.
La zone de Zammour (zone d'étude) se trouve à
quelques km2 du siège administratif de la
délégation et de la station météorologique de
Béni-Khédeche.
2.3- Potentialités naturelles
2.3.1- Les régions naturelles
Le relief est dominé par la chaîne montagneuse de
Matmata qui s'étend vers le sud dans le gouvernorat de Tataouine et
même en Libye.
Cette chaîne sépare les deux régions
naturelles de Djeffara vers l'est et le bassin du grand Erg oriental à
l'ouest.
Le Jbel de Beni Khédache constitue la partie de la
chaîne de Matmata qui appartient au bassin versant de Zeuss Koutine. Il
s'agit d'un escarpement dominant la plaine de Djeffara et avec une variation
d'altitude de 200 à 400m.
2.3.2- Le climat
Situées en pleine montagne, Matmata et Beni
Khédache présentent les mêmes caractéristiques
climatiques.
La zone est soumise, de par sa position géographique,
à différents types de temps pluvieux : différentes
situations atmosphériques sont à l'origine des perturbations
génératrices des pluies. Dans ces djebels du sud tunisien, les
perturbations de nord-ouest déversent d'importantes quantités de
pluies, elles sont importantes au nord de la dorsale alors qu'au sud elles sont
très faibles.
+ Les perturbations d'ouest sont à l'origine des pluies
diluviennes sur toute la Tunisie y compris Beni Khédache ;
+ Les perturbations du sud -ouest provoquent des orages pluvieux
;
+ Les perturbations sahariennes sont peu importantes sur le
sud tunisien mais les conditions atmosphériques favorisent parfois le
stationnement de ces perturbations sahariennes dans le golfe de Gabès.
Ce stationnement est à l'origine d'importantes pluies sur le littoral
tunisien (pluies de 12 décembre 1973 et pluies du 3-4-5 et 6 Mars
1979).
a) Le régime pluviométrique et sa
variabilité
Compte tenu de l'absence de station de mesure de la
pluviométrie, on se contente des données pluviométriques
disponibles des stations environnantes de Beni Khédache.
L'analyse de la répartition intra annuelle des pluies
montre que la saison de l'été (juin, juillet, août) est
complètement sèche et que les saisons les plus humides sont
l'automne et l'hiver. Quant à la variabilité inter annuelle, elle
montre des séries plus ou moins longues d'années pluvieuses ou
d'années sèches, les années sèches successives de
moins de 100 mm/an étant rares.
Tableau 1: Pluviométrie moyenne de la
station de Beni Khédache.
Station
|
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
Mai
|
J
|
Jt
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
P/an
|
Années d'obser.
|
Béni- khédache
|
P mm
|
8,1
|
13,4
|
45,4
|
44,8
|
13,1
|
0,5
|
0
|
0
|
60,4
|
48,é
|
6,1
|
4,7
|
244,7
|
27
|
Ó
|
5,7
|
12,6
|
46,9
|
24,4
|
20 ,2
|
0,8
|
0
|
0
|
87,7
|
42,7
|
3,4
|
5,1
|
139,9
|
CV
|
0,7
|
0.9
|
1,1
|
0,6
|
1,5
|
1,7
|
-
|
-
|
1,5
|
0,9
|
0,6
|
1 ;1
|
0,6
|
(source : CRDA, 2000) Les constantes de variances qui
sont dans la plupart des cas supérieures à l'unité pour
tous les mois indiquent une forte irrégularité de la
pluviométrie moyenne mensuelle au niveau de la station de Beni
Khédache.
b) La température
Les températures moyennes annuelles sont comprises entre
19 et 21 °C (BOURGES, FLORET. P, 1977) et ont tendance à
croître du nord au sud.
En ce qui concerne les variations de la moyenne des maxima et
des minima au cours de l'année, on enregistre une amplitude de variation
qui se situe entre 15 et 30°C estimé à 0°5 pour 100
mètres et d'une façon générale les variations inter
annuelles de températures sont faibles traduisant une stabilité
du climat de la région.
La moyenne thermique annuelle au niveau du gouvernorat de
Médenine est de 20°C. Les mois de décembre, janvier et
février sont les plus froids avec des gelées occasionnelles (au
dessus de (-3)°C) et les mois de juillet, août et septembre sont les
plus chauds.
Les températures moyennes mensuelles enregistrées
au niveau de la station de Gabès sont inférieures à celle
au niveau de Médenine, à cause de l'influence de la mer.
Tableau 2: Régime thermique au niveau des
stations de Gabès et de Médenine.
Station
|
T°C.
|
Jan.
|
Fév.
|
Ma
|
r. Av.
|
Mai
|
Jui.
|
Juil.
|
Aou .
|
Sep.
|
Oct.
|
Nov.
|
Déc .
|
Gabès
|
Max.
|
27
|
34.1
|
41
|
42
|
43
|
36
|
50
|
47
|
49
|
44
|
36
|
27.9
|
Min.
|
-3
|
-2
|
1.3
|
4
|
4
|
10
|
9
|
14
|
12
|
6
|
1
|
0
|
Médenine
|
Max.
|
29
|
34
|
40
|
42
|
45
|
48
|
51
|
52
|
48
|
44
|
36
|
31
|
Min.
|
-3
|
-2.6
|
-2
|
2
|
5
|
11
|
12
|
13
|
12
|
5
|
1
|
2
|
Gabès Médenine
|
Moy.
|
10.9
|
12.4
|
15.3
|
17.7
|
20.9
|
23.8
|
26.7
|
27.4
|
25.5
|
21.1
|
16.5
|
12.2
|
Moy.
|
11.3
|
12.9
|
15.7
|
19
|
22.5
|
26.2
|
29
|
29.1
|
27.2
|
22.8
|
17.2
|
12.8
|
(source : H. Abichou, 2001)
c) Les vents
Les vents dans le sud tunisien ont un régime saisonnier
:
+ En été, généralement des vents
réguliers et faibles soufflent du nord-est et de l'est mais les vents du
sud et du sud-est chauds et secs sont fréquents. Durant la
période de 1970-1980, on enregistre une moyenne de 28 jours de sirocco
(M. FERSI et ZANTE, 1980) ;
+ En hiver les vents sont plus forts et plus réguliers
froids et secs mais parfois chargés de sable.
Ces vents sont caractérisés par :
+ Des températures élevées ;
+ Une hygrométrie de l'air très faible d'où
une forte évapotranspiration causant un déficit hydrique non
négligeable ;
+ Une fréquence très variable dans le temps.
Ces vents apportent avec eux des masses non négligeables
de sable éolien et nuisent à la majorité des cultures.
Cyclonique de golfe de Gabès
Donnant des pluies au
Nord de la dorsale
NORD OUEST
Basse pression saharienne
Régime cyclonique Saharien
envoyant de l'air chaud
et sec sur le sud
tunisien
Air Chaud et sec
Basse pressions
Golfe de Gabès
NORD EST
Donnant des pluies sur le Nord du pays et le sahel
Donnant de fortes Pluies sur le Sud Tunisien
Régime cyclomonique sur le golfe de Gabès
Fig. 1 : Carte des centres d'action et les types de temps
en Tunisie
d) L'évaporation potentielle
La région de Beni Khédache est
caractérisée par une évapotranspiration potentielle forte.
En effet, la série des valeurs disponibles pour la station de
Médenine montre l'importance de ce paramètre.
Tableau 3 : Evapotranspiration potentielle
moyenne mensuelle de Médenine.
|
Se
|
O
|
N
|
D
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
Jt
|
Aû
|
Ó
|
Men
|
P (mm)
|
10.8
|
23.6
|
16.5
|
17.3
|
17.4
|
17.7
|
25.7
|
13.9
|
6.4
|
1.0
|
0.2
|
1.1
|
135.1
|
11.26
|
ETP
|
123.4
|
83
|
54.5
|
41.9
|
44.2
|
55.3
|
86.6
|
116.6
|
159.7
|
185.9
|
197.6
|
172
|
1320.
|
110.05
|
(mm)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
7
|
8
|
P-ETP
|
-112.6
|
-59.4
|
-38
|
-24.6
|
-26.8
|
-37.6
|
-60.9
|
-102.7
|
-153.3
|
-184.9
|
-197.4
|
-170.9
|
-1169
|
-97.43
|
( Source : H. Abichou,
2001)
On remarque que le bilan hydrique est déficitaire le
long de l'année et que l'évapotranspiration est importante au
cours des mois de l'été, les sols sont ainsi exposés aux
agents érosifs principalement l'érosion hydrique.
Généralement ces pertes sont compensées par l'irrigation
d'appoint.
|