II- LES REALITES MANAGERIALES DES ENTREPRISES
CAMEROUNAISES
Avant de ressortir cette spécificité, nous allons
essayer de faire comprendre ce que nous entendons par entreprises camerounaises
dans le cadre de cette recherche.
A- DEFINITION ET CARACTERISTIQUES DES ENTREPRISES A
ETUDIER.
L'article 2 de l'Acte Uniforme relatif au Droit comptable
OHADA stipule que : « sont astreintes à la mise en place d'une
comptabilité, dite comptabilité générale, les
entreprises soumises aux dispositions du droit commercial, les entreprises
publiques, parapubliques, d'économie mixte, les coopératives et
plus généralement, les entités produisant des biens et des
services marchands ou non marchands, dans la mesure où elles exercent,
dans le but lucratif ou non, des activités économiques à
titre principal ou accessoire qui se fondent sur des actes
réplétifs, à l'exception de celles soumises aux
règles de la comptabilité publique ».
Tout d'abord, l'entreprise à étudier doit
être soumise aux dispositions de cet article. Sont donc exclus, les
banques, les établissements financiers, les compagnies d'assurance et
les entités soumises aux règles de la comptabilité
publique.
Ensuite, l'entreprise doit être installée au
Cameroun et avoir sa direction générale au Cameroun. Ceci, parce
que notre travail porte aussi sur les états financiers et
l'établissement des états financiers concerne surtout la
direction.
Egalement, notre recherche concerne les entreprises relevant
du système allégé ou du système normal. Les
très Petites Entreprises et les petites entreprises ne relevant du
système allégé ou du système normal sont exclus de
notre cadre d'étude.
Toutefois, pour souci d'avoir les entreprises relativement
homogènes, nous prenons comme autre critère : le chiffre
d'affaire annuel inférieur ou égal à un milliard. Ceci
nous permet de mener notre recherche sur les PME Camerounaises respectant les
conditions requises ci-dessus.
En effet, plusieurs critères nous sont offerts pour
donner une explication au concept de PME. Les critères quantitatifs tels
que le chiffre d'affaire, le nombre d'employés et l'évaluation
d'actifs, ainsi que les critères qualitatifs portant sur l'approche
managériale et organisationnelle.
Au Cameroun, trois organismes ont essayé de donner une
définition à la PME : la BEAC, le FOGAPE et le code des
investissements.
La BEAC définit la PME comme toute entreprise quelque soit
sa forme juridique dont : - la majorité des capitaux et dirigeants sont
nationaux
- le Chiffre d'affaire est au plus égal à 250
millions de F CFA
- les encours de crédit par caisse à court terme
sont au plus égaux à 100 millions de F CFA.27.
Le FOGAPE quant à lui, définit la PME comme toute
entreprise individuelle ou collective, quelle que soit sa forme juridique dont
:
- 51 % au moins du capital et les dirigeants sont camerounais
;
- le chiffre d'affaire est inférieur ou égal
à un milliard de F CFA ;
- les encours de crédit par caisse à court terme
sont au plus égaux à 250 millions de F CFA.28
Pour le code des investissements, la PME est toute entreprise que
satisfait aux trois conditions suivantes :
- création d'emplois permanents pour les camerounais, au
moins un emploi par tranche inférieure ou égale à 5
millions de F CFA d'investissement programmé par l'entreprise ;
27 Article 5 de l'arrêté MINEFI n°
0244 du 05/04/1989
- niveau d'investissement inférieur ou égal
à 1.5 milliard de francs CFA ;
- participation des Camerounais ou d'une personne morale de droit
Camerounais inférieur ou égal à 35 % du capital
social.29
Nous retiendrons donc comme objet de notre travail
toute entreprise, installée au Cameroun, soumise au
système comptable OHADA par les dispositions de l'Article 2 de l'Acte
Uniforme relatif au Droit Comptable OHADA, relevant soit du système
allégé soit du système normal de comptabilité, et
ayant un chiffre d'affaires inférieur ou égal à un
milliard cinq cent mille francs CFA.
B- LES SPECIFICITES DE GESTION DES PME
CAMEROUNAISES.
Avant de parler de la gestion des PME, il importe d'abord, de
passer en revue le cadre d'évolution des ces entreprises.
Le secteur informel constitue l'ensemble des unités
économiques qui ne sont pas enregistrées par l'administration et
qui fondent leurs activités sur les techniques plus ou moins
traditionnelles, offrant, l'auto emploi pour la survie des agents
concernés.30
La PME évoluant dans ce secteur se caractérise
par la main d'oeuvre intensive à faible coût, mauvais emplacement
des unités de production, le prix est fixé par la demande, le
revenu unitaire bas, la facilité d'accès sur le marché, la
faiblesse du capital et du niveau d'investissement, le caractère
familial, la main d'oeuvre peu qualifiée, la variété des
domaines d'activités...
Diriger une PME, « a toujours été et demeure
un art. Les plus talentueux réunissent les meilleures chances les plus
habiles d'entre eux réussissent ».31
Les qualités du dirigeant de PME (imagination,
initiative, perspicacité, volonté et courage) influencent
considérablement la réussite de son entreprise (MAUGE et MEHEUT,
1987).
28 Article 8 du décret n° 84-510 du
13/06/1 984
29 Article 25 de l'ordonnance n° 90-007 du
08/11/90 in BILGUISSOU A., La pratique de la Gestion Prévisionnelle des
Ressources Humaines dans les PME du Grand-Nord Cameroun, Mémoire de
Maîtrise,2002.
30 NZEMEN M., « Tontines et développement
ou défit financier de l'Afrique », Presse Universitaire du
Cameroun, 1993.
31 Mauge P et Meheut B, Gestion de la PME,
2ème éditotion, J DEMAS et Cie, Paris, 1987
Par ailleurs, la plupart des dirigeants de PME Camerounaises
sont propriétaires dirigeants et la majorité de ces entreprises
sont des entreprises familiales. D'où leur appartenance au secteur
informel.
Les dirigeants jouissent d'une grande autonomie
décisionnelle et par conséquence, influencent la gestion des PME
.32
En outre, la PME Camerounaise puise ses forces dans sa
souplesse d'adaptation. Cependant, elle ne peut prospérer que par la
maîtrise d'un minimum de méthodes de gestion qui éclairent
ses choix et mettent en garde contre les risques de plus en plus nombreux qui
l'entourent. Elle est donc appelée à maîtriser les
méthodes de gestion qui lui sont propres, présentant la
simplicité et la facilité de mise en oeuvre.
Elle est appelée à gérer ses
activités (production ou commerciale), son personnel, ses clients, sa
trésorerie, ses comptes...
La PME doit avoir une orientation future relevant d'une
démarche particulière qui consiste à analyser son
environnement, et ses potentiels (force est faiblesse). Suite à cette
analyse, elle est amenée à prendre des décisions qui
engagent durablement son avenir dans un contexte mouvant.33
Ces décisions découlent des informations qu'elle
a pu réunir. Et la qualité de ces décisions dépend
aussi de la fiabilité de ces informations. Or, les informations dont
dispose la PME sont le plus souvent le produit ou le sous-produit de la
comptabilité. D'où l'ultime nécessité de se doter
d'un système comptable efficace. C'est d'ailleurs sur cette logique que
repose l'efficacité de la PME japonaise (CHAMBOW ,1986).
Par contre, la prise de conscience de la
nécessité de la comptabilité est à l'état
embryonnaire dans notre contexte. Pour la plupart des dirigeants des
entreprises camerounaises, la comptabilité est certes un instrument qui
peut faire autre chose que le calcul de l'impôt. Mais
concrètement, cette nouvelle perception ne se manifeste pas, puisque la
tenue de la comptabilité n'est pas régulière. Ces
entreprises se trompent dans leur calcul des résultats puisque les
charges intermédiaires ne sont pas prises en compte. Elles rencontrent
aussi beaucoup de difficultés quant à la gestion des
encaissements et des décaissements ; elles ne parviennent pas
également à maîtriser leurs stocks ; elles ne parviennent
pas encore à éviter la suspicion fiscale... 34.
32 DEBOISLANDELLE H. M., « la GRH dans la PME
», 2 édition,Economica, 1998.
33 CHAMBON G., « initiation à la vie et
à la gestion de l'entreprise », Dalloz, Paris, 1986.
34 MARQUES R., Comptabilité
Générale, Nathan, 1985
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