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Impact du systeme comptable OHADa sur la gouvernance des entreprises camerounaises

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par Ibrahima HAMID
Université Ngaoundere - DEA 2003
  

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CHAPITRE 2 : LES IMPLICATIONS DES DISPOSITIONS DU
SYSTEME COMPTABLE OHADA SUR LA GOUVERNANCE DES
ENTREPRISES

Le concept de « corporate governance » ou « gouvernement d'entreprise », fait l'objet d'un débat en ce moment et reste au centre des préoccupations des acteurs politiques, de la grande presse, des chercheurs en sciences sociales et des autres rencontres scientifiques.

Dans le présent chapitre, nous essayerons de donner une définition de la gouvernance d'entreprise à partir des différentes théories existantes sur le domaine (section 1).

Ensuite, après avoir cerné la notion de gouvernance des entreprises nous établirons le lien entre la comptabilité et la gouvernance des entreprises pour ressortir les implications des dispositions du Système Comptable OHADA (section2).

SECTION I : LA GOUVERNANCE DES ENTREPRISES

Dans cette section, il sera question d'appréhender dans un premier temps la bonne gouvernance des entreprises. Ce qui nous conduira d'abord à la présentation des typologies de la gouvernance permettant ainsi d'appréhender le concept et de ressortir les différentes approches. Ensuite nous passerons en revue les différents mécanismes existants ainsi que les éléments qui déterminent la bonne gouvernance des entreprises.

Cette typologie va nous permettre, dans un second temps, après avoir bien défini les entreprises sur lesquelles vont porter notre étude, à spécifier la gestion des ces dernières (les entreprises).

I- LA BONNE GOUVERNANCE DES ENTREPRISES A- TYPOLOGIE

Avant de faire l'exposition des différentes approches de la gouvernance, il nous semble utile de commencer par la définition de gouvernance d'entreprise.

1- Définition

La théorie de la gouvernance trouve son origine dans les travaux de Berle et Means (1932)17. Le débat sur la gouvernance repose sur l'hypothèse selon laquelle, les dirigeants

17Berle A.et Means G, The Modern Corporation and Private Property, Macmillan, 1932, 2ième édition 1956

d'entreprises, du fait qu'ils sont en mesure de s'affranchir des différents mécanismes mis sur pied pour les contrôler, ils sont capables de s'attribuer des rentes au détriment des actionnaires et des autres stakeholders.18

C'est dans cet ordre d'idée que CHARRAUX (1999) propose la définition suivante : « les systèmes de gouvernance ont pour fonction de réduire les coûts d'agence entre les apporteurs des capitaux (actionnaires et créanciers financiers) et les dirigeants. De façon implicite, le facteur déterminant de la création de valeur, donc de l'efficience, est la sécurisation de l'investissement des apporteurs des capitaux »19.

De même, Jean Guy Degos (2002) est allé dans le même sens. Selon lui, « Le système de gouvernance recouvre l'ensemble des mécanismes ayant pour objet de discipliner les dirigeants et de réduire les conflits, générateurs de coûts».

CHARRAUX (2000)20a essayé de mettre en évidence deux visions de la gouvernante d'entreprise : la vision actionnariale, centrée sur la relation actionnaires dirigeants et le contrôle de ces derniers, et la vision partenariale qui est centrée sur le dirigeant. La vision actionnariale, axée sur l'apport des ressources financières, cadre avec la définition proposée par Shleifer et Vishny (1997) selon laquelle « la gouvernance des entreprises se préoccupe de la façon dont les apporteurs des capitaux, permettant de financer les sociétés, garantissent la rentabilité de leurs investissements »21. Gérard Charraux (1997) part de la limite de cette vision pour proposer l'approche partenariale dont il définit ainsi : « Le système de gouvernance est l'ensemble des mécanismes qui définissent et qui délimitent l'espace discrétionnaire des dirigeants »22.

Il ressort de ces différentes définitions, les éléments centraux de la gouvernance des entreprises à savoir, la relation entre actionnaire dirigeant, les autres stakeholders et le dirigeant, ainsi que le contrôle de ce dernier.

Par contre, beaucoup d'auteurs ont essayé d'aller plus loin pour montrer que la gouvernance d'entreprise ne se limite pas seulement aux conflits pouvant exister entre les dirigeants et les stakeholders. Elle ne se limite pas seulement au contrôle des dirigeants.

18Franck BANCEL, La Gouvernance des Entreprises, Gestion POCHE Economica, Paris, 1997 19CHARREAUX G., La théorie positive de l'Agence : lecture et relectures..., in KOENIG G, ed., De nouvelles théories pour gérer l'entreprise du XXI siècle, Economica, 1999

20 Charraux C. Gouvernement d'entreprise et comptabilité, in COLAS SE B. encyclopédie de comptabilité, contre de gestion et audit, 2000

21 Shleifer A. Vishny R. « A Survey of Corporate Governance » journal of Finance, vol 52, 1997, P737-783

22 CHARRAUX G., le gouvernement des entreprises : Corporate Governance, théories et faits, Economica, Paris, 1997

Labelle et Martel (1997) définissent la gouvernance d'entreprise comme « une procédure et une structure utilisée pour gérer les affaires tant internes que commerciales de l'entreprise, dans le but d'en augmenter la valeur pour les actionnaires, ce qui inclut d'en assurer la viabilité financière »23.

Monks et Minow(1995) de leur côté, proposent la définition suivante : « La gouvernance d'entreprise, traduction de corporate governance, est constituée du réseau de relations liant plusieurs parties dans le cadre de la détermination de la stratégie et de la performance de l'entreprise. Ces parties sont, d'une part, les actionnaires, les dirigeants et le conseil d'administration ; d'autre part, les clients, les fournisseurs, les banquiers et la communauté »24.

Pour l'OCDE (1996), « le gouvernement d'entreprise renvoie au système par lequel, les activités d'une entreprise sont conduites et surveillées. Il organise la répartition des droits et des responsabilités entre les différents participants à la vie de l'entreprise dont le conseil d'administration, les dirigeants, les actionnaires et les autres parties prenantes et fixe les règles et les procédures régissant la manière dont sont prises les décisions concernant la conduite des affaires. Il constitue donc la structure par laquelle, sont définis les objectifs de l'entreprise ainsi que les moyens de les atteindre et de suivre les résultats »25.

L'initiative du secteur privé Kenyan pour la gouvernance des entreprises quant à elle, définit la gouvernance comme « la manière dont la direction d'une société gère le portefeuille d'actifs et les ressources de cette société avec l'objectif de maintenir et d'accroître la valeur pour l'actionnaire tout en servant les intérêts des autres partenaires dans le cadre de la mission de la société »

Au regard de ces différentes définitions, nous pouvons tout simplement considérer la gouvernance d'entreprise comme la façon dont l'entreprise est gérée et contrôlée. C'est l'ensemble d'outils de contrôle et de gestion, pouvant inciter les dirigeants à rétablir l'équilibre en faveur de tous les stakeholders, en créant et répartissant équitablement de la «la richesse » afin d'améliorer l'efficacité de l'entreprise. Nous retiendrons cette définition pour notre recherche.

23 Labelle R. et Martel L., « Exigences et pratique canadiennes en matière de gouvernement d'entreprise, « in Gestion, volume 22, numéro4, 1997

24 Monks R.A.G.et Minow N., in CABY et HIRIGOYEN, la création de la Valeur de l'Entreprise, 2 édition, Economica, Paris, 2001.

25 OCDE,p. 1 Pricipes de l'OCDE relatifs au gouvernement d'entreprise : questions-réponses, in DEFFAINS B. et Guigao J droit, gouvernement d'entreprise et marché de capitaux, GREFIGE, Université de Nancy2, cahier de recherche n°2002-04, 2002.

1- Typologie de la gouvernance des entreprises

Pour présenter cette typologie, nous nous appuierons de travail de Stéphane TREBUCQ (2003) sur la gouvernance d'entreprise héritière de conflits idéologiques et philosophiques. En effet, plusieurs critères fondent les théories de la gouvernance. Entre autres, la relation dirigeants actionnaires, la prise en compte de l'ensemble des parties prenantes et l'attitude du dirigeant.

L'article de Jensen et MEKLING (1976) qui renferme la théorie de l'agence, la théorie des droits de propriété, la théorie de la structure de propriété de la firme, reste la principale source d'inspiration de toutes les recherches sur la gouvernance des entreprises. Le premier courant de pensée retient comme objectif assigné au dirigeant, la maximisation de la richesse de l'actionnaire, et la nécessité de contrôler le dirigeant afin de limiter la latitude discrétionnaire de ce dernier (Williamson, 1985).

Freevan et Reed(1983) réagissent en recommandant d'élargir le cadre d'analyse de l'agence qui est trop centré sur le seul intérêt des actionnaires, mais aussi de prendre en compte toutes les autres parties prenantes en vue de mieux orienter la stratégie de la firme. Elle est censée servir non pas l'exclusif intérêt des actionnaires, mais également celui de la société tout entière. Elle doit intégrer les intérêts de l'ensemble des parties prenantes bien que ces intérêts soient parfois contradictoires.

À partir de 1986, 1e mouvement contestataire de la théorie de l'agence, émanant des chercheurs en philosophie et en sociologie, commence à se manifester. Cette manifestation aboutit à l'élaboration de la théorie de l'intendance en 1989, qui est centrée sur la question des motivations du dirigeant (Donaldson et Davids, 995 Donaldson 1990).

En effet, la théorie de l'agence semble être particulièrement adaptée à des situations où les cadres affichent des comportements individualistes et de maximisation de leur propre intérêt. Cependant la théorie de l'intendance ne l'est pas moins si l'on se propose d'envisager la situation où le dirigeant donne la primeur à l'intérêt général. La théorie devient beaucoup plus envisageable lorsque ce dirigeant peut tirer satisfaction personnelle de la réussite même de la firme qu'il dirige. Par conséquent, on constate l'inopérationnalité de la théorie de l'agence dans la mesure où, on n'a pas besoin d'exercer le contrôle sur le dirigeant.

Ainsi donc, nous avions fait l'exposition des trois principales approches de la gouvernance. La première approche est celle décrite par Williamson(1 985). Ensuite, Freeman et Reed (1983) portent des critiques sur le premier courant et recommandent de prendre en compte

de l'intérêt de tous les stakeholders. Enfin la théorie de l'intendance proposée par des chercheurs spécialisés en « organizational behavior ».

B- LES CARACTERISTIQUES DE LA BONNE GOUVERNANCE

Il existe une multitude de mécanismes du système de gouvernance. Charreaux (1997) en soutenant la dimension contrôle, rappelle qu'il y a des systèmes de contrôle externe tels que le marché des biens et services, le marché des dirigeants et l'environnement légal, politique et réglementaire ; et des systèmes de contrôle interne tels que les actionnaires, l'équipe des dirigeants, les employés subalternes et le conseil d'administration.26 Sous cet angle, le Système Comptable OHADA rentre dans le cadre des systèmes de contrôle externe et notamment l'environnement légal, juridique et réglementaire.

Remarquons toutefois que ces mécanismes de contrôle de l'entreprise ont plus ou moins des difficultés d'adaptation dans le contexte camerounais, compte tenu de ses particularités et de celles de ses entreprises.

En général, les mécanismes de Corporate Governance sont l'ensemble d'outils de gestion et de contrôle de l'entreprise.

Par ailleurs, l'initiative du secteur privé Kenyen pour la gouvernance des entreprises considère que les composantes clefs de la bonne gouvernance des entreprises sont :

- obligation de rendre compte ; - efficience et efficacité ;

- intégrité et équité ;

- responsabilité ;

- transparence.

La promotion de la bonne gouvernance exige des actions qui encouragent ces composantes citées. En s'inspirant des meilleures pratiques, les actions suivantes sont indispensables pour la mise en place d'une bonne gouvernance :

- la mise en place d'un cadre juridique efficace qui défini clairement les droits et les obligations d'une société, sa direction, ses actionnaires, et ses autres partenaires. Il devrait aussi

26 Charreaux G, vers une théorie du gouvernance d'entreprise et comptabilité, in G. CHARRAUX. Le gouvernement des entreprises, corporate governance, Théorie et faits, Economica, 1997

préciser les règles relatives à la divulgation de l'information et prévoir un cadre de mise en application effective de la loi. La naissance de OHADA, avec toutes ses dérivées, constitue un pas essentiel à cette préoccupation ;

- développement d'efforts visant à asseoir une culture de bonne gouvernance des entreprises. Les services des associations professionnelles et sectorielles peuvent être sollicités, pour élaborer les principes de la bonne gouvernance des entreprises ;

- la mise en place d'un environnement favorable à une gouvernance des entreprises efficace. Cela peut se faire par la promotion des règles relatives à la divulgation de l'information financière ;

- mise en place des mécanismes de supervision appropriée et efficace qui encouragent l'adoption des solides pratiques de gouvernance des entreprises ;

- enfin, le renforcement des capacités de gouvernance des entreprises à travers des programmes de formation bien conçus et destinés à tous les niveaux, y compris les directeurs, les cadres supérieurs, en vue de l'amélioration de la performance et la gestion des petites entreprises.

En outre, un certain nombre de réformes devrait procéder l'introduction des pratiques de la bonne gouvernance des entreprises. Ces réformes impliquent les éléments suivants :

- création de marchés compétitifs ;

- exigence de transparence ;

- application de la discipline financière ;

- promotion de la croissance de marché des valeurs en liquide

- mise à jour et renforcement des systèmes juridiques, fiscal ;

- renforcement des capacités requises.

La bonne gouvernance des entreprises traduit les éléments suivants :

- la disponibilité des informations fiables permettant la prise de décision à tout moment ; - la compétence et l'efficacité du conseil d'administration ;

- la mise en place des comités de vérification de gestion et des comptes ;

- la mise en place d'une structure organisationnelle adaptée à l'environnement - l'équipe de dirigeant solide

- l'implantation des recommandations en contrôle interne et information de gestion,

- la bonne gouvernance repose également sur des valeurs humaines intrinsèques et résilientes, l'honnêteté et l'intégrité.

La gouvernance des entreprises doit prendre en compte tous les partenaires ainsi que connaître et protéger les droits de tous. Une entreprise doit être régie et gérée conforment au mandat que lui ont conféré les fondateurs et la société et chercher avec sérieux à s'acquitter de ses responsabilités à favoriser une prospérité durable. Le cadre de la gouvernance des entreprises devrait assurer un environnement favorable dans lequel les ressources humaines peuvent contribuer et concentrer toute leur créativité vers la recherche de solutions novatrices aux problèmes communs.

Dire bonne gouvernance c'est aussi dire bonne gestion. Les éléments de la bonne gouvernance sont ainsi les éléments de la bonne gestion.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote