2.4. Stratégie de pré-affection des
flux
Cette stratégie repose sur le même principe que
celui de l'immunisation multi-périodique. En effet, elle consiste
à acheter des obligations dont la date et le montant des flux
monétaires correspondent à la date et au montant des
déboursements à effectuer.
2.4.1. Fondements de cette stratégie
Le principe original de cette stratégie se résume
en quelques points :
> Aucune contrainte n'est fixée à cette
méthode en ce qui concerne la duration des titres dans le portefeuille,
d'où le trait passif de cette stratégie ;
> La sélection des obligations s'effectue selon leurs
montant et échéance qui devraient correspondre à ceux de
l'engagement le plus lointain ;
> Les autres engagements seront couverts par les paiements
périodiques de coupons de l'obligation et, une autre obligation est
choisie pour couvrir l'engagement restant (l'avant dernier) ;
> Enfin, c'en est de même pour les autres
échéances.
Les étapes de cette procédure montrent bien que
cette stratégie est très intéressante. Autrement dit,
l'utilisation d'une telle stratégie permet à un gestionnaire de
faire face au risque de réinvestissement de ses coupons et ne prend
aucun risque relatif au capital
puisqu'il garde ses obligations jusqu'à
échéance et veille à ce que les flux
générés couvrent exactement ses engagements.
2.4.2. Différences avec l'immunisation
multi-périodique
> Contrairement à l'immunisation
multi-périodique, la pré-affection de flux n'a pas d'exigence de
durée ;
> Dans la pré-affection des flux, il suffit
simplement de remplacer les obligations dont la qualité s'est
dégradée, ce qui n'est pas le cas pour la stratégie
multi-périodique (l'immunisation requiert le rebalancement du
portefeuille) ;
> Enfin, pour l'immunisation multi-périodique, il y
a un risque d'immunisation (cas de variation non parallèles de la courbe
de taux), ce qui n'est pas le cas pour la pré-affection des flux.
2.5. L'immunisation conditionnelle : combinaison de
stratégies active et passive
L'immunisation conditionnelle constitue une technique qui
repose sur la combinaison des deux stratégies active et passive :
L'immunisation prend effet si la valeur du portefeuille
correspond à une valeur prédéterminée.
Afin de procéder à une stratégie
d'immunisation conditionnelle, le gestionnaire doit :
ü Premièrement, identifier le rendement cible
à atteindre ;
ü Ensuite, allouer un montant initial à immuniser en
fonction du rendement cible ;
ü Et enfin, veiller à ce que la valeur du
portefeuille soit supérieure à la valeur actuelle de l'engagement
cible (au taux du marché).
Pour cela, le gestionnaire de portefeuille obligataire
adoptera une stratégie de gestion active jusqu'à ce que les
conditions du marché amènent la valeur du portefeuille en dessous
d'une certaine valeur nécessaire (en instant t) dans le but de
réaliser les objectifs du client (valeur cible en T). Le seuil est
égal à :
Seuil = valeur cible en T
(1+Y)r-t
Avec y : le rendement de marché à
l'instant t.
De plus, l'écart entre le seuil et la valeur de
marché représente la marge de sécurité "Safety net
level", elle permet le passage d'une stratégie active à une
stratégie passive lorsqu'elle est réduite.
Exemple1
Un client désire investir un montant de 50 Millions
d'unités monétaires avec un rendement de 10% (capitalisation
semestrielle) sur 4 ans. A l'instant t, il lui est possible de réaliser
un rendement de 12% sur un portefeuille immunisé.
Valeur cible : si le client a investi
50.000.000 u.m, alors la valeur cible minimale qu'il
voudrait atteindre dans 4 ans serait de :
50.000.000*(1,05)8 = 73.872.772,20 u.m.
Valeur actuelle au taux de rendement
12%: pour réaliser une valeur cible de 73.872.772,20 u.m.
la valeur actuelle en t pour un rendement de 12% doit être de :
73.872.772,20/(1,06)8 =
46.348.691,20 u.m.
Puisque la valeur de portefeuille 50.000.000 est >
46.348.691,20 u.m. la gestion active sera maintenue.
Supposons que le gestionnaire place ensuite ses fonds dans une
obligation d'échéance 20 ans coupon 12%, se transigeant au pair.
En appliquant la même méthode, on en déduira que si les
taux baissent à 9%, le gestionnaire restera sur sa position et adoptera
toujours la gestion active.
Par contre, si les taux augmentent à 14 ou 15%, la
valeur du portefeuille ne laissera qu'une faible marge de
sécurité, ce qui obligera le gestionnaire à changer sa
stratégie et immunisera son portefeuille.
A travers ce chapitre, nous avons présenté
les principaux concepts à la base de l'analyse des stratégies de
la gestion obligataire. Nous constatons qu'il y a des étapes qu'il faut
impérativement respecter pour garantir la meilleure gestion d'un
portefeuille.
Les convictions personnelles portent à inculquer
dans les esprits le fait que les gestionnaires ne cherchent qu'à
recevoir les coupons et se voir garantir le nominal à
l'échéance. En réalité, rien de ces convictions
n'est irréprochable. En effet, les vrais gestionnaires de portefeuilles
exploitent toute variation de taux afin d'appliquer une bonne stratégie
active de gestion qui permet ainsi aux gestionnaires de tirer profit des
anticipations sur ces taux.
D'autres gestionnaires obligataires vivent pour faire face
à des engagements importants et surtout spécifiques. Pour cela,
les stratégies d'immunisation et la gestion indicielle cherchent
toujours à égaler ou encore à dépasser la
performance du marché.
La première partie de ce présent mémoire a
fait l'objet d'une présentation globale et surtout
détaillée de tous les aspects théoriques sur lesquels est
axée la gestion obligataire.
Dans un chapitre introductif, qui toutefois ne constitue pas
un sujet de cette première partie, on a eu à présenter les
caractéristiques des titres et les spécificités des
marchés obligataires. Ensuite, on a entamé la première
partie par un premier chapitre axé sur les outils actuariels et
l'analyse de la structure par terme de taux d'intérêt en vue de
l'évaluation des titres obligataires. Ces éléments sont
très importants à maîtriser pour un gestionnaire avant
d'entamer toute stratégie de gestion d'un portefeuille.
Le deuxième chapitre de cette présente partie
est celui qui entoure les différentes stratégies de la gestion
obligataire. On a eu à présenter d'abord le processus de gestion
de portefeuille d'obligations, ensuite, on a présenté chacune des
stratégies de gestion telles actives ou passives avec toutes leurs
spécificités et des illustrations rationnelles en vue de donner
un caractère très limpide et simpliste à ce présent
mémoire.
A présent, les aspects théoriques
développés ci-dessus serviront à élaborer un cas
pratique plausible résultant de l'adaptation de ces concepts sur le
marché algérien.
DEUXIEME PARTIE
LA GESTION OBLIGATAIRE ~
ETUDE DE CAS PRATIQUE
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