Section 1. Stratégies actives de gestion
obligataire
Avant de présenter les stratégies actives de la
gestion obligataire, nous tenons à faire le point sur les étapes
du processus de gestion que doit suivre tout gérant de portefeuille
obligataire.
1. Le processus de gestion obligataire
Gérer un portefeuille ne se limite pas à pouvoir
acheter ou vendre des obligations : « il n'y a pas de gestion rigoureuse
sans organisation ». En effet, le gestionnaire est appelé à
se fixer des objectifs et choisir la stratégie d'investissement
adéquate en fonction des risques et contraintes auxquels il s'expose. Ce
point sera ainsi consacré à énoncer les étapes du
processus que doit suivre le gérant de portefeuille.
Le processus de gestion de portefeuille obligataire se
résume dans quelques étapes : > Fixer des objectifs
d'investissement ;
> Exprimer la politique et élaborer la stratégie
d'investissement ;
> Sélection individuelle des actifs et suivi du
portefeuille ;
> Enfin, Evaluer la performance des décisions.
1.1. Détermination des objectifs
d'investissement
Déterminer ses objectifs d'investissement, c'est la
première étape pour le gérant d'un portefeuille. Il s'agit
de la possibilité d'arbitrage entre rentabilité et risque : il
doit définir le rendement qu'il souhaite acquérir en fonction
d'un certain risque qu'il est prêt à accepter.
Les objectifs d'investissement dépendent, bien
évidemment, du statut du gérant selon qu'il soit un individu ou
bien une institution financière.
En effet, pour un investisseur individuel, la gestion
obligataire repose sur les anticipations des taux ; avec un investissement
long, il recherchera des gains en capital, en revanche, pour un placement
court, l'investisseur essayera de minimiser les risques pour des rendements
relativement stables.
Par contre, une compagnie d'assurance orientera ses objectifs
dans le but de faire face aux engagements des polices d'assurances. De l'autre
coté, la banque gère elle-même le portefeuille obligataire
dans le souci d'allier la durée de ses actifs à celle des
passifs.
1.2. Elaboration de la politique et définition
de la stratégie d'investissement
Après avoir déterminé ses objectifs avec
précision et en toute transparence, le gérant doit
élaborer sa politique de placement et ainsi choisir une stratégie
rigoureuse tenant compte des contraintes et
risques1 auxquels il est confronté.
1.3. Construction et suivi du
portefeuille
Il s'agit dans cette étape de mettre en application,
après sélection des titres, la/les stratégie(s)
2 précédemment définies
conformément aux contraintes et paramètres spécifiques
à chaque client. Cette approche constitue l'étape la plus
importante car elle permet de définir la nature de la décision
qui influe directement sur le rendement du portefeuille. Dans ce cas,
l'évaluation des titres constitue un aspect indispensable dans le
processus de gestion.
Aussi, un suivi périodique bien contrôlé
contribue à la performance des stratégies choisies.
1.4. Evaluation de la performance des
décisions
Ultime phase du processus de gestion obligataire, cette
étape permet un suivi détaillé de la structure du
portefeuille à travers la gestion et contrôle des risques. Il
assure le respect des ratios règlementaires (risque de crédit,
risque de taux etc.).
L'évaluation de performance vient en dernier, elle
permet de bien distinguer chaque étape, ses points forts et faibles et
de bien comprendre le résultat pour, enfin, pouvoir en tirer les
conclusions nécessaires.
Outre l'évaluation de la performance, le gérant
doit procéder à la révision permanente des
stratégies entreprises afin de mieux capter les opportunités du
marché.
1 Les investisseurs sont
exposés à de nombreux risques : risque de liquidité,
risque de taux... etc. ou encore à des contraintes fiscales ou
règlementaires.
2 Les types de stratégies
appliquées en gestion de portefeuille obligataire sont principalement
les stratégies actives et passives. Elles sont présentées
dans les points qui suivent.
2. Les stratégies actives de gestion
obligataire
La gestion active d'un portefeuille ne doit pas se baser
seulement sur le rendement excédentaire qu'il peut avoir par rapport
à d'autres portefeuilles dits « de référence ».
Le gérant a pour but d'analyser la relation entre la capacité
prédictive et la performance excédentaire.
Cette gestion relève en amont des capacités des
gérants qui s'interprètent dans les positions et décisions
qu'ils effectuent sur le marché.
Ces positions se déterminent par une attitude
prédictive et se manifeste par des choix reposant sur les anticipations
du gérant. Ces attitudes permettent, entre autres, de gérer les
portefeuilles obligataires de façon dynamique et habile.
Ainsi, la dynamique de la gestion trouve son origine dans un
processus complet de prises de positions :
Tableau n°1 - Processus de gestion active d'un
portefeuille
1/ Capacité prédictive 2/ Allocation
de positions 3/ Réalisation de performances
excédentaires 4/ Analyse et appréciation de la
performance
Ce processus doit être prévu sur un horizon de temps
bien spécifié. En général, les sources de
performance sont affectées par trois
facteurs1 :
> Les variations des niveaux de taux d'intérêt
;
> Les variations de volatilité (changement de la forme
de la courbe de taux) ; > Les variations des spread sectoriels.
A cet effet, Les stratégies de gestion actives sont de
trois types :
> Les stratégies fondées sur les anticipations
de taux d'intérêt ;
1 Analyse de Dynkin et Hyman
(1986).
> Les stratégies fondées sur les
déplacements de la courbe de taux ; > Les stratégies se basant
sur les écarts de taux (spread).
2.1. Les stratégies fondées sur les
anticipations de taux d'intérêt
La théorie financière suggère qu'il n'est
pas possible, ou doit-on dire qu'il n'est pas envisageable, qu'un individu
présent sur un secteur du marché financier puisse prédire
les mouvements des taux d'intérêt avec exactitude.
Néanmoins, cette stratégie est basée sur le principe de
capacité prédictive des gestionnaires concernant les mouvements
des taux.
Ainsi, un gérant de portefeuille obligataire verra
modifier la sensibilité de son portefeuille en fonction de ses
anticipations, ceci suppose qu'en cas de baisse des taux
d'intérêt, le gestionnaire devra augmenter sa
duration1 et vice-versa.
Dans le cas d'une baisse de taux, le portefeuille cible peut
être construit en substituant des titres de courte échéance
par ceux dont la maturité est plus longue afin de maximiser la hausse de
leurs prix. Inversement, le gérant achètera les titres de courte
maturité en dépit des obligations de longue maturité pour
minimiser la baisse des prix lorsque les taux d'intérêt
évoluent positivement.
Il est clair que cette proposition permet « parfois
» de maximaliser la valeur du portefeuille, le terme parfois
nous indique évidemment qu'il existe des risques liés surtout
à l'exactitude des anticipations des taux dans le futur. En effet,
même si cette stratégie se base essentiellement sur cette
théorie, la réalité financière permet d'en affirmer
le contraire : celle que la structure des taux suit un processus
d'évolution aléatoire.
2.2. Les stratégies fondées sur les
déplacements de la courbe des taux
Les stratégies basées sur les mouvements de la
courbe des taux dépendent de la forme de cette dernière. Elles
consistent à constituer un portefeuille de titres qui puisse tirer
profit de ces déplacements. De ce fait, le gérant devra
déterminer, selon le déplacement envisagé, une
stratégie adéquate et estimer les gains potentiels ou bien les
pertes éventuelles.
On distingue deux types de déplacements : les
déplacements parallèles et les déplacements non
parallèles :
Les déplacements parallèles provoquent la
même variation des taux pour toutes les échéances.
Par contre, les déplacements non parallèles sont
la conséquence de variations différentes des niveaux de taux pour
des maturités diverses. On observe deux types de déplacements non
parallèles :
( Les déplacements en papillon (Butterfly)
engendrent des variations des taux longs et courts (à la
hausse ou à la baisse) plus importantes que celles des taux moyens.
( Les déplacements en Twists
surviennent en cas de diminution de l'écart entre les taux
courts et longs (aplatissement) ou bien en cas d'augmentation de cet
écart (pentification de la courbe).
Les gérants de portefeuilles prennent, à un
horizon donné, des paris sur les mouvements de la courbe de taux en
mettant en place des stratégies obligataires. Ces paris sont de trois
natures :
> Les paris sur une déformation parallèle de
la courbe des taux ; > Les paris sur l'absence de mouvements de la courbe de
taux ;
> Les paris sur les mouvements de pentification et courbure de
la courbe. Chacun de ces paris amène à mettre en place une
stratégie adéquate.
> Les paris sur les variations parallèles des taux
permettent de développer deux types de stratégies : les
stratégies naïves et les stratégies de « roll-over
»;
> Les paris sur l'absence de mouvements de la courbe nous
amènent aux stratégies de « Riding the yield curve
» ;
> Les paris sur les mouvements de pentification et courbure
font appel aux stratégies « Butterfly ».
2.2.1. Les variations parallèles des
taux
Les paris sur des mouvements similaires des taux pour des titres
de différentes maturités amènent au développement
de stratégies de deux types :
1. Les stratégies naïves
Ces stratégies sont développées à
partir de la courbe de taux à maturité, par ailleurs, elles sont
dites naïves du fait des déplacements parallèles
résultant des mouvements de translation similaires soit à la
hausse ou à la baisse. Néanmoins, le cadre d'analyse qui ne prend
en compte que ce genre de mouvements rend ces stratégies peu
sophistiquées.
Si le gérant fait un pari sur une évolution
à la baisse des taux, il achètera des obligations ayant une
duration maximale pour optimiser son profit. Inversement, si le gérant
anticipe une hausse des taux, il aura tendance à se débarrasser
des obligations à forte duration pour en acquérir celles ayant
une duration minimale.
2. Les stratégies de « roll-over
»
Le roll-over consiste pour le
gérant, ayant un horizon de x années et anticipant une hausse de
taux dans y années (y<x), à garder les titres courts
jusqu'à leur échéance et réinvestir les fonds
reçus dans d'autres titres pour une échéance
résiduelle (y-x) années.
Exemple1
Pour bien comprendre ces deux stratégies, on appuie ces
définitions par un exemple :
On suppose qu'à une date t=0, la courbe de taux est
plate à un niveau de 5%. Aussi, un gérant souhaite
acquérir des titres pour une durée de 5ans, sachant qu'il
anticipe une augmentation des taux de 1% dans un an.
En supposant que son anticipation se vérifie
réellement, il aura le choix d'adopter soit une stratégie
naïve ou une stratégie de roll-over :
Alternative 1 : le gérant
acquiert une obligation au pair pour 5ans au taux de coupon de 5%. Il s'agit
d'une stratégie naïve.
Alternative 2 : il adopte une
stratégie de « roll-over » où il achète
à la date t=0 une obligation au pair à 1 an au taux de coupon 5%
et acquiert dans 1 an une obligation de maturité de 4 ans à un
taux de coupon de 6% (taux anticipé à une année).
En supposant que le taux reste stable à partir de la
deuxième année au niveau de 6% et que les cash flow seront
réinvestis au taux annuel de 6%, on pourra calculer les taux de
rendement annuels pour les deux alternatives (solutions 1 et 2
présentées dans les tableaux suivants) sur les périodes de
placement :
Solution1 : le gérant adopte la
stratégie naïve dont les résultats sont
présentés dans le tableau 1 :
Tableau n°2 - Solution' : le gérant
applique la stratégie naïve
Dates
|
T=0
|
1 an plus tard
|
2ans plus tard
|
Cash-flow
|
-100
|
5
|
5
|
Capitalisation à t=5
|
|
6,3123848
|
5,95508
|
Dates
|
3ans plus tard
|
4ans plus tard
|
5ans plus tard
|
Cash-flow
|
5
|
5
|
105
|
Capitalisation à t=5
|
5,618
|
5,3
|
105
|
Valeur finale des flux capitalisés
|
128,1854648
|
Rendement annualisé (%)
|
5,09%
|
Ce tableau représente les résultats obtenus
lorsque le gérant décide d'appliquer une stratégie
naïve où il acquiert une obligation au pair pour 5 ans de coupons
5% réinvestis chaque année au taux de marché. Celui-ci est
supposé passer à 6% après une année (il est
supposé constant à partir de cette période).
Ainsi, il recevra chaque année 5 unités
monétaires qu'il réinvestira à 6% pour la durée
restante. Le dernier flux englobera quant à lui le coupon et le montant
de l'acquisition (100+5 u.m).
La valeur finale des flux capitalisés est obtenue en
capitalisant chaque flux au taux du marché. En effet, en capitalisant le
premier coupon pour la durée résiduelle (4ans) au taux de 6 % :
[5x(1,06)^4], on obtiendra le résultat de 6,312 et
ainsi de suite. Puis, en additionnant tous ces flux, on obtiendra la valeur
finale capitalisée.
Par conséquent, le gérant aura
réalisé un taux de rendement de 5,09% calculé comme suit
:
( 100 128,1855)1/5
Taux de rendement annualisé1
-- - 1 = 5,09%.
Solution 2 : le gérant adopte la
stratégie de « roll-over » dont les résultats sont
présentés dans le tableau 2 :
Tableau n°3 - Solution2 : le
gérant applique la stratégie de « roll-over
»
Dates
|
T=0
|
1 an plus tard
|
2ans plus tard
|
Cash-flow
|
-100
|
5
|
6
|
Capitalisation t=5à
|
|
6,3123848
|
7,146096
|
Dates
|
3ans plus tard
|
4ans plus tard
|
5ans plus tard
|
Cash-flow
|
6
|
6
|
106
|
Capitalisation à t=5
|
6,7416
|
6,36
|
106
|
Valeur finale des flux capitalisés
|
132,5600808
|
Rendement annualisé (%)
|
5,80%
|
En investissant dans la première obligation, le
gérant reçoit les flux du coupon et de la valeur de remboursement
(100+5 u.m.). Néanmoins, en achetant une deuxième obligation, il
déboursera 100 u.m, ce qui nous donne un cash-flow net de 5 u.m. pour la
première année qu'il réinvestira à chaque fois au
taux de 6% pendant les quatre prochaines années.
Par ailleurs, à partir de la 2ème année,
il recevra un coupon de 6 u.m. issu de l'investissement dans la deuxième
obligation qu'il réinvestira au taux du marché pendant la
durée restante.
A la fin de la période d'investissement, et après
capitalisation de tous ses flux, le gérant recevra une valeur de 132,56
qui correspond à la somme des flux capitalisés.
Par conséquent, il aura réalisé un taux de
rendement de 5,80% calculé comme suit :
(132,56008)1/5- 1 = 5,80%.
Taux de rendement annualisé2
=
100
Conclusion : en comparant les
résultats obtenus en appliquant simultanément les deux
stratégies ; on remarque que le gestionnaire qui anticipe
préalablement une hausse de taux de 1% dans un 1 an décidera de
pratiquer la stratégie 2 : roll-over car elle procure un taux de
rendement (5,80%) nettement supérieur à celui qu'il obtiendra
(5,09%) en pratiquant une stratégie naïve.
2.2.2. Absence de mouvements (Riding the yield
curve)
L'idée de cette technique consiste pour un investisseur
à acheter des titres de maturités y années et de les
revendre x années plus tard (y>x).
Supposons que l'hypothèse selon laquelle la courbe de
taux dans un an est la même que la courbe actuelle, se réalise,
alors cet investissement va procurer au gestionnaire un rendement
supérieur à celui qu'il aurait été s'il avait
acheté un titre et porté jusqu'à l'échéance.
On peut vérifier l'exactitude de cette proposition en s'appuyant d'un
exemple.
Exemple
Supposons à la date t=0 une courbe croissante de taux
actuels sur le marché et que le gérant dispose de 5 obligations
de même montant et de coupon 6%. On calcule alors les valeurs de ces
obligations aux dates t=0 et t=1(un an plus tard) sachant que la courbe reste
inchangée.
Tableau n°4 : Stratégie Riding the yield
curve
Maturité
|
Taux zéro- coupon
|
Prix des obligations en t=0
|
Prix des obligations en t=1
|
1an
|
3,90%
|
102,021
|
102,021
|
2 ans
|
4,50%
|
102,842
|
102,842
|
3 ans
|
4,90%
|
103,098
|
103,098
|
4 ans
|
5,25%
|
102,848
|
102,848
|
5 ans
|
5,60%
|
102,077
|
|
Un gérant de portefeuille, souhaitant investir une somme
de 102 077 u.m, aura le choix entre deux options :
ü Investir le montant dans une obligation de
maturité de 1 an ;
ü Appliquer une stratégie dite « Riding the
yield curve » qui consiste à acheter une obligation (B, C, D ou E)
de maturité plus grande que la durée de placement et la revendre
dans 1 an.
A partir de ces deux positions, le gérant décidera
entre l'une des stratégies suivantes : > Stratégie
1 : acheter l'obligation à 1 an et la garder
jusqu'à l'échéance ;
> Stratégie 2 : acheter
l'obligation B (à 2 ans) et la revendre dans 1 an ; >
Stratégie 3 : acheter l'obligation C (à 3 ans) et
la revendre dans 1 an ; > Stratégie 4 :
acheter l'obligation D (à 4 ans) et la revendre dans 1 an ;
> Stratégie 5 : acheter l'obligation E
(à 5 ans) et la revendre dans 1 an.
A présent, nous devons calculer le taux de rendement
annuel de chacune des stratégies : > Solution pour la
stratégie 1 : placement simple dans une obligation à 1 an :
((106-102,021)
Taux de rendement1 = =
3,9%
102,21
> Solution pour la stratégie 2 : stratégie
`Riding the yield curve' à 2 ans :
((6+102,021-102,842)
Taux de rendement2 = =
5,036%
102,842
> Solution pour la stratégie 3 : stratégie
`Riding the yield curve' à 3 ans :
((6+102,842-103,098)
Taux de rendement3 = =
5,571%
103,098
> Solution pour la stratégie 4 : stratégie
`Riding the yield curve' à 4 ans :
((6+103,098-102,848)
Taux de rendement4= =
6,077%
102,848
> Solution pour la stratégie 5 : stratégie
`Riding the yield curve' à 5 ans :
((6+102,848-102,077)
Taux de rendement5= =
6,633%
102,077
Nous constatons que la stratégie de Riding the yield
curve offre un rendement bien plus élevé que la stratégie
de placement simple. De plus, la stratégie 5 ayant la maturité la
plus éloignée donne le meilleur rendement parmi toutes les
stratégies.
Par contre, si la courbe de taux avait changé et que
les taux avaient augmenté, le taux de rendement de la stratégie 5
serait inférieur à celui qu'on aurait obtenu d'une simple
stratégie de placement (stratégie 1).
2.2.3. Pentification et courbure
Les mouvements de pentification et courbure font appel
à quatre (4) différentes stratégies toutes aussi
complémentaires les unes des autres. Il s'agit des stratégies :
Ladder, Barbell, Bullet et Butterfly.
1. Ladder (Echelle)
Est appelé « Ladder » tout portefeuille
construit d'investissements de montants égaux dans des obligations de
différentes maturités. Le gérant obligataire partage son
montant entre des titres d'échéances successives. Une fois la
première obligation arrivée à échéance, il
engage à nouveau le montant reçu dans un titre à plus
longue échéance.
Exemple : Un portefeuille
composé de 25% d'obligations de maturité de 1an, 25% de
maturité 2ans, 25% de maturité de 3 ans et 25% de maturité
4ans est un exemple simple de Ladder.
Cette stratégie est intéressante pour les
investisseurs souhaitant protéger leur capital. De plus, elle leur
procure un rendement meilleur que celui d'un investissement à court
terme.
Par ailleurs et indépendamment de ça, la
technique Ladder permet de construire des portefeuilles performants. Par
exemple, en cas de baisse (resp. hausse) de taux, les titres à longue
maturité généreront des rentabilités plus (resp.
moins) importantes par rapport au marché. De leur coté, les
titres à maturité courte seront réinvestis à des
taux faibles (resp. Importants).
2. Barbell et Bullet
On appelle Barbell un portefeuille
constitué d'investissements de court et long termes. Plus
précisément, il s'agit de construire un portefeuille
d'obligations ayant des échéances situées sur deux
segments extrêmes de la courbe de taux.
Exemple : Un gestionnaire de
portefeuille investit 2/5 de son montant dans des obligations de
maturité d' 1 an et 3/5 dans des obligations à maturité de
10 ans.
On appelle Bullet un portefeuille
composé de titres obligataires dont les échéances sont
concentrées en un seul segment (court, moyen ou long terme) de la courbe
de taux.
Exemple de Bullet : un portefeuille
composé de 100% d'obligations de maturité de 5ans.
Les trois stratégies proposées ci-dessus
représentent des portefeuilles standards qui servent de modèle
pour la construction de portefeuilles plus raffinés. En effet, le
Butterfly est l'un de ces portefeuilles, il constitue la combinaison
entre les Barbell et Bullet.
3. Butterfly
Le Butterfly constitue la combinaison entre le Barbell (ailes du
Butterfly) et le Bullet (centre du Butterfly).
Cette stratégie est essentiellement liée au
facteur de rotation de la courbe, en d'autres termes, elle a pour but de
profiter de toute fluctuation plate ou en pente de la courbe de taux. Le
Butterfly doit être insensible quant à un déplacement
parallèle de la courbe de taux, sa sensibilité (duration
modifiée) est toujours nulle.
> Stratégie Butterfly à décaissement nul
;
> Stratégie Butterfly à duration
équi-répartie sur les ailes ;
> Stratégie Butterfly à duration ajustée
par la maturité des obligations ; > Stratégie Butterfly
à duration ajustée par la volatilité des taux
d'intérêt. 2.3. Les stratégies fondées
sur les écarts des taux
La stratégie des écarts des taux, appelée
également « stratégie d'arbitrage inter- marché
», se base sur le principe de comparaison de deux secteurs proches du
marché obligataire (secteurs comparables). Cette comparaison est
toutefois représentée par l'écart des taux de rendement
(spread) des deux secteurs.
Le gestionnaire peut profiter des avantages de cette
stratégie en prenant des décisions crédibles surtout en
situation anormale d'un écart de taux important entre deux secteurs. En
effet, en anticipant une réduction du spread, le gérant devra
acheter des titres sous estimés et vendre en même temps des
obligations sur évaluées ; ce qui lui permettra de
réaliser un différentiel positif en cas de diminution des taux
dans le secteur à haut rendement.
A l'opposée, en anticipant une augmentation du spread, le
gérant prendra des positions inverses à celles qui les
précédent.
Après avoir présenté les différentes
stratégies actives, on aborde maintenant la deuxième section de
ce chapitre en présentant les stratégies passives de la gestion
obligataire.
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