Section 2. L'évaluation des obligations
La théorie de taux d'intérêt a toujours
été considérée comme un élément
fondamental dans les choix financiers, celle-ci s'avère incontournable
en gestion financière. A cet effet, les variations des taux
d'intérêt prennent autant d'ampleur qu'elles peuvent affecter les
choix d'investissement.
Nous avons vu dans la première section de ce chapitre
que les outils actuariels étaient des instruments fiables d'analyse du
risque de taux, ils s'avèrent contraignants pour les investisseurs
d'autant qu'ils considèrent la constance des taux de rendement sur la
période d'emprunt.
Ainsi, il s'agira dans cette section, d'explorer les facteurs qui
régissent le niveau de taux d'intérêt et déterminant
les prix des obligations.
1. Le taux d'intérêt
« Le taux d'intérêt est le prix du service
immédiat de liquidité pendant une certaine période. Il est
associé à un contrat par lequel le prêteur met à la
disposition de l'emprunteur des liquidités. L'intérêt ici
est le revenu certain qui découle de l'immobilisation des ressources
monétaires pendant une certaine durée. Il s'agit de la
rémunération du service de la liquidité dans la
durée »1.
En effet, le contrat obligataire oblige le prêteur
à sacrifier une somme actuelle au profit de l'emprunteur,
rémunérant un intérêt basé sur un taux
établit en pourcentage sur cette somme, augmenté à la fin
de la période du montant de la transaction. Par exemple, un
prêteur donne 100.000 DA à un emprunteur pour la durée de 1
an au taux R, il a sacrifié de la liquidité
immédiate en vue de revenus futurs. Il recevra 10.000 DA
d'intérêts dans une année augmentés de la somme
payée en début de période. Il aura dans une année :
100.000* (1+R) = 110.000.
Ce qui nous donne un taux d'intérêt de : R
= 110.000
100.000 - 1 = 10%.
Le taux d'intérêt permet d'établir une
relation entre la valeur d'un investissement immédiat et les paiements
futurs liés à cet investissement.
2. L'évaluation des obligations 2.1.
Valeur d'une obligation
Nous savons que la valeur monétaire d'une créance
est différente que l'on se situe à un moment actuel ou futur.
En effet, bien que la valeur que paye l'investisseur aujourd'hui
CHAPITRE I : Approche actuarielle et évaluation
obligataire
|
)
Le coupon couru prend la formule :
47
|
|
|
soit différente de la valeur des coupons et
remboursements qu'il recevra dans le futur, le prix qu'il paye est lié
aux sommes futures à un taux d'intérêt donné. Le
principe de l'actualisation permet d'uniformiser les valeurs à une date
donnée.
Le prix d'une obligation s'exprime selon la formule suivante :
P = I
n ( CFi
i=1 (1-Fr)i)
Avec P: prix théorique de l'obligation
à un instant donné ; CFi : Flux
monétaires (coupon + remboursements); r : taux de
rendement ;
i : période d'investissement.
Cette formule permet d'obtenir le prix d'une obligation
à n'importe quel moment de la période de placement. A cet effet,
il s'agit simplement de prendre en considération les coupons courus
jusqu'à ce moment.
Supposons que l'on se situe à M mois après le
jème coupon, le prix de l'obligation sera :
In-j
Fi
+1
( (i+
r
)
i
-
m
it
2
) P'=(2.1
i=
1
K*c*M
Où K : capital payé en
début de période ;
c : taux du coupon ;
M : nombre de mois écoulés
après le jème coupon.
2.2. Relation prix/taux de rendement
actuariel
Le comportement financier des investisseurs sur le
marché laisse entendre que les deux facteurs prix et taux actuariel de
rendement sont liés mais inversement. En effet, la réalité
du marché impose le fait que les investisseurs optent pour les
investissements les plus rentables, par conséquent, si les taux
d'intérêt subissent une hausse, l'investisseur aura
intérêt à vendre son obligation afin d'investir dans
d'autres, et toutes choses égales par ailleurs, on assistera à
une baisse des prix des obligations. Par ailleurs, en cas de baisse des taux
d'intérêt, le cours de l'obligation augmente.
Il est plus judicieux de présenter cette relation en
graphique, en considérant une obligation remboursable in fine
à taux de coupon de 11% et ayant une maturité de
5ans :
48
CHAPITRE I : Approche actuarielle et évaluation
obligataire
Prix(%)
160
140
120
Obligation à coupon 11%, maturité
5ans
60
40
20
0
y=3% y=5% y=7% y=9% y=11%y=13%y=15%y=17%y=19%y=21%
Taux de rendement actuariel
100
80
Graphique n° 3 : Relation entre le prix d'une
obligation et son taux de rendement actuariel (yield).
D'après le graphique ci-dessus, nous pouvons constater
que pour un taux de rendement de 11%, l'obligation vaut le pair (100%). Aussi,
pour une valeur y=0%, le prix de l'obligation n'est autre que la somme des
cash-flows générés par celle-ci, à savoir 155% et
pour valeur infinie y = 8%, la valeur de l'obligation est
nulle (P8=0). Par conséquent, on peut
déduire la relation inverse entre ces deux facteurs à travers la
lecture de la forme de la courbe représentée dans le
graphique.
Par ailleurs, la courbe obtenue prend une forme convexe et non
linéaire, cette forme provient de l'influence d'autres paramètres
à savoir la maturité de l'obligation et son taux de coupon.
2.3. Effets sur la variation des prix
obligataires
Généralement, les facteurs pouvant affecter les
prix des obligations sont : le taux de coupon, la maturité, leur
asymétrie et leur convergence vers le pair.
2.3.1. L'effet coupon
En considérant deux obligations dont les
caractéristiques sont similaires à part le taux de coupon, plus
celui-ci est grand plus la variation du prix de l'obligation sera faible.
Penons un exemple pour l'illustration de ce point où on
considère trois obligations aux mêmes caractéristiques sauf
le taux du coupon qui diffère. Ainsi, on considère deux
obligations A et B à taux respectifs
de 9% et 4,5% et une obligation Z
à zéro-coupons qui nous servira d'appui
pour mieux interpréter les résultats.
A noter que chacune des obligations a une maturité de
6 ans et vaut le pair (100%) à une date D.
Ainsi, pour une variation à la hausse de
1% du taux de rendement actuariel (de
10% à 11%), on
obtiendra les résultats qui sont représentés dans le
tableau 2 et schéma 4 suivants :
Tableau n° 2: Effet du coupon sur la variation du
prix de l'obligation
|
Ancien prix (%)
|
Nouveau prix (%)
|
Variation relative
|
Taux de rendement
|
Y=10%
|
Y=11%
|
Ay = +1%
|
Obligation A (9%)
|
95,65
|
91,54
|
(4,29)
|
Obligation B (4,5%)
|
76 ,05
|
72,50
|
(4,66)
|
Obligation Z (0%)
|
56,45
|
53 ,46
|
(5,29)
|
La hausse du taux de rendement de 1% a
provoqué une baisse considérable des prix pour les obligations
zéro-coupons. Néanmoins, l'obligation ayant un fort taux de
coupon voit son prix baisser mais à des proportions moindres que la
première. Ces résultats nous montrent effectivement que plus le
taux de coupon est élevé le prix baisse moins. Il s'en sort que
le prix du titre assorti du coupon le plus élevé est
supérieur pour un taux actuariel donné.
180
160
140
120
100
80
40
60
20
Prix
0
Taux de rendement
Obligation A (9%)
Obligation B
(4,5%)
Obligation Z (0%)
Graphique n° 4 : Illustration de l'effet coupon sur
la variation des prix des obligations.
2.3.2. L'effet maturité
Dans toute situation d'équilibre, on considère
que plus maturité d'une obligation est longue, plus les fluctuations
des prix sont élevés, ceci s'explique par l'évolution du
taux
300
250
200
150
100
50
0
Prix
Taux de rendement
Obligation A (6ans)
Obligation B (10ans)
Obligation C (25ans)
de rendement pendant la période. Il existe une relation
croissante entre la maturité et le prix d'une obligation.
Cette relation peut être vérifiée en
considérant l'exemple suivant :
Soient trois obligations (A, B, et C) cotant le pair (100%) et
remboursables in fine dont le taux du coupon s'élève
à 10%, ayant des maturités différentes
respectivement de : 6, 10 et 25ans, les
résultats de la variation des prix en prenant en compte une situation
d'évolution du taux de rendement de 1%
à une certaine période T, sont
présentés dans le tableau 3 ci-après avec comme
illustration un graphique n°5 montrant l'effet de cette
hausse sur les prix de chacun des titres :
Tableau n°3: Variation des prix selon la
maturité
|
Ancien prix (%)
|
Nouveau prix (%)
|
Variation
|
Taux de rendement
|
Y=10%
|
Y=11%
|
Ay = +1%
|
Obligation A (6ans)
|
100
|
95,77
|
(4,23)
|
Obligation B (10ans)
|
100
|
94,11
|
(5,89)
|
Obligation C (25ans)
|
100
|
91,58
|
(8,42)
|
La hausse du taux de 1% a eu pour effet la diminution des prix
des trois obligations ; néanmoins, cette baisse est d'autant plus grande
pour l'obligation à longue maturité (25ans) dont
le prix a chuté de près de 8,5% alors que
celui-ci n'a baissé que de 4,23% pour l'obligation
A (6ans). Ainsi, en multipliant la maturité par 4 fois
et pour le même coupon, l'obligation ne vaudra que le double de sa
valeur.
Enfin, ces résultats peuvent être
résumés dans le graphique suivant :
2.3.3. L'asymétrie : Effet d'une variation de taux
de rendement sur les prix
Toutes les obligations ne voient pas leurs prix varier avec la
même amplitude pour une variation de taux identique (la simulation prise
en compte est une hausse de 1%). En effet, celle
résultant d'une baisse de taux est plus importante du fait de la
convexité de la relation liant les prix aux taux de rendement
actuariels.
Prenons l'exemple d'une obligation à taux de coupon de
9% et de maturité de 5ans et
considérons les résultats présentés dans le tableau
4 ci-après pour une hausse et une baisse de 1% du taux de rendement :
Tableau n°4: Asymétrie des variations des
prix des titres
Variations des taux
|
Ay=0%
|
Ay=1%
|
Ay=-1%
|
Taux de rendement
|
y=9%
|
y=10%
|
y=8%
|
Obligation 9% (5ans)
|
100
|
96,209213
|
103,99271
|
Variations des prix
|
0
|
-3,79079
|
3,99271
|
D'après ces résultats, nous pouvons constater
que si le taux de rendement augmente de 1% les prix baissent,
et qu'une même variation à la baisse de y
engendre la hausse des prix mais avec des proportions plus grandes que dans le
premier cas. L'écart entre les variations des prix est de seulement
E=0,202%.
Par ailleurs, une variation Ay=#177; 5% nous
donnera un écart entre les variations des prix de :
E1=5,094%. Ce qui représente un écart
considérable par rapport au cas de variation de
#177;1%.
Enfin, l'asymétrie nous démontre bien la relation
convexe existant entre le prix et le taux de rendement actuariel de
l'obligation.
2.3.4. La convergence vers le pair
Les prix des obligations évoluent avec le temps et
tendent de plus en plus vers le pair (ou bien vers la valeur du remboursement
s'il n'est pas égal au pair) surtout à l'approche de
l'échéance du titre, peu importe le niveau du taux
d'intérêt.
Prenons un exemple d'une obligation à coupon
10%, maturité : 6ans, taux de
rendement : 12%. Après les calculs, on obtiendra le
tableau suivant :
Tableau n°5: Convergence vers le pair des prix
obligataires
Durée jusqu'à
l'échéance
|
6ans
|
5ans
|
4ans
|
3ans
|
2ans
|
1année
|
Prix pour taux de rend. : 12%
|
91,78
|
92,79
|
93,92
|
95,20
|
96,62
|
98,22
|
Prix pour taux de rend. : 10%
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Prix pour taux de rend. : 08%
|
109,25
|
107,98
|
106,63
|
105,15
|
103,57
|
101,85
|
A partir des données de ce tableau, nous obtiendrons le
graphe ci-après :
115
110
105
100
95
90
85
80
Prix
6ans 5ans 4ans 3ans 2ans 1année
Durée à
échéance
Taux de rendement 12%
Taux de rendement 10%
Taux de rendement 08%
Graphique n° 6 : Convergence vers le pair obligation
TC=10%, 6ans.
Comme le montre le graphique, les prix évoluent dans le
temps et finissent par converger vers la valeur du pair. Cependant, le graphe
montre bien que cette évolution est différente selon qu'on prenne
en compte une obligation surcotée, au pair ou décotée ;
l'obligation surcotée aura un prix qui diminue jusqu'à atteindre
la valeur du remboursement, de son coté, l'obligation
décotée verra son prix augmenter jusqu'à un certain seuil
et enfin, l'obligation cotée au pair aura un prix constant
jusqu'à l'échéance du titre.
Les différents concepts développés
ci-dessus permettent l'estimation des variations des prix des obligations
seulement pour des taux de rendement donnés. Ainsi, un autre concept
vient pallier à cette insuffisance : c'est la structure par terme de
taux d'intérêt (STTI) qui permet l'estimation des variations des
prix de titres suite à des changements de taux de rendement.
3. La structure par terme de taux
d'intérêt
La structure par terme des taux d'intérêt
acquiert le statut d'objet d'analyse à part entière vers la fin
des années trente, sous la direction de Hicks (1939) et Lutz (1940). La
problématique concernant les taux a évolué des
façons les plus remarquables pendant ces 40 dernières
années, les analystes sont allés jusqu'à surnommer cette
période par « l'âge d'or » des théories
traditionnelles de la structure des taux.
A la fin des années 80, les nouvelles théories
qui apparaissent ont eu beaucoup d'effet notamment à la dissolution des
théories classiques qui, selon les analystes, contenaient des processus
trompeurs à la réalité financière.
L'étude des théories de la structure par terme
est assujettie à plusieurs hypothèses fondamentales qui ne sont
pas toujours des plus « réalistes ». Ainsi, nous distinguons
deux éléments qui expliquent ces théories. Le premier est
lié aux anticipations des investisseurs qui ne s'intéressent
qu'aux rendements qu'ils espèrent dégager dans le futur. De
là découlent deux possibilités (toutefois
présentées comme deux alternatives)1
: soit l'investisseur connait les taux d'intérêt qui
prévaudront dans le futur ou bien il est incertain de l'évolution
de ceux-ci mais espère obtenir le meilleur rendement possible.
Le deuxième facteur concerne le comportement de
l'investisseur envers le risque : soit il a de l'aversion au
risque2, soit il est neutre envers le risque ou
bien il aime le risque.
Dans nos jours, la gestion obligataire repose beaucoup sur la
théorie du taux d'intérêt. Celui-ci évolue
constamment et régulièrement en fonction de la durée
d'investissement des titres financiers. La relation qui lie le taux
d'intérêt à la durée du titre est
représentée par une courbe appelée « Structure par
terme de taux d'intérêt ».
3.1. Définition
La structure par terme de taux d'intérêt ou
courbe de taux est le terme attribué à une représentation
graphique, à un moment donné, des taux de rendement sur un
marché en fonction de la durée de l'investissement. On retrouve
des courbes de taux en fonction de la vie moyenne, de la duration ou de la
durée de vie à l'échéance.
Ces courbes peuvent être construites en
référence à des emprunts à zéro-coupons,
in fine ou amortissables mais dont le choix est complètement
empirique. Elles reposent notamment sur des titres dont les
caractéristiques sont homogènes (mode de remboursement, risque de
défaut ou de liquidité... etc.).
1 En effet, nous étudierons
les anticipations dans un avenir certain et les anticipations dans un avenir
incertain.
2 Un investisseur qui a de
l'aversion au risque signifie, toutes choses étant égales par
ailleurs, qu'il préfère les distributions de probabilité
de gains les moins dispersées, i.e. qu'il n'a pas de
préférence pour le risque.
En pratique, on représente la structure de taux
à un instant donné sur un graphe où l'on projette en
abscisse la maturité et en ordonnée l'ensemble des taux
spot : {Rt,1, Rt,2, Rt,3,..., Rt,n}. En
général 1 , elle peut être :
ascendante, en cloche, horizontale ou descendante :
(2)
(1)
5%
(3)
(5)
Taux
Maturité
Graphique n° 7 : Les formes de la structure par
terme de taux
> (1) : courbe ascendante : la plus
fréquemment observée où les taux croissent avec
l'échéance et donc les taux longs sont supérieurs aux taux
courts ;
> (2) : courbe en cloche : les taux
augmentent jusqu'à atteindre un maximum puis décroissent. Cette
forme est plus en vue en période de hausse des taux ;
> (3) : courbe plate : forme
très rarement observée sur le marché. Cette forme est
expliquée par la stabilité de l'évolution future des taux
d'intérêt ;
> (4) : courbe descendante :
où les taux longs sont inférieurs aux taux courts. En fait, en
situation de déclin économique, les investisseurs anticipent une
diminution des taux à court terme et acceptent donc d'investir à
long terme pour des rendements inférieurs.
Nous présenterons dans ce qui suit un modèle de
structure par terme des taux en avenir certain puis incertain.
3.2. La structure de taux dans un univers
certain
L'univers est dit « certain » lorsque les agents
économiques ont une parfaite connaissance du futur, ce qui signifie
qu'ils ont une idée précise sur les valeurs futures. Cette
hypothèse est quasiment irréaliste dans un marché
où les taux évoluent de façon permanente et
continuelle.
Concernant la structure de taux dans un environnement
d'anticipations certain, Leroy (1982) a dit que «
Parce qu'en certitude, les taux de rendement sur les bons (et sur tout autre
actif) sont égaux sur des intervalles comparables même lorsque les
taux d'intérêt varient au cours du temps, les individus sont
indifférents vis-à-vis de la maturité des bons qu'ils
émettent ou détiennent. En conséquence, il n 'y a rien
d'intéressant à dire à propos de la relation entre des
bons de maturité différente. ».
Cependant, sachant que la plupart des théories
traditionnelles se sont basées sur des hypothèses qui
relèvent du monde certain, ce qui permettra de mieux comprendre le
mécanisme de construction de la structure par terme.
Ce modèle, exposé autrefois par
Lutz (1940), repose sur plusieurs hypothèses
3.2.1. Hypothèses
> Les titres transigés sont remboursables in
fine, de maturité n, ayant un taux de
rendement Rt,n , ?n ;
> Le marché considéré est
supposé parfait : pas de coût de transaction ni coût
d'information et un risque de défaut quasi nul. On dit que c'est un
marché walrassien où les ventes à
découvert sont admises ;
> Les agents ont des comportements rationnels et
préfèrent toujours plus à
moins1 ;
> Etant dans un avenir certain, les agents économiques
connaissent parfaitement les taux d'intérêt passés,
présents et futurs.
Les trois premières hypothèses constituent
la référence commune pour les diverses théories
explicatives de la structure par terme de taux. La dernière
hypothèse est propre aux caractéristiques du monde
certain.
3.2.2. Stratégies d'investissement
Dans ce cas, on suppose que l'investisseur obtienne un
rendement sûr pour n'importe quelle combinaison
d'échéances, et comme l'avenir est plus que probable, il pourra
prévoir le taux d'intérêt à une période dans
le futur.
D'une manière générale, la stratégie
de l'investisseur ayant des titres en t pour n
périodes, impose le fait qu'il lui est équivalent dans un monde
certain :
> D'investir en t dans des titres de maturité
n et les conserver jusqu'à l'échéance t+n.
Cet investissement rapporte : (1+RY,7)7.
> De choisir une stratégie de roulement (roll-over),
en d'autres termes, une stratégie consistant à placer en
t les titres de même maturité au taux
rt. Ensuite, de réinvestir le tout en t+
1 dans des obligations de même durée au taux rt+1
; et ainsi de suite jusqu'à l'échéance. En
somme, cet investissement en roulement rapporte à l'investisseur :
(1 + rt).(1 + rt+1)...(1 + rt+n-1)
En considérant l'investissement pour n
périodes, la généralisation de l'équivalence entre
ces deux stratégies nous donne la relation mathématique entre les
taux de rendement longs et courts :
(1+Rt,n)n = (1 + rt) (1
+ rt+1) ... (1 + rt+n-1)
? (1+Rt,n) = [(1 + rt) (1 + rt+1) ...
(1 + rt+n-1)] 1/n, (2.2)
? Rt,n = [(1 + rt) (1 + rt+1) ... (1
+ rt+n-1)] 1/n - 1, ?t, ?n.
Avec :
Rt,n : est le taux de rendement appliqué en
t d'une obligation de maturité n ;
rt : est le taux de rendement observé en
t sur le marché d'une obligation d'une échéance
d'un (1) an ;
rt+1 : est le taux de rendement anticipé par le
marché d'une obligation d'une échéance d'un an
commençant à courir en t+ 1.
On en déduit qu'à l'équilibre, les taux
longs Rt,n représentent une moyenne géométrique
des taux courts observés rt et anticipés rt+1,
rt+2,..., rt+n-1.
3.2.3. Exemple illustratif
En considérant deux périodes d'investissement,
et en supposant que le taux au comptant à un an est de 6% et le taux
anticipé dans un an est de 8%1, alors le taux spot à
deux ans est approximativement égal à
7%2 . Ce résultat est obtenu par application
numérique dans la formule générale
(2.2).
3.2.4. Enseignements tirés de cette
théorie
Les travaux de Lutz (1940) lui ont permis de dégager un
résultat plus qu'essentiel : le niveau des taux longs s'explique par
celui des taux courts. Par ailleurs, Trois enseignements fondamentaux viennent
justifier la capacité de la théorie des anticipations à
expliquer les variations des taux d'intérêt :
1 On a supposé auparavant que
les agents économiques sont capables d'anticiper les taux avec
certitude.
2 En général, pour
des considérations liées aux marchés, on affiche des taux
approximatifs (arrondis). Toutefois, dans ce cas, l'application
numérique nous donnera exactement un taux de rendement de 6,995327%.
> Généralement, lorsque le marché tend
à anticiper une hausse de taux d'intérêt, la courbe de taux
prend une forme croissante. Réciproquement, lorsque le marché
anticipe des taux futurs bas, la courbe sera décroissante.
> La structure par terme en univers certain
révèle avec exactitude la façon d'évolution des
taux d'intérêt. En d'autres termes, les taux à terme sont
ceux anticipés par le marché.
> Cette théorie suppose que les titres de
maturités différentes sont parfaitement substituables entre
eux.
Depuis ces enseignements, on peut déduire que les
résultats obtenus par Lutz sont totalement dépendants
d'hypothèses que certaines sont on ne peut plus dire
`irréalistes'.
3.2.5. Contraintes du modèle de structure de taux
en avenir certain
Cette théorie a fait état de plusieurs
critiques. D'ailleurs, beaucoup d'analystes sont venus renforcer les fondements
essentiels des travaux de Lutz et ainsi apporter des corrections aux
hypothèses qui frôlent l'irréalisme.
> La première des critiques a pour origine les
professionnels des marchés. En effet, cette théorie
présume que les investisseurs peuvent prédire les taux
d'intérêt pour des périodes futures lointaines. A la
frontière de l'inacceptable, l'investisseur pourra connaître les
taux d'intérêt pendant une période future finie. Mais
voilà justement, cette théorie tend vraiment à pousser les
réalités jusqu'à l'absurde !
Cette critique trouve réellement sa justification du fait
que le comportement des individus sur le marché est totalement contraire
à la logique de l'hypothèse.
> Ensuite, vient Hickman (1943) qui démontra que les
taux observés réellement et les taux prévus (tests
effectués pendant une certaine période) n'étaient
guère égaux. Bien plus encore, il y découvre un
écart très important et surtout variable.
> Depuis, de nombreux tests effectués ont abouti aux
mêmes conclusions. Toutefois, Meiselman (1962) est parvenu à
modéliser le rôle des anticipations dans un monde incertain. Pour
cela, il a porté son attention aux autres hypothèses, notamment
celle supposant que les investisseurs n'ont pas d'aversion au risque, ce qui
n'est pas totalement vrai en réalité.
Par ailleurs, le concept le plus marquant de cette
théorie demeure le fait qu'elle paraît indépendante des
théories traditionnelles. Ceci dit, Lutz n'a, dans aucune circonstance,
invoqué les arguments les plus couramment utilisés tels que : la
priorité au monde présent, la préférence pour la
liquidité ou encore le risque en capital.
Ces critiques ont donné une autre formulation aux
théories qui expliquent la structure par terme : il s'agit de l'analyse
du modèle de structure par terme en univers incertain.
3.3. La structure de taux dans un univers
incertain
Les travaux de Lutz et Hicks n'ont pas été
suffisants pour expliquer la structure par terme de taux
d'intérêt. Les défaillances des modèles d'analyse en
environnement certain ont contribué de façon extraordinaire
à l'exposition de plusieurs autres théories qui s'adaptent aux
réalités des marchés financiers. La période des
années soixante à soixante- dix a été des plus
marquantes, appelée « l'âge d'or » où on a vu le
concept d'incertitude s'introduire dans les différentes analyses.
Nous étudierons les principaux processus théoriques
développés pendant ces années. 3.3.1. Rôle
des anticipations en avenir incertain
La théorie exposée dans ce point est similaire
au modèle de structure par terme en univers certain, sauf en ce concerne
les anticipations des opérateurs de marché qui sont, cette fois,
imprévisibles. Dans ce cas, il suffira de remplacer les taux courts
anticipés rt+1, rt+2,..., rt+n-1 par leurs
espérances mathématiques : E
(rt+1), E (rt+2),..., E
(rt+n-1).
3.3.2. Principe du modèle
Pour Meiselman (1962), la théorie des anticipations en
avenir incertain revient à reconsidérer la quatrième
hypothèse proposée dans le cadre d'une structure par terme en
monde certain, ce qui nous amènera à supposer que les agents
sont, désormais, neutres envers le risque. A celle-ci, s'ajoute
une cinquième hypothèse : celle de
l'homogénéité des anticipations des agents
économiques.
L'investisseur neutre envers le risque ne se préoccupe
pas du risque de son investissement. Il aura tendance à vendre ses
titres de plusieurs termes pour acquérir des titres courts. De ce fait,
puisque tous les agents ont le même sens d'anticipation, on assistera
incontestablement à une baisse des taux courts et hausse des taux
à plusieurs périodes jusqu'à ce qu'il y ait
équilibre entre les deux taux.
L'équilibre entre les deux stratégies
d'investissement nous donne l'équation mathématique
suivante1 :
(1+Rt,n)n = (1 + rt) (1
+ E (rt+1)) ... (1 + E (rt+n-1))
(2.3)
Cette équation définit les taux longs comme la
moyenne géométrique du taux court actuel et des taux
anticipés espérés.
3.3.3. Anticipation et incertitude : formes de la courbe
de taux
Cette relation nous permet d'affirmer que cette théorie
caractérisée par l'incertitude repose entièrement et
exclusivement sur la nature de l'anticipation des agents économiques
:
· Si les agents anticipent une hausse du taux puis une
baisse, on aura une courbe « en cloche » ;
· Si les agents anticipent une hausse (resp. baisse)
continuelle des taux, on obtient une courbe de taux croissante (resp.
descendante) ;
· Enfin, si les agents ne prévoient aucun changement
du niveau des taux d'intérêt, on obtient une courbe plate.
3.3.4. Contraintes de la théorie : incertitude et
arbitrage
Le problème majeur que pose cette théorie est
l'incertitude. En effet, le passage du modèle certain amène
à changer les variables futures par leurs éléments
aléatoires. Autrement dit, Dans un monde incertain, les
prévisions sont approximatives telles qu'il existe des termes d'erreurs
parmi les variables explicatives du modèle prévisionnel.
Toutefois, le fait d'aller jusqu'à dire que l'incertitude
n'existe pas dans le monde financier s'avère être un immense
exercice intellectuel qu'on ne pourra jamais résoudre !
En fait, les professionnels de marchés pensent que la
théorie des anticipations en univers certain n'est autre que la
dérivée (pas au sens mathématique) des théories
projetées dans un monde incertain.
La justification vient du seul constat que seul le
comportement arbitragiste contribue à la réalisation des gains.
Dit autrement, il semblerait que la théorie des anticipations ait
simplement cherché son indépendance des théories de
l'intérêt ; Ceci dit, il lui a fallu recourir aux principes
fondamentaux du modèle en univers certain, à savoir l'arbitrage,
l'hypothèse de neutralité envers le risque ainsi que
l'hypothèse d'homogénéité des anticipations.
Ces méditations nous permettent d'en sortir avec une
conclusion très importante : c'est que si l'arbitrage permet à la
théorie des anticipations de garder son autonomie, alors elle ne peut
être des plus performantes d'autant qu'elle ne prend en aucun moment
compte des conséquences imposées par le phénomène
de l'incertitude. Ce qui nous amène à proposer d'autres
théories pour expliquer la structure par terme de taux
d'intérêt.
3.3.5. La théorie de la prime de
liquidité
Hicks (1939) considère que les anticipations dans un
monde incertain ne peuvent pas expliquer à elles seules la structure par
terme de taux, il convient donc de prendre en compte les primes de
liquidité, toutefois appelées primes de risque.
1. Exposé de la
théorie
Cette théorie, contrairement à celle qui la
précède, considère que l'investisseur a de l'aversion par
rapport au risque. L'argument positif dans cette théorie est
l'introduction du facteur risque afin de prendre en compte le comportement des
agents face à ce risque. Les investisseurs qui souhaitent renouveler
leurs placements exigeront une prime de risque (nécessairement positive)
en vue de rémunérer le risque qu'ils encourent. Ainsi, la valeur
des taux anticipés futurs est augmentée par la prime de risque
pour chaque période de réinvestissement. A l'équilibre,
nous obtenons la relation suivante :
(1+Rt,n)n = (1 + rt) (1
+ E (rt+1)+ ð1) ... (1 + E
(rt+n-1)+ ðn-1) (2.4)
Où : ði : représente la prime
de liquidité pour les périodes t+1, t+2, ..., t+n- 1.
A noter qu'en situation de stabilité de taux à
court terme sur le marché, la courbe hicksienne n'est pas plate comme la
courbe lutzienne, mais légèrement croissante, c'est en fait
l'influence de la prime de risque qui en modifie à peine la forme de la
courbe de taux.
2. Propriétés fondamentales de la
théorie de la prime de liquidité
· Hicks a démontré le principe selon
lequel les primes de liquidité augmentent avec l'horizon de
détention des obligations. En d'autres termes, les prêteurs
réclament des rémunérations de plus en plus grandes pour
prêter de plus en plus long. On aura
ainsi : 0 < ð1 < ð2
<... < ðn-1
· Les titres de différentes maturités ne
sont pas substituables, un titre à n périodes rapporte
une rentabilité supérieure par rapport à la souscription
de n titres successifs d'une période.
· Hicks a constaté que l'augmentation de la prime
de liquidité se fait d'une manière
dégressive. Soit : ð2 - ð1 > ð3 -
ð2>...> ðn-1 - ðn-2. La courbe obtenue sera
effectivement croissante.
Cette théorie vient améliorer et
compléter la théorie des anticipations. Cependant, elle a
été soumise à un certain nombre de critiques
considérant qu'elle est insuffisante lorsqu'il s'agit de
déterminer la prime de risque.
D'autres théories ont été
développées par la suite, qui viennent aussi compléter
celles qui les précèdent.
3.3.6. La théorie de segmentation des
marchés 1. Exposé de la théorie
La théorie de segmentation considère que les
relations entre les différents compartiments des marchés sont
motivées par des comportements prévisionnels. Ainsi, remettre en
cause la prédominance de ces comportements serait une question
d'existence de structure de taux.
Le premier à introduire la notion de marchés
segmentés est Culbertson (1957) qui suppose que les choix des
différents acteurs du marché ne sont pas principalement dus aux
prévisions ; d'une manière plus empirique, il pose comme
hypothèse que ce genre de comportement ne contribue que marginalement
à l'explication de la courbe de taux. Cette motivation vient limiter la
substituabilité des titres entre les marchés en se
référant aux structures d'offre et demande des titres sur chaque
échéance1 :
· Un investisseur qui cherche à assurer son
financement devrait aligner sa dette sur la période pendant laquelle ces
fonds lui sont nécessaires, de ce fait, il aura tendance à
éviter le risque d'émission de titres plus courts à des
conditions incertaines ;
· De son coté, le prêteur choisira les
titres lui assurant la disponibilité au bon moment.
Par ailleurs, les comportements de ces agents sont totalement
semblables. En effet, Culbertson affirme que les agents ont pour principal
souci d'égaliser la maturité de leur actif à celle du
passif ; bien plus encore, il tente d'expliquer que cette attitude est celle de
la plupart des institutions financières.
S'appuyant sur ces hypothèses, la théorie
introduite par Culbertson tente d'expliquer la structure par le fait qu'il
existe autant de marchés que d'échéances possibles
où les taux d'intérêt tendent à ajuster l'offre et
la demande de chacun.
2. Limites de la théorie
· Si les comportents spéculatif et
prévisionnel permettent de définir et expliquer la structure de
taux selon le comportement des agents, la séparation des marchés
de titres de différentes maturités ne peut pas pousser les taux
d'intérêt à varier dans le même sens, et ne donc peut
expliquer la structure par terme de taux d'intérêt ;
· L'hypothèse d'une aversion absolue
vis-à-vis du risque est assez excessive et dépourvue de
fondements empiriques ;
· La théorie des marchés segmentés
est difficilement soutenable d'autant qu'elle suppose que les agents
préfèrent les maturités courtes ; mais surtout elle
implique qu'un agent ne cherchera jamais à sortir de son compartiment
même si les écarts de taux avec les autres compartiments sont
importants.
C'est pour cela qu'on propose une autre théorie : la
théorie de l'habitat préféré. 3.3.7. La
théorie de l'habitat préféré
1. Exposition de la théorie
Cette théorie est présentée comme la
synthèse des deux théories qu'on vient de présenter. En
effet, elle définit une position intermédiaire car elle prend en
compte l'hypothèse des marchés segmentés et le fait que
les comportements des agents soient influencés par des primes de
liquidité en vue de se prémunir contre le risque de taux.
Cette théorie est présentée pour la
première fois par Modigliani et Sutch (1966, 1967 et 1969) : «
La théorie de l'habitat est à la base une adaptation de la
théorie des anticipations de la structure des taux
d'intérêt en incertitude, dans un monde où (1) les taux
futurs sont en fait incertains ; (2) les échangistes, tant
détenteurs finals de richesse qu'emprunteurs finals, ont des
préférences définies par rapport à la longueur de
la période de temps pour laquelle ils veulent garder leurs fonds
investis, ou pour laquelle ils ont besoin d'un financement (c'est-à-dire
qu'ils ont un habitat de maturité préférée) ; et
(3) les deux types d'échangistes font preuve généralement
d'une aversion pour le risque, et, par conséquent, toutes choses
égales par ailleurs, préféreront faire coïncider les
maturités de leur portefeuille avec leur habitat, de façon
à être certains des rendements ou des coûts. En plus de ces
échangistes finals, le modèle reconnaît également
l'existence d'arbitragistes, ou d'intermédiaires, préparés
simultanément à prêter et emprunter dans des
maturités différentes, quand la différence entre les
rendements anticipés est assez attrayante pour compenser le risque
encouru dans l'opération. » (Modigliani et Sutch [1967,
p.569]).
2. Propriétés de la
théorie
Ainsi, Modigliani et Sutch ont eu pour idée que les
préférences des agents et leurs besoins les obligent à
choisir un habitat, c'est-à-dire un compartiment particulier de la
courbe de taux. Ils affirment aussi que ces agents n'accepteront pas de
s'engager dans une opération risquée sauf pour un rendement
supplémentaire définit par une prime de liquidité. Dans ce
cas, cette opération est dite « risquée » pour l'agent
du moment qu'il acceptera d'investir dans des titres dont la maturité
est différente de sa maturité préférée.
Selon l'analyse, les décisions des agents sont
influencées simultanément par les anticipations et par la
position de l'habitat sur le marché. Le taux d'intérêt
résulte de l'équilibre entre l'offre et la demande de l'habitat
correspondant, on retrouve donc l'idée de segmentation de Culbertson
sauf que dans ce cas l'agent peut sortir de son habitat moyennant une prime.
Soit la formule obtenue :
(1+Rt,n)n = (1 + rt) (1
+ rt+1+ ð1) ... (1 + rt+n-1+ ðn-1)
(2.5)
Où : ði : représente la prime
de risque supposée stable dans le temps.
Les travaux de Modigliani et Sutch ont donné une
approche théorique significative en matière de taux
d'intérêt. Ils signalent ici l'importance du comportement des
agents face au risque et la contribution de l'équilibre entre offre et
demande dans l'explication des variations des taux d'intérêt.
Nous avons tenté d'expliciter les théories
traditionnelles qui permettent d'expliquer la structure par terme de taux
d'intérêt. Nous constatons l'importance de l'incertitude dans la
compréhension des variations des taux.
En fait, certaines de ces théories imposent parfois
des positions extrêmement éloignées des pratiques des
marchés financiers.
En premier, la théorie des anticipations occupe la
position la plus extrême quant elle introduit le fait que l'incertitude
ne modifie pas vraiment les effets en environnement certain. De l'autre
coté, la théorie de segmentation des marchés affirme que
les anticipations des agents ne constituent même pas un facteur dans le
comportement spéculatif.
Enfin, la théorie de l'habitat
préféré constitue plutôt la médiane entre ces
deux théories. L'attitude des agents envers le risque impose la
présence de prime de liquidité constituant le principal facteur
explicatif de la théorie de la prime de liquidité. Aussi, les
anticipations et la position de l'habitat de l'agent sur la maturité
laissent dire que ces deux dernières théories constituent en
quelque sorte la synthèse des autres théories.
Chacune des théories a fait part à de
nombreuses critiques et reproches quant à leur capacité
d'expliquer les mouvements des taux sur les marchés. Néanmoins,
leur importance a été d'un grand bénéfice
puisqu'elles sont beaucoup utilisées en théorie
financière.
Par ailleurs, nous avons abordé, dans ce chapitre,
l'importance des outils actuariels non seulement dans la mesure des risques
liés aux obligations mais aussi leur pertinence dans l'évaluation
des titres en particulier et des portefeuilles d'obligations en
général.
La gestion obligataire ne touche pas uniquement ces outils, en
effet, la troisième étape de toute gestion de portefeuille
obligataire consiste en l'élaboration de stratégies efficaces en
vue d'en tirer les meilleures décisions d'investissement possibles. Il
s'agit donc d'étudier ce point dans le prochain chapitre de cette
première partie.
Ce présent chapitre est composé de deux
sections :
Section 1 : Les stratégies actives de gestion
obligataire Section 2 : Les stratégies passives de gestion
obligataire
Tous les points traités à travers le
chapitre précédent ne constituent, en fait, que la matière
première de toute gestion obligataire. En effet, un gérant de
portefeuille obligataire doit, non seulement maitriser les outils actuariels,
savoir évaluer ses obligations ou encore pouvoir réprimer le
risque de taux dans un univers d'incertitude soit pour avoir des rendement les
plus favorables possibles ou bien éliminer, si c'est possible, ce risque
en fonction d'un certain taux de rendement, mais celui-ci doit savoir
établir une démarche cohérente de la gestion obligataire
en s'appuyant sut tous les aspects et concepts techniques de la gestion de
portefeuilles.
Du processus de gestion obligataire découle
au final une décision stratégique en fonction d'un certain
rendement et risque souhaités. C'est une étape primordiale que
tout gérant obligataire doit entreprendre en vue de réaliser ses
objectifs.
Les analystes financiers proposent deux
méthodes de gestion : les stratégies actives et les
stratégies passives. Elles seront développées dans ce
chapitre après avoir fait le point brièvement sur les
étapes du processus de gestion d'un portefeuille
obligataire.
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