II. REVUE DE LITTÉRATURE ET CADRE CONCEPTUEL
Nous avons articulé notre revue de littérature
autour des points suivants : les facteurs de risque de la M PE au sein des
communautés, les activités de lutte contre la M PE au niveau des
CSPS et le cadre conceptuel.
2.1. LA REVUE DE LITTÉRATURE
2.1.1. Généralités sur les facteurs
de risque de la MPE
La M PE est une maladie nutritionnelle. Ses manifestations
sont variées. Elles peuvent aller d'une perte de poids ou d'un retard de
croissance à des syndromes cliniques très sévères
;environ 16 500 enfants en meurent chaque jour, soit un décès
d'enfant toutes les cinq secondes, selon le rapport 2005 de la FAO
[6],L'insécurité alimentaire dans le
monde 2005.
Dans son livre La nutrition dans les pays en
développement (1996), le Professeur(Prof.)M ICHAËL C. L
[5] a déclaré que la M PE résulte d'un
déficit en m acronutrim ents et est très souvent associe à
des infections. La figure suivante montre l'intrication entre infection et
malnutrition.
Figure 1. Modèle simplifié
du cycle malnutrition-infection
Source : FAO. Agriculture, alimentation et nutrition en
Afrique, 1996 f16].
Cette figure montre que la malnutrition est l'une des
conséquences des infections. La perte d'appétit,
l'altération de la muqueuse intestinale et l'augmentation des besoins
nutritionnels qui résultent des infections et diarrhées
favorisent l'apparition de la malnutrition.
Inversement, la malnutrition réduit la
résistance de l'organisme aux infections et autres maladies tout en
majorant leur gravité et leur durée. C'est donc un cercle vicieux
qui s'installe et dont la rupture est fort difficile, dans certains cas,
même avec l'assistance des services de santé
spécialisés.
Il convient néanmoins de signaler que ces facteurs
immédiats interviennent souventaprès l'action conjuguée de
plusieurs autres facteurs sous-jacents.
Le prof. M ICHAËL C. L [5] a
souligné, dans son livre La nutrition dans les pays en
développement (1996), que six facteurs sont particulièrement
importants à considérer dans la lutte contre la malnutrition. Ces
six facteurs (les six "P") sont:
- Production :essentiellement agricole et alimentaire ;
- Préservation des aliments :pour éviter le
gaspillage et les pertes;
- Population : ce qui a trait à l'espacement des
naissances au sein d'une
famille ainsi qu'à la densité de la population dans
une région ; - Pauvreté : problèmes économiques;
- Politique : car l'idéologie, les choix et les actions
politiques influencent la nutrition ;
- Pathologie : car les maladies, en particulier, les infections
nuisent à l'état nutritionnel.
En étudiant cette liste, on se rend compte que les
facteurs de risque de la M PE sont multiples et intéressent beaucoup
d'autres secteurs que celui de la santé.
2.1.2. Les principaux résultats de quelques
études sur la MPE
Des études ont déjà été
menées sur les facteurs de risque de la MPE. Mentionnons d'abord celle
de KIRERE M ATH E M . et collaborateurs [17]. C'est
une étude transversale qui a été
menée en Mai 1999 dans une aire sanitaire rurale du nord-est de la
République Démocratique du Congo. Elle a porté sur 326
enfants de 0 à 59 mois. Cet échantillon a été
obtenu par la démarche ci- après:
- 30% des ménages de chacun des sept quartiers de
l'aire sanitaire ont été choisis de façon
aléatoire, soit en tout 260 ménages sur un total de 868.
- Dans les ménages sélectionnés, tous les
enfants de la tranche d'âge concernée dont l'un au moins des
parents était présent ont été inclus dans
l'échantillon.
Les données concernant l'âge, le poids, la taille
et le périmètre brachial des enfants ont été
recueillies à l'aide d'une grille d'observation. En outre, les facteurs
de risque ont été recherchés à travers un
questionnaire adressé à l'un des parents, de
préférence la mère.Voici certains des résultats
obtenus :
- Prévalence de la malnutrition chronique (poids faible
pour âge) :
25.15% [ICà 95% ;20.44 à 29.86];
- P révalence de la malnutrition aiguë (poids/taille
faible) :12 .58% [IC à 95% ; 8.98 à 16.18];
- Facteurs de risque associés à la MPE :
sevrage avec aliments non variés (pâte de
manioc),
taille du ménage supérieure ou égale
à six personnes, niveau analphabète de la mère,
mauvaise hygiène dans le milieu de vie de l'enfant,
niveau socio-économique médiocre de la famille.
Citons aussi l'étude intitulée Aspects
épidémiologiques de la malnutrition infanto-juvénile
à Cotonou réalisée en 2006 au Bénin par
SINNAEVE O., TESTA J., ABLEFONLIN E. et AYIVI B. [18]. C'est
une étude transversale descriptive qui a concerné 1085 enfants de
0 à 36 mois. L'objectif de cette étude était
d'établir le taux de malnutrition et de préciser ses
caractéristiques. Les auteurs ont pris les mesures
anthropométriques des enfants et adressé un questionnaire
à leur mère. Voici certains de leurs principaux
résultats:
- 20.6% des enfants ont présenté un retard de
croissance ;
- la malnutrition était significativement liée
à un antécédent de
malnutrition dans la fratrie, au niveau socio-économique
bas, à un
défaut quantitatif de la ration alimentaire des 24
dernières heures, à
la régularité du suivi médical.
Des études similaires ont été menées
au Burkina-Faso. Celle que
OU EDRAOGO V .M .[19] a réalisée
pour sa thèse de doctorat en 1982 était intitulée
:Malnutrition protéino-calorique chez les enfants de moins de cinq
ans au centre hospitalier national Yalgado O uédraogo. C'est une
étude rétrospective descriptive qui a été faite en
1982 au centre hospitalier national Yalgado O uédraogo de
Ouagadougou.
L'enquête a concerné 1376 dossiers d'enfants de
moins de cinq ans hospitalisés. Cet échantillon a
été obtenu par choix raisonné :tous les enfants de la
tranche d'âge hospitalisés d'Octobre 1981 à Mars 1982 au
CREN du CHNYO ont été retenus. La revue documentaire portant sur
les dossiers de ces patients a été utilisée comme
méthode de collecte des données. L'analyse des résultats a
montré que :
- 75% des cas de kwashiorkor étaient survenus après
le sevrage ; - la moyenne de la date de sevrage était de 17 mois;
- 50% des mères des cas présentaient une
multiparité élevée ;
- 71.5% des enfants des primipares étaient atteints de
marasme;
- 100% des m alnutris avaient présenté une
infection à l'entrée ou
au cours de l'hospitalisation.
Une autre étude qui s'est intéressée
à l'état nutritionnel des enfants au Burkina- Faso, c'est la
troisième Enquête Démographique et de Santé du
Burkina Faso (EDSBF-III)[12]. C'est une enquête par
sondage, représentative au niveau national, commanditée par le
Ministère de l'Economie et du Développement et conduite par
l'INSD . L'un des objectifs de l'EDSBF-III était d'évaluer
l'état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans et celui des
femmes. Cette enquête s'est déroulée de juin à
décembre 2003. Elle a
concerné 9097 ménages, 12 477 femmes
âgées de 15-49 ans, 3 605 hommes de 15-59 ans et 8 628 enfants de
moins de cinq ans. Concernant l'état nutritionnel des enfants,
l'enquête a montré, entre autres, que :
- la malnutrition chronique touchait 39% des enfants;
- 19% des enfants étaient atteints de malnutrition aigue
modérée; - 38% des enfants accusaient une insuffisance
pondérai.
Mentionnons également l'étude que l'INSD
[11] a menée en 2002 et qui s'intitule : Etude
spécifique surPauvreté et santé au Burkina-Faso. C'est
une étude transversale basée sur is résultats de
l'Enquête Prioritaire II réalisée par l'IN SD en 1998.
L'enquête a concerné 8478 ménages dont 2593 en vili et 5885
en milieu rural. En termes d'individus, l'échantillon était
composé de 63509 personnes. Lùn des objectifs de l'étude
étaitd'étudier de façon spécifique l'état
sanitaire des ménages pauvres en mettant l'accent sur les enfants. En ce
qui concerne la malnutrition, les résultats suivants ont
été obtenus par la régression logistique :
- l'insuffisance pondérai est significativement
influencée par le niveau de vie du ménage, le niveau
d'instruction de la mère, le sexe de l'enfant et l'épisode de
diarrhée ;
- le retard de croissance est significativement influencé
par le niveau de vie et le niveau d'instruction de la mère ;
- l'émaciation est significativement influencée par
l'épisode de diarrhée et la taille.
Ces différentes études indiquent aussi que is
facteurs de risque de la M PE semblent multiples et d'origines diverses.
2.1.3. La lutte contre la MPE au niveau des centres de
santé et de promotion sociale (CSPS)
Les directives nationales sur la planification sanitaire, les
outils de la PCIM E, les normes de croissance des enfants ainsi que les
recommandations lors des supervisions des agents de santé devraient
permettre à ces derniers de mener à bien la lutte contre la
MPE.
Au niveau des CSPS, le processus de planification impliquant
les communautés est, depuis l'Initiative de Bamako, le cadre
privilégié de la collaboration entre les agents de santé
et les populations face aux multiples problèmes de santé.
Une lutte efficace contre la MPE commence donc
nécessairement par une planification rigoureuse qui tient compte au
minimum des axes stratégiques suivants:
- suivi nutritionnel régulier de chaque enfant avec
application de la démarche de la PCIME lors des consultations de
nourrissons malades;
- communication avec les parents sur la lutte contre la M PE ;
- démonstrations culinaires régulières au
profit des mères.
La PCIME est l'une des approches recommandées par l'OMS
ces dernières années pour promouvoir la croissance et la
protection des enfants. Au sujet de la malnutrition, les directives de la PC IM
E [20] indiquent que : « L'état nutritionnel doit
être évalué chez tous les enfants malades ». La
démarche peutêtre résumée ainsi qu'il suit.
- Evaluer l'état de l'enfant.
- Classer l'enfant selon l'évaluation de son
état : malnutrition sévère, poids très faible pour
l'âge, pas de poids très faible pour l'âge.
- Expliquer la situation de l'enfant à la mère.
- Identifier et appliquer la conduite à tenir
adéquate.
- Assurer le suivi de l'enfant.
Les outils utilisés sont les tableaux d'évaluation
des enfants d'une semaine à deux mois et ceux d'évaluation des
enfants de deux mois à cinq ans.
Quant au suivi nutritionnel, il fait partie du paquet minimum
d'activités des CSPS . IL permet:
- de suivre la croissance staturo-pondérale et
ledéveloppement psychomoteurdes enfants;
- d'assurer iur vaccination selon le calendrier du programme
élargide vaccination.
Dans l'étude qu'a menée N IKIEM A P .
[21] pour sa thèse de doctoraten 2003 titrée
Étude de l'utilisation des fiches de prise en charge nutritionnelle
des enfants par le personnel des services de santé de la vili de
Ouagadougou, les agents de santé ont décritl'importance de la
surveillance de la croissance des enfants en ces termes:
- la prise du poids permet de suivre la croissance de
l'enfant, d'avoir une idée sur sa santé et de détecter
d'éventuelles anomalies ; à partir de l'observation de
l'évolution du poids, on peut se rendre compte de cas de malnutrition et
envisager une prise en charge rapide ;
- la courbe de suivi de la croissance permet de
connaître l'évolution sanitaire de l'enfant, de pouvoir prendre
des décisions sur sa santé et de faire des recommandations aux
mères;
- l'explication de l'état nutritionnel des enfants aux
parents permet d'impliquer ceux-ci dans le suivi de l'évolution de
l'enfant.
Les outils utilisés à cet effet sont : la fiche
infantile, les normes de croissance des enfants, le registre de consultation de
nourrissons sains et le carnet de santé maternelle et infantile (SMI),
couramment appelé carnet bleu.
Le suivi de la croissance se fait à travers les
pesées à chaque rendez-vous. L'enfant doit être pesé
nu ou très légèrement habillé, la balance bien
tarée. Le poids est immédiatement reporté sur i carnet et
la fiche infantile. Cela permet d'apprécier l'évolution de son
état nutritionnel, de l'expliquer à sa mère et d'adopter
la conduite à tenir indiquée.
Si l'état nutritionnel de l'enfant est normal, la
courbe de suivi est croissante et se trouve dans la portion dite "chemin de la
santé"(Road-to-health). Dès que la courbe stagne et commence
à former un plateau, c'est une alarme qui doit conduire à
rechercher et traiter un problème nutritionnel ou une diarrhée ou
une infection. La prise en charge correcte et rapide du problème
à ce stade
permet d'éviter l'installation d'une malnutrition. Si
malgré ces mesures, la courbe décline, il s'agit d'une urgence
nutritionnelle qu'il convient de référer diligemment à une
structure pédiatrique possédant un CREN pour un traitement mieux
adapté.
Quant aux démonstrations culinaires, elles sont
nécessaires à cause des pratiques alimentaires souvent
inadéquates au sein de nos communautés surtout dans le domaine de
l'alimentation des nourrissons et des jeunes enfants. Au niveau des CSPS, les
démonstrations culinaires consistent généralement à
apprendre aux mères les procédures de préparation de
bouillies enrichies à base de laits importés ou de denrées
locales. Il existe des références pour la préparation de
bouillies enrichies à base de produits locaux et chaque CSPS devrait en
posséder au moins un exemplaire.
À partir de ces axes stratégiques, plusieurs
activités peuvent être réalisées. Beaucoup de ces
activités sont menées dans la plupart des CSPS même si les
normes requises ne sont pas toujours respectées. Ces activités
peuvent être regroupées ainsi qu'il suit.
- Évaluer régulièrement l'état
nutritionnel de chaque enfant selon son âge, identifier la conduite
adéquate à tenir, l'expliquer aux parents et veillerà
l'application de cette conduite à tenir.
- Appliquer la démarche de la PC IM E à toute
consultation d'enfant de moins de cinq ans : évaluer, classer et
appliquer la conduite à tenir adéquate.
- Apprendre aux mères la préparation d'aliments
de complément adaptés aux enfants de moins de cinq ans, en
particulier à ceux en période de sevrage. Entretenir avec les
parents une communication sur is différents thèmes d'importance
en santé.
- Planifier et évaluer périodiquement
l'exécution des activités en collaboration avec la
communauté.
2.2. LE CADRE CONCEPTUEL
2.2.1. Description du cadre conceptuel
La revue de littérature et l'étude des variables
permettentde comprendre que la lutte contre la malnutrition està la fois
multidisciplinaire etm ultisectorielle : les gouvernants, les
économistes, les agronomes, les industriels, les enseignants, les
démographes, les parents des enfants et le personnel de santé ont
tous un rôle important à jouer. Toutefois, nous pensons que ce
sont les efforts conjugués des agents de santé et des parents des
enfants qui peuvent avoir un impact significatif plus rapide et durable dans la
lutte contre cette maladie. En effet, certains des facteurs qui influencent la
M PE peuvent être favorablement et plus promptement modifiés par
leurs interventions concertées.
2.2.1.1. La variable dépendante
La variable dépendante de notre étude est la
MPE. Dans son livre Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques (2003), COG iL B. [3] a
défini la M PE comme étant une : « Sous-alimentation qui est
due au fait qu'une personne ne reçoit pas la quantité de
protéines ou de calories que demande une croissance normale et
l'énergie nécessaire pour des activités humaines
ordinaires ».
La M PE est donc une affection nutritionnelle due à une
insuffisance ou à un déséquilibre des apports alimentaires
en énergie et/ou en protéines. Trois types d'indices sont souvent
utilisés pour dépister la M PE chez les enfants.
- L'indice poids/taille (P/T) qui permet de dépister la
malnutrition aiguë. Un indice poids/taille inférieur ou égal
à moins deux écarts types indique la présence d'une
malnutrition aiguë aussi appelée émaciation.
- L'indice taille/âge (T/A) utilisé pour
apprécier la croissance staturale par rapport à l'âge.
Quand cet indice est faible, on parle de retard de croissance ou malnutrition
chronique ou rabougrissement.
- L'indice poids/âge (P/A) avec lequel on dépiste
l'insuffisance pondérai. Lorsque cet indice se situe en dessous de deux
écarts types de l'indice moyen de la population de
référence, on dit qu'il s'agit d'une insuffisance
pondérai.
En se basant sur ces indices, plusieurs classifications ont
été proposées pour déterminer chez chaque enfant le
type et la gravité de la malnutrition en question.
- Classification de W ate rlow : elle est basée sur
l'âge, le poids et la taille.
Elle utilise les pourcentages par rapport à la
médiane ou les scores Z. Le tableau suivant montre la classification de
la M PE dite classification de Waterlow.
Tableau I. Classification de W ate rlow
de la M PE selon le Z score par rapport à
la médiane.
Indice taille/âge (en Z score)
|
Indice poids/taille (en Z score)
|
Inférieur ou égalà -2 Supérieur
à -2
|
Inférieur ou égale Retard de croissance Retard de
croissance
à -2 plus émaciation
Supérieur à -2 Emaciation Normal
Source: Université de Ouagadougou: Nutrition
pédiatrique et santé publique, 2003
f22].
- Classifications RTH , de l'OM S et de Gom ez :elles utilisent
aussi les pourcentages par rapport à la médiane ou les scores
Z.
Le tableau suivant montre ces différentes
classifications.
Tableau II. Classifications RTH ,
de l'OM S et de Gom ez de la MPE. Système Valeur seuil Classification de
la malnutrition
OMS
RTH
G omez
|
<-1 à -2 score Z Bénin
< -2 à > -3 scoreZ Modéré
< -3 score Z Grave
> 80% de la Med Normal
60% à 80% de la Med Bénin à
modéré
<60% de la Med Grave
>90% de la Med Normal
75% à < 90% de la Med Bénin
60% à < 75% de la Med Modéré
< 60% de la Med Grave
|
Source: COGILL B. Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques, Mars 2003 [3].
Dans notre étude, nous avons utilisé la
classification de l'OM S pour identifier les enfants m alnutris. De plus,
étant donné que la présence d'oedèm es peut masquer
temporairement la perte de poids, tout enfant présentant des
oedèmes bilatéraux des membres inférieurs prenant le godet
a été classé comme cas de M PE.
2.2.1.2. Les variables indépendantes
Les variables indépendantes de notre étude sont
les facteurs de risque de la MPE. Selon le livre
Statistiques/Épidémiologie (2004) de ANCELL T.
[23], le facteur de risque est «tout événement
(alimentaire, comportemental, génétique, environnemental,
iatrogène, etc.) pouvant favoriser la survenue d'une maladie ».
En d'autres termes, c'est toute caractéristique, tout
phénomène ou toute condition de vie qui expose une personne ou
un groupe de personnes à un
danger accru de contracter ou de développer un processus
morbide ou d'en subir plus particulièrement les effets dommageables.
Nous pensons que les facteurs de risque de la M PE sont de
plusieurs ordres, allant de l'environnement pathogène aux
caractéristiques socio-économiques et culturelles des
populations. Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes
particulièrementintéressés aux facteurs suivants :
- les facteurs liés aux enfants;
- les facteurs liés aux des enfants parents;
- les facteurs liés aux agents de santé.
2.2.1.2.1. Les facteurs liés aux enfants
L'infection
Selon le Dictionnaire de médecine Flammarion
2001, l'infection c'est « la pénétration dans un
organisme dùn agent étranger (bactérie, virus, champignon,
parasite) capable de s'y multiplier et d'y induire des lésions
pathologiques» [241.
Au cours de notre enquête, nous avons
considéré comme infecté tout enfant qui présentait
de la fièvre ou qui était sous un traitement anti-infectieux
institué par un agent de santé.
La diarrhée
Le Dictionnaire de médecine Flammarion 2001
définit la diarrhée comme suit : «toute augmentation du
débit fécal quotidien dùn ou de plusieurs constituants
normaux de la selle » [241.
De façon opérationnelle, nous avons
considéré qu'un enfant souffrait de diarrhée s'il faisait
plus de trois selles liquides par jour.
Étant donné l'immaturité du
système immunitaire des enfants, il est compréhensible que les
infections et les diarrhées soient fréquentes et graves au sein
de cette tranche d'âge. Or, la relation entre les infections et la
malnutrition semble très étroite comme le suggère le cycle
malnutrition-
infection que nous avons déjà décrit. Il est
donc indispensable que tout soit mis en oeuvre pour éviter ces
pathologies ou du moins les réduire au minimum si l'on vise la
réduction de la malnutrition des enfants.
Le poids de naissance
C'est le poids d'un enfant mesuré à sa
naissance. Selon les normes retenues au Burkina-Faso, le poids de naissance est
jugé faible s'il est inférieur à 2500 grammes (g). Il
permet de vérifier, entre autres, si l'enfant a pu se développer
normalement durant sa vie intra utérine. Un faible poids de naissance
indique souvent que l'enfant a déjà été
confronté à un problème qui a entravé son
développement normal, ce qui aggrave sa fragilité naturelle et
peut favoriser la survenue d'une malnutrition. Par contre, un poids de
naissance normal laisse supposer qu'aucun problème n'a pu freiner
sérieusement sa croissance intra utérine et que sa vie extra
utérine commence sans problème majeur de malnutrition.
L'état vaccinal
Il représente le statut de l'enfant vis-à-vis
des vaccins du Programme Elargi de Vaccination (P EV). Le calendrier vaccinal
recommandé par le PEV est le suivant:
-BCG et polio zéro à la naissance.
-DTC P-Hep-Hib première dose à 8 semaines.
-DTCP-Hep-Hib deuxième dose à 12 semaines.
-DTCP-H ep-H ib troisième dose à 16 semaines.
-VAR et VAA à 9 mois.
Un enfant qui a reçu toutes ces doses avant son premier
anniversaire en respectant les intervalles minimums préconisés
entre les doses est dit complètement vacciné (CV). Un enfant
complètement vacciné estdonc déjà
protégé contre un certain nombre de maladies infectieuses dont la
diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la fièvre jaune, la
rougeole. C'est dire que ces maladies ne peuvent plus constituer chez lui le
lit de la M PE.
2.2.1.2.2. Les facteurs liés aux parents des
enfants
Ïs sont constitués des caractéristiques
démographiques des populations, de l'organisation sociale, des codes de
conduite, de leurs valeurs, des connaissances, des pratiques, des conditions de
vie.
Les facteurs démographiques
Ïs regroupent les éléments comme la taille
et la structuration de la population par sexe et par âge, la
fécondité, l'accroissement naturel, etc. A notre avis, les
facteurs démographiques qui pourraient significativement influencer la
malnutrition des enfants sont : la taille des ménages, la parité
des mères, l'espacement des naissances, le nombre d'enfants de moins de
cinq ans par ménage.
La taille des ménages : il
s'agit du nombre de personnes par ménage. Un nombre raisonnable permet
de subvenir plus aisément aux besoins nutritionnels de chaque membre.
Dans les conditions actuelles de paupérisation croissante, il est
évident que les membres d'un grand ménage ont plus de mal
à se procurer les aliments en quantité et en qualité
suffisante, surtout pour les enfants en bas âge en milieu rural et dans
les zones périurbaines.
La parité des mères :
c'est le nombre d'accouchements par mère. Si ce nombre est
réduit, la mère a plus de temps et de force physique, en plus des
autres ressources à consacrer à chacun de ses enfants, en
particulier au plus jeune. Elle pourra donc mieux s'occuper de ses soins de
santé et de son alimentation, toutes choses qui concourent au bon
développement de celui-ci.
Le nombre d'enfants de moins de cinq ans par
ménage : à notre avis, c'est lùn des
facteurs les plus importants dans la lutte contre la malnutrition car les
enfants de cette tranche d'âge exigent plus d'attention et de soins. Un
grand nombre nécessite plus de ressources pour une alimentation
adéquate et des soins de santé adaptés ; or
la situation économique des ménages est très souvent
précaire.
L'espacement des naissances : c'est
le fait de planifier les naissances de sorte qu'il y ait un intervalle
adéquat entre deux enfants qui se suivent. C'est une pratique
indispensable pour le bien-être des enfants en bas âge. En effet,
après un nouvel accouchement, l'attention des parents est plus souvent
tournée vers l'enfant qui vient de naître, délaissant plus
ou moins son grand frère. Si ce dernier n'a pas l'âge de supporter
cette privation, il devient plus vulnérable face à la MPE. Mais
un couple qui pratique la planification familiale pourra choisir le moment
propice pour son plus jeune enfant et pour toute la famillede rechercher un
autre enfant. Ce jeune enfant aura ainsi l'opportunité de profiter le
plus longtemps possible du lait maternel, de ses soins et de l'attention de
toute la famille pour croître convenablement.
Les facteurs socio-économiques et
culturels
Nous avons identifié certains facteurs
socio-économiques et culturels qui semblent influencer fortementla
malnutrition des enfants.
L'instruction des parents :
l'instruction c'est l'action de former, de donner une éducation, un
enseignement à une personne.Comme il est très difficile
d'apprécier en peu de temps toute l'éducation et la formation
reçue par une personne, ce concept a été restreint
à l'alphabétisation ainsi qu'à la formation scolaire ou
universitaire. Des parents instruits peuvent comprendre plus facilement le
mécanisme de survenue de la M PE au lieu de la relier à l'action
de génies comme le rapportait en 2003 ILBOUDO I. [25]
dans son mémoire Étude des facteurs
déterminant la survenue de la M PE chez les enfants de 0 à 59
mois dans le district sanitaire de Kom bissiri. Ainsi, ils pourront
adhérer plus facilement aux stratégies préconisées
par la science pour la prévention et le traitement rapide de la
malnutrition.
Le niveau socio-économique :
C'est la situation d'une personne ou d'un groupe de personnes sur i plan social
et sur le plan économique. On combine les caractéristiques
à ces deux niveaux afin d'apprécier les conditions de vie. Un bon
niveau socio-économique est indispensable au bien-être de tous les
membres d'un ménage, en particulier aux plus petits. Un bon logement,
l'accès aux soins de santé primaires, la disponibilité des
aliments ou la capacité de s'en procurer quand le besoin se fait sentir
sont, par exem pi, d'une importance capitale dans la lutte contre la
malnutrition.
L'alimentation lors du sevrage: le
sevrage est le « remplacement progressif de l'allaitement par une
alimentation plus solide », selon le Dictionnaire Universel de Poche
1997 [1]. En d'autres termes, c'est l'action d'amener
l'enfant à se nourrir autrement qu'au sein. C'est une transition qui
doit se faire graduellement pour que l'enfant ait le temps de s'adapter
à cette exigence d'ordre naturel. Actuellement, l'allaitement maternel
exclusif est recommandé jusqu'à six mois. A cet âge,
l'introduction d'aliments de compléments adaptés doit se faire
avec discernement afin de satisfaire les besoins nutritionnels de l'enfant que
le lait seul n'arrive plus à couvrir. Ces aliments doivent prendre de
plus en plus d'importance dans la ration alimentaire pour finalement remplacer
complètement le lait maternel qui devient parallèlement de plus
en plus rare à mesure que grandit l'enfant et que s'élargissent
les intervalles entre les tétées. L'alimentation est correcte si
elle satisfait les besoins nutritionnels de l'individu tout en étant
équilibrée, variée et suffisante. Une bonne alimentation
lors du sevrage permet de couvrir tous les besoins nutritionnels de l'enfant,
ce qui favorise une croissance normale tout en lui permettant de lutter
efficacement contre certaines infections.
Le suivi de la CNS : c'est la
régularité des consultations de l'enfant selon les
périodicités recommandées dans le carnet SMI. Un suivi
régulier de l'état nutritionnel permet de dépister
rapidement les enfants à risque et de les prendre en charge de
façon à éviter l'installation de la malnutrition.
Les interdits alimentaires : dans
certaines communautés, le code social impose l'exclusion de certains
aliments de la ration alimentaire. Malheureusement, en ce qui concerne les
enfants, il s'agit très souvent d'aliments particulièrement
utiles comme les oeufs et la viande qui sont très nutritifs et dont ils
ont le plus besoin pour leur croissance. En lieu et place, ils sont souvent
gavés de décoctions qui n'apportent presque rien sur le plan
nutritionnel tout en les exposant aux infections et diarrhées. Dans les
communautés où ces comportements sont répandus, toute
intervention contre la malnutrition infantile devrait chercher à les
réduire au minimum tout en faisant la promotion de l'allaitement
maternel exclusif afin de favoriser l'accès des enfants aux
différents types d'aliments localement disponibles. Cela peut
améliorer la qualité de la ration alimentaire des enfants tout en
les soustrayant aux infections et diarrhées.
2.2.1.2.3. Les facteurs liés aux agents de
santé
Ici, nous nous sommes intéressés à la
planification des stratégies d'intervention et aux prestations de
services dans le cadre de la lutte que mènent les agents de santé
contre la malnutrition des enfants.
La planification
Le Dr B.K Michel Som bié [26], dans
son livre Planification sanitaire (2004), a défini la
planification comme étant: « un processus d'élaboration d'un
schéma indiquant les actions à mener pour obtenir un changement
donné dans un délai déterminé. Il aboutit à
un plan qui précise les objectifs visés, ainsi que les approches
et les types d'activités et les ressources qui permettront d'y
parvenir». Il est indispensable qu'un plan d'action annuel existe dans
toute formation sanitaire. La planification sanitaire avec la participation des
communautés est un processus éducationnel qui permet de
sensibiliser celles- ci sur les problèmes de santé les plus
importants comme la MPE. Elle offre aussi l'occasion de rassembler les
différents partenaires dans le but de fixer
les objectifs de réduction, de déterminer les
stratégies les mieux adaptées et de mobiliser les ressources
nécessaires pour une mise en oeuvre réussie.
La planification permet également d'agencer de
façon logique les différentes actions à mener que sont les
CNS en stratégie fixe et avancée, les démonstrations
culinaires ainsi que le suivi des m alnutris à travers les visites
à domiciles.
Les démonstrations culinaires
Selon le Dictionnaire Universel de Poche 1997
[1], la démonstration c'est: «l'explication pratique sur
l'utilisation d'un appareil, d'un produit». Les démonstrations
culinaires consistent à apprendre aux mères la préparation
d'aliments enrichis pour les nourrissons et les jeunes enfants. Dans le
district sanitaire de Tougan, l'ECD, avec l'aide de la fondation Tdh, a mis
à la disposition des prestataires des CREN un guide de
préparation d'aliments enrichis à l'aide de denrées
locales.
Les visites à domicile (VAD)
Il s'agit du suivi des enfants m alnutris ou à risque
à travers des visites aux domiciles des parents. Ces visites permettent
de s'assurer que les parents ont compris et appliquent les différents
conseils et que l'état nutritionnel des enfants s'améliore.
La consultation des nourrissons sains
(CNS)
Il s'agit d'un examen périodique de tout enfant de moins
de cinq ans dans le but:
de suivre sa croissance staturo-pondérale de même
que son développement psychomoteur;
d'assurer sa vaccination selon le calendrier du programme
élargi de vaccination (PEV).
Dans le carnet de santé maternel et infantile (SMI)
[27], il est spécifié que les examens doivent
être mensuels pour les enfants de moins d'un an, bimestriels
entre un et deux ans, trimestriels de deux à trois ans,
puis semestriels jusqu'à cinq ans.
Dans les cas où elles sont bien menées, les CNS
permettent de suivre avec les parents le développement des enfants
à travers la courbe de croissance et de dépister
précocement les enfants à risque. C'est aux mères de ces
enfants que doivent s'adresser en priorité les démonstrations
culinaires et les conseils nutritionnels dans le but d'enrichir et de varier
leur alimentation afin de favoriser la reprise d'une croissance normale.
La régularité des CNS en
stratégie avancée
Ils'agit de faire en sorte que le rythme des CNS respecte la
périodicité prévue dans le carnet SM I. Les
stratégies avancées consistent à suivre la croissance des
enfants en se rendant dans les villages éloignés du CSPS . Cela
permet de contourner la difficulté que constituent les grandes distances
pour les parents.
Les différents éléments que nous venons
de décrire interagissent entre eux et exercent le plus souvent une
action conjuguée qui influence la fréquence de la MPE dans une
zone donnée. Nous avons organisé ces interactions comme l'indique
la figure suivante, notre cadre conceptuel, que nous avons construit
nous-mêmes.
2.2.2. Schéma du cadre conceptuel
Il est représenté par la figure suivante.
FACTEURS LIÉS AUX ENFANTS
- État vaccinal
- Infections
- Diarrhée
- Poids de naissance
MALNUTRITION PROTÉINO ÉNERGÉTIQUE
FACTEURS LIÉS AUX AGENTS DE
SANTÉ
-Planification de la luie contre la M PE
CARACTÉRISTIQUES SOCIO- ÉCONOMIQUES,
DÉMOGRAPHIQUES ET CULTURELLES DES PARENTS
|
-Consultation des
nourrissons sains en
stratégies fixe et avancée
-Conduite des CNS
-Démonstrations culinaires
-Visites à domicile
|
|
-Taille des ménages
-Parité des femmes -Espacementdes naissances -Nombre
d'enfants de moins de cinq ans par ménage
-Niveau d'instruction des parents
-Interdits alimentaires
-Suivi de la CNS
-Alimentation de supplément lors du sevrage
-Niveau socioéconom ique des ménages
Figure 2. Schéma du cadre
conceptuel
III. MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE 3.1. CADRE DE
L'ÉTUDE
3.1.1. Le Burkina-Faso
Données géographiques
Le Burkina-Faso est un pays en voie de développement de
l'Afrique occidentale situé à l'intérieur de la boucle du
fleuve Nier. Il s'étend sur 274 200 Km2 et est limité
par:
- Le Mali au nord et à l'ouest
- Le Niger au nord-est - Le Bénin au sud-est - La
Côte d'Ivoire, le Ghana et le Togo au sud.
Le climat est du type soudano-sahélien rythmé
par une saison pluvieuse de Mai à Septembre et une longue saison
sèche d'Octobre à Avril. La pluviométrie est en moyenne de
300 millimètres au nord et de 1200 millimètres au sud. Cette
pluviométrie est faible et mal répartie dans l'ensemble ce qui
influence énormément la disponibilité alimentaire et par
conséquent l'étatnutritionnel des populations.
Situation économique
Selon l'EDSBF-III de 2003 [12], le
Burkina-faso est parmi les pays les moins avancés au monde. Il est
caractérisé parune situation de pauvreté qui rime avec
accès difficile aux services sociaux de base, chômage,
analphabétisme, habitat précaire, statut peu avantageux de la
femme et malnutrition ;46,4% de la population vit au-dessous du seuil de
pauvreté estimé à 82672 francs CFA. L'agriculture et
l'élevage occupent les trois quarts de la population.
Données démographiques et
socioculturelles
En 2007, la population estimée à partir du
recensement général de la population et de l'habitat
effectué par l'IN SD en fin 1996 est de 12 880 980
habitants, le taux d'accroissement naturel étant de
2.38% l'an. Les principales ethnies sont : Mossi, M arka, Peulh, Bobo,
Sénoufo, Gourounsi, Lobi, Bissa, G ourm antché . On rencontre
principalement trois religions : islam, animisme et christianisme.
Profil sanitaire
Il est marqué par la forte persistance des maladies
infectieuses avec, de nos jours, une émergence des maladies non
transmissibles. Il est ressorti de l'ED SBF-III de 2003 [12]
que : « Le niveau de mortalité est élevé
à cause, en partie, de la faible couverture sanitaire et vaccinale
».
3.1.2. La région de la boucle du Mouhoun Aspects
géographiques
La région de la boucle du Mouhoun occupe la partie
nord-ouest du Burkina- Faso. Elle couvre une superficie de 34153Km 2
et est limitée :
- A l'est par la région du centre ouest (chef lieu
:Koudougou),
- Au sud par la région des Hauts Bassins et celle du
sud-ouest dont
les chefs lieux sont respectivement Bobo-Dioulasso et G aoua, - A
l'ouest par la république du Mali
- Au nord par la région du nord (Chef lieu
:Ouahigouya).
Le climat et la végétation
Le climatest du type soudano-sahélien avec une
pluviométrie allant de 600 à 900m m l'an.
La végétation y est représentée par
la savane arborée au sud etla savane arbustive dans la partie nord.
Trois principaux cours d'eau drainent la région. Ce sont :
le Mouhoun, le Sourou et le Voun-hou.
La population
en 2007, la population estestimée à 1 561 787
personnes avec une densité de 44.57 habitants/Km 2 .
Plusieurs ethnies composent cette population. Les principales sont : s Bobos,
les Mossis, les M arkas, les Samos, les Dioulas, les Peulhs. L'animisme,
l'islam et le christianisme sont les principales religions de ces
populations.
Données socio-économiques
L'agriculture et l'élevage occupent la grande
majorité de la population. On note aussi un développement de
l'irrigation qui intéresse de plus en plus de personnes après
l'hivernage. Au bord des cours d'eau il existe quelques villages de
pêcheurs. Les activités commerciales sont dominées par
secteur informel.
Données administratives
La région de la boucle du M ouhoun compte six districts
sanitaires qui épousent les limites administratives des six provinces
que sont : s Banwa, les Balés, le M ouhoun, la Kossi, le Nayala et le
Sourou où s'estdéroulée notre étude. 1139 villages
sont répartis entre les 47 communes que compte la région.
3.2. CHAMP DE L'ÉTUDE: le district sanitaire de
Tougan
Le district sanitaire de Tougan est situé dans la
province du Sourou au nord- ouest du Burkina-Faso. Il couvre les limites
géographiques et administratives de la province qui s'étend sur 5
658 Km 2. L'aire sanitaire du district est limitée par:
- la république du Mali et une partie du district
sanitaire de Ouahigouya au nord,
- le district sanitaire de Tom a au sud,
- les districts sanitaires de Yako et de O uahigouya au sud-est,
- le district sanitaire de N ouna à l'ouest.
3.2.1. Le climat
Il est du type soudano-sahélien . C'est une zone
moyennement boisée mais la végétation est soumise de plus
en plus à la dégradation.
3.2.2. Données démographiques et
socio-culturelles
La population réactualisée à partir du
recensement de 1996 est estimée à 232410 habitants en 2007 avec
43647 enfants de moins de cinq ans. Le taux d'accroissement naturel est de
2.03% l'an. La densité de cette population se situe à 37
habitants/Km2 en moyenne mais elle varie très fortement entre
les zones sahéliennes peu peuplées et la vallée du fleuve
Sourou qui draine de nombreux exploitants.
Les principales ethnies composant cette population sont : les
Samos, les M arkas, les Mossis et les Peulhs. L'islam, l'animisme et le
christianisme sont les principales religions de ces populations. De nombreux
tradipraticiens exercent dans le district et sont, depuis 2004,
organisés en associations départementales et provinciales en
collaboration avec la direction de la santé du district.
3.2.3. Données administratives
La province du Sourou compte actuellement huit communes :
Tougan, Kiem bara, Lankoué, Toéni, Di, Gom boro, Lanfièra
et Kassoum .168 villages et des hameaux de culture sont répartis entre
ces communes.
3.2.4. Les infrastructures sanitaires
Elles sont composées dùn CMA comportant une
unité pédiatrique avec un CREN, de 25 CSPS fonctionnels dont
quatre sont dotés de pôle de récupération
nutritionnelle, d'un dépôt répartiteuret dùn
bâtiment servant de bureaux pour les membres de l'ECD.
3.2.5. Les activités de santé
Elles sont réparties de la façon suivante.
- Au premier échelon, les agents de santé
assurent le PMA avec la collaboration de la population à travers les
comités de gestion (COG ES) et les assemblées
générais. Ce sont principalement les activités curatives,
préventives et promotionnelles, la planification et la gestion.
- Le deuxième échelon correspond aux
activités de l'hôpital de district qui constituent le PCA.
- L'ECD est l'équipe dirigeante du district:elle assure
entre autres, l'organisation, la coordination, la planification et
l'évaluation des activités du district. Elle est appuyée
par un organe consultatif, le CSD. Quelques partenaires interviennent dans le
district: le PRSS, Tdh , le PAD S , les associations de la
société civile comme `'Jeunesse Action Plus»,
`'Soutra», ``Dem ba-gnoum a».
3.2.6. Données
socio-économiques
L'agriculture vivrière et l'élevage extensif
occupent la grande majorité de la population. On note aussi un
développement de l'irrigation qui intéresse une partie non
négligeable de la population après l'hivernage. Quatre sites ont
été aménagés pour les cultures
maraîchères qui couvrent actuellement 30000 hectares. Il s'agit de
Guiédougou, Débé, Niassan et Di. Au bord du fleuve Sourou,
il existe quelques villages de pêcheurs. Les activités
commerciales sont dominées par i secteur informel. Par ailleurs, il
existe de grands centres commerciaux tel que lesmarchésde Gouran, de
Diet deNihourou d'où les céréales, les produits
maraîchers, le poisson et le bétail sont convoyés vers les
grands centres urbains du pays et même vers le Mali.
Toutes ces potentialités font qu'habituellement, le Sou
rou est appelé le grenier du Faso.
3.3. TYPE D'ÉTUDE
Nous avons mené une étude transversale
analytique.
3.4. POPULATION D'ÉTUDE
La population d'étude était constituée de
trois groupes issus du champ de l'étude :
- les enfants de 0 à 59 mois du district sanitaire de
Tougan ; en 2007, leur nombre est estimé à 43 647 ;
- les mères des enfants de moins de cinq ans du DS de
Tougan ; - les agents de santé du district sanitaire de Tougan.
3.4.1. Critères d'inclusion
Ont été inclus dans l'étude les personnes
qui ont volontairement consenti à faire partie de l'enquête et
répondant à l'un des critères suivants.
- Être de la tranche d'âge de 0 à 59 mois au
moment de l'enquête et
appartenant à l'un des ménages tirés au sort
pour l'enquête.
- Être la mère d'un enfant concerné par
notre enquête. En cas d'absence prolongée de la mère, la
personne qui s'occupe de l'alimentation de l'enfant sera
enquêtée.
- Être infirmier chef de poste ou responsable de
consultation de nourrissons sains.
- Être présent au moment de l'enquête.
3.4.2. Critères d'exclusion
Étaient exclu de l'étude toute mère et
tout enfant de la tranche d'âge concernée qui
étaientétrangers ou membres d'un ménage choisi mais
rentrés d'un voyage prolongé et justifiant d'un séjour de
moins de trois mois dans l'aire sanitaire.
3.5. ÉCHANTILLONS ET ÉCHANTILLONNAGE 3.5.1.
Échantillons
- Échantillon des enfants : pour une
prévalence (P) d'environ 39% de malnutrition chronique selon
l'EDSBF-III2003 [12], un niveau de confiance de 95%(Z=1.96) et
une précision (i) de 7%, la taille minimale a été
calculée avec la formule suivante, selon le livre
Détermination de la taille d'un échantillon dans les
études sanométriques de LWANGA S.K.et LEMESHOW S
[28] : (Z)2 * P*
(1-P)/i2. Étant donné que nous avons fait un
échantillonnage à plusieurs degrés, nous avons
utilisé un facteur de correction de 1,5 pour tenir compte de l'effet
grappe. La formule devient alors 1.5*(Z)2 * P*
(1-P)/i2=280. Afin de tenir compte des
impondérables, nous avons ajouté à ce nombre 10% et nous
avons finalement obtenu : 1.10*[1.5*(Z)
2*P*(1-P)/i2]=308. En
arrondissant au multiple de 30 le plus proche, nous avons obtenu finalement un
échantillon de 330 enfants, soit 11 enfants par village pour chacun des
30 villages.
- Échantillon des mères :toutes
les 221 mères des enfants enquêtés ont été
incluses dans l'étude.
- Echantillon des agents de santé :
nous devrions enquêter deux agents dans chacun des 25 CSPS du district,
soit 50 agents. Toutefois, lùn des CSPS ne disposait que dùn
agent ; nous avons donc pu enquêter 49 agents de santé.
3.5.2. Échantillonnage
- Pour les enfants, nous avons utilisé une
méthode d'échantillonnage aléatoire avec la technique de
sondage à plusieurs degrés (précisément trois
degrés) comme suit:
au premier degré, on a les villages du district sanitaire
; au deuxième degré, on a les ménages;
les enfants de moins de cinq ans au troisième
degré.
Procédure de sélection
:
Tirage aléatoire de 30 villages sur les 168 villages du
district avec probabilité proportionnelle à la taille de la
population. Tirage aléatoire des ménages dans chacun des villages
retenus : à partir du centre du village un crayon a
étaitlancé en l'air ; en retombant, son bout nous indiquait le
premier ménage où nous débutions l'enquête.
Dans chaque ménage choisi, les enfants de la tranche
d'âge ont été enquêtés jusqu'au nombre voulu.
Si le nombre d'enfants à enquêter dans le village
n'étaitpas atteint dans le premier ménage, le ménage
suivant où les enquêteurs se rendaient était le
ménage le plus proche de celui qui venait d'être
enquêté et, ainsi de suite.
- Pour les mères, la méthode
d'échantillonnage était non probabiliste. Nous avons
utilisé la procédure de sélectionpar commodité. A
cet effet toutes les mères des enfants inclus dans l'étude ont
été enquêtées.
- En ce qui concerne les agents de santé, nous avons
utilisé la méthode d'échantillonnage non probabiliste avec
la technique du choix raisonné. Dans chaque CSPS, nous avons
enquêté l'infirmier chef de poste (ICP) et le responsable de la
CNS (RespCNS). En effet, ce sont les deux personnes ressources en
matière de lutte contre la M PE au niveau des CSPS.
3.6. LES VARIABLES DE L'ÉTUDE 3.6.1. La variable
dépendante
La variable dépendante de notre étude est la M
PE.
3.6.2. Les variables indépendantes
Les variables indépendantes de notre étude sont
les facteurs de risque que nous avons déjà définis. Les
variables que nous avons identifiées à partir de ces facteurs ont
été classées en deux groupes : les variables quantitatives
et les variables qualitatives. Les deux tableaux suivants présententces
variables avec leurs différentes modalités.
Tableau III . Les variables
indépendantes quantitatives de l'étude
Variables
|
Modalités
|
Age de l'enfant en mois
|
<6 ;6-23 ;24 -59
|
Nombre d'enfants de moins de 5 ans
|
1,2,3et plus
|
Intervalle inter génésique (en mois)
|
<24, 24-36, >=36
|
Age de la mère (en années)
|
<15, 15-35, 35et +
|
Poids de naissance de l'enfant
|
< 2500g ;>= 2500g
|
Parité de la mère (nombre
|
1, 2,3, 4,6, 7 et plus
|
d'accouchements)
Tableau IV. Les variables
indépendantes qualitatives de l'étude
Variables Modalités
OEdèmes (membres inférieurs Oui, Non
gardant le godet)
Sexe de l'enfant Masculin ; Féminin
Etat vaccinal de l'enfant Complètement vacciné
;à jour;non
complètement vacciné ; non à jour
Infection au cours des 15 derniers Oui, Non
jours
Diarrhée au cours des 15 derniers Oui, Non
jours
Niveau d'instruction de la mère Non
alphabétisé ;Alphabétisation en
langue nationale ou <CE2 ;
CE2 - CM 2 ;Secondaire et supérieur
Suivi de la CNS Régulier, Irrégulier
Niveau socio-économique du Faible, Intermédiaire,
Élevé
ménage
Aliments de sevrage Non variés, Assezvariés
Planification de la luie contre la MPE
Satisfaisante, Non satisfaisante
Conduite de la CNS Satisfaisante, Non satisfaisante
Guide de préparation de bouillies Disponible, Non
disponible
enrichies locales
Rang de l'enfant dans la fratrie 1er ,2e-3e,
4e - 5e, 6e et plus
3.7. MÉTHODES, TECHNIQUES ET INSTRUMENTS DE
COLLECTE DES DONNÉES
3.7.1. Méthode
La méthode utilisée pour notre étude
étaitl'enquête.
3.7.2. Techniques de collecte des
données
- Pour les enfants, la technique utilisée
étaitl'observation directe. - Pour les mères, c'est l'entretien
individuelqui a été utilisée.
- Avec les agents de santé, nous avons utilisé
l'observation directe.
Pour les plans d'action, nous avons utilisé l'analyse
documentaire.
3.7.3. Outils et instruments de collecte des
données
Chez les enfants, comme outil de collecte des données,
nous avons utilisé une grille d'observation.
Par ailleurs, nous avons utilisé trois balances
suspendues de type Salter, de capacité maximale 25 kg et de
précision 100 mg pour mesurer le poids. La taille a été
mesurée par trois des toises remises aux CSPS en 2003 par le PAM.Ces
toises ont chacune une longueurmaximale de 130 centimètres (cm) et les
mesures ont été effectuées au centimètre (cm )
près.
En ce qui concerne les mères, un guide d'entretien
individuelstructuré a été utilisé.
Pour l'enquête auprès des agents de santé,
nous avons utilisé une grille d'observation. Pour l'appréciation
des plans d'action, nous avons utilisé un guide d'analyse
documentaire.
Au total, nous avons rempli quatre outils de collecte de
données.
3.8. CRITÈRES D'APPRÉCIATION ET
PROCÉDURES DE MESURE DES VARIABLES
3.8.1. Le niveau socio-économique
Cette classification a été inspirée de la
classification réalisée par W ILLEM S M ., MASUY-STROOBART G .,
TONG LET R. et SANGLIG .[29] en 2003 lors de l'étude
La santé des enfants de moins de 5 ans et les recours
thérapeutiques dans un district sanitaire urbain de Ouagadougou.
Nous l'avons adaptée au milieu rural en remplaçant certains
éléments comme l'électricité et le
réfrigérateur par des éléments qu'on peut trouver
en campagne comme les moyens de déplacement et de communication.
La classification de la profession a été
inspirée de celle réalisée par l'INSD lors de l'Etude
spécifique surPauvreté et santé au Burkina-faso en
2002 [11]. Le tableau suivant décrit les
différents éléments avec les cotations.
Tableau V. Critères de
classification du niveau socio-économique des ménages
Éléments d'appréciation
Présence/Qualité Cotation
Habitat Maison en dur 3
Maison en banco tôlée 2
Maison en banco non tôlée 1
Maison en paille 0
Equipem ents domestiques Téléviseur 3
Téléphone 2
Radio 1
Aucun 0
Voiture 3
Moto 2
Moyens de déplacement
Vélo 1
Aucun 0
Niveau d'instruction du chef de ménage
Secondaire ou supérieure 3
CE2 au CM2 2
Inférieur au CE2 ou alphabétisation en 1
langue nationale
Non alphabétisé 0
Profession du chef de ménage
Profession type 1 3
Profession type 2 2
Profession type 3 1
Profession type 4 0
Définition des types d'emplois:
- Profession type1 : salaré avec sécurité
sociale, commerçant fournisseur d'autres commerçants, agriculteur
possédant un tracteur, grand éleveur (possédant plus de 4
boeufs, plus de neuf moutons et plus de neuf chèvres).
- Profession type 2 : salaré sans sécurité
sociale, agriculteur possédant une charrue.
- Profession type 3 : agriculteur avec petit commerce et sans
charrue, petit éleveur.
- Profession type 4 : agriculteur sans charrue et sans commerce,
berger, ménagère.
Classification du niveau socio-économique
:
- Score inférieur à 4 points : niveau
socio-économique faible ;
- 4 à moins de 12 points : niveau socio-économique
intermédiaire ; - 12 points et plus : niveau socio-économique
élevé.
3.8.2. Suivi de la consultation des nourrissons
sains
Nous avons utilisé la périodicité
recommandée dans le carnet SM I: - moins dùn an :une fois par
mois;
- un à deux ans :une fois tous les deux mois;
- deux à trois ans : une fois par trimestre ;
- trois à cinq ans :une fois par semestre.
3.8.3. Conduite de la consultation des nourrissons
sains
Le tableau suivant décrit les critères que nous
avons utilisés pour apprécier la C N S réalisée par
is agents de santé.
Tableau VI. Critères
d'appréciation de la conduite de la CNS
Éléments d'appréciation
|
Oui
|
Non
|
Balance tarée au début de la séance
|
1
|
0
|
L'enfant est pesé nu ou très
légèrement vêtu
|
1
|
0
|
Lecture adéquate du poids (mesureur face à la
balance ; pour les balances Salter les yeux à la hauteur du cadrant)
|
1
|
0
|
Détermination de l'indice nutritionnel
|
1
|
0
|
La courbe poids/âge est immédiatement mise à
jour
|
1
|
0
|
L'agent recherche uneéventuelle anémie
|
1
|
0
|
L'agent recherche d'éventuels oedèmes
|
1
|
0
|
L'agent interroge la mère sur l'alimentation de l'enfant,
encourage l'AM E pour les enfants de moins de six mois
|
1
|
0
|
L'agent explique l'état nutritionnel de l'enfant à
sa mère
|
1
|
0
|
L'agent explique la CAT à la mère
|
1
|
0
|
Si le score est supérieur ou égal à 8 (le
troisième quartile de la distribution des points possibles), nous
considérons comme satisfaisante la conduite de la C N S , sinon elle
estdite non satisfaisante.
3.8.4. Planification de la lutte contre la MPE dans les
CSPS
Le tableau suivant décrit les éléments que
nous avons définis pour apprécier la planification de la lutte
contre la M PE au niveau des CSPS.
Tableau VII. Critères
d'appréciation de la planification de la lutte contre la M PE au niveau
des CSPS.
Éléments d'appréciation
|
Oui
|
Non
|
Lplan d'action 2007 existe
|
1
|
0
|
Le plan a été élaboré et
adopté avec la participation de la communauté
|
1
|
0
|
Il existe des objectifs spécifiques concernantla M PE
|
1
|
0
|
Prévision de la C N S en stratégie avancée
et de façon régulière
|
1
|
0
|
Prévisions de VAD aux enfants m alnutris ou à
risque
|
1
|
0
|
Prévision des commandes des fiches infantiles et des
carnets SM I
|
1
|
0
|
Les carnets SM I et les fiches infantiles sont disponibles et
gratuits
|
1
|
0
|
Prévision de démonstrations culinaires aux
mères des m alnutris modérés et des enfants à
risque
|
1
|
0
|
Existence d'un planning mensuel des activités de lutte
contre la MPE (CNS en stratégie avancée, démonstrations
culinaires, VAD, ...)
|
1
|
0
|
Existence d'un guide de préparation de bouillies
enrichies à base de denrées localement
disponibles
|
1
|
0
|
Si le score était supérieur ou égal à
8, la planification estconsidérée comme satisfaisante, sinon elle
est non satisfaisante.
3.8.6. Classification de la MPE
- Score Z supérieur àmoins deux :pas de
malnutrition.
- Score Z compris entre moins deux et moins trois :malnutrition
modérée.
- Score Z inférieur ou égal à moins trois ou
présence d'oedèm es : malnutrition sévère.
3.8.7. Critères d'appréciation de la
qualité des aliments de sevrage des nourrissons
- l'ensemble des repas des 24 dernières heures, hors
mis le lait maternel, contenait les trois types d'aliments : alimentation assez
variée.
- l'ensemble des repas des 24 dernières heures, hors
mis le lait maternel, ne contenait pas les trois types d'aliments :
alimentation non variée.
Les trois types d'aliments : cette
classification est inspirée du livre La lutte contre la
malnutrition (1984) deBROWN J.et R.[30].
- Les aliments énergétiques : les
céréales (riz, maïs, sorgho, petit m il, bi), les tubercules
(pommes de terre, igname, patate douce, taro), les huiles et graisses.
- Les aliments constructeurs : les légumineuses
(haricot vert, niébé, arachide, soja), les produits animaux
(viande, lait, insectes, poissons, oeufs),
- Les aliments protecteurs :les légumes (feuilles,
tomates, aubergines, courges, carottes), les fruits (mangue, goyave, citron,
orange, mandarine).
3.8.8. Détermination de l'âge, du poids et
de la taille 3.8.8.1. L'âge
Age des mères: pour
déterminer l'âge des mères, nous nous sommes
contentés de leurs souvenirs.
Age des enfants: nous avons
utilisé les certificats de naissance et les carnets SM I pour
déterminer l'âge en mois de chaque enfant. En cas d'absence du
bulletin de naissance ou du carnet SM I, nous avons adopté la
méthode exposée par BROW N J. et R. dans leur livre La lutte
contre la malnutrition (1984) [30], qui donne l'âge
approximatif en fonction des caractéristiques de l'enfant et du
calendrier agricole locale.
Détermination de l'âge approximatif d'un enfant:
- n'a pas de dents, ne s'asseoit pas seul :0 à 5 mois;
- a une à six dents, peut s'asseoir seul, ne marche pas
seul :6 à 11 mois;
- a 6 à 18 dents, peut marcher, parle peu :12 à 23
mois;
- a 18 à 20 dents, marche bien, commence à bien
parler :24 à 35
mois;
- marche, court et parle bien, n'a pas encore perdu de dent :36
à 59 mois.
Quand nous avions trouvé la période
approximative de la naissance, la mère nous aidaità mieux la
préciser en se rappelant les activités agricoles pendant le mois
de la naissance de l'enfant.
3.8.8.2. Le Poids
Il a été mesuré à l'aide de
balances Salter M odel 235-6S dont la précision est de 100 grammes. Nous
avons utilisé la procédure décrite par COGiL B.[3]
dans son livre Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques (2003).
Afin d'éviter des biais de mesure, nous avons
vérifié la validité des balances utilisées. Pour ce
faire, nous avons choisi quatre des meilleures balances dont disposait le
personnel du CMA et des CSPS et nous avons procédé à leur
vérification. A défaut de poids marqués, nous avons pris
comme référence la balance de l'unité pédiatrique
du CMA. Chacun des sept enfants de moins de cinq ans qui se trouvaient au CREN
a été pesé tour à tour avec chacune des quatre
balances. Ensuite, nous avons calculé les poids moyens des sept enfants
fournis par chacune des balances et nous avons vérifié que ces
moyennes n'étaient pas significativement différentes à
l'aide de l'analyse de variance au seuil de signification de 5% . Les mesures
et les détails du test se trouvent en annexe. La procédure de
mesure du poids est présentée par la figure suivante.
Figure 3. Pesée d'un enfant en utilisant la
balance Salter suspendue.
Source: COGILL B. Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques, Mars 2003 [3].
3.8.8.3. La taille
Nous avons utilisé les toises fournies aux formations
sanitaires par le Programme Alimentaire Mondial (PAM ) pour mesurer la taille.
Elle a été prise au centimètre près. Nous avons
suivila méthode décrite par COGiL B.dans son livre Guide de
mesure des indicateurs anthropométriques (2003) [3]
pour effectuer les mesures.
Mesure de la longueurdes enfants de moins de 24 mois : nous avons
procédé comme l'indique la figure suivante.
Figure 4. Mesure de la
longueur de l'enfant - longueur pour les nourrissons et les enfants de 0
à 24 mois.
Source: COGILL B. Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques, Mars 2003 [3].
Pour les enfants de 24 à 59 mois, la procédure est
indiquée par la figure suivante:
Figure 5. Mesure de la
taille de l'enfant - taille pour les enfants de 24 mois et plus.
Source: COGILL B. Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques, Mars 2003 [3].
3.9. DÉROULEMENT DE L'ÉTUDE
Après le tirage aléatoire des villages où
devait se déroulée l'enquête concernant les enfants et
leurs parents, nous avons procédé à la formation de deux
enquêteurs (un AIS et un IB) pour nous aider à collecter les
données.
Le pré test des outils a eu lieu le 18 Août 2007
dans l'aire sanitaire du CSPS de Zogoré, dans le DS de O uahigouya. Ce
pré test a permis aux enquêteurs d'utiliser les outils en
situation réelle et de lever les dernières difficultés
qu'ils avaient après la formation. Il a également permis de
procéder aux dernières corrections de ces outils du 19 au 20
Août2007.
L'enquête proprement dite s'est déroulée
du 21 au 29 Août 2007. Nous avons assuré la supervision des
enquêteurs toute la journée du 21 Août 2007. Pendant la
collecte des données, la vérification du remplissage des outils
se faisait chaque soiraprès s sorties.
3.10. DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
Compte tenu de la période de l'étude, nous avons
eu de sérieuses difficultés pour accéder à certains
villages à cause des bas-fonds et des rivières qui rendaient les
pistes difficilement praticables.
De plus, les parents des enfants étant occupés par
s travaux, nous avons dû travailler très tôt les matins et
tard les soirs.
3.11. LIMITES DE L'ÉTUDE
Dans le souci de garder la taille de l'échantillon des
enfants dans des proportions qui soient supportables par nos ressources
très limitées, nous avons opté pour une précision
de 7%. Cette précision relativement faible peut conduire à des
résultats différents de ceux que l'on pourrait obtenir avec une
précision de 1% par exemple.
Par ailleurs, nous avons décidé de mener une
étude de type transversal. Les données ont été
récoltées en un temps très bref de l'année (une
dizaine de jours). De plus, l'enquête a été menée en
Août, une période de disette et de travaux champêtres
harassants et préoccupants. Cela pourrait influencer la
prévalence de la malnutrition quand on sait que la disponibilité
alimentaire est habituellement très faible dans notre pays en ces
moments. Dans ces conditions, is résultats sur la fréquence de la
M PE ne reflètent probablement que la situation de cette période
de l'année.
Il faut noter aussi que nous avons recherché des
facteurs associés à la M PE de façon globale, sans
distinction entre les différentes formes. De plus, ces facteurs
représentent seulement des indications sur certaines des causes
probables de la M PE , c'est-à-dire des hypothèses
sérieuses pour des études analytiques ultérieures plus
fines. En effet, notre étude étant de type transversal, ne
prétend, en aucun cas, mettre en évidence des relations de
causalité.
Enfin, il faut reconnaître que notre travail n'a pas pu
prendre en compte tous les facteurs qui semblent associés à la M
PE (entre autres : l'hygiène, la prise en charge des cas dans les CREN).
Nous espérons que des études plus fines et plus exhaustives
pourront bientôt prendre en compte tous ces aspects dans le DS de
Tougan.
3.12. CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES
Notre étude n'a débuté que lorsque toutes
les formalités administratives ont été remplies, en
l'occurrence, l'autorisation d'enquête délivrée par is
autorités sanitaires du DS de Tougan.
Le consentement éclairé des enquêtés
était un préalable à toute récolte d'informations
par nos équipes d'enquêteurs.
En outre, l'étude a été menée dans un
strict respect des populations et de leurs valeurs culturelles.
Par ailleurs, l'anonymat des personnes enquêtées
a été garanti parl'utilisation de codes qui permettaient de
relier les enfants à leur mère et les personnes
enquêtées à leur aire sanitaire pour les besoins de
l'analyse. La restriction de l'accès à la base des données
de l'enquête au directeur et au conseiller de mémoire a permis
d'assurer leur confidentialité.
3.13. TRAITEMENT ET ANALYSE DES
DONNÉES
La saisie et l'analyse des données ontété
faites avec le logiciel E pi info 3.2.2. Les textes ont été
saisis avec W o rd 2003. Quant aux graphiques, ils ont été
réalisés à l'aide de Excel 2003.
Nous avons utilisé le test du Khi deux pour examiner
les différents liens. Dans les situations où les conditions
d'effectifs n'étaient pas remplies, nous avons utilisé le test de
Fisher exact. Dans tous les cas, le niveau de signification retenu
étaitde 5%.
Pour apprécier la force des associations, nous avons
calculé les rapports de prévalence (RP) avec leur intervalle de
confiance à 95%.
Les intervalles de confiance des prévalences ont
également été calculés avec un niveau de confiance
de 95%.
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