Dans la plupart des pays du monde, les
gouvernements1 s'efforcent d'assurer une meilleure qualité de
vie à leurs citoyens, pour maintenant et les générations
futures. Ils veillent surtout à la santé de l'environnement
naturel dont dépend les collectivités locales, soit l'air, l'eau,
le sol et les écosystèmes. Ils doivent également assurer
l'accès à la santé publique, à l'éducation
et aux services sociaux, de même que faire profiter à un plus
vaste segment de la population des avantages de la prospérité
économique.
Pas une semaine, voire une journée, sans qu'il ne soit
question de l'environnement, que ce soit dans les milieux politiques et
d'affaires ou dans les médias. Cette préoccupation fait surtout
écho aux besoins de régulation exprimés par la
société, notamment face aux impacts de l'activité
quotidienne des entreprises sur l'environnement physique. Les pressions des
riverains et des organismes de défense pour la protection et pour la
préservation de l'environnement sont de plus en plus fortes sur les
organisations afin qu'elles ajustent leurs décisions stratégiques
en fonction non seulement d'une rationalité économique mais
également, d'une réalité sociale (Cadieux, 1993). Ces
actions doivent impliquer l'intégration et le traitement
simultanés des dimensions économique, écologique et
sociale dans les grandes décisions stratégiques (AFNOR SD 21000,
2003). Dans une publication récente, il est rapporté qu'une
entreprise qui se dote d'une politique environnementale et de
développement durable, provoque alors un effet d'entraînement dans
toutes ses industries et chez tous ses fournisseurs, lesquels, pour rester
concurrentiels, se voient à leur tour obligés de modifier
également leurs méthodologies de gestion (Crévier, 2006).
Cette politique doit cependant s'appliquer dans toutes les sphères
d'activités de l'entreprise, que ce soit aux plans des politiques
d'approvisionnement, de gestion des opérations ou de gestion de projet
voire dans les appels d'offres.
1 Le gouvernement de Québec a adopté (2006)
à l'unanimité une loi sur le développement durable (Loi no
118). L'objectif poursuivi par cette loi, est
d'intégrer un plan de recherche axé sur le développement
durable dans les politiques, les programmes et les actions de
l'Administration.
Depuis ces dernières années, les entreprises,
telle que Hydro-Québec, Alcan ou Purolator, prennent des mesures
volontaires de modification de leurs méthodologies de gestion en
élaborant des politiques de gestion environnementale, et en
présentant dans leurs rapports annuels des engagements pris en
matière de développement durable.2 Dans peu de temps,
il y a fort à parier que les paramètres d'orientation
stratégique des entreprises vont profondément être
modifiés, notamment pour celles qui oeuvrent dans les secteurs des
ressources naturelles, de l'énergie, de la fabrication et des
transports. Le contexte des projets a cependant changé et devient plus
exigeant, comparativement il y a deux décennies (Cadieux, 2005).
Aujourd'hui, le développement de nouvelles techniques et d'outils
adaptés de gestion est donc primordial pour assurer la réussite
des projets. Ce sont ces raisons qui nous portent à élaborer ce
travail de recherche. L'élaboration de celui-ci s'inscrit formellement
comme exigence partielle du programme de maîtrise en gestion de projet
à l'Université du Québec. Il s'agit donc de former
davantage de professionnels de gestion de projet qui désirent s'orienter
vers une carrière de consultants ou de chercheurs. Ce profil de
recherche permettrait à l'étudiant de mettre en évidence
des habiletés managériales et des connaissances acquises ou
d'identifier aisément une situation problématique, etc. afin de
dégager des pistes d'amélioration pour la conduite des projets,
en termes de solutions durables.
À la lecture d'ouvrages généraux dans la
littérature scientifique, cette étude se situe dans les grands
courants de pensée entourant la problématique du
développement durable dans un contexte global de gestion à long
terme (Faucheux et O'Connor, 2000). Plus spécifiquement, elle nous
amène donc à s'interroger sur les approches de gestion à
adopter pour la conduite des projets d'aujourd'hui. Cette étude
s'interrogera également sur la manière d'intégrer les
intérêts de la nature dans un plan global de gestion. L'objectif
est de développer une approche intégrée de gestion des
questions d'environnement et du
2 La notion de développement durable a
été officiellement définie dans le rapport Brundtland
publié en 1987 par la Commission Mondiale sur l'Environnement et le
Développement. Il s'agit «un développement qui répond
aux besoins du présent sans comprommettre la capacité des
générations futures de répondres aux leurs» (CMED,
1987, p.51).
développement durable dans l'ensemble des
méthodologies de gestion de projet. Ses bases méthodologiques
devraient donc se placer au coeur de la démarche d'identification des
projets de développement.
Dans une étude réalisée sur l'importance
de la coopérative dans le développement des projets agricoles, il
a été rapporté que les structures coopératives
constituent les premières formes d'entreprises durables (Bolivar, 2002,
pp 33-48). En d'autres termes, les structures coopératives
conviendraient mieux aux intérêts économiques, sociaux et
culturels des membres adhérents (participants ou sociétaires,
etc.) et des communautés locales. Une réflexion en gestion de
projet visant l'intégration des objectifs du développement
durable pourrait corroborer le mouvement coopératif. Dans une
coopérative, les règles de gestion se fondent sur le principe de
la coopération qui est une forme de démocratie participative
(ACI, 1995). Cette nouvelle réflexion importe de prendre en
considération les intérêts des citoyens, de participer
à l'accompagnement des communautés locales dans leurs
revendications et dans leurs démarches, tout au long du cycle de vie des
projets selon une base volontaire.
Ce travail de recherche est divisé en sept (7)
chapitres. Le premier chapitre se consacre à la présentation du
contexte de l'étude et à la problématique de recherche.
Dans ce chapitre, le sujet de recherche est alors posé et amené,
suivi de la présentation du problème et de la question
spécifique de recherche. Dans le deuxième chapitre, nous
présentons le cheminement méthodologique adopté pour
conduire cette étude. Dans ce chapitre, nous définissons le type
de recherche, les stratégies et méthodes de collecte des
données qui sont utilisées pour l'enquête de terrain. Nous
terminons ce chapitre par le développement des procédés de
traitement et d'analyse des données qui ont été
recueillies sur le terrain.
Dans les chapitres trois (3) et quatre (4), nous traitons des
principaux aspects de la problématique des questions d'environnement et
du développement durable au sein des entreprises. Nous présentons
un bref rappel sur la gestion de projet tant au Québec qu'ailleurs dans
le reste du Canada. Nous décrivons ensuite les nouvelles formes
d'organisation, ainsi les nouvelles approches à la conception des
processus en gestion de
projet. Nous présentons le cadre réglementaire
et institutionnel canadien de l'environnement d'un projet.
Dans les chapitres cinq (5) et six (6), nous proposons une
approche de gestion de projets basée sur l'analyse de l'outil «
cadre logique ». D'abord, nous définissons les principaux
rôles exercés par un gestionnaire de projet ainsi que plusieurs
concepts et outils à la base de cette approche. Pour illustrer de
manière pratique le fonctionnement de cette approche conceptuelle, nous
comparons celle-ci avec les résultats d'une étude de terrain
porté sur un exemple de projet hydroélectrique implanté
dans la région de Baie-James par une filiale d'Hydro-Québec. Ces
deux chapitres seront bouclés par une analyse sommaire qui porte sur les
éléments de gestion de l'entreprise en termes d'objectifs de
développement durable.
Finalement, dans le chapitre sept (7), nous présentons
les limites de cette étude et une conclusion qui porte sur
l'opérationnalisation de notre approche de gestion, ainsi que sur la
validation de notre proposition de recherche. Ce dernier chapitre sera
bouclé par le développement de quelques pistes pour de recherches
futures.