I. DOSAGE DES METAUX DANS LES MOULES :
Le dosage des métaux toxiques et plus
particulièrement celui d'Al, Cd, Cr, Cu et Pb a été
réalisé sur une période de six mois courent mai à
octobre 2004, sur des moules séchées prélevées au
hasard dans deux sites. JL (site potentiellement pollué par les rejets
chimiques des traitements de minerais de phosphate) situé à 120
km au sud de Casablanca et OL (site agricole et touristique situé
à 45 km au sud du site JL). Les résultats obtenus (figure 12)
montrent des teneurs en Al, Cd Cr et Cu chez M. galloprovincialis
nettement plus élevées, par rapport à celles obtenues dans
la littérature, quelque soit la période et le site de
prélèvement. Par ailleurs ces teneurs sont plus
élevées dans le site JL par rapport au site OL à
l'exception de l'Al et du Cu.
L'étude de l'évolution temporelle de la
concentration en Cadmium chez M. galloprovincialis est
représentée sur la figure 12A. Le dosage du Cd dans les moules
séchées issues du site JL montre des teneurs qui varient de 75
à 118,7 .ig/g de poudre de moules, correspondant aux mois de mai et de
septembre respectivement. Quant aux moules du site OL, les teneurs en Cd sont
de 6 à 26 .ig/g de poudre de moules, prélevées au cours
des mois août et mai respectivement. Ces teneurs sont significativement
très faibles par rapport à celles trouvées dans les moules
JL, montrant ainsi une forte contamination des moules JL par rapport aux moules
OL (4 à 12 fois plus forte). Les normes du règlement
européen (CE) n° 266/2001, précisent que le seuil de
qualité sanitaire réglementaire en Cd est fixé à 5
.ig/g du poids sec de mollusques. Ainsi nos dosages montrent une concentration
21 fois supérieurs dans le cas des moules JL et deux fois
supérieurs chez celles de OL.
Les concentrations en Aluminium dans la poudre de moules
issues des deux sites JL et OL (figure 12B) sont très
élevées. Elles augmentent du moi de mai à octobre, en
passants de 197 à 417,2 .ig/g de poudre de moules issues du site JL.
Alors que pour le site OL, une fluctuation mensuelle a été
observée avec deux pics de forte concentration en Al, le premier en mai
et le deuxième en août avec des taux de 115 et 317 .ig/g des
moules séchées respectivement. Les teneurs en Al sont très
élevées dans le site JL et dans le site OL, bien que ce dernier
est loin de toute sorte de pollutions industrielles. Ces teneurs
élevées pourraient avoir une origine aussi bien naturelle
qu'anthropique. Cependant, seul le dosage de ce métal dans des zones
continentales, proche de nos sites, pourrait le confirmer.
B (Al)
A (Cd)*
C (Cr) *
D (Pb)*
E (Cu)
Figure 12 : Teneurs en métaux toxiques dans les
moules séchées issues des sites JL et OL. Cd (A), Al (B), Cr (C),
Cu (D), Pb (E)
Les histogrammes représentent les teneurs mensuelles en
métaux toxiques dans la poudre des moules, n = 1
*Supériorité significative des teneurs en métaux obtenues
dans le site JL par à OL pour P < 0,05
Le dosage du Chrome dans la poudre de moules issue des site JL
et OL (figure 12C), a montré que les taux de contaminations des moules
est significativement plus importants dans le site JL que dans le site OL (2
à 5 fois plus supérieur). En effet, durant toute la
période d'étude la concentration en Cr dans les moules OL est
relativement stable autour d'une moyenne de 4,8 #177; 0,9 .ig/g de poudre de
moules. Dans le site JL une variation mensuelle a été
observée avec des teneurs en Cr qui varient entre 7,5 et 23,7 .ig/g de
poudre de moules prélevées aux mois juillet et août
respectivement. Les concentrations en Cr dans les moules OL sont
inférieurs a celles trouvées au cours de la période allant
d'août 2001 à février 2002 par Moustaid et al.,
(2005), elles restes également inférieurs a celles trouvés
par Maanan, (2008) (tableau II), par contre les teneurs trouvés dans
moules JL sont pratiquement similaires a celles trouvés auparavant par
Moustaid et al., (2005).
Les teneurs en Plomb dans les moules issues de JL et OL
prélevées à différentes période sont
représentées sur la figure 12D. Le Pb est sous forme de trace,
les taux mesurés en ce métal ne dépassent pas 0.12 et 014
.ig/g de poids secs des moules OL et JL respectivement. Ces teneurs en Pb
restent très faibles par rapport à celles obtenues dans les
moules issues des mêmes sites (OL et JL), prélevées au
cours de la période allant d'août 2001 à février
2002 (Moustaid et al., 2005). Elles sont également
inférieurs au seuil de qualité sanitaire réglementaire qui
est de 7,5 .ig/g poids sec des mollusques, du règlement européen
CE 266/2001.
Les taux en Cuivre (figure 12E) sont très
élevés dans la poudre des moules issues des deux sites JL et OL.
Ils vont de 168 à 583 .ig/g de poudre de moules issues du site OL
correspondant aux mois d'août et de septembre respectivement. Pour le
site JL ils varient entre 260 et 689 .ig/g de poudre de moules et pour les mois
juin et juillet respectivement. Ces teneurs sont très
élevées par rapport a celles mesurées chez les moules
issues des côtes de la ville El Jadida (tableau II), obtenues notamment
par Chafik et al., (2001) et par Maanan, (2008).
Les teneurs en métaux trouvées dans les moules
issues des deux site OL et JL, notamment celles du Al, Cd, Cu et Cr sont
très élevées par rapport à celles
déjà obtenues auparavant dans des moules issues des mêmes
sites par Kaimoussi et al., (2001) et par Chafik et al.,
(2001). Elles sont très élevées aussi par rapport à
celles obtenues au cours de la période août 2004 à mai 2005
par Maanan, (2008), (tableau II). Cette différence de concentrations
pourrait s'expliquer, par la procédure de minéralisation
utilisée en particulier par Chafik et al., (2001), qui ne
détruit pas complètement les matières organiques et qui
sous-estime donc largement
les concentrations en métaux. Contrairement à la
technique de minéralisation utilisée par ces auteurs qui donne
une suspension, notre méthode de minéralisation dans un four
à micro ondes permet d'obtenir une solution limpide qu'on analyse sans
filtration.
Les teneurs en Al, Cd, Cu et Cr sont très
élevés dans les moules issues du site JL que dans celles issues
du site OL et dépassent les normes décrites dans la
littérature, elles sont très élevées a celles
trouvées au nord de la cote atlantique de l'Espagne par Besada et
al., (2002) (tableau II). Cependant les variations mensuelles des teneurs
en métaux toxiques pourraient s'expliquer soit par le rythme des
activités industrielles et les apports d'eau de pluie qui peuvent mettre
en suspension les sédiments contenant des ions métalliques
toxiques. En outre, le processus de bioaccumulation des éléments
métalliques chez les moules est lié à des facteurs
biotiques (cycle biologique, age, nutritions...) ainsi qu'aux conditions
physicochimiques de leurs milieu aquatique, peuvent influencer
considérablement la variation des taux des métaux (Buestel, 1997
; Saha et al., 2006). Cette contamination des moules par les
métaux toxiques confirme la pollution du site JL principalement par les
rejets du traitement des minerais de phosphate du complexe Jorf Lasfar
Phosphore, les rejets de la centrale thermique qui utilise le charbon comme
source d'énergie, le port Jorf Lasfar et sans oublier les rejets
urbaines de la ville d'El Jadida. Ces rejets industriels et urbains sont
souvent drainés plus loin par le courant Nord-Sud, en contaminant
d'autres eaux côtières. Le site OL situé à 45 km au
sud de JL se trouve ainsi contaminé par les charges polluantes du site
JL.
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