Etude socio-anthropologique de la contribution des institutions sociales à l'allongement de la vie: l'exemple de l'ebeb chez les Adjoukrou( Télécharger le fichier original )par Fato Patrice KACOU Université de Cocody-Abidjan (Côte d'Ivoire) - Diplôme d'Etude Approfondie (DEA) 2005 |
I.3.5- La catégorisation sociale de la vieillesseVincent Caradec met en exergue l'importance de la problématique du vieillissement et de la vieillesse et énumère les concepts que génère ce champ disciplinaire. Il parle notamment des concepts de troisième âge, de personnes âgées dépendantes, de seniors et de pre-retraités. Il établit deux typologies: d'une part celle des retraités actifs qui renvoie à une négation de la vieillesse, et d'autre part celle de la vieillesse dépendante qui commande de lourds problèmes de prise en charge. Il précise que chaque typologie est accompagnée de représentation sociale et chaque société décide de ce qu'est la vieillesse. Toutefois, le concept de retraités actifs, qui implique une prise en charge sociale ou une assurance sociale, ne prend pas en compte une partie non négligeable du nombre de personnes âgées dans le tiers monde. En effet, l'économie est prédominée par les activités culturales et le secteur informel ; ce qui ne permet pas aux concernés de cotiser auprès d'une institution de prévoyance sociale. C'est pourquoi nous considérons les concepts de vieillissement actif et de vieillissement inactif, utilisés par les institutions internationales, plus englobant. Dans la même veine, Kouakou N'Guessan((*)30) distingue deux strates de façon générale dans les sociétés traditionnelles africaines. La strate des aînés et celle des cadets. Les aînés sont des individus qui ont une position supérieure dans la communauté. Ils détiennent le pouvoir politique, spirituel, économique et le capital culturel. A l'inverse, les cadets ont une position inférieure. Ils doivent le respect et l'obéissance aux aînés. C'est sans doute, selon l'auteur, le souci permanent de la régulation sociale qui amène les sociétés lagunaires((*)31) de la Côte d'Ivoire à se structurer en classe d'âge. Chaque classe d'âge a sa caractéristique et son rôle qui doivent contribuer au développement de la communauté. Cependant, il note que cette organisation sociale n'exclut pas les conflits entre les aînés et les cadets. Les mécanismes internes permettent leur règlement et l'on observe le plus souvent une «complémentarité institutionnelle» entre les deux classes. L'auteur continue pour dire que la modernité qui s'est opérée par la colonisation (l'occidentalisation) a introduit des « paramètres nouveaux » telles: l'école nouvelle, l'économie de marché et l'urbanisation qui ont extraverti l'organisation sociale de ces peuples. L'école nouvelle a arraché les cadets à la tutelle des anciens. Les aînés sociaux sont devenus des analphabètes; à l'inverse, les jeunes devenus `'savants'', instruisent à leur tour les aînés. Au plan économique, les cadets ont accès à des activités génératrices de revenus. Ce qui leur donne de concurrencer les aînés qui sont affaiblis physiquement et donc moins actifs. Au niveau de l'urbanisation, les jeunes quittent de plus en plus les villages pour les villes qui sont pour eux le symbole de réussite et de gloire. Ce que l'auteur appelle: « le vernis civilisateur de la ville ». Toutes ces réflexions sur la longévité, nous dira Jacques Attali, ont été les préoccupations premières dès la genèse des sociétés. * (30) Kouakou N'Guessan, communication présentée lors du Colloque International sur : « Société, Développement et Vieillissement en Afrique : Comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de générations », du 22 au 25 Février 2005. * (31) Exemple de peuple lagunaire : Ebrié, Adioukrou, Attié, M'Batto, Alladian... |
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