Etude socio-anthropologique de la contribution des institutions sociales à l'allongement de la vie: l'exemple de l'ebeb chez les Adjoukrou( Télécharger le fichier original )par Fato Patrice KACOU Université de Cocody-Abidjan (Côte d'Ivoire) - Diplôme d'Etude Approfondie (DEA) 2005 |
I.3.4- L'impact social de la longévité
Dans son étude sur l'économie dans les sociétés traditionnelles, Claude Meillassoux montre l'importance des vieilles personnes. En effet, le patriarche appelé « goniwuozâ » dans la société traditionnelle gouro, détenait les pouvoirs politique et économique. Il recevait dans le grenier toutes les récoltes de la famille pour les redistribuer après. Il était le garant de la cohésion sociale et avait la responsabilité de pérenniser la famille à travers les mariages. Ses fonctions lui conféraient le respect et faisaient du vieillard un acteur social capital, le détenteur du patrimoine culturel du groupe. Cependant, la rencontre entre les cultures occidentale et africaine a avili ces valeurs. En effet, le passage de l'économie de subsistance à l'agriculture commerciale a introduit l'esprit de profit (l'esprit capitaliste) au sein de cette communauté. Dans cette nouvelle dynamique, on observe que la monnaie a modifié la nature des rapports entre les cadets et les aînés. Les cadets sont devenus autonomes vis-à-vis des aînés. D'où la perte du prestige des personnes âgées. Dans cette optique le bulletin medicus mundi((*)27) fait constater qu'il y a actuellement des conflits intergénérationnels qui entraînent la mise à l'écart des personnes âgées. Ce qui se justifie par la présence de 532 hospices en Afrique, 3466 en Amérique, 1456 en Asie et 7435 hospices en Europe((*)28), tous appartenant à l'Eglise Catholique. Il note que l'accroissement de la longévité en même temps qu'il souligne l'amélioration des conditions de vie et les progrès réalisés par la science, pose des problèmes auxquels sont confrontés les vieillards. Si en Occident les vieilles personnes sont internées dans les asiles, dans les sociétés asiatiques et africaines traditionnelles, elles sont respectées et considérées comme les dépositaires de la connaissance. Toutefois, l'auteur ne manque pas de dire que les effets de la modernité sont en train de compromettre ces valeurs traditionnelles. Poursuivant son analyse, il montre que le vieillissement de la population à des impacts négatifs sur la cohésion familiale, les relations entre les générations, l'économie, les conditions de vie, l'emploi, les services de santé et les régimes de retraite. C'est pourquoi, pour prévenir les crises sociales, il préconise des programmes de santé prenant en charge l'individu durant son cycle de vie et cela pour favoriser un vieillissement réussi. Le vieillissement réussi s'oppose au vieillissement pathologique qui signifie présence d'handicaps physiques et renvoie à la mort de ses enfants, de ses proches et à la dépendance financière. C'est la raison pour laquelle la recherche des facteurs de vieillissement normal pousse les sciences sociales à en faire un centre d'intérêt. Parmi ces chercheurs nous notons Vincent Caradec((*)29) qui établit une typologie de la vieillesse. * (27) Bulletin medicus mundi, Avril 2000 n°76. * (28) Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, Madrid du 8 au 12 avril 2002. * (29) Vincent Caradec, sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Nathan, Paris, 2001. |
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