Etude socio-anthropologique de la contribution des institutions sociales à l'allongement de la vie: l'exemple de l'ebeb chez les Adjoukrou( Télécharger le fichier original )par Fato Patrice KACOU Université de Cocody-Abidjan (Côte d'Ivoire) - Diplôme d'Etude Approfondie (DEA) 2005 |
I.3- REVUE DE LITTÉRATUREPour circonscrire notre thème de recherche, nous avons consulté des documents qui ont trait à l'organisation sociale des Adjoukrou et au phénomène de la longévité et du vieillissement. Cependant, il est indispensable de souligner à l'entrée que le peu d'intérêt des sciences sociales pour les problématiques relatives à ce phénomène fait que la documentation n'est pas abondante. Plus encore, notre situation de pays en voie de développement lèse les bibliothèques. Ainsi donc, à travers notre lecture, nous avons dégagé six thèmes centraux à savoir: 1- la conception biologique de la longévité, 2- les déterminants de la longévité, 3- la conception théologique de la longévité, 4- l'impact social de la longévité, 5- la catégorisation sociale de la vieillesse et 6- la quête transculturelle de la longévité. I.3.1- La conception biologique de la longévitéPour Renaud Ninon ((*)17), la question n'est plus de vivre vieux mais de réussir son vieillissement à travers l'observance d'une hygiène de vie qui se résume en une alimentation équilibrée, des exercices physiques et des exercices de mémorisation. La préservation du capital santé des personnes du troisième âge passe par la prévention des maladies liées à l'âge telles que les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, l'ostéoporose, les troubles sensoriels et la maladie d'Alzheimer. Aussi, répondant à la question de savoir pourquoi l'homme vieillit-il ? Il se fait l'écho de deux théories. La première affirme que le vieillissement est dû à l'action des mauvais gènes. Ce sont des gênes défectueux qui n'ont pas pu être éliminés et restent stockés dans l'organisme: c'est la sélection naturelle des gênes. La seconde théorie, celle des radicaux libres, compare l'organisme humain à une voiture. Elle pose que « le métabolisme userait l'organisme, comme un moteur de voiture s'abîme à force de brûler air et essence pour faire avancer le véhicule: lorsque notre organisme métabolise nos aliments, l'oxygène qu'il utilise se décompose en éléments toxiques. Ce sont les radicaux libres. Des enzymes les éliminent, mais pour partie seulement. Résultat, ces déchets toxiques hyper réactifs endommagent toutes les cellules de l'organisme. Le vieillissement suit son cours. Toutefois, les deux théories, les scientifiques remettent en cause l'existence de gène de vieillissement. Le vieillissement est plutôt à mettre au compte d'une accumulation de défauts génétiques à effets tardifs ». Il est suivi dans cette approche médicale du phénomène par Toutou Toussaint((*)18) dont le cours de gériatrie met en évidence dans un premier temps les signes cliniques du vieillissement. Il relate que pour la gériatrie le vieillissement a des effets sur les différentes fonctions de l'organisme qu'il s'agisse du système nerveux, des organes de sens, du système cardiovasculaire, du système respiratoire, du système digestif et du système urinaire. Toutes choses qui indiquent que l'organisme des vieilles personnes est fragile et est sensible au mal le plus minime. C'est pourquoi, il faut selon lui apprendre aux médecins des connaissances sur les effets du vieillissement afin de pouvoir assurer une prise en charge adéquate. C'est aussi l'endroit indiqué pour préciser ce qu'est la vieillesse. Selon les sciences médicales((*)19), le vieillissement n'est pas un état, mais un processus qui commence à la naissance. C'est une loi biologique contenue dans les gènes. Ainsi, l'être humain serait-il programmé pour vivre au maximum environ 120 ans. Certes ! Si avec l'âge certaines fonctions physiologiques se dégradent, il est possible grâce au progrès de la médecine de les corriger par des appareillages. Ce qui laisse entrevoir qu'il est possible pour les vieilles personnes de mener une vie normale à condition d'être suivi médicalement. Mais le paradoxe, c'est que malgré les progrès et les efforts de la science, de la technologie et de la médecine qui ont significativement contribué à améliorer les conditions de vie et par conséquent la longévité, l'on croit que le taux de mortalité est plus élevé actuellement en certains endroits qu'avant, notamment en Afrique subsaharienne. Ce qui signifie qu'au delà de l'aspect médical, il y a d'autres paramètres, les paramètres sociaux par exemple qui interviennent dans l'amélioration de la santé. C'est justement cette façon de voir qui a amené l'OMS à redéfinir la santé et la maladie en y intégrant la dimension sociale. Bien que ces auteurs traitent du problème de la longévité, ils le restreignent au seul champ disciplinaire médical. Faire appel aux sciences sociales conduira à s'imprégner des implications socioculturelles de la longévité; car chaque peuple selon son système culturel a sa représentation et sa définition de la vieillesse. Et les cultures en fonction de cette représentation rattachent à la vieillesse des normes, des conduites et des valeurs. Aussi, dans l'état actuel de nos connaissances il serait inconcevable de borner la longévité de l'être humain, puisque certains individus ont vécu au delà de 122 ans((*)20).Toutes choses qui affranchissent le phénomène de la longévité du seul champ disciplinaire des sciences naturelles. C'est la rupture que Wolber Pascal((*)21) opère dans son étude sur les centenaires ivoiriens. * (17) Renaud Ninon, « pour vivre longtemps, vivons sainement », in la vie, 17 juin 1999 n°2807, pp.54-59. * (18) Toussaint Toutou, idem. * (19) Yves Morin, Larousse Médical, Larousse, Paris, 2001, pp 1109 - 1112. * (20) Le record de longévité est détenu par la française Calment Jeanne : 122 ans. Confère Toutou Toussaint, cours de gériatrie, UFR des sciences médicales, université de Cocody-Abidjan- 2002-2003 * (21) Pascal Wolber, les centenaires en Côte d'Ivoire, thèse de médecine, faculté de médecine Université de Cocody-Abidjan, 1993-1994. |
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