Découvrir le rôle de la vierge Marie dans l'Incarnation et la Nativité du seigneur : Ex. Sp. (101-117 ; 121-126).( Télécharger le fichier original )par Antoine BASUNGA Nzinga. ITCJ - 2009 |
2.4. Colloque.
A la fin de la contemplation sur l'incarnation, Ignace propose à l'exercitant de faire un colloque aux trois personnes divines : « ou au Verbe éternel incarné, ou à la Mère et Notre Dame ». Le rôle de la Vierge est davantage souligné dans le triple colloque (Ex. Sp. 63). Marie est essentiellement la mère de toute réconciliation avec Dieu. Elle est celle en qui nous retrouvons le chemin de la volonté divine, chemin que les choses mondaines et vaines ont tenté d'obscurcir. Pour plusieurs commentateurs, la prière du triple colloque prend la place d'une profession de foi dans l'économie du salut. C'est Dieu qui s'est choisi Marie pour collaboratrice pour étendre sur nous sa coopération. La médiation de Marie n'est pas cependant un à côté à l'unique et définitive médiation du Christ. Comme intercesseur et « médiatrice », Marie « l'est en tant que liée au Fils et en dépendance de Lui ; et son intervention, bien que reliée à la sienne, ne peut pas se confondre avec elle, mais doit s'en détacher comme une étape première et préparatoire. C'est pour avoir par elle accès au Fils, seul et unique médiateur auprès du Père, qu'Ignace s'adresse à Marie ; mais parce qu'il sait l'union qui existe entre Notre Dame et « son Fils et Seigneur », le colloque qu'il lui adresse est habité déjà par la certitude de rejoindre le Fils et, par Lui, le Père.»8(*) Loin d'être une chaîne de médiations qui conditionneraient l'accès à Dieu, le triple colloque est au-delà des controverses9(*) théologiques un achèvement de l'icône de la Vierge par Ignace10(*). Dans son colloque, le priant confie aux trois personnes divines, notamment à la Vierge, son désir de « suivre et d'imiter davantage notre Seigneur, ainsi nouvellement incarné. Dire un Pater noster» (Ex. Sp. 109). Au-delà de toute vérité humaine, il sied tout de même de savoir, et cela vaut d'autant plus dans la culture africaine, que « Le recours à des êtres dont la parole est efficace suggère qu'il ne s'agit pas seulement de demander, mais d'obtenir et de prendre pour cela les moyens de chercher Dieu, mais de le trouver. »11(*) I.3. Les données bibliques et théologiques.« Selon ce qu'écrit saint Luc, au chapitre 1, 26-38 » cf. (Ex. Sp. 262), la contemplation sur l'incarnation trouve son fondement scripturaire dans le message biblique de l'annonciation où « le « oui » de Marie est l'élément grâce auquel le Logos est devenu homme. Là se rencontre d'une manière insurpassable l'action de Dieu et celle de l'homme. »12(*). Au premier contact avec le texte de Luc, l'on est frappé par l'initiative de Dieu qui vient à Marie et à travers elle, l'humanité toute entière. Il s'agit d'une initiative nourrie de tant de motifs comme nous l'avons souligné chez Saint Ignace. La rencontre avec Dieu est un fait bouleversant car à l'approche du plus grand, l'on est saisi d'effroi. Il en fut de même pour la Vierge Marie. Toutefois, Dieu le maître de la paix, en appelle au calme (vv. 29-30). C'est le message du salut de l'humanité qui s'en suit. Marie prend conscience de l'urgence du message. D'où sa question factuelle : « comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge je ne connais point d'homme ? » (v.34). Question à laquelle « l'ange répond d'une manière tout aussi factuelle : « l'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du très haut te couvrira de son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35). Rien de superflu dans ce langage, rien d'un langage amoureux qui retourne le coeur, mais la simple annonce faite à Marie, de la part de Dieu, de ce qui va s'accomplir en elle. »13(*) Marie entre ainsi dans le mystère d'amour de Dieu en prenant conscience de sa pureté initiale. Plus qu'un simple jeu d'humilité, il s'agit d'un acquiescement sincère au grand projet d'amour divin. Telle la signification théologique de sa réponse à Dieu : « je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe comme tu l'as dit ! » « Et l'ange la quitta » (v. 38). * 8 Simon Decloux, « Notre Dame dans la spiritualité Ignatienne ». In CIS n° 58-59 (1988) p. 116. * 9 Telle l'appellation « colloque trinitaire » chez Adrien Demoustier. Cf « Que notre Dame, figure de l'Eglise, soit mise en place du Saint-Esprit est conforme à la tradition théologique et liturgique. Elle est remplie de l'Esprit Saint. Cette équivalence structurelle répond encore à un besoin pédagogique. Dans la mesure où les exercices ignatiens invite en imaginant à donner figure aux personnes que l'on contemple ou que l'on prie,... » Cf. Adrien Demoustier, Les Exercices de S. Ignace de Loyola. Facultés Jésuites de Paris, 2006, pp. 123-124. * 10 Kolvenbach Peter-Hans, Fous pour le Christ. Sagesse de Maître Ignace. Bruxelles, Lessius, 1998, p.101. * 11 Adrien Demoustier, Les Exercices de S. Ignace de Loyola. Facultés Jésuites de Paris, 2006, pp. 123. * 12 Karl Rahner, Le Dieu plus grand, Paris, Desclée de Brouwer, 1971, p. 90-91. * 13 Yves Raguin, « Le Livre de Marie ». In Vie chrétienne n° 259, (1982) p. 8. |
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