1. - Les mélanges granulaires
Pratiquement, il n'est pas toujours facile de trouver un
matériau granulaire naturel ou manufacturé satisfaisant et on est
souvent amené à recomposer un granulat à partir de n
autres.
1.1. - Les mélanges binaires
1ère méthode : Soit deux
granulats (A et B), de masses respectives MT[A]
etMT[B], que l'on
désire mélanger dans des proportions
respectives XA% et XB% afin d'obtenir un
granulat C (Gabrysiak, 2007). Le refus cumulé du mélange
exprimé en % au tamis d'ouverture Di considéré est :
MT[ C ] = XA%MT[A]
+ XB%MT[B] R%[C]Di =
X A% R % [ A ] Di+
X B % R % [ B]Di
MT[C] = Masse totale du mélange A +
B,
R%[A]Di = Refus cumulé
exprimé en % de l'échantillon A au tamis d'ouverture Di ;
R%[B]Di = Refus cumulé exprimé en % de
l'échantillon B au tamis d'ouverture Di ; R%[C]Di
= Refus cumulé exprimé en % de A + B au tamis d'ouverture
Di.
2ème méthode (méthode graphique)
: Sur les axes verticaux, on reporte les passants des granulats A et B
pour chaque tamis (Gabrysiak, 2007). Puis on joint les points par une ligne
appelée ligne de combinaison. Pour une proportion donnée de A
dans le mélange (ligne verticale de mélange), on détermine
le point de passage du mélange en % de passants (fig. 12).

Fig. 12. - Les mélanges granulaires
binaires : méthode graphique (Gabrysiak, 2007)
24
3ème méthode (méthode graphique
appliquée aux fuseaux) : La méthode graphique est
très pratique pour trouver les proportions d'un mélange
situé dans un fuseau donné (Gabrysiak, 2007). Il suffit de
reporter sur chacune des lignes de combinaison le maximum et le minimum
(définit par le fuseau) pour chaque tamis et de joindre ces maxima et
ces minima par des lignes brisées. Si ces deux lignes se croisent, il
est impossible d'obtenir un mélange entrant parfaitement dans le fuseau.
Si elles ne se croisent pas, le domaine situé entre les deux lignes
verticales tracées à partir des points les « plus à
l'intérieur » des deux lignes brisées définit la
phase des combinaisons possibles qui satisfont aux exigences du fuseau (fig.
13).

Fig. 13. - Les mélanges granulaires
binaires : méthode appliquée aux
fuseaux
granulométriques (Gabrysiak, 2007)
1.2. - Les mélanges ternaires
Dans un triangle quelconque ABC, tout point P situé
à l'intérieur du triangle représente un mélange des
trois composantes de base représentées graphiquement par les
trois sommets du triangle dans les proportions XA, XB et XC (fig. 14).

Fig. 14. - Détermination des
proportions d'un mélange ternaire de granulats à partir
d'un
triangle (Gabrysiak, 2007)
25

4
1
2
3
3
p
p
p
p
3 4
+ p
3 4
+ p
1 2
p p
+p
1 2
p p
+p
p
X C +
=
p p
3 4
X A = ×
X B = ×
XA + XB + X
C =1
De façon pratique, pour mélanger trois
granulats on commence par se fixer les limites granulaires (gros, moyen, fin).
On divise ensuite chacun des trois granulats utilisés en trois fractions
qui détermineront les coordonnées de trois points
représentatifs des trois granulats dans le diagramme triangulaire. On
joint ces trois points qui forment un triangle (fig. 15).
On caractérise ensuite le fuseau imposé par un
point représentatif P sur le même diagramme. Si le point P est
à l'extérieur du triangle quelconque formé par les trois
points représentatifs des granulats, il est impossible de combiner afin
d'obtenir un mélange exactement conforme aux exigences.

Fig. 15. - Les mélanges granulaires
ternaires : méthode du diagramme triangulaire
(Gabrysiak, 2007)
2. - La compacité granulaire
2.1. - Mélange de deux granulats secs
Soit un mélange d'un granulat fin S et d'un granulat
grossier G.
V
Le mélange est caractérisé par la
proportion = [8]
SG
p
V V
+
SG SS
- Vss : volume absolu du granulat fin,
- VSG : volume absolu du granulat grossier.
Lorsqu'un récipient de volume VT est remplit d'un
granulat, une partie de ce volume seulement est occupée par des grains
solides (VS). L'autre partie reste vides (VV).
V
On désigne par indice des vides le rapport : e =
[9]
V
V S 26
VV
m V V
+
SG SS
Ainsi l'indice des vides du mélange granulaire est :
e =
[10]
Chacun des granulats a son propre indice des vides : -
eS = indice des vides du granulat fin,
- eG = indice des vides du granulat
grossier.
Variation de l'indice des vides du mélange
em en fonction de la proportion p
- pour p = 0 (granulat fin seul), em = e
S
- pour p = 1 (gros granulat seul), em =
eG
Pour simplifier le raisonnement, on suppose que V
SS + VSG =1 (Unité) [11]
De ce fait on a :p=VSG V
SS =(1-p) em
=VV
Si on démarre le mélange avec le granulat fin
auquel on ajoute quelques grains du granulat grossier, les vides du
mélange ne sont que les interstices entre les grains fins (fig. 16):
e m =e S ×V
SS =e S ×(1-p) [12]
Si on part du gros granulat en ajoutant quelques grains du
granulat fin, ces grains fins vont se loger dans les interstices laissés
par les gros grains. Ainsi, le volume des vides du mélange est
égal au volume des vides du gros granulat diminué du volume
absolu du granulat fin (fig. 16) :
e e V V e p p p e
= × - = × - (1 - ) = × ( + 1) - 1 [13]
m G SG SS G G
[12] et [13] sont deux expressions différentes de
variation de l'indice des vides suivant l'ordre dans lequel on mélange
les deux types de granulat (Fig. 16.). Ainsi les deux hypothèses ne
peuvent être vérifiées simultanément par un
même mélange. Donc on ne peut pas conserver à la fois la
structure du granulat fin et celle du granulat grossier. En
réalité, il y a interaction entre ces deux structures
définie par : l'effet de paroi et l'effet d'interférence
(Gabrysiak, 2007).

Fig. 16. - Evolution théorique de
l'indice des vides d'un mélange granulaire (Gabrysiak,
2007)
27
2.2. - L'effet de paroi
Lorsqu'on détermine expérimentalement l'indice
des vides du mélange de quelques grains du granulat grossier avec le
granulat fin, on constate que cet indice est supérieur à ce que
donnerait l'équation [12] (Fig. 20.). On a :
em=eS×(1-p)+eD×p
[14]
A. Caquot (1937) in Gabrysiak (2007) interprète
ce phénomène comme étant l'effet des parois des grains du
gros granulat sur l'arrangement des grains du granulat fin.
En effet, dans toute section parallèle à la
paroi, on peut définir un indice des vides local qui est le rapport
entre l'aire des sections traversant des vides et l'aire des sections
traversant des pleins. On observe que lorsqu'on se rapproche de la paroi,
l'indice des vides local augmente et tend vers l'infini. Lorsqu'on
s'éloigne de la paroi, l'indice des vides local tend vers l'indice des
vides du mélange.
Ainsi, la présence de toute paroi (gros grain, peau de
coffrage, armature, etc.) décompacte le granulat fin (Fig. 17.)

Fig. 17. - Effet de la paroi sur la
compacité granulaire (Gabrysiak, 2007)
2.3. - L'effet d'interférence
Lorsque la proportion de gros granulats atteint un seuil de
concentration, la manière dont ils sont disposés influe sur la
compacité. En effet une partie des grains fins occupe les vides
laissés par les gros grains. L'effet des parois des gros grains
entraîne un décompactage des grains fins (fig. 18 et 19).
La disposition relative des parois des gros granulats
détermine la forme et le volume des interstices dont dépend
l'arrangement du granulat fin dans le mélange donc de son indice des
vides. On parle ainsi d'interférence entre la structure du gros granulat
et celle du granulat fin.

Fig. 18. - Disposition sans interférence
Fig. 19. - Disposition avec interférence
28

Fig. 20. - Evolution théorique et
expérimentale de l'indice des vides du mélange
granulaire
(Gabrysiak, 2007)
2.4. - Conclusion
Dans un mélange granulaire il y a
généralement un effet de paroi et d'interférence du gros
granulat sur le granulat fin. De ce fait, l'indice des vides du mélange
ne peut pas être inférieur à une valeur minimale eD
correspondant à une proportion optimale du gros granulat.
Ces différentes interactions, montrées
théoriquement et expérimentalement visibles, ne sont pas
facilement quantifiables. Cependant, lorsque le mélange comporte un
granulat très fin, on admet la modélisation suivante (fig. 21)
:

Fig. 21. - Modélisation de
l'évolution de l'indice des vides (à gauche), de la
compacité et de
la porosité (à droite) (Gabrysiak,
2007)
L'analyse de l'évolution de l'indice des vides montre
:
Droite (a) : em = e S × (1 -
p) + eD × p Le mélange est
riche en éléments fins, le gros granulat intervient par sa
surface spécifique.
29
Droite (b) : em = k ×
p Le gros granulat intervient par la granulométrie de ses
interstices, donc à la fois par sa surface
spécifique et son indice des vides. k est un coefficient qui a
une signification physique complexe.
Droite (c) : em = (eG
-1) × p -1 Le mélange est pauvre en grains fins, le
gros
granulat intervient par son indice des vides.
L'analyse de la variation de la compacité et de la
porosité montre que la condition essentielle pour obtenir le moins de
vides possible (meilleure compacité) dans un mélange de granulats
fins et de granulats grossiers est: 35 % de fins et 65 % de grossiers.
Certains laboratoires corrigent par exemple la mesure de la
masse volumique apparente ñ0
afin de tenir compte de l'effet de paroi
(grains/récipient).
Si la mesure est réalisée avec un récipient
cylindrique, on a la correction suivante :
m
ñ0 = Avec m = masse du granulat (g)
et V = volume du récipient (cm3)
V
ñ0
ñ [15]
1
,
= 0 1 0 × S × D
V
ñ = masse volumique corrigée
S : surface intérieure du récipient y compris la
face d'arasement (mm2) V : volume intérieur du
récipient (mm3)
D : taille maximale du granulat (mm).
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2ème Partie
Identification et Caractéristiques des
matériaux
Evaluation de leur qualité
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