CHAPITRE II : L'EVALUATION DU COURS DES ACTIONS DES
ENTREPRISES NOUVELLEMENT INTRODUITES EN BOURSE :
Tout actif, qu'il soit financier ou physique, a une valeur
qu'il est essentiel de mesurer. Cet exercice d'évaluation est
naturellement indispensable lors d'une introduction en bourse.
SECTION 1 : LES PRÉALABLES À
L'ÉVALUATION :
L'évaluation de l'entreprise, dans le cadre d'une
introduction en Bourse, ne doit pas se faire dans l'abstrait. Une bonne
connaissance de l'environnement économique et social est indispensable
pour le déroulement de l'opération.
Pour ce faire, on doit se poser les questions suivantes
auxquelles on tentera d'avancer quelques réponses :
-Qui est l'initiateur de l'opération ? (tous les
actionnaires de l'entreprise ;un groupe d'actionnaires majoritaires ou
minoritaires ; des tiers industriels ou financiers ; ayant ou n'ayant
pas des relations avec l'entreprise ; un banquier ; un
assureur ; autres) ;
-Quel est le but de l'évaluation ? (vente ou achat
de l'entreprise ; vente ou achat d'actifs ; vente ou achat de parts
majoritaires ou minoritaires ; autres)
-Quels sont les moyens et les informations
disponibles ?(nature ; fiabilité ;
disponibilité ;etc....)
-Quel est l'environnement de l'entreprise ? (milieu
protégé ou non ; concurrence locale ou internationale ;
fiscalité ; etc...)
Ceci dit, deux phases sont préalables à toute
évaluation. Il s'agit en premier de l'étude des motivations des
parties et en second du diagnostic de l'entreprise.
1. Etude des motivations des parties :
Cette phase s'intéresse au coté
économique et stratégique plutôt que celui financier. En
effet, l'opération n'est pas nécessairement la même pour le
vendeur que pour l'acheteur.
Le vendeur est motivé par :
· Le besoin d'argent liquide : il est obligé
de vendre pour des raisons purement financières ;
· La crainte d'une dégradation de la situation de
son entreprise : le cas de son appartenance à un secteur
stagnant ;
· La recherche d'un partenaire : dans un but de
complémentarité.
Quant à l'acheteur, il est motivé par :
· La pénétration rapide dans un
marché ;
· La suppression d'une concurrence dangereuse dans un
but de minimisation de ses prix ;
· L'acquisition d'une activité
complémentaire pour des raisons de diversification ;
· L'acquisition d'une minorité qui, jointe
à la minorité possédée, lui donne la
majorité et par là, le pouvoir.
Cette étude est préparée essentiellement
dans le but de connaître le contexte dans lequel l'évaluation va
être faite, afin d'en dégager les objectifs de chacune des parties
concernées. L'expert doit donc être informé du contexte de
l'opération :
-S'agit-il d'une cession de majorité ? (dans ce
cas, la possession des titres apportera le pouvoir de gestion)
-S'agit-il d'une augmentation de capital ?(en vue de
laquelle il convient d'estimer la valeur de l'entreprise afin de
déterminer la prime d'émission et éventuellement le droit
de souscription)
-S'agit-il d'une fusion ou d'un apport partiel d'actif
rémunéré en actions ? (dans ce cas il ne suffit pas
d'estimer une seule valeur, mais il faut procéder à une
évaluation relative, des deux ou plusieurs entreprises
concernées. C'est le cas de la fusion par absorption de la BDET et de la
BNDT par la STB).
2. Diagnostic de l'entreprise à
évaluer :
L'investisseur éventuel, n'ayant pas participé
à la gestion de l'entreprise désirant acquérir ses
actions, a besoin de bien la connaître. Il doit donc, et avant de parler
du diagnostic, constituer le dossier d'évaluation. Pour se faire, il
doit effectuer certaines démarches.
§ Se faire communiquer les principaux documents de
l'entreprise à évaluer ;
§ Faire une visite des établissements (état
des lieux, des bâtiments et des machines ; état des
constructions ; moyens d'accès ; environnement de
l'établissement ; etc....) ;
§ Collecter des données utiles à
l'estimation des valeurs corporelles (pour correction des postes d'actif et de
passif).
L'étendue du diagnostic dépend notamment du
temps disponible et des besoins de l'acquéreur. Dans le cas d'un
placement en bourse, l'investisseur n'a pas vraiment besoin d'un diagnostic
puisque généralement l s'adresse à des
intermédiaires en bourse pour avoir des conseils.
Après cette prise de connaissance, l'expert
procédera aux diagnostics. On distingue trois natures de
diagnostics : le diagnostic économique, le diagnostic comptable et
le diagnostic financier.
a) Le diagnostic économique :
Ce diagnostic porte sur les aspects commerciaux, techniques et
humains. Il comporte des questions clés se rapportant au couple
produit-marché, au processus de fabrication et à la structure
humaine telle que la qualité des dirigeants et leur capacité
à gérer le personnel.
Généralement on utilise une check-list ou
questionnaire pour réaliser le diagnostic.
b) Le diagnostic comptable :
Ce diagnostic porte principalement sur l'examen des comptes
afin de s'assurer de la fiabilité des valeurs comptables retenues, de la
régularité et de la sincérité des résultats
de référence qui seront utilisés
ultérieurement.
Des investigations complémentaires seront
nécessaires si les états financiers ne sont pas suffisamment
fiables.
c) Le diagnostic financier :
Ce diagnostic ne peut être utile que s'il est
effectué sur la base d'etats financiers fiables. C'est dire ainsi
l'importance du diagnostic comptable qui doit précéder le
diagnostic financier.
Le diagnostic financier vise à étudier
l'évolution de la situation patrimoniale, de l'activité et des
résultats de l'entreprise à évaluer en procédant
à des comparaisons dans le temps et dans l'espace. Il permet à
l'expert de se prononcer sur l'équilibre financier, la
rentabilité réelle des services et des produits,
l'adéquation des emplois aux ressources (politique d'emprunt,
utilisation des sources de financement les plus appropriées et les moins
coûteuses, etc....) et le rendement présent et futur de
l'entreprise.
Enfin, le diagnostic va nous permettre d'identifier les forces
et faiblesses de l'entreprise.
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