2.2. La place de l'évaluation dans cette nouvelle
gouvernance
On peut estimer que l'évaluation est à la fois
un outil d'aide à la décision afin de nourrir la réflexion
et l'action et un examen critique d'une action publique donnée en vue
d'en apprécier les modalités et les résultats afin de
fournir des informations utiles aux décideurs dans la perspective de sa
reconduction ou de son amélioration.
Pendant longtemps l'évaluation n'a été
considérée que comme le complément plus ou moins
indispensable de l'action publique. Les nouvelles formes de gouvernance
repositionnent l'évaluation comme un élément fondateur des
politiques publiques facilitant la prise de décision et
renforçant sa lisibilité auprès de tous les acteurs
concernés.
D'une façon générale, on peut dire que
l'évaluation est devenue :
- un élément constitutif important d'une
programmation stratégique à visée prospective
- un vecteur important de l'efficacité de l'action
publique
- un gage de la transparence démocratique et une
condition nécessaire de la participation de tous les acteurs de la vie
publique.
L'évaluation participative et citoyenne pourrait
utilement compléter le dispositif de gouvernance territoriale
participative. Elle vise avant tout à parvenir à un accord au
sein de l'instance décisionnelle. Elle ne doit cependant pas être
réduite au simple pilotage du dispositif d'évaluation. Elle doit
s'inspirer d'une démarche participative comme le recommandent le
règlement fondant la réforme des fonds structurels de 1988 et la
DATAR pour qui "le partenariat qui est au coeur des programmes est aussi au
coeur de l'évaluation". Elle doit permettre l'expression de toutes les
opinions sans en négliger aucune.
Dans la perspective d'une gouvernance participative, cette
dernière caractéristique prend une importance toute
particulière car la participation des différents acteurs au
dispositif d'évaluation s'avère indispensable pour plusieurs
raisons : elle est garante de l'efficacité du dispositif en favorisant
une information ascendante et descendante plus complète, elle
évite de tomber dans les travers d'une évaluation technocratique
et elle facilite la cohésion sociale, elle aiguise
l'intérêt des populations pour les politiques publiques, elle
permet de corriger les grandes orientations au plus près des besoins de
la population et elle associe en amont les principaux acteurs aux grandes
décisions.
L'évaluation participative apparaît comme un
processus de résolution de problèmes associant l'ensemble des
parties concernées. Ne se limitant plus à la simple mesure des
impacts d'une politique publique, elle contribue au développement de la
démocratie.
Elle est à la fois pluraliste car permettant
l'expression de tous les points de vue et collective en favorisant la
formulation des jugements de tous les acteurs concernés. Elle permet de
conjuguer de façon interactive les avis des experts qui doivent
être capables d'intégrer dans leur raisonnement les
préoccupations de la population et les jugements de citoyens qui ne
soient pas en opposition avec les connaissances scientifiques du moment.
Elle évite de tomber dans une vision expertocrate,
instrumentaliste et bureaucratique de l'action publique. Elle n'oppose pas
forcément l'expert et le citoyen, au contraire elle devrait permettre un
meilleur équilibre entre les deux en favorisant la communication
interactive entre tous les protagonistes des politiques publiques. Il s'agit de
remettre en cause la dichotomie entre les experts dépositaires de la
légitimité scientifique et les citoyens garants du respect
démocratique.
Du point de vue des méthodes utilisées, elle
peut combiner les approches quantitatives et descriptives avec des
méthodes plus qualitatives. Il s'agit, comme le recommande la
Commission européenne, de prendre en compte l'ensemble
des effets intégrant ainsi la théorie d'action et la
théorie explicative.
Pour toutes ces raisons, l'évaluation couplée
avec la gouvernance participative peut permettre de revivifier les politiques
d'aménagement et de développement durable en
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