WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Placement des cadres béninois dans les organisations internationales: analyse diagnostique et prospective

( Télécharger le fichier original )
par Wilson GAKPETOR
Université d'Abomey-Calavi (Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature) - Diplome de fin de cycle I en Diplomatie et Relations Internationales 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe II : Définir et conduire une politique

globale

La politique à mettre sur pied sera d'autant plus globale qu'elle sera empreinte de souplesse, de volontarisme (A) et ce, dans une optique futuriste (B).

A) Une politique plus souple et plus volontariste

La souplesse (1) et le volontarisme (2) souhaités visent essentiellement, le premier, l'allègement des procédures de soumission des candidatures au plan interne, le second, l'implication accrue des fonctionnaires internationaux à l'oeuvre de développement national.

1) Une politique plus souple

Chaque acteur institutionnel devra prendre conscience de l'importance de sa partition dans la conduite des dossiers de promotion des cadres. A cet effet, il est primordial que les ministères sectoriels assument une diffusion diligente des avis de vacance des postes (avis officiels ou prévisionnels). Leur acheminement devra faire l'objet d'une attention particulière pour que les dossiers de candidatures éventuelles parviennent en temps utile à la Cellule. Dans le même ordre d'idées, il serait judicieux d'alléger la procédure à suivre par les agents permanents de l'Etat pour postuler aux postes internationaux.

Deux types de formalités pourraient être réaménagées.

Le premier se rapporte à l'obtention de l'accord du ministre de tutelle. Dans le contexte actuel, l'administration nationale exige l'accord express du ministre de tutelle de tout agent permanent de l'Etat (APE) avant la transmission de son dossier de candidature aux organismes internationaux. Pour des raisons d'efficacité, il serait préférable de libéraliser la procédure d'autant plus que le fonctionnaire dont la candidature est retenue a le devoir de suivre les formalités administratives que lui impose la loi n° 86-0 13 du 26 février 1986 portant Statut Général des APE avant de s'affranchir de ses obligations professionnelles.

Le second réaménagement consistera à faire droit aux requêtes de détachement formulées par les APE toutes les fois que les impératifs du service public national ne recommandent une attitude contraire.

De plus, le Ministère chargé des Finances devra veiller à la mise à disposition des ressources conséquentes pour assurer le bon fonctionnement de la Commission (et partant, de la Cellule). Lors de l'élaboration du budget, une dotation financière sera prévue à cet effet, à la suite d'une concertation entre les responsables de la Cellule et les autorités compétentes du MDEF.

A cette approche empreinte de souplesse, pourrait se combiner une autre, plus volontariste.

2) Une politique plus volontariste

La politique plus volontariste préconisée pourrait se décliner en cinq (5) axes :

L'institution d'un plan de carrière

Dans la plupart des pays disposant d'une administration publique dont les règles sont en adéquation avec les constantes mutations du monde moderne, la carrière des fonctionnaires se déroule suivant un plan prédéfini qui tient compte à la fois des nécessités du service, des réalités du fonctionnariat international et des motivations personnelles des intéressés. L'institution et (surtout) le suivi rigoureux d'un tel mécanisme paraissent importants pour permettre :

- d'une part, à l'agent permanent de l'Etat d'avoir une vision claire du déroulement de sa carrière -si aucune circonstance exceptionnelle ne survient- et se forger en conséquence un CV compétitif sur le plan international et

- d'autre part, aux pouvoirs publics de disposer d'outils fiables pour avoir la maîtrise des compétences susceptibles d'être promues à l'échelle internationale.

 

Echanges de fonctionnaires

Il existe un système d'échange de fonctionnaires entre les Organisations internationales et les administrations nationales. Il permet à un agent permanent de l'Etat d'aller en poste dans une institution internationale pendant une durée maximale de trois ans pour acquérir une expérience professionnelle plus vaste instituant ainsi un roulement entre les deux types d'administration. Il faudra étudier, avec des organismes cibles, les modalités pratiques d'institution d'un tel mécanisme et, le cas échéant, établir une liste dans chaque administration nationale des postes qui pourraient être proposés aux OI.

Collaboration étroite avec les fonctionnaires internationaux

A moyen terme, et en fonction des disponibilités budgétaires, il serait souhaitable de doter les fonctionnaires internationaux de ressources nécessaires pouvant les aider à l'oeuvre de prospection de postes. A priori, une telle initiative semble incompatible avec l'obligation de neutralité qui incombe auxdits agents. Mais, à la réalité, comme le note Daniel Darmoy, de telles pratiques sont courantes dans le milieu international137. Aussi pourrait-il être organisées des conférences à leur intention.

Organisation de conférences des fonctionnaires internationaux

Il est suggéré l'organisation périodique d'une conférence des fonctionnaires internationaux béninois. Elle offrira l'occasion de débattre non seulement de l'évolution de leur carrière, des difficultés qu'ils rencontrent et pour lesquelles l'appui du gouvernement pourrait être sollicité, mais aussi et surtout d'évoquer les grands chantiers de la nation en vue d'analyser les modalités de leur implication plus active dans leur réalisation. Il serait envisageable que, pour des raisons d'économie, ces rencontres se tiennent en marge des travaux de la Conférence des Béninois de l'extérieur.

 

Réinsertion des anciens fonctionnaires internationaux

Les OI offrent de plus en plus des contrats à durée déterminée. Les APE en fin de détachement dans les OI devraient être réintégrés dans la Fonction Publique à des postes où les expériences acquises pourraient servir les intérêts de l'administration nationale.

Au-delà de ces mesures, il serait souhaitable de développer des programmes de relève, en collaboration avec les partenaires et les OI, afin de faire entrer des personnes suffisamment jeunes pour qu'elles puissent y acquérir, autorité et expérience, leur permettant d'accéder plus tard à des postes plus importants.

B) Une vision orientée vers l'avenir

Grâce à la formule des experts associés, diverses institutions du système des Nations Unies proposent des programmes de relève, des formations professionnelles débouchant sur des postes dans la fonction publique internationale (1). Mais pour en faciliter l'entrée aux jeunes béninois, un accent particulier devra être mis sur la formation (2).

1) La stratégie des experts associés

Le programme des experts associés, sur lequel la plupart des Etats ont axé leur «stratégie d'influence au sein des organisations internationales» consiste à positionner de jeunes diplômés dans certains organismes après négociations, d'une part avec les organismes concernés, d'autre part avec des bailleurs de fonds. Ces derniers, au titre du partenariat existant entre le Nord et le Sud, prennent en charge la rémunération des experts associés pendant une période allant de deux (2) à trois (3) ans. Durant cette période, les personnes concernées sont préparées pour assumer plus tard des responsabilités dans la fonction publique internationale.

Ces programmes, pilotés par des institutions comme le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), le Haut Commissariat des Nations Unies (HCR) sont, entre autres:

le `'Junior Professional Officer» (ou jeunes experts associés) réservé aux diplômés disposant d'environ trois (3) à cinq (5) années d'expérience;

le `'Youth professional officer» qui est un programme réservé aux personnes ayant une qualification universitaire avec au moins cinq années d'expérience;

64 de contribuer à la réalisation d'une action sociale ou humanitaire.138;

etc.

L'exploitation de ces opportunités permettra de satisfaire trois (3) objectifs :

d'abord, promouvoir l'expertise nationale dans les institutions internationales ;

ensuite, offrir l'opportunité aux jeunes diplômés béninois d'acquérir l'expérience de la fonction publique internationale dont ils pourront se prévaloir pour accéder à des postes permanents;

enfin, assurer aux jeunes cadres une formation de qualité et une expérience professionnelle pouvant être utiles pour la modernisation de l'administration publique.

S'il est vrai que de tels programmes sont accessibles aux pays africains et leur permettent de préparer un vivier de compétences en vue d'asseoir leur renommée dans l'arène internationale, seuls les diplômés des universités jouissant d'une crédibilité certaine auprès des `'chasseurs de têtes» internationaux partent avec les meilleurs chances.

2) Assurer une formation de pointe

L'Etat béninois devra développer une politique éducative qui prenne en compte les grandes mutations du monde moderne.

Dans cette optique, il est indispensable que l'école béninoise en général, les universités nationales en particulier soient réhabilitées et retrouvent leurs lettres de noblesse. Cela s'avère important afin d'améliorer à l'extérieur du pays, principalement auprès des recruteurs des institutions internationales à caractère universel, la cote des diplômes délivrés au Bénin. La Commission de la Fonction Publique Internationale qui a en charge le recrutement du personnel de l'ONU est particulièrement exigeante sur la

138 Ces jeunes diplômés peuvent recevoir, quelques fois, des subsides, à titre d'encouragement ; mais l'intérêt majeur du programme pour les jeunes réside dans d'expérience qu'il leur permet d'acquérir.

65 qualité des ressources humaines qu'emploie l'organisation. Elle exige de plus en plus des formations de pointe adaptée aux besoins du marché internationale: cela se traduit par les épreuves auxquelles elle soumet les candidats qui font appel plus à des compétences spécialisées qu'à la culture générale comme par le passé.

Aussi, le plurilinguisme est-il devenu un facteur déterminant dans la sélection des candidats. Pour cette raison, l'enseignement des langues étrangères, notamment l'anglais, devra faire l'objet d'une attention soutenue de la part des autorités en charge de l'éducation.

L'adoption de ces mesures pourrait contribuer à développer, dans la durée, une présence béninoise de qualité, au sein des organisations internationales.

Depuis quelques années, le Bénin éprouve des difficultés à promouvoir ses cadres au sein des organisations internationales, notamment aux postes de direction. Il découle de la présente étude que cette situation s'explique en majeure partie par l'inexistence d'une politique dynamique en la matière. Ce défi est l'un des primordiaux que devra relever la diplomatie de l'ère du changement qui se veut une diplomatie incisive et proactive. Y parvenir suppose la mise sur pied d'un pôle d'analyse stratégique, un laboratoire de vision capable d'anticiper sur les constantes mutations du monde moderne afin d'offrir au pays les moyens de façonner sa destinée au sein des organismes internationaux et non plus de subir le cours des évènements. Cette démarche appelle un engagement et une détermination sans faille des pouvoirs politiques. Elle s'avère d'autant plus capitale que la présence de cadres béninois au sein des organisations internationales pourrait constituer un levier de développement national et un vecteur de rayonnement international

Pour ce faire, le pays dispose de potentialités considérables qu'il convient de valoriser. Celles-ci résultent, d'abord, de la qualité des ressources humaines : aujourd'hui comme hier, le Bénin regorge de cadres compétents dignes d'être positionnés à des postes de responsabilité au sein des organisations internationales. Ensuite, elles découlent de la cote du pays qui, depuis le renouveau démocratique, est en progression exponentielle sur la scène internationale. Enfin, elles tiennent au dévouement du Gouvernement à oeuvrer à la consolidation et au renforcement des organisations internationales dont le Bénin est membre. La transmutation de ces atouts en avantages comparatifs devrait être une priorité nationale, inscrite, entre autres, au rôle des services extérieurs (ambassades, représentations permanentes, consulats et autres).

Cependant, si la mise sur pied d'une politique dynamique et pragmatique de promotion internationale des cadres béninois est fonction de la détermination des politiques, les résultats auxquels elle parviendra seront tributaires de la capacité de

chaque citoyen à subordonner ses intérêts personnels au besoin d'édification d'une nation rayonnante et prospère.

Aussi, bien qu'il existe des dossiers dont la sensibilité commande de la part des diplomates en charge de les conduire l'observance stricte de l'obligation de discrétion professionnelle, d'autres encore (comme bien souvent ceux de promotion internationale de cadres) doivent en partie leurs succès à l'exploitation judicieuse des puissants canaux de communication que constituent les mass media.

Au demeurant, n'y a-t-il pas lieu, toujours dans le souci d'affirmer la notoriété du Bénin, et par ricochet celle de ses cadres, dans l'arène internationale, d'adopter des points de vue clairs et audibles sur les préoccupations majeures autour desquelles se structurent les relations internationales ? Telle sera, probablement, la prochaine interrogation à laquelle la diplomatie béninoise pourrait tenter de répondre.

(Présentée suivant la norme Z44-005 de l'Association française de normalisation : AFNOR)

I- OUVRAGES GENERAUX

DARMOY Daniel. Droit des organisations internationales. Paris : Dalloz, 1995, 116 p.

DELDIQUE Pierre-Edouard. Faut-il supprimer l'ONU ? Paris : Hachette Littératures, 2003, 283p.

KOUROUMA Ahmadou. Les soleils des indépendances. Paris : Seuil, 1968, 196 p.

LUTTWAK N. Edward. Le paradoxe de la stratégie. Paris : Nouveaux horizons, 1989, 315 p.

MERLE Marcel. Forces et enjeux dans les relations internationales. Paris : Economica, 1981, 416p.

PLANTEY Alain. Les techniques de négociation : document n°6, programme relations politiques internationales. Paris : IIAP, 1984.

PLANTEY Alain. De la politique entre les Etats, principes de diplomatie. 5è éd. Paris : A. Pedone, 1987, 407 p.

PLANTEY Alain. La négociation internationale : principes et méthodes. 2è éd. Paris : CNRS, 1994, 717 p.

TUDESQ André-Jean. Les medias en Afrique. Paris: Ellipses, 1999, 160 p.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera