4. La gestion du risque de change
La gestion du risque de change est un des problèmes les
plus ardus auxquels sont confrontés les responsables financiers des
firmes ouvertes à l'international.
En effet, le flottement désordonné des monnaies
a pour conséquence d'accroître considérablement la
difficulté de prévision en matière d'évolution des
cours de change, et par conséquent, celle de gestion du risque de
change.
Le trésorier doit déterminer une stratégie
afin de se protéger contre le risque de change. Cette stratégie
dépend de plusieurs paramètres dont :
· Le degré d'aversion envers le risque ;
· Les résultats de la prévision faite par les
spécialistes.
A partir de ces deux facteurs, on distingue trois
stratégies de gestion du risque de change :
4.1. La non couverture
Cette stratégie consiste à laisser la position de
change de l'entreprise ouverte sans couverture.
Cette alternative peut être adoptée dans
l'hypothèse où l'entreprise traite avec des devises stables, ou
si elle arrive à reporter la totalité du risque sur son
partenaire par une clause dans le contrat.
A l'inverse, certaines entreprises y recourent même si la
devise est instable, dans le but de réaliser un gain de change. Elle
correspond dans ce cas à une attitude spéculative.
Dans certains cas aussi, se protéger contre le risque de
change peut coûter tellement cher que la protection n'en vaut pas la
peine.
Cette attitude peut également naître d'une
méconnaissance du risque encouru.
Ne pas se couvrir contre le risque de change est bien
évidemment l'attitude la plus déconseillée, ou à
n'appliquer que dans des cas exceptionnels.
Dans les pays (comme l'Algérie) où les instruments
de couverture sont inexistants, le trésorier est contraint d'adopter une
stratégie de non couverture du risque de change.
4.2. La couverture systématique
Elle consiste à se couvrir automatiquement dès
qu'apparaît un engagement ou un avoir en devises, elle permet donc
d'éliminer totalement le risque de change dès sa naissance.
Cette stratégie est conseillée dans le cas
où l'entreprise traiterait avec des clients provenant de pays divers,
offrant des devises volatiles. Dans ce cas, les méthodes de couverture
telles que la compensation sont impossibles à mettre en place ce qui
oblige l'entreprise, si celle-ci veut se couvrir contre le risque de change,
à prendre une couverture automatique.
De même, si les opérations envisagées
sont de montants très élevés, le trésorier peut
être amené à couvrir systématiquement le risque de
change, toute variation pouvant entraîner une perte importante.
Cette attitude pourra se retrouver également lorsque,
pour un courant d'affaires continu, la moindre perte de change entraîne
une érosion importante de la marge.
Cette stratégie n'est pas toujours bénéfique
pour l'entreprise dans la mesure où elle peut présenter des
inconvénients :
· Les coûts de couverture sont très
élevés ;
· La probabilité de perte d'opportunités.
4.3. La couverture sélective
Dans ce cas, le trésorier décide d'une
méthodologie qui déterminera quand il couvrira ou pas le risque
de change. Cette politique suppose l'application de critères de
sélection qui correspondent à un niveau d'acceptation du risque
ainsi qu'à une anticipation sur l'évolution des cours de
change.
La couverture sélective ne doit pas être
appliquée dans le cadre d'une faible activité à
l'international. Celle-ci ne peut en effet justifier la mise en place d'une
structure de gestion du risque de change qui coûterait plus cher que les
pertes probables dues aux variations des cours des devises.
Tout au long de ce chapitre, nous avons vu l'importance du
marché de change, la complexité des opérations qui s'y
déroulent, la diversité des déterminants des cours et la
nature du risque de change. Tous ces éléments se conjuguent pour
affirmer la nécessité de bien cerner le volet «change»
et de bien gérer le risque de change.
La mise en place de stratégies de gestion de ce risque est
adossée aux différents instruments de couverture. L'ensemble de
ces instruments fera l'objet des deux prochains chapitres.
Ce mémoire ne serait jamais complet si nous n'abordions
pas les instruments traditionnels de couverture du risque de change. En effet,
l'atténuation voire l'élimination de ce risque ne peut se
réaliser sans avoir recours aux différents instruments de
couverture.
Ce chapitre présentera les différents instruments
traditionnels de couverture du risque de change tout en distinguant les
instruments internes des instruments externes.
Nous commencerons donc notre étude par exposer des
instruments internes tels que le choix de la monnaie de facturation, le netting
ou encore l'action sur les délais.
Nous aborderons ensuite les instruments externes, en l'occurrence
les avances en devises, les dépôts en devises, les contrats
d'assurance et le change à terme.
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