2.2. Incertain
Un risque incertain est lié aux opérations dont la
réalisation est probable.
L'entreprise se trouve confrontée au risque incertain
lors d'un appel d'offre en monnaie étrangère. En répondant
à cet appel d'offre en devise étrangère, l'engagement de
réalisation n'est pas irrévocable.
L'entreprise est exposée à un risque de change
conditionnel : elle ne se retrouvera véritablement en risque que si elle
est retenue pour la réalisation de l'engagement.
2.3. Exemples
Pour illustrer la manifestation du risque de change, nous
allons présenter les incidences des fluctuations des cours de changes
pour une entreprise importatrice et une entreprise exportatrice.
· Cas d'une entreprise importatrice :
La société algérienne Cevital
achète à une entreprise française des graines de tournesol
pour fabriquer de l'huile. Le montant du contrat est de EUR 10.000 pour 10
tonnes de graines. Le paiement est prévu 60 jours fin de mois, jour de
livraison.
Le cours au moment de l'acceptation de l'offre par la
société Cevital est de 1 EUR = 85 DZD donc le montant de
l'importation s'élève à DZD 850.000.
Les deux situations face auxquelles Cevital peut être
confrontée une fois le délai de paiement encouru sont les
suivantes :
|
Importateur (Cevital)
|
Appréciation de l'Euro par rapport au Dinar 1 EUR = 92
DZD
|
Il devra finalement payer la somme de EUR 10.000 = DZD
920.000
Perte de DZD 70.000
|
Dépréciation de l'Euro par rapport au Dinar 1 EUR
= 81 DZD
|
Il devra finalement payer la somme de EUR 10.000 = DZD
810.000
Gain de DZD 40.000
|
|
· Cas d'une entreprise exportatrice
:
Imaginons que Cevital exporte l'huile vers l'espagne. Elle
conclut un contrat de EUR 15.000 avec une société espagnole,
payable 90 jours fin de mois date d'expédition des marchandises.
Le cours de change au jour de la conclusion du contrat est de 1
EUR = 88 DZD, soit l'équivalent de DZD 1.320.000.
Après les 3 mois qui suivent la livraison de la
marchandise, Cevital pourrait voir entrer dans ses caisses :
|
Exportateur (Cevital)
|
Appréciation de l'Euro par rapport au Dinar 1 EUR = 94
DZD
|
Il recevra finalement la somme de EUR 15.000 = DZD 1.410.000
Gain de DZD 90.000
|
Dépréciation de l'Euro par rapport au Dinar 1 EUR
= 84 DZD
|
Il recevra finalement la somme de EUR 15.000 = DZD 1.260.000
Perte de DZD 60.000
|
|
3. La mesure du risque de change
La mesure du risque de change s'effectue à travers deux
éléments :
3.1. Le cours de change de référence
La détermination d'un cours de change de
référence (ou de valorisation) est très importante, dans
la mesure où elle permet de connaître la contre-valeur du montant
pour lequel l'entreprise s'est engagée.
Le cours de change de référence doit être
réaliste économiquement, réalisable financièrement
et incontestable vis-à-vis des tiers. Le principe de base à
appliquer est que le cours de valorisation doit refléter le mieux
possible la rentabilité économique escomptée à la
date de l'opération ; il s'agit donc de la parité de change de la
devise contre monnaie nationale retenue pour décider de
l'opportunité de la réalisation d'une opération
libellée dans cette devise.
Les cours de change qui sont à retenir pour la
valorisation du risque de change, dès sa naissance, dans une approche
transactionnelle sont les cours de marché.
Il existe deux cours de marché possibles :
· Le cours au comptant : dont la force
réside dans sa cotation unique, sa faiblesse étant qu'il
n'intègre pas la notion de temps qui sépare la date de
négociation et celle du règlement.
· Le cours à terme : qui
intègre la durée à travers le report et le déport
exprimant le différentiel de taux d'intérêts prorata
temporis.
L'utilisation du cours à terme correspond aux
opérations à flux certains et surtout facilement
individualisables. Mais il n'apporte pas de réponse satisfaisante
lorsque les flux sont incertains, lorsque les échéances sont
incertaines et surtout lorsque le volume d'affaires ne permet pas un suivi
individualisé des opérations.
3.2. La position de change
La position de change résulte d'opérations
commerciales et financières libellées en devises
étrangères. Elle est déterminée par
échéance et par devise. Elle permet d'apprécier
l'exposition de l'entreprise au risque de change à un moment
donné et de contrôler la mise en application opérationnelle
de la politique de couverture et des principes de gestion définis.
« Pour chaque devise concernée, la position de
change d'une entreprise est égale au solde des engagements reçus
et des engagements donnés exprimés dans cette monnaie. »1
Ces engagements peuvent être inscrits au bilan ou en hors
bilan, ils peuvent également résulter d'opérations futures
(prévisionnelles).
La position de change globale regroupe toutes les devises
confondues. Elle est égale à la somme des contre-valeurs en
monnaie nationale des positions de change par devise.
Le tableau de suivi de la position de change constitue
l'outil de base du trésorier devise. Il est construit par devise. Les
mouvements sont présentés en date de flux financiers sur un
intervalle correspondant à la fréquence des
paiements2.
La position de change regroupe le solde actuel et tous les
flux futurs, commerciaux et financiers. C'est pourquoi, elle se subdivise en
position commerciale et position financière dont les
éléments constitutifs sont les suivants3 :
· Position commerciale :
· Commandes reçues à l'export ;
· Commandes passées à l'import ;
· Clients facturés ;
· Fournisseurs à payer ;
· Comptes de liaison ;
· Divers (brevets, licences...) ;
· Commandes export prévisionnelles ;
· Commandes import prévisionnelles.
1 Op. cit., P 106.
2 M. Sion, Gérer la trésorerie et la
relation bancaire, Ed. Dunod, Paris,1998, P 238.
3 H. De La Bruslerie, Trésorerie d'entreprise,
Gestion des liquidités et des risques, Op. cit., P 421.
· Position financière :
· Solde compte courant en devise ;
· Achat au comptant et à terme de devises ;
· Vente au comptant et à terme de devises ;
· Dépôts et créances en devises ;
· Intérêts à payer ou à recevoir
(sur emprunts ou sur prêts en devise) ;
· Achat d'option d'achat et vente d'option de vente en
devise ;
· Vente d'option d'achat et achat d'option de vente en
devise.
Exemple : Position de change en Dollar
américain (USD) d'une entreprise algérienne.
Engagements
|
Reçus en USD
|
Donnés en USD
|
A l'actif ou au passif du bilan
|
Créances commerciales Créances financières
Avoirs
|
Dettes commerciales Dettes financières
|
Hors bilan
|
Commandes clients à livrer Engagements de prêter
|
Commandes fournisseurs à recevoir Engagements
d'emprunter
|
Total
|
Engagements Reçus (ER)
|
Engagements Donnés (ED)
|
|
·
Position de change = ER - ED
Si ER = ED : la position de change est dite
fermée : les avoirs en devise sont égaux aux
engagements ;
Créances CHF 100
Dettes CHF 100
Schéma 2 : Position de change
fermée
· Si ER > ED : l'entreprise est en position de change
ouverte dite position longue : les avoirs en
devise sont supérieurs aux engagements ;
Créances USD 150
Dettes USD 80
Position longue de USD 70
Schéma 3 : Position de change longue
· Si ER < ED : l'entreprise est en position de change
ouverte dite position courte : les avoirs en
devise sont inférieurs aux engagements.
|
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Créances EUR 80
|
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Dettes EUR 170
|
Position courte de EUR 90
|
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Schéma 4 : Position de change
courte
L'impact de la fluctuation du cours de la monnaie
étrangère sur le résultat diffère selon la position
de change :
Gain
Position fermée
Hausse de la devise
|
Aucun impact : L'entreprise
n'est pas en risque de change
|
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Hausse de la devise
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Gain
|
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Perte
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Position courte
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Hausse de la devise
|
Perte
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(Source : Elaboré par nous même)
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