PREMIERE PARTIE : REVUE DE LITTERATURE
1-1 Le Niébé : Vigna unguiculata (L)
walp
La connaissance de niébé s'avère
indispensable pour sa parfaite utilisation.
1-1-1 : Botanique - Origine- Dispersion
géographique
· Botanique
Le niébé est une légumineuse à
graines appartenant à l'ordre des légumineuses, à la
famille des Fabaceae, à la tribu des Phaseoleae et au genre
Vigna (Maréchal et al., 1978) ; d'où son nom
botanique Vigna unguiculata (L.) Walpers. Le nombre de chromosomes de
cette espèce est 2n =22 (Maréchal, 1 970).C'est une plante
à port érigé principalement autogame bien que l'on ait
fait état d'un certain degré d'allogamie qui serait fonction de
l'activité des insectes assurant la pollinisation (Rachie et
al., 1974). Il possède une racine pivotante, rampant ou grimpant
(Porter et al., 1975). Les tiges sont cylindriques,
légèrement cannelées et volubiles. Les feuilles sont
alternes et trifoliées. Les fleurs évoluent pour donner des
gousses, lesquelles seront récoltées à maturité.
· Origine
L'origine du niébé, bien que très
discutée, serait de l'Afrique. En effet, une vaste distribution du
niébé sauvage en Afrique constitue une des preuves, les plus
évidentes, sur l'énigme de l'espèce sur ce même
continent. L'hypothèse la plus soutenue admet que le point de
départ du niébé est l'Afrique occidentale et très
vraisemblablement le Nigeria où les espèces sauvages abondent
dans les savanes et les forêts (Rawal, 1975), bien que certaines formes
cultivées comme la variété ses quipedalis
semblent avoir leur origine dans le Sud -Est asiatique ou en Extrême
-Orient. Cependant, aucune forme sauvage n'a été trouvée
en Asie.
· Dispersion géographique
Le niébé est très répandu sous
les tropiques et dans de nombreuses régions subtropicales. Il est une
légumineuse à graine importante en Afrique tropicale et est
cultivé au sud d'une ligne allant de la côte ouest à la
limite subsaharienne jusqu' en Afrique de l'Est (IITA cité par Godonou,
1987).
1-1-2 Ecologie et production
· Ecologie
Le niébé est résistant à la
sécheresse (IITA, 1982). Etant une plante des régions tropicales
et subtropicales, le niébé supporte des températures
variant entre 25 et 28°C et une
pluviométrie variant entre 750 et 1000mm (Anochili,
1978), l'excès d'eau lui étant préjudiciable. Par contre,
il supporte facilement une large gamme de sol allant des sols à
prédominance sableuse aux sols à dominance argileuse
légèrement alcalins (Jonhson, 1970). Cependant, les contraintes
hydriques intervenant après la floraison peuvent ne pas affecter de
façon significative le rendement en graine de certains cultivars
(Summerfield & Huxey cité par IITA, 1982). C'est une plante de jour
court (Anon ,1995).
· Production
Le niébé peut être cultivé en
culture pure ou en association avec d'autres céréales comme le
maïs, le sorgho, le mil ou des racines amylacées comme le manioc
(Jackai & Daoust., 1986). A l'instar des autres
légumineuses, le niébé a de grandes exigences en phosphore
et en potassium (plus précisément sur les sols pauvres). Des
expériences ont montré que l'application d'engrais azoté
réduit la modulation et provoque un développement foliaire
excessif au détriment de la formation des graines. Une dose de 200 kg de
NPK (0-15- 15) est admise pour les régions de la savane soudanaise ou du
Sahel. Cependant, l'application de quelques kg d'azote à l'ha est
bénéfique au moment des semis où il joue un rôle de
« starter » en stimulant la croissance des plantules.
La production du niébé dans le monde a connu une
légère hausse au cours des dix dernières années.
Ainsi, la production est-elle passée de 1.388726 tonnes en 1986 à
3.930500 tonnes en 2004 dans le monde (Tableau 1). La même tendance
s'observe en Afrique (Tableau 2). La production semble être
proportionnelle à la superficie emblavée et les rendements sont
restés pratiquement constants. Ceci s'explique par le fait que la
superficie et la production augmentent dans la même proportion
d'année en année.
L'Afrique est le continent qui produit plus de
niébé avec une production totale de 3.721835 tonnes en 2004
(Tableau 2). En 2004, les meilleurs pays producteurs du niébé au
monde sont le Nigeria suivi du Niger sur le plan africain avec les productions
respectives de 2.137000 tonnes et de 549035 tonnes (FAO, 2005).
Au Bénin, la production du niébé
évolue très lentement que ce soit au niveau des superficies
emblavées que de celui de la production. Le tableau 3 donne
l'évolution des superficies, production et rendement au cours des vingt
sept dernières années. Malgré l'importance du patrimoine
foncier, le rendement en niébé est de 690 kg /ha (IFDC, 2005), ce
qui est inférieur à ceux observés dans d'autres pays en
voie de développement situés sur la même latitude.
Tableau 1: Evolution des superficies,
productions et rendements du niébé dans le monde de 1994 à
2004.
Années
|
Superficie (Ha)
|
Production (t)
|
Rendement (Kg/Ha)
|
1994
|
6957226
|
2655837
|
382
|
1995
|
8023887
|
2634770
|
328
|
1996
|
8242011
|
2959850
|
359
|
1997
|
8428850
|
2880966
|
342
|
1998
|
9977872
|
3806016
|
381
|
1999
|
10074917
|
3549889
|
352
|
2000
|
8756464
|
3198325
|
365
|
2001
|
9357480
|
3591831
|
384
|
2002
|
9968011
|
3577794
|
359
|
2003
|
10004409
|
3820434
|
382
|
2004
|
10131909
|
393050
|
388
|
Source : FAO (2005)
Tableau 2 : Evolution des superficies,
productions et rendements du niébé en Afrique de 1994 à
2004.
Années
|
Superficie (ha)
|
Production (t)
|
Rendement (Kg/ha)
|
1994
|
6828650
|
2552281
|
373.8
|
1995
|
7885593
|
2514512
|
319
|
1996
|
8074589
|
2810992
|
348
|
1997
|
8254323
|
2725929
|
330
|
1998
|
9805967
|
3654046
|
373
|
1999
|
9893554
|
3409346
|
345
|
2000
|
8562646
|
3040780
|
355
|
2001
|
91415100
|
3407234
|
373
|
2002
|
9756679
|
3392680
|
348
|
2003
|
9785966
|
3620007
|
370
|
2004
|
9913800
|
3721835
|
375
|
Source: FAO (2005)
Tableau 3: Evolution des superficies
emblavées, productions et rendements de la culture du
niébé au Bénin de 1994 à 2004.
Année
|
Superficie (ha)
|
Production (t)
|
Rendement (kg/ha)
|
1994
|
99109
|
65041
|
656
|
1995*
|
98157
|
61782
|
629
|
1996*
|
97987
|
60358
|
616
|
1997*
|
103660
|
65857
|
635
|
1998*
|
108456
|
70978
|
654
|
1999*
|
122854
|
76926
|
626
|
2000*
|
117654
|
77743
|
661
|
2001*
|
107302
|
73793
|
688
|
2002*
|
134698
|
92576
|
687
|
2003
|
119642
|
82532
|
773
|
2004
|
122762
|
94108
|
767
|
* Estimation de l'ONASA Source : ONASA (2005)
1-1-3 Importance et utilisation
Les légumineuses sont les plantes les plus
cultivées dans le monde entier. Les espèces utilisées
étant adaptées à des climats très variés
qu'ils soient tempérés ou tropicaux humides ou arides (Aykroyd
& Doughty, 1982). Elles sont largement répandues en zone tropicale
et subtropicale (Hutchinson & Daizel cités par Okwakpam, 1978).
Dupriez & De Leener (1987) rapportent que toute la plante est comestible.
Les feuilles, les jeunes pousses et les gousses immatures sont
consommées comme légume, les graines cuites sont utilisées
comme aliments de base ou d'accompagnement. Elles sont
caractérisées par sa richesse en protéine et sa
capacité d'augmenter la fertilité du sol (Tiyagi & Parveen,
1990). Les graines mûres sont hautement nutritives et occupent une place
importante dans l'alimentation humaine. Dans les régions tropicales
où se posent des problèmes de déficit protéique
alarmant et de malnutrition chronique, les légumineuses doivent
être particulièrement utilisées comme source principale de
protéine végétale, d'énergie et de vitamine pour
les hommes et surtout pour les enfants (Okigbo, 1978). Ainsi, le
niébé constitue une importante source de protéine dans les
régions tropicales et occupe une place importante dans les
régimes alimentaires d'une grande partie de la population mondiale
(Anonyme ,1974). Le niébé doit cette importance à son taux
élevé de protéine (22 - 25 % ) (deux à cinq fois
plus élevé que celui des céréales), à la
valeur biologique de sa protéine proche de 57%, à son bon
coefficient de digestibilité de l'ordre de 85% et à sa bonne
concentration en lysine d'environ 93% (Santos, 1976). A cet effet, il est
appelé " la culture des plus démunis" (Anonyme ,1976). Aussi les
animaux nourris aux fanes de niébé, jouissent-ils d'une bonne
santé, produisent-ils plus de lait, de viande, d'effort de traction et
de fumier et, ce faisant, garantissent-ils une bonne production agricole (IITA,
2004). En outre, il est considéré tout comme les autres
légumineuses comme une usine d'azote. Le niébé joue
également un rôle important sur le plan culturel. Dans certaines
tribus comme les Yoruba et Haoussa, les graines de niébé
présentent un caractère sacré et sont utilisées
pour conjurer les mauvais sorts et pour apaiser les mauvais esprits (Duke,
1990).
Le niébé est confronté à de nombreux
problèmes dont le plus déterminant est l'attaque des
ravageurs.
1-1-4 Insectes ravageurs de niébé
En Afrique, ce sont les insectes qui sont plus responsables des
dégâts énormes dans les cultures de niébé
(Singh & Allen, 1980). Le problème des ravageurs est beaucoup
plus
sérieux en Afrique qu'en Asie et en Amérique
Latine (Singh et al., 1990). Selon Oghiakhes (1995), le
niébé est susceptible à une large gamme d'insectes
ravageurs qui l'attaquent depuis les semis jusqu'au stockage. Cet état
de choses s'explique par plusieurs facteurs, à savoir: le climat, les
sols, les mauvaises pratiques culturales, les mauvaises herbes, les maladies et
un large complexe parasitaire (Atachi & Ahohuendo, 1989; Lane et
al., 1994). Ainsi, un grand nombre d'insectes ravageurs appartenant
à différents ordres et genres expose le niébé
à une forte pression parasitaire (Tableau 4). L'ensemble de ces insectes
peut causer jusqu'à 100% de perte de rendement (IITA, 1989). Parmi
ceux-ci, M. vitrata (Fabricius) est considéré comme le
plus dangereux causant des pertes significatives allant de 50 à 80%
(Assa, 1976 ; Atachi & Ahohuendo 1989). En effet, M. vitrata
attaque le niébé à tous les stades de développement
: jeune tige tendre, bourgeons végétatifs, boutons floraux,
fleurs, gousses et feuilles (Jackai, 1981)
La figure 1 illustre la période d'activité des
principaux insectes ravageurs en relation avec la phénologie de la
plante. Le tableau 4 complète la figure 1.
Age de la plante en Jour après la levée
0 10 20 30 40 50 60 70
Pré et floraison
|
Post-floraison
|
![](Interaction-de-Baculovirus-MaviNPV-et-du-Parasitoiumlde-Apanteles-taragamae-Viereck-Hymenopte26.png)
Espèces d'insectes
![](Interaction-de-Baculovirus-MaviNPV-et-du-Parasitoiumlde-Apanteles-taragamae-Viereck-Hymenopte27.png)
1 Ootheca mutablilis (Sahlberg)
![](Interaction-de-Baculovirus-MaviNPV-et-du-Parasitoiumlde-Apanteles-taragamae-Viereck-Hymenopte28.png)
2 Medythia quaterna (Fairmaire)
![](Interaction-de-Baculovirus-MaviNPV-et-du-Parasitoiumlde-Apanteles-taragamae-Viereck-Hymenopte29.png)
3 Sericothrips occipitalis (Hood)
4 Empoasca facialis (Jac)
|
|
5 Taeniothrips sjostedti (Trybom)
|
|
|
6 Maruca vitrata (Fabricius)
|
|
7 Anoplocnemis curvipes (Fabricius)
|
|
8 Acanthomyia horrida (Germar)
|
|
9 Riptortus dentipes (Fabricius)
|
10 Cydia ptychora (Meyrick)
|
11 Callosobruchus maculatus (Fabricius)
|
|
Période d'activité Période d'activité
maximale
Figure 1: Périodes d'activité des
principaux insectes ravageurs du niébé Source : Singh
(1990)
Tableau 4: Insectes ravageurs du
niébé, date d'apparition dans la culture et organes
végétatifs attaqués.
Familles
|
Genres et espèces
|
Périodes d'apparition (JAS)
|
Organes attaqués
|
Coléoptères
|
Chysomelidae
|
Ootheca mutabilis (Sahlberg)
|
8
|
Fe
|
Chysomelidae
|
Medythia quaterna (Faimaire) (=
Luperodes /Paraluperodes lineata (Karsh))
|
11
|
Fe
|
Apionidae
|
Piezotrachelus varius (Wagner)
|
11
|
Fe + BV
|
Apionidae
|
Ischnotrachelus dorsalis (Chevrolat)
|
11
|
Fe + BV
|
Lagriidae
|
Chrysolagria nairobana (Borch).
|
14
|
Fe + BV
|
Lagriidae
|
Chrysolagria cuprina (Thomson)
|
14
|
Fe + BV
|
Apionidae
|
Apion varium (Wagner)
|
32
|
Fe
|
Lagriidae
|
Lagria villosa (Fabricius)
|
45
|
Fe + Fl
|
Chysomelidae
|
Asbecesta spp.
|
60
|
Fe + Fl
|
Meloidae
|
Mylabris spp.
|
60
|
Fe + Fl
|
Lycidae
|
Lycus proboscideus (Fabricius)
|
60
|
Fl
|
Cetoniidae
|
Diplognatha gagates (Förster)
|
60
|
G
|
Lépidoptères
|
Arctiidae
|
Spilosoma maculosa (Stoll)
|
42
|
Fe
|
Pyralidae
|
Maruca vitrata (Fabricius) (= testulalis Geyer)
|
43
|
Fl + G
|
Tortricidae
|
Cydia ptychora (Meyrick)
|
52
|
G
|
Thysanoptères
|
Thrypidae
|
Megalurothrips sjostedti (Trybom)
|
43
|
BV + BF +Fl
|
Homoptères
|
Aphididae
|
Aphis craccivora ( Koch)
|
11
|
Fe
|
Cicadellidae
|
Empoasca dolichi (Paoli)
|
23
|
Fe
|
Orthoptères
|
Pyrgomorphid ae
|
Zonocerus variegatus (L.)
|
23
|
Fe
|
Hétéroptères
|
Lygaeidae
|
Oncopeltus famelicus (Fabricius)
|
35
|
Fe + G
|
Pyrrhocoridae
|
Physopelta melanoptera (Distant)
|
35
|
Fe + G
|
Plataspidae
|
Coptosoma nubilalis (Germar)
|
42
|
Fe + G
|
Pentatomidae
|
Caura pugilator (Fabricius)
|
42
|
Fe + G
|
Plataspidae
|
Brachyplatys testudonigra (De Geer)
|
45
|
G
|
Pyrrhocoridae
|
Dysdercus superstitiosus (Fabricius)
|
45
|
G
|
Coreidae
|
Clavigralla (=Acanthomia)
tomentosicollis (Stãl)
|
53
|
G
|
Source: Atachi & Adéoti (2004)
BF = Boutons floraux; BV = Bourgeons végétatifs; Fe
= Feuilles; Fl = Fleurs; G = Gousses
1-2 Insecte : M. vitrata
Maruca vitrata (Fabricius) est un ravageur
sérieux de niébé. Une étude approfondie est
indispensable pour établir les moyens de lutte nécessaires contre
ce dernier.
1-2-1 Systématique - Origine - Distribution
Maruca vitrata Fabricius est un petit papillon
nocturne de la famille des Pyralidae, l'une des plus grandes Familles
de l'ordre des lépidoptères avec près de 10.000
espèces recensées (Chu, 1949). C'est sur Phaseolus mungo
que le papillon a été rencontré pour la première
fois (Dietz cité par Gblagada, 1982). Il est couramment appelé
« foreuse des gousses » en français et « bean pod borer
» ou « cowpea pod borer » en anglais. L'origine de cet insecte
reste encore incertaine (Waterhouse & Noris, 1987). En effet, le genre
Maruca dans lequel est inclus M. vitrata semble trouver son
origine en Asie du Sud- Est (Tamò et al., 1997). Selon les
mêmes auteurs, le genre Maruca comporte également deux
autres espèces : Maruca amboinales (Feldand Rog) et Maruca
nigroapicalis (De joannis). Cet insecte fut signalé en Irland de
l'ouest comme l'insecte parasite le plus abondant et le plus redoutable dans
les champs de haricot et de niébé (Scott, 1940). De nos jours, il
est largement répandu dans les régions tropicales et
subtropicales d'Amérique, d'Afrique, d'Asie et dans la région
pacifique où il est considéré comme un important ravageur
de niébé, du pois d'angole (Cajanus cajan) (L) Millsp)
et d'un certain nombre de légumineuses (Singh & Jackai ,1988). Cet
insecte est distribué dans une grande partie de l'Afrique
sub-saharienne. Ce ravageur est bien établi dans la zone
écologique du sud et du centre du Bénin (Arodokoun et
al., 1997).
Parmi les diverses plantes hôtes (Tableau 5), le
niébé est la principale plante hôte cultivée que
M. vitrata peut exploiter toute l'année lorsqu' elle est
disponible (Atachi & Djihou, 1994 ; Arodokoun et al., 2003). La
figure 2 présente la répartition géographique de M.
vitrata en Afrique.
1-2-2 Description
La chenille, brun chair, de tête noire, a des faces
dorsale, latérales et ventrale ponctuées de taches brun- noir
(Singh & Allen, 1979). Selon Atachi & Gnanvossou (1989), la capsule
céphalique noirâtre a un diamètre médian qui varie
entre 0,1 et 1,4 mm. Le cycle de l'insecte comprend cinq (5) stades larvaires.
Les premiers stades larvaires sont de couleur blanchâtre translucide de
petite taille après éclosion des oeufs. La chenille change de
couleur au fur et à mesure qu'elle passe d'un stade à l'autre et
devient de plus en plus sombre. La photo 1 montre les stades des chenilles de
M. vitrata.
![](Interaction-de-Baculovirus-MaviNPV-et-du-Parasitoiumlde-Apanteles-taragamae-Viereck-Hymenopte34.png)
L1
L2
L3
L4
L5
2mm
Photo 1: Les cinq stades larvaires de M.
vitrata (Photo réalisée par Goergen, IITA)
> Adultes de M. vitrata (photo2)
C'est un petit papillon nocturne de corps brun foncé.
Les ailes antérieures sont marquées de taches blanchâtres
alors que les ailes postérieures sont blanc grisâtre avec des
marques sombres aux extrémités. Chez M. vitrata, il
existe un dimorphisme sexuel c'est -à- dire une différence
morphologique entre le mâle et la femelle. En effet, la femelle et le
mâle se distinguent par la face ventrale de leur abdomen. La femelle de
cet insecte a un abdomen brunâtre, un peu élargi et
évasé et se termine par un organe génital (orifice). Par
contre, le mâle a un abdomen noir gris, filiforme, spécialement au
quatrième et au cinquième segment et se termine par une partie
postérieure pointue.
![](Interaction-de-Baculovirus-MaviNPV-et-du-Parasitoiumlde-Apanteles-taragamae-Viereck-Hymenopte35.png)
2mm 2mm
(a) (b)
Photo 2 : Adultes de M. vitrata (Photo
réalisée par Goergen, IITA)
(a) Mâle adulte de M.vitrata
(b) Femelle adulte de M.vitrata
1-2-3 Biologie et Ecologie
Maruca vitrata a une biologie complexe due au
comportement de l'adulte en relation avec l'accouplement et le lieu
d'oviposition (Singh & Jackai ,1988). Après les études
effectuées sur le comportement au vol de M.vitrata à
l'Université d'Ibadan, Taylor (1978) conclut que les variations
saisonnières étaient fonction des facteurs climatiques telles que
la pluviométrie, l'humidité relative et la température.
Ainsi, une humidité relative élevée et des
températures nocturnes basses favorisent la reproduction chez cette
pyrale (IITA, 1983).
L'accouplement a lieu dans la nuit entre 21h00 et 5h00 avec une
température de 20 à
25 °C et une humidité relative d'au moins 80% (
Jackai et al., 1990). La femelle ne s'accouple qu'une seule fois,
entre la 2ème et la 5ème nuit suivant son
émergence (IITA, 1981).
Les oeufs sont déposés sur les bourgeons
floraux, les fleurs, les pédoncules (Jackai, 1981). En effet,
Crotalaria retusa Linn. est la plante hôte la plus favorable
à l'oviposition de cette pyrale (Atachi & Djihou, 1994). La femelle
pond environ 150 oeufs (Quintella et al., 1991) et selon Jackai et
al (1990), le nombre moyen d'oeufs par femelle est d'environ 400.
Après la ponte, les oeufs, d'abord translucides et difficilement
observables, virent à la couleur marron foncé à la fin du
développement embryonnaire qui intervient au bout de 2 ou 3 jours
(Okeyo- Owuor et al., 1981). L'éclosion des oeufs donne des
chenilles qui se développent en 5 stades (Atachi & Gnanvossou,
1989). Leur développement est optimal entre 27 et 32°C (IITA, 1982)
mais se trouve ralenti à 22°C et inhibé à 19°C
(Jackai & Daoust, 1986), et la durée du stade larvaire est de 8
à 14 jours (Singh & Jackai ,1985).
Les chenilles des jeunes stades (L1 ; L2 ; L3) sont moins
mobiles que celles des deux derniers stades (L4 ; L5) (Jackai & Daoust
,1986). Avant la chrysalidation, il y a une période de 1 à 2
jours au cours de laquelle la chenille devient verdâtree, perd tous ses
autres pigments et cesse de s'alimenter. La chenille au terme de son
développement se chrysalide dans le sol ou dans un cocon de soie
fixé à la plante (Taylor, 1967). La chrysalide, au début
verdâtre, change progressivement de couleur et devient brun foncé
au bout de 5 à 14 jours (Ochieng et al., 1981).
L'émergence de l'adulte est favorisée par une forte pluie ou
humidité du sol (Singh & Jackai, 1985). L'adulte est un papillon
nocturne mais on le voit parfois dans la journée (Allen et al.,
1996). L'insecte a une durée de vie variable. L'alimentation a un effet
sur les potentialités biologiques de l'insecte (Atachi & Ahounou,
1995). Selon ces mêmes auteurs, la longévité des femelles
est supérieure à celle des mâles dans tous les cas. Cet
insecte n'entre jamais en diapause même en conditions de vie difficiles
(Okeyo- Owuor & Ochieng, 1981), mais transite par de nombreuses plantes
hôtes alternatives qui sont en général des
légumineuses, ce qui maintient sa population dans les
écosystèmes (Atachi & Djihou ,1994).
Le tableau 5 présente les différentes plantes
hôtes possibles du ravageur.
Tableau 5 : Quelques plantes hôtes de
M.vitrata.
Familles
|
Espèces Végétales
|
Organes infestés
|
Sources
|
Fabaceae
" " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " "
|
Vigna unguiculata (L.) Walp. Vigna mungo (L.)
Hepper Vigna triloba (Walp.) Savi Vigna radiata (L.) Wilczec
Cajanus cajan (L.) Millsp. Cajanus indicus (Spreng)
Crotalaria caricea
Crotalaria juncea (L.)
Crotalaria mucronata (Desv.) Crotalaria incana
(l.)
Crotalaria amazonas (L.) Crotalaria
misereninsis (L.) Crotalaria retusa (L.)
Crotalaria saltiana (L.)
Crotalaria goreensis (Guill. &Perr.) Arachis
hypogea (L.)
Dolichos Lablab (L.)
Dolichos sp.
Phaseolus vulgaris (L.)
Phaseolus Lunatus (L.)
Psophocarpus tetragonolobus (Neck.).
Sphenostylis stenocarpus (E.Mey.) Gliricidia
sepium (Jacq.) Walp. Vicia faba (L.)
Stizolobium sp.
Mucuna sp.
Tephrosia candida (Roxb.) Dc. Tephrosia
purpurea (L.) Pers. Eriosema psoraloides (Lam) G.Don.
Pericopsis laxiflora (Benth. Ex. Bak.) van Meenwen
|
Fleurs, gousses, Bourgeons
"
Gousses
Fleurs, gousses Gousses
Fleurs,
Fleurs, gousses Gousses
Fleurs Fleurs Fleurs
Fleurs, gousses Fleurs
Fleurs gousses
Fleurs Fleurs Fleurs Fleurs -
Fleurs Fleurs Fleurs Fleurs Fleurs Fleurs Fleurs
Fleurs, gousses Fleurs
Fleurs Fleurs
|
Taylor (1978)
" " " " " " " " Jackai (1983)
"
"
Atachi & Djihou (1994
" " " " " " " " " " " " Jackai (1983)
"
"
"
Atachi & Djihou (1994)
" "
|
![](Interaction-de-Baculovirus-MaviNPV-et-du-Parasitoiumlde-Apanteles-taragamae-Viereck-Hymenopte36.png)
Tableau : Quelques plantes- hôtes de
M.vitrata (suite et fin)
Familles
|
Espèces Végétales
|
Organes infestés
|
Sources
|
Fabaceae
|
Phaseolus adenanthus (G.)F.W.Mey.
|
Fleurs
|
Atachi &
|
"
|
Phaseolus lunatus (L.)
|
Tige tendre,
|
Djihou (1994)
|
"
|
Pseudovigna argentea (Willd.) Verde
|
fleurs, gousses
|
"
|
"
|
Pueraria phaseoloïdes (Roxb.) Benth
|
Fleurs
|
"
|
"
|
Rhynchosia minima (Harv.) Meiklo.
|
Bourgeon végétatif,
|
"
|
"
|
Tephrosia bracteolate (Guill. & Perr.)
|
fleurs
|
"
|
"
|
Vigna racemosa (G.Don) Hutch &
|
Fleurs
|
"
|
"
|
Dalz
|
Fleurs
|
Arodokoun
|
"
|
Tephrosia Humilis (G.et Perr.)
|
Fleurs
|
(1996)
|
"
|
Tephrosia platycarpa (Guill.& Perr.)
|
Fleurs
|
"
|
"
|
Milletia thonningii
|
-
|
"
|
"
|
Sesbania pachycarpa (D. C.).
|
-
|
"
|
"
|
Xerroderri sulthmanii (Taub.) Mend
|
-
|
"
|
"
|
& Sous.
|
-
|
"
|
"
|
Lonchocarpus sericeus (Poir) H.B.K
|
-
|
"
|
"
|
Lonchocarpus cyanescens (Schum
|
-
|
"
|
|
&Thonn)
|
-
|
"
|
"
|
Pterocarpus santalinoïdes (l'Her. ex
|
-
|
"
|
"
|
D.C.)
|
-
|
"
|
"
|
Pterocarpus erinaceus (Poir)
|
-
|
"
|
"
|
Pacchyrrhizus angulatus (Rich.)
|
-
|
"
|
"
|
Psophocarpus palustris (Deso.)
|
-
|
"
|
"
|
Afromosia laxiflora (Benth) Harms
|
-
|
"
|
"
|
Andira inernis (Wright) D.C.
|
-
|
"
|
"
|
Carnavalia ensiformis (L.) D.C.
|
-
|
"
|
"
|
Centrosema pubescens
|
-
|
"
|
"
|
Carnavalia virosa (Roxb.)
|
-
|
"
|
"
|
Esclerotona dolabriformis (coll.)
|
-
|
"
|
"
|
Parkia africana (Jack) Benth
|
-
|
Taylor (1978)
|
Mimosaceae
|
|
Feuilles
|
Atachi &
|
|
|
Gousses
|
Djihou (1994)
|
Cesalpinaceae
|
Poinciana sp
|
Gousses
|
Taylor (1978)
|
"
|
Cassia occidentalis (L.)
|
Fleurs
|
Atachi &
|
"
|
Cassia obtusifolia (L.)
|
Fleurs
|
Djihou (1994)
|
Pedaliaceae
|
Sesamun sp.
|
Fleurs, gousses
|
"
|
Malvaceae
|
Hibiscus sp
|
-
|
Taylor (1978)
|
"
|
Abutilon mauritianum (Jack) Medic.
|
Fleurs, fruits
|
"
|
Annonaceae
|
Annona senegalensis (Pers.)
|
Fruits
|
Atachi &
|
Moraceae
|
Ficus gnaphalocarpa (Miq) A. Rich.
|
Fruits
|
Djihou (1994)
|
Rubiaceae
|
Gardenia erubescens (Stapf & Hutch)
|
Fruits
|
"
|
Euphorbiaceae
|
Ricinus communis (L.).
|
Bourgeons végétatifs, fleurs
|
" "
|
|
|
|
"
|
1-2-4 Ennemis naturels
Dans l'écosystème du niébé, il
existe une diversité d'ennemis naturels de M. vitrata.
Cependant, la chenille de M. vitrata est très peu
attaquée sur le terrain par les ennemis naturels, le taux d'infestation
variant entre 1 et 5%. Ainsi, Taylor (1967) a obtenu 5% ; Gblagada (1982)
trouva quant à lui 1,5 à 4,6 % et Adango (1994), 3,9% en
condition expérimentale et 3,2% en milieu paysan. Mais des interactions
diverses peuvent exister entre les ennemis naturels de M. vitrata et
ses plantes hôtes. Ainsi, l'action des ennemis naturels peut être
plus importante et plus efficace sur ces plantes hôtes que sur les
légumineuses herbacées. C'est le cas de Phanerotoma
leucobasis (Kriechbaumer), parasite ovo-larvaire de M. vitrata,
qui présente plus de succès sur les arbres et arbustes que sur
les légumineuses herbacées. Cependant, c'est le
phénomène contraire qui est observé chez
Trichogrammatoïdae sp. parasite oophage de M.vitrata
(Tamò et al., 2002). Les ennemis naturels peuvent être
répartis en trois catégories: les prédateurs, les
entomopathogènes et les parasitoides. Le tableau 6 présente les
principaux ennemis naturels de M.vitrata.
1-2-5 Les parasitoïdes
L'immense diversité des Arthropodes, en particulier
celle des insectes et des Acariens, en fait le groupe taxonomique
potentiellement le plus important comme source de biocides autonomes
potentiellement exploitables en lutte biologique. Ainsi, plus de 150.000
espèces d'insectes sont parasites ; la majorité d'entre elles
étant plus précisément des parasites d'autres insectes
(Waage & Greathead, 1986). Les espèces exploitées en lutte
biologique contre les ravageurs sont le plus souvent des
Hyménoptères Chalcidoîdes, ou Ichneumonoïdes, et des
Diptères tachinides ; mais d'autres groupes
d'Hyménoptères, de Diptères et Coléoptères
sont aussi exploités à un moindre degré (Poinar &
Thomas, 1985). Les parasitoïdes sont caractérisés par un
adulte ayant de forte capacité d'orientation et de
répérage d'hôtes potentiels. Généralement
l'adulte dépose un ou plusieurs oeufs de façon qu'ils soient
directement en contact de l'hôte soit en surface ou à
l'intérieur dans le cas d'Hyménoptère, mais seulement en
surface dans le cas des Tachines. Ainsi on distingue les endoparasites qui se
développent dans le corps de leur hôte et les ectoparasites qui se
développent à l'extérieur. Les parasitoïdes sont des
candidats de premier choix comme biocides autonomes applicables en la lutte
biologique contre les ravageurs. Leur utilisation présente certains
avantages sur d'autres possibilités, en particulier les microorganismes
:
- une forte autonomie et une grande mobilité se
manifestant par une capacité élevée de dispersion, de
repérage du ravageur et de suivi indépendant ;
- une bonne capacité d'auto propagation avec
possibilité d'effets durables sinon permanents et
modérément amplifiés pour que l'hôte convenable soit
accessible ;
- un niveau de sécurité exceptionnel pour la
santé humaine et la qualité du milieu et ;
- une spécificité très élevée
qui permet une capacité d'intervention précise contre un
ravageur particulier ou quelques espèces
apparentées. Mais leur emploi présente aussi des
inconvénients :
- le caractère onéreux de leur production en
masse qui nécessite l'élevage d'hôtes spécifiques
devant être aussi produits en masse à partir de plantes vivantes
ou de régimes alimentaires particuliers ;
- le fait que leur livraison vers le lieu d'intervention
nécessite des précautions spéciales pour assurer
l'intégrité des entomophages libérés ;
- le fait que leur libération soit surtout manuelle, donc
exigeante en main d'oeuvre ; - la longueur relative de leur délai
d'action ;
- l'incertitude quant au niveau de répression qui est
lié à l'influence des conditions extérieures sur
l'activité et la survie des parasitoides et ;
- le niveau élevé de leur spécificité
biologique qui limite la gamme des ravageurs visés et la position d'auto
propagation lorsque l'hôte a une faible densité.
· Apanteles taragamae (Viereck) > Origine
Apanteles taragamae a été
identifié dans les champs de Sesbania cannabina sur lequel
l'attaque de M. vitrata est aussi sérieuse. En effet, c'est
après une prospection pouvant aider à recenser tous les ennemis
naturels de M .vitrata que Apanteles taragamae fut
découvert à Taïwan.
> Biologie
Chez ce parasitoïde, il existe une différence
morphologique entre les deux sexes. Ainsi, la femelle a un corps noir mesurant
environ 2,89 mm de long. Elle possède des yeux noirs et deux antennes
qui mesurent environ 2,26 mm de long. Les ailes sont transparentes et les
pattes sont généralement noires. L'abdomen est noir et se termine
par un ovipositeur. Ce dernier mesure 1,35 mm de long environ. Par contre, le
mâle se distingue de la femelle par :
- un corps plus petit (2,28 mm de long environ)
- des antennes légèrement plus longues (2,59 mm de
long environ)
- un abdomen plus mince et sans ovipositeur.
Ils s'accouplent très tôt après leur
émergence. Les mâles émergent d'abord de la pupe et
fécondent les femelles au fur et à mesure qu'elles apparaissent.
Les femelles ne s'accouplent qu'une seule fois au cours de toute leur vie
(Ekpodilè, 2006). Le sexe ratio chez l'espèce est de 50% donc une
femelle pour un mâle. Mais quelquefois, 2 à 3 mâles essaient
de s'accoupler avec la même femelle et il s'en suit la mort de celle-ci.
Ceci pourrait, entre autres expliquer la mortalité des femelles au sein
d'une population. En effet, dans une population de A. taragamae, le
nombre de mâles dépasse largement celui de femelles. Les femelles
non fécondées des Hyménoptères en
général ne produisent que de mâles (Greathead et
al., 1992).
La recherche de l'hôte par la femelle se fait par une
prospection sans cesse sélective de l'organisme visé dans son
habitat. Ainsi avec ses antennes, elle identifie la chenille hôte, et une
fois la chenille retrouvée, elle peut monter sur elle et se pencher de
côté, baisse son abdomen, insère son ovipositeur dans la
chenille hôte et y dépose des oeufs. Cette phase dure
généralement quelques secondes. Les oeufs se développent
à l'intérieur de la chenille hôte jusqu'à
l'éclosion. La larve de A. taragamae qui sort de la chenille
hôte dure quelques heures (5 à 10 heures environ) et se transforme
en pupe. Pour sortir, la larve de A. taragamae, déchire le
corps de son hôte, entraînant ainsi la mort de celui-ci. La pupe
est cylindrique et arrondie aux deux extrémités. Elle mesure
environ 3,73 mm de long et 1,27 mm de large. Elle est d'une couleur blanc
claire au début et devient sombre à la fin de la pupaison.
L'émergence de l'adulte a lieu 4 à 8 jours après la
pupaison à 24,6°C et 80-85% d'humidité relative (Peter &
David, 1 990).Lors des périodes d'intense activité, le
parasitisme de A. taragamae atteint un seuil élevé de
63% des chenilles de M.vitrata trouvées sur S.
cannabina de juin à août avec une réduction de
septembre à novembre. (Huang et al., 2003)
![](Interaction-de-Baculovirus-MaviNPV-et-du-Parasitoiumlde-Apanteles-taragamae-Viereck-Hymenopte37.png)
2mm
Photo 3 : Adulte de Apanteles taragamae
(viereck) Réalisé par Dr Georgen, IITA-Bénin.
1-2-6 Dégâts et importance
économique
La foreuse de gousse occasionne de graves dégâts
sur les plants de niébé. Les dégâts de cette pyrale
ont été signalés surtout sur les Fabaceae cultivés
dans toutes les régions tropicales et subtropicales du monde (Atachi
& Djihou, 1994). Les dégâts sont causés par les
chenilles qui se nourrissent des tiges tendres, des pédoncules et des
fleurs. Ces chenilles, par l'intermédiaire des fils soyeux, migrent
d'une fleur à une autre. Dans ces conditions, 4 à 6 fleurs
peuvent être détruites avant le développement complet de la
chenille (Gblagada, 1982). La présence de l'insecte se signale par ses
excréments qui restent accrochés aux fils soyeux avec lesquels la
chenille lie les organes attaqués (Autrique & Perreaux, 1989).
L'incidence économique de ses dégâts est
remarquable. Dans ses travaux, Taylor (1978) a montré que les
activités de M. vitrata sont sérieuses, continuelles et
se situent généralement au dessus du seuil économique. Les
dégâts chez cet insecte entraînent des pertes de rendement
de 30 à 86 %, même chez les variétés à haut
rendement (Okeyo- Owuor et al., 1983) ou entre 20 à 80% (Singh
et al., 1990). Néanmoins, avec une lutte appropriée, les
rendements en graines de niébé peuvent passer de 100 - 300 kg
à plus de 1000 kg/ ha (Singh et al., 1990).
Pour accroître la production du niébé au
Bénin, des actions efficaces doivent être entreprises dans
plusieurs domaines pour favoriser son développement. Au nombre de
celles- ci, nous pouvons indiquer l'utilisation des bio pesticides, des
variétés résistantes aux insectes ou aux maladies, des
ennemis naturels et des méthodes efficientes résultant de la
combinaison d'au moins deux techniques de lutte pouvant contribuer à la
réduction sensible des ravageurs.
1-3 Méthodes de lutte contre M.
vitrata
La lutte contre ce ravageur s'avère nécessaire
afin de diminuer considérablement la pression d'attaque due à cet
insecte. Ainsi, pour la protection durable du niébé contre cette
foreuse des gousses, diverses méthodes ont été
développées. Ces dernières se substituent ou se
complètent dans le temps et dans l'espace. Ainsi, pour une lutte
efficace, les pheromones peuvent servir d'avertissement agricole puissant
pouvant nous aider à reduire le dégré d'infestation afin
de vite intervenir pour limiter les dégâts.
1-3-1 Pratique traditionnelle : Utilisation des pesticides
botaniques
Les diverses pratiques recouvrent l'utilisation des plantes
insecticides. Jackai & Oyediram (1991) disent à propos de
l'utilisation des plantes insecticides que les différentes
concentrations (5 ; 10 et 20%) d'huile de neem ont un effet inhibiteur
prononcé sur les chenilles de M. vitrata.
1-3-2 Lutte culturale
Elle requiert certaines pratiques culturales qui permettent
à la culture d'échapper aux dégâts causés par
les ravageurs. Certaines cultures associées avec le niébé
se sont avérées susceptibles de réduire les effets nocifs
de M. vitrata sur celui-ci. Ainsi, les lignées
résistantes du sorgho et du niébé en culture
associée protègent remarquablement leur homologue sensible contre
les principaux insectes parasites notamment M. vitrata (Omolo &
Ogango, 1999). Pour cette lutte culturale, il est aussi recommandé la
destruction des gousses attaquées ainsi que celles des
légumineuses qui poussent spontanément afin d'éviter le
maintien d'une population de ravageurs tout au long de l'année
(Autrique, 1981).
1-3-3 Lutte chimique
C'est la méthode de lutte la plus pratiquée.
Elle est fondée sur l'utilisation des pesticides qui anéantissent
le parasite par contact, par inhalation ou par ingestion. Plusieurs
insecticides ont été testés par différents
chercheurs pour le contrôle de M. vitrata. Les résultats
varient selon les saisons culturales, les localités et les
années. Il serait inexact de désigner l'insecticide le plus
efficace contre cet insecte. Ainsi, pour lutter contre cette pyrale, plusieurs
insecticides ont été étudiés par différents
chercheurs (Atachi & Adeoti ; 2004). Atachi & Souroukou (1989)
préconisent l'application du Decis (deltaméthrine) aux
45ème et 65ème jours après les
semis, alternée avec le Systoate (diméthoate) au
55ème jour aux doses respectives de 12,5 g/ha et 400g/ha. En
effet, selon les mêmes auteurs, le Decis contrôle mieux la
population larvaire de M . vitrata dans les fleurs et les gousses que
le systoate. Mais malgré le fait qu'ils contribuent à augmenter
les rendements en luttant contre les ravageurs, leur utilisation
présente beaucoup d'inconvénients parmi lesquels nous pouvons
citer : promotion de la résurgence, sélection des ravageurs
résistants, détérioration de la santé humaine et
animale, pollution du sol, de l'air et des eaux. La situation actuelle ne se
prête pas à la suppression totale des pesticides. Pour cela, des
efforts doivent être entrepris afin de minimiser les risques.
1-3-4 Résistance variétale
Il s'agit de la méthode la plus saine et la plus
importante pour lutter contre l'insecte. Elle repose sur l'utilisation de
variétés résistantes. Il s'agit de la capacité
génétique que présente le niébé à
donner un rendement de bonne qualité et plus élevé que les
variétés ordinaires pour une même densité de
population d'insecte. Selon Painter (1954) les mécanismes de base de
défense sont : l'antibiose, la tolérance ou la non
préférence.
La résistance des variétés VIT A5 et TVU
946 réside dans l'inhibition des premiers stades larvaires (Okech &
Saxena, 1990). Selon Oghiakhes et al. (1992), les
variétés de niébé qui produisent des gousses
à angles ouverts (> 89°) révélent une
résistance aux attaques de M .vitrata. Pour Machucka et
al. (1999), l'utilisation de l'antibiose est une voie prometteuse pour
l'obtention des variétés transgéniques résistantes
aux attaques de cette pyrale. Il est important de retenir que la
résistance variétale est le moyen de lutte le moins astreignant,
le plus économique et le moins polluant (Messiaen ,1981).
1-3-5 Lutte biologique
La lutte biologique est l'utilisation des organes vivants en
tant qu'agents de lutte contre les ravageurs. (Kumar, 1991). Selon le
même auteur, la signification traditionnelle de lutte biologique est la
manipulation des ennemis naturels des ravageurs visant à réduire
ces derniers à des niveaux rendant tolérables les pertes
économiques qu'ils entraînent.
Il est important de distinguer les différents types de
lutte biologique. Ainsi, il y a :
- la lutte biologique classique ou inoculative. On qualifie de
lutte biologique classique, ou par introduction, la technique qui consiste
à introduire une nouvelle espèce dans un environnement afin de
contrôler les populations d'un ravageur (Pedigo ,1996).
- la lutte biologique inondative est une technique
augmentative consistant à augmenter les populations d'ennemis naturels
existant déjà dans un milieu donné. Dans ce cas, les
quantités relâchées dans le milieu sont importantes et
l'objectif est de détruire immédiatement le ravageur sans que
l'établissement et la reproduction de l'ennemi naturel ne soient
visés. Des efforts considérables ont été
déployés pour le contrôle biologique de M. vitrata
ces dernières années (Tamò et al., 2003).
Les méthodes biologiques sont celles qui offrent le plus
de solutions véritables et durables (Cloutier & Cloutier 1992).
1-3-6 Lutte intégrée
La lutte intégrée est une pratique de lutte qui
associe au moins deux méthodes de contrôle complémentaires
des ravageurs (Kossou & Aho, 1993). Elle est un système de lutte
contre les ravageurs qui, dans le contexte de l'environnement et de la
dynamique des populations des espèces de ravageurs, emploie toutes les
techniques et les méthodes adaptées d'une manière aussi
compatible que possible, pour réduire et maintenir les populations des
ravageurs à des niveaux entraînant des dommages économiques
faibles (Glass ,1975).
Au Bénin, plusieurs projets, dont notamment le «
projet niébé », utilisent l'approche de lutte
intégrée contre les ravageurs du niébé. A cet
effet, Kossou et al. (2001) avancent une approche de lutte
intégrée selon laquelle une mesure de contrôle
intégrant la conservation des ennemis naturels à travers la
gestion des habitants des cultures et l'utilisation des plantes insecticides.
Cette méthode de lutte a pour objectif de mettre au point des
méthodes mixtes appropriées de luttes anti ravageurs qui seraient
en harmonie avec les réalités économiques et
écologiques, favorisant ainsi un équilibre environnemental fiable
et vivable.
1-3-7 La lutte microbiologique
Comme la plupart des animaux, les insectes sont sensibles aux
maladies causées par une variété d'organismes
pathogéniques dont certains présentent un potentiel
élevé en tant qu'agents de lutte biologique. Les
pathogènes pénètrent dans le corps de l'insecte de
manière passive lors de l'ingestion d'aliment ou active par les orifices
naturels ou par voie directe à travers la cuticule. Une fois à
l'intérieur de l'hôte, les pathogènes se multiplient
rapidement, puis entraînent la mort de l'hôte après une
période de latence plus ou moins longue en produisant des substances
toxiques ou en épuisant les ressources alimentaires de ce dernier. Cinq
principaux groupes ont montré dans la pratique, un potentiel
considérable en lutte microbiologique. Il s'agit des Bactéries,
des Virus, des Champignons, des Nématodes et des Protozoaires.
(Programme Natura/Nectar, 1996).
La plupart des pathogènes présentent une grande
spécificité et certains, notamment les virus, n'infectent qu'un
seul genre ou qu'une seule espèce d'hôtes (Cloutier &
Cloutier, 1992).
|