INTRODUCTION
L'une des préoccupations des pays subsahariens est le
développement du secteur agricole en vue d'une croissance de la
production agricole pour assurer la sécurité alimentaire et la
réduction de la pauvreté. Cette préoccupation est d'autant
plus importante qu'on observe de nombreux cas de malnutrition et de sous
alimentation conduisant à des pertes en vies humaines et en
productivité de travail. L'agriculture, dans le tiers monde et surtout
en Afrique subsaharienne, reste marginale et est caractérisée par
une faible productivité. Ceci constitue la principale cause de
pauvreté dans ces pays en voie de développement où les
problèmes de déficits alimentaires et surtout protéiniques
se posent avec acuité.
Pour son alimentation, l'homme dans ces régions fait
souvent recours aux principales cultures de bases d'origine animale,
végétale ou minérale. Parmi les aliments d'origine
végétale, les légumineuses vivrières, qui, occupent
une place prépondérante, sont sans doute le moyen le plus
efficace pour assurer l'équilibre alimentaire de la population des
régions tropicales (FAO, cité par Akpovi, 1993). Elles
constituent une source importante et peu coûteuse de protéine par
rapport aux protéines animales et répondent au niveau de vie de
la majorité de la population africaine (IITA, 1992). Elles ont la
capacité d'augmenter la fertilité du sol (Tiyagi & Paveen,
1990). En effet, parmi les légumineuses vivrières
rencontrées au Bénin, le niébé est le plus
cultivé (Atachi & Desmidts., 1984). La
consommation du niébé constitue alors un appoint non
négligeable pour l'amélioration de la qualité
nutritionnelle du régime alimentaire de la population de ces pays en
voie de développement.
Au Bénin, le niébé n'occupe que 7.8% des
superficies totales cultivées et présente des avantages aussi
bien sur le plan alimentaire et que sur le plan économique (OBOPAF,
2004). En plus de ses graines, le niébé offre à
l'alimentation humaine ses feuilles tendres et ses fanes à
l'alimentation animale (Akundabwensi et al., 1991 ; Okeyo-Owuor et
al., 1991). A cet effet, une production de bonne qualité et en
quantité suffisante s'avère nécessaire pour satisfaire la
demande en niébé de la population de ces régions. Mais en
Afrique de l'ouest, la production actuelle du niébé est loin de
couvrir les besoins de la population.
Comment expliquer ce paradoxe ?
Il est dû au faible rendement moyen en Afrique : 100
à 400 kg/ha (Assa, 1976 ; Ntare, 1989), faiblesse due à de
nombreux facteurs tels que les insectes nuisibles, les maladies cryptogamiques.
Très peu de cultures souffrent de pareilles attaques d'insectes (Assa,
1976 ; Taylor, 1978, Atachi & Ahohuendo, 1989). Tous ces facteurs
constituent pour le niébé des obstacles sérieux dont on
est obligé de se défaire pour une productivité de
quantité et de
qualité.
Les pertes occasionnées par les différents
ravageurs (insectes, nématodes, maladies et adventices) sont
évaluées à 300 millions de dollars américains par
an (NRI, 1991). Ainsi, la forte pression parasitaire et les maladies
constituent la seule contrainte majeure pour la production du
niébé (Atachi et al., 1985). Au nombre des ravageurs, la
foreuse de gousse, Maruca vitrata Fabricius
(Lépidoptèra) est un ravageur très sérieux
de niébé dans les régions tropicales et subtropicales de
l'Asie, de l'Amérique Latine et de l'Afrique (Liao & Lin, 2000). Au
cours de son développement, les chenilles de cet insecte se nourrissent
des pédoncules, des boutons floraux, des fleurs et gousses encore
fraîches (Okech & Saxena, 1990). Les dégâts
causés par M.vitrata sont estimés en une perte de
rendement de 30 à 86% (OkeyoOwuor et al., 1983 ; Atachi &
Ahohuendo, 1989 ; Singh et al., 1990 ; Tamò et
al.,2003). Il s'avère important et même capital, de chercher
tous les moyens nécessaires pouvant aider à lutter efficacement
contre ce ravageur. Ainsi, plusieurs moyens de luttes contre cet insecte
nuisible ont été mis au point. Parmi ceux-ci, la lutte chimique
est la plus ancienne et la plus utilisée pour le contrôle de la
population de cet insecte. Son application a connu au début de sa mise
au point des succès spectaculaires, mais une diminution graduelle de son
efficacité se note dans le temps. Ce phénomène est
dû au système d'adaptation, de développement de
résistance chez les ravageurs vis-à-vis des pesticides (Brooks,
1993).
Pour parvenir à une réduction
considérable de la population de ce ravageur suite au problème de
développement de résistance, il faudra utiliser des insecticides
beaucoup plus toxiques et augmenter le nombre d'application de pesticides tout
en les changeant régulièrement (Bourguerra ,1986). Mais, si
l'application répétée des pesticides hautement toxiques
peut réduire les populations des ravageurs des cultures, elle est loin
d'être écologiquement et socialement saine, et s'effectue à
grand frais. Aussi, ces produits sont-ils à l'origine de plusieurs cas
d'intoxication et font selon les estimations de l'ONU, chaque année,
40.000 victimes, puis provoquent des séquelles chez environ 2.000000 de
personnes (IITA, 1988).
Dans le cas particulier de la lutte contre M.
vitrata, la lutte chimique est bien établie et fait appel à
l'utilisation d'une large gamme d'insecticides (Atachi & Sourokou, 1989 ;
Singh et al., 1990). Malgré l'établissement de cette
méthode de lutte contre M. vitrata sur le niébé,
elle ne serait pas envisageable dans les régions où ses feuilles
sont consommées comme légume à cause de la toxicité
des insecticides (Okeyo-Owuor et al., 1991).
A cause des problèmes que pose l'utilisation des
pesticides, d'autres méthodes de lutte visant une réduction de
l'intensité d'application des pesticides ont été mises au
point. Il
s'agit de la lutte par la résistance variétale, par
la pratique culturale et la lutte biologique, méthode dont les
efficacités diffèrent vis-à-vis de M. vitrata.
En ce qui concerne la lutte variétale, elle est
difficilement applicable pour le contrôle de M. vitrata car il
est difficile de trouver des variétés de niébé dont
les fleurs et les gousses seraient résistantes à ce ravageur
(Jackai & Singh, 1981 ).Quant aux pratiques culturales, telles que les
cultures pièges et l'association culturale, elles n'ont jusqu'à
présent donné que des résultats d'un intérêt
limité (Amoaka-atta & Omolo, 1983). Outre tous les organismes
nuisibles, il existe beaucoup d'agents qui aident à combattre les
ennemis des cultures; ce sont les auxiliaires ou ennemis naturels. Ceux-ci
vivent aux dépens des ennemis des cultures, par exemple, en les
dévorant ou en les parasitant; c'est la lutte biologique. On peut la
définir comme l'utilisation d'auxiliaires, afin de réduire les
dégâts causés par des ennemis des cultures à un
niveau économiquement acceptable. Mais elle exige une étude
détaillée d'identification et d'évaluation des parasites,
prédateurs et pathogènes de ce lépidoptère
(Okeyo-Owuor et al., 1991).
La lutte biologique, qui préconise l'emploi d'agents
très spécifiques, ne peut être considérée
comme une panacée universelle susceptible de protéger toute
culture contre tout ennemi. C'est pourquoi aujourd'hui, la mise en oeuvre de ce
concept s'inscrit systématiquement dans le cadre de la lutte
intégrée.
C'est dans ce contexte que le présent travail
effectué dans le laboratoire de l'IITA trouve sa pertinence.
L'objectif principal de ce travail est de trouver un moyen
efficace permettant une réduction sensible de l'utilisation des
insecticides de synthèse au profit de la lutte biologique et la mise en
place d'une unité de production des parasitoïdes infectés
efficaces à moindre coût pour lutter contre M. vitrata,
ravageur de niébé. Pour atteindre cet objectif, un certain nombre
d'objectifs spécifiques sont visés. Il s'agit de :
- étudier les possibilités d'acquisition et de
transmission du virus (MaviNPV) par le parasitoïde Apanteles
taragamae aux chenilles de M.vitrata.
- examiner les effets conjugués du virus et du
parasitoïde sur les chenilles de M. vitrata afin d'en
déduire la synergie ou l'antagonisme.
Ce travail se déroule en différentes parties :
- la première partie fait le point sur les travaux
déjà effectués.
- la deuxième partie décrit le matériel et
la méthodologie utilisés.
- la troisième partie analyse les résultats
obtenus.
- la quatrième partie aborde la discussion des
résultats obtenus.
- la dernière partie tire les conclusions, qui
découlent de l'analyse des résultats avec un accent sur les
recommandations.
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