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Interaction de Baculovirus MaviNPV et du Parasitoïde (Apanteles taragamae (Viereck)) (Hymenoptera : Braconidae) pour le contrôle de Maruca vitrata Fabricius (Lepidoptera : Pyralidae).

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par D. Wilfried Laleye
Universite d'Abomey Calavi - Ingenieur Agronome 2007
  

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1-4- Les virus entomopathogènes

Les virus sont des organismes pathogéniques obligatoires, ultramicroscopiques et intracellulaires. Ils sont constitués d'un seul type d'acide nucléique (Acide Desoxyribonucléique (ADN) ou Acide Ribonucléique (ARN) entouré ou non d'une enveloppe protectrice de nature protéine ou lipoprotéine appelée capsule. En effet, les virus sont capables d'organiser leur propre réplication seulement à l'intérieur de leur hôte (Mattews, 1991).

Hunter-Fujita et al. (1998), ont inventorié 13 familles de virus dont les Baculoviridae, les Iridoviridae, les Réoviridae, les Entomopoxviridae, les Barvoviridae, les Ascoviridae, les Birnaviridae, les Caliciviridae, les Nodaviridae, les Picornaviridae, les Rhabdoviridae, les Tetraviridae, les Polydnaviridae, en plus d'un grand nombre non encore classifié.

Environ 1600 espèces de virus ont été isolées sur 1100 espèces d'insectes et d'acariens. Certaines d'entre elles infectent seulement les Arthropodes et d'autres Crutacés. Cependant, en pratique, seuls les Baculovirus sont actuellement utilisés comme agents de lutte biologique (Dent, 1991).

1-4-1- Les Baculovirus

· Origine

Les Baculovirus ont été découverts pour la première fois en Asie au 1 6ème siècle dans une sériciculture de lépidoptère Bombyx mori. Ils ont une grande importance dans la lutte biologique contre des ravageurs des cultures.

En matière de lutte biologique, beaucoup de travaux ont été faits sur plusieurs espèces de lépidoptères. Mais c'est dans l'ordre des Hyménoptères que deux espèces de guêpes ont été identifiées (Catopsilia thauruma Mabille et Catopsilia versicota Saalmuller) comme espèces ayant la capacité de conservation du pouvoir infectieux des virus. Elles ont été identifiées comme étant respectivement à l'origine des Baculovirus et des Cypovirus (Morel & Fouillaud, 1994).

· Morphologie, Biologie et Taxonomie des Baculovirus

Les Baculovirus constituent un groupe de virus très vaste. Ils ont été isolés principalement des insectes et un peu des autres arthropodes tels que les Crutacés et les Acariens, Arachnides (Robert et al., 1984). Différentes espèces de Baculovirus peuvent infecter des chenilles de lépidoptère dont certaines sont des ravageurs de culture, mais aussi

des Hyménoptères, des Diptères, des Coléoptères et des Trichoptères. Contrairement aux autres virus des insectes, les Baculovirus ne semblent présenter aucun risque écologique. En effet, aucun cas d'infection n'a été observé jusqu' aujourd'hui chez les vertébrés ou les végétaux, que ce soit en conditions naturelles ou expérimentales. Devauchelle & Cérutti (2000) ont montré que les Baculovirus sont très virulents pour certaines espèces d'insectes mais sans effets néfastes sur les vertébrés et les végétaux. Seules les chenilles sont touchées après l'ingestion d'aliments contaminés. Ils sont très spécifiques à l'espèce et parasitent seulement une seule espèce d'insectes ou quelques espèces à l'intérieur du même genre. Cependant, il y en a un petit nombre qui peut infecter plusieurs espèces d'insectes à la fois. Ces virus en forme de bâtiments enveloppés, d'une longueur d'environ 250 - 300 nm et d'un diamètre de 30 - 50 nm avec une moyenne de 45 nm , contiennent un génome constitué d'une molécule d'ADN bicaténaire circulaire. Ils se répliquent uniquement dans le noyau des cellules hôtes (Cloutier & Cloutier, 1992). Leur structure est constituée d'une nucléocapside ou coque formée de la chaîne d'ADN circulaire enroulée en spirale de la capside. Il faut noter que ces nucléocapsides peuvent être regroupées en faisceau délimité par une enveloppe lipoprotéique appelée virion. Un corps d'inclusion (polyèdre ou granule) peut contenir plusieurs virions. Il est formé d'une protéine du nom de polyèdrine. La polyèdrine est une protéine structurale viro-codée qui constitue la matrice, protège les virions contre les influences de l'environnement et permet à ces virus de persister pendant plusieurs années sous conditions favorables. Chez les polyèdroses nucléaires et les granuloses, les particules virales se développent dans une structure cristalline de nature protéique (corps d'inclusion), permettant de conserver le facteur d'infection hors de l'hôte. On parle dès lors de virus d'occlusion (Hunter-Fujita et al., 1998)

Les Baculovirus se dissolvent en présence d'une solution alcaline : c'est un caractère physiologique propre à ces virus entomopathogènes. La famille des Baculoviridae a été connue depuis des décennies. Selon Greathead et al. (1992) cette famille est subdivisée en deux sous-familles :

- les Eubaculovirinae constitués de deux Genres ;

+ Le genre polyèdre nucléaire (NPV on Nuclear Polyhedrosis Virus) regroupe les virus qui sont inclus dans des corps protéiques de 1 à 5 appelé polyèdres (Figure 3). Dans ce groupe, on distingue deux sous-groupes de NPV selon que les particules se présentent à raison d'une seule nucléocapside (SNPV = Single Nuclear Polyhedrosis Virus) tel que Bombyx mori SNPV ou de plusieurs nucléocapsides (MNPV=Multiple Nuclear Polyhedrose virus) à l'exemple de l'Ac MNPV isolé des

chenilles d'Autographa californica.

+ Le genre Granulose (GV ou Granulosis Virus) au niveau duquel il y a une seule nucléocapside dans un corps d'inclusion appelé granule à l'exemple de Granulosis Virus (GV) isolé à partir de Plutella xylostella.

La différence entre les deux genres est que les polyèdroses nucléaires affectent principalement les lépidoptères et les Hyménoptères phytophages tandis que la Granulose affecte surtout les lépidoptères.

- les Nudibaculovirinae : cette sous-famille est constituée des Baculovirus dépourvus de corps d'inclusion pendant tout leur cycle de développement.

Figure 3: Polyèdres de NPV (laissés) et une section transversale d'un MNPV
Source : www.univ-montp1.fr/biotech/Baculovirus/BaculoStructure.htm-101K. (2004)

GP 64

Corps d'inclusion (polyèdre ou granule)

nvelope du Enveloppe du virion

Enveloppe polyédrale

Enveloppe issue

de la cellule de ADN viral

l'hôte

Nucléo
Nucléo capside

Virus bourgeonné Vi

Virus dérivé par
occlusion

Figure 4: Schéma d'un virus bourgeonné (BV) et d'un virus dérivé par occlusion
Source : www. Univmonpt1.fr/biotech/Baculovirus/BaculoSommaire.htm (2001)

(ODV)

Figure 5: Culture de cellules Spodoptera litura infectées par un Baculovirus

Source : www. Univmonpt1.fr/biotech/Baculovirus/BaculoSommaire.htm (2001)

· Ecologie des Baculovirus

Les Baculovirus vivent dans différents milieux mais ne se multiplient que lorsqu'ils se retrouvent au sein de leur hôte. Ils sont stables dans le sol et les autres milieux protégés. Cela leur confère une longue persistance et une durabilité utile dans l'optique de la production de bio pesticides (Jacques, 1973 ; Fuxa, 1987). Les corps d'inclusion restent de préférence dans les premiers centimètres du sol. Les particules virales sont très sensibles à conditions environnementales telles que la température, le pH et le rayon ultra violet.

Après infection virale, des chenilles meurent puis libèrent de nombreuses particules virales dans le sol. Ces particules sont suffisamment importantes pour infecter d'autres individus. En effet, les polyèdres en provenance des chenilles mortes contaminent les environs et les feuilles inférieures des plantes ; ils constituent donc une nouvelle source d'infection pour d'autres chenilles vivant à proximité.

Il a été constaté que 98% de corps d'inclusion de Mamestra brassicae NPV ont disparu du sol après une période de 12 mois (Evans et al., 1980). De même, la persistance de l'activité des Baculovirus s'atténue avec le temps lorsqu'ils se retrouvent dans le sol, dans l'eau et dans tout milieu qui leur est défavorable.

· Mode d'action et cycle de réplication

Les Baculovirus utilisent plusieurs modalités pour infecter leurs hôtes : l'ingestion, les voies ovariennes, l'infection par contact direct. Mais, l'infection baculovirale commence par l'ingestion des corps d'inclusion (OB) sur le régime de l'insecte hôte.

Au cours du processus d'infection dans le noyau des cellules, ces virus forment des corps d'inclusion constitués de plusieurs particules virales dans une matrice protéinique

composée principalement de la polyédrine, simple polypeptide. Les polyèdres, une fois ingérés par les larves, sont dissouts dans le suc intestinal en général très alcalin ; les virions sont libérés puis pénètrent dans les cellules intestinales par fusion membranaire ou endocytose (Figure5). Après leur passage dans l'épithélium intestinal, ces virus infectent les hémocytes et les tissus adipeux de leur hôte où ils se multiplient.

Chez les Lépidoptères, l'infection est normalement limitée à l'intestin. Les virus secrètent dans le corps des larves, une sorte de protéase qui permet aux cheniiles de s'éclater et de libérer les corps d'inclusion. Les chenilles atteintes de maladies virales apparaissent souvent pâles et flasques. Elles prennent la couleur brune et noire par suite d'une infection bactérienne. Dans certains cas, les virus liquéfient les corps gras, entraînant une turgescence de la larve suivie de sa mort (Meynadier et al., 1993) 5 à 14 jours après l' infection. Chez les Lépidoptères, la majorité des cellules du corps de la chenille infectée est finalement envahies par le virus. Les particules virales forment 30% du poids sec des larves malades à la fin du processus d'infection (Programme Natura/Nectar, 1996).

Après la mort de l'insecte, les corps d'inclusion très résistants sont disséminés dans la nature pour réinitier une autre infection après libération des particules virales qu'ils contiennent. Les polyèdres représentent principalement la forme d'infection de larve à larve à l'intérieur de l'insecte alors que les virions sont transmis de cellule à cellule par exocytose (Cloutier & cloutier, 1992).

Chez les Baculovirus, il existe la synthèse biphasique de deux particules différentes de virus : les particules virales extracellulaires issues du bourgeonnement de la cellule et les particules virales incluses dans les polyèdres. Les Virus Bourgeonnés (BV) contiennent généralement une seule nucléocapside simple, tandis que les Virus Dérivés par Occlusion (ODV) en contiennent plusieurs (Figure 6). Les nucléocapsides bourgeonnent dehors par le mur de cellules qui est préalablement modifié par l'addition de la protéine virale GP 64. Les ODV sont produits au cours de la dernière étape de l'infection virale (Fuxa, 1987). Ils sont enveloppés d'un corps protéique


· Transmission et importance des Baculovirus

La transmission peut être divisée en deux grandes catégories selon la manière dont le pathogène est introduit dans la population hôte. La transmission est dite horizontale lorsque le pathogène passe d'un individu à un autre sans que cela ne soit de parent à descendant direct (Canning, 1982). Cette transmission peut avoir lieu dans une même génération ou d'une

génération à une autre et ne dépend pas de la voie d'entrée. La transmission est dite verticale lorsqu'il y a un transfert direct du pathogène de l'organisme d'un parent vers sa descendance (Fine, 1975). Cette transmission permet le transfert du pathogène d'une génération à une autre. Elle est aussi appelée transmission congénitale, parentale, héréditaire ou transovariale.

Chez les Baculovirus, la transmission horizontale est de loin la plus fréquente (Kelly, 1981), et la voie d'entrée dominante est la bouche. La transmission orale se fait par ingestion d'aliments ou de matières fécales contaminées par les virus, mais cela peut aussi avoir lieu lorsque des individus se nourrissent directement des cadavres infectés suite à un cannibalisme des hôtes infectés (Tanada, 1964). Il faut noter que le phénomène de cannibalisme est très prononcé chez Maruca vitrata en cas d'insuffisance alimentaire.

Les Baculovirus peuvent aussi être transmis directement par les téguments, par l'ovipositeur d'Hyménoptère. L'inoculation de l'hôte sain se fait directement dans l'hémocoele par un ovipositeur contaminé. Les parasitoïdes peuvent aussi transporter mécaniquement le virus sur le corps d'un hôte sain, et l'entrée se fait par ingestion (Raimo et al., 1977 ). La contamination initiale du parasitoïde adulte résulte fréquemment de l'oviposition dans un hôte malade mais peut aussi se produire lorsque le parasitoïde a réussi à se développer dans une chenille d'hôte malade (Vail, 1981).

Membrane péri trophique

Intestin

pH alcalin

Ingestion des polyèdres

Post-intestin

Pré-Intestin

Dissolution des polyèdres pour libérer les virions: Rupture de la membrane péri trophique

Polyèdres à virions enveloppés

Membrane péri-trophique

Cellules intestinales

Figure 6 : Diagramme montrant le cycle d'infection d'un insecte hôte par le NPV Source :www.univ-montp 1 .fr/biotech/Baculovirus/BaculoStructure.htm- 101K (2004) .

Réplication

Réplication

Virus bourgeonné

Précoce

Tardif

Dissémination

Polyèdres dissous: migration et fusion des virions à la membrane des cellules intestinales

Virus bourgeonné

Dissémination

Virus inclus

Lyse cellulaire

Figure 7 : Cycle de réplication des Baculovirus

Source : www.univ-montp1.fr/biotech/Baculovirus/BaculoStructure.htm-101K. (2004)


· Importance et limite des Baculovirus dans la lutte biologique

Les Baculovirus ont présenté depuis longtemps un grand intérêt dans la lutte contre les ravageurs des plantes. Ils causent souvent des épizooties, exterminant presque des populations entières de chenilles et des insectes, généralement à la fin de la saison de croissance. Ces maladies sont relativement spécifiques à un nombre limité d'espèces d'hôtes potentiels (Dent, 1991).

Ces virus peuvent aussi rapidement causer la mortalité dans les 4 à 6 jours qui suivent l'infection selon la dose, la concentration et l'isolat du virus.

Les Baculovirus sont des virus exclusivement pathogènes d'invertébrés, en particulier les insectes, mais bénins pour les vertébrées. Les différents tests exécutés par Possée et al. (1993) ont attesté la non toxicité des Baculovirus pour les mammifères et même les formes recombinées. Plus de 3000 espèces d'insectes ont été contrôlées par le virus. Le mode d'action hautement spécifique et unique, la spécificité de l'hôte, font des Baculovirus une forme de lutte séduisante pour les agriculteurs, et cadre bien avec les programmes de lutte intégrée. Ils constituent des agents sécuritaires du point de vue de la santé des vertébrés et

entraînent des impacts environnementaux très négligeables.

Les caractéristiques principales des biopesticides à base de Baculovirus sont : la spécificité, la haute virulence, la rapidité d'action et le niveau raisonnable de persistance dans l'environnement. (Dent, 1991).

Les problèmes liés au développement de ces biopesticides sont les suivants : leur spectre d'action étroit, la lenteur de leur action par rapport aux insecticides chimiques, l'importance de programmation du traitement, la persistance limitée au champs, la sensibilité au rayonnement solaire et au PH plus élevé du feuillage. La durée de vie des Baculovirus est limitée par rapport aux insecticides chimiques. Leur rémanence est affectée par les radiations ultraviolettes. Les NPV et GV deviennent inactifs après quelques heures d'exposition au rayonnement solaire (Franz, 1971). Les rayons UV dénaturent les molécules d'ADN, ce qui bloque la réplication de l'ADN.

Le coût de production de ces agents constitue un frein à son développement, du fait qu'ils doivent être produits in vivo dans des cultures de cellules d'insectes ; ce qui nécessite un dispositif de culture cellulaire assez complexe. Le marché pourrait donc être assez limité à cause de la spécificité de la cible pour les Baculovirus et du nombre restreint d'espèces d'insectes ravageurs pour lesquelles ils sont pathogènes.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984