Les produits de cueillette (PC), c'est-à-dire les
parties non-ligneuses (fruits, liquides, feuilles, exsudats...) des ressources
végétales, à la différence du bois et du charbon de
bois, sont des produits non contingentés. A ce titre leur exploitation
n'est soumise à aucun quota de prélèvement
pré-établi par les services compétents de l'Etat, en
l'occurrence la DEFCCS. Cette considération marginale par rapport aux
ressources ligneuses s'explique, sans doute, pour deux raisons:
- D'une part, par le fait que leur exploitation est
plutôt discrète, car les parties prélevées sur les
individus ligneux se renouvellent saisonnièrement; alors que celle des
parties ligneuses cause un traumatisme apparent aussi bien sur les individus
ligneux (coupe) que sur l'environnement (déforestation);
- D'autre part, ils constituent des compléments
vivriers locaux destinés à compléter ou même
à remplacer en période de soudure, l'alimentation des populations
rurales; alors que l'exploitation des ligneux génère des revenus
annuels de plusieurs milliards de francs CFA dans le trésor de
l'Etat.
La fonction de second rôle des P.C, dans l'exploitation
forestière, se renforce lorsqu'on considère les méthodes
de taxations appliquées à ces types de produits. En effet, les
quantités qui alimentent les circuits commerciaux extravertis sont
taxées non pas par pesée ou par dénombrement, comme c'est
le cas pour les produits contingentés, mais par simple estimation
approximative. C'est pourquoi, ni les parts ayant servi à satisfaire les
besoins d'autoconsommation locale, encore moins celles approvisionnant les
marchés urbains, ne sont réellement quantifiées.
Néanmoins, on assiste au développement d'un commerce
considérable de PC qui alimentent de plus en plus les marchés de
gros urbains.
C'est ainsi que cette étude porte sur l'exploitation
de sept PC ciblés en raison de leur forte incidence marchande. Il s'agit
de cinq fruits sauvages (Saba senegalensis, Parkia biglobosa, Parinari
macrophylla, Detarium microcarpum et Vitex madiensis), de la feuille du
rônier (Borassus aethiopum) et du miel.
Cette orientation mercantile de l'activité de
cueillette résulte de la combinaison de deux facteurs d'ordre naturel
(baisse de la pluviométrie) et socio-économique
(paupérisation des ménages urbains). Le premier facteur a
entraîné la faiblesse des rendements agricoles et le second a
favorisé l'émergence de nouvelles habitudes alimentaires des
populations urbaines. Dès lors, la demande de plus en plus forte des
marchés urbains en produits de brousse a bouleversé la logique
opportuniste de l'activité, dont les options de
prélèvement obéissent, actuellement, à une logique
essentiellement commerciale. C'est ainsi que le nouvel acteur urbain
(consommateur), à travers ses exigences, détermine les
règles du jeu.
Toutefois, ces règles n'ont pas totalement
changé, puisque la cueillette demeure une activité secondaire
complémentaire aux activités de production traditionnelles
(agriculture et élevage). Elle est donc essentiellement pratiquée
durant la morte saison, mais aussi en fonction de la disponibilité
saisonnière des produits. Seulement, le consommateur urbain a
changé la donne, en déterminant fortement les quantités
commercialisées. La cueillette devient donc une véritable
activité de production, génératrice de revenus
additionnels non négligeables pour les paysans.
Cependant, cette commercialisation se fait à travers
des mécanismes subtils d'écoulement défavorables, par
rapport aux revenus générés, aux récolteurs qui
amorcent la filière. Cela veut dire que seule une infime partie des
acteurs de la filière tire vraiment son épingle de jeu. Il s'agit
des intermédiaires (collecteurs, bana-bana...) qui se situent en aval de
la filière et qui s'interposent entre le producteur rural et le
consommateur urbain.
Au regard de cette situation, deux questions nous
interpellent:
- Quelles sont les retombées financières
réelles de la cueillette au niveau local?
- Quelles sont les possibilités de valorisation,
c'est-à-dire la rentabilisation de l'activité dans le but de
générer des revenus supérieurs pour les cueilleurs?
Aussi convient- il, dans le cadre de la recherche de
réponses à ces questions, de faire une estimation quantitative du
potentiel de production de la zone. En effet, la connaissance du potentiel des
ressources ligneuses et de leur dynamique permet de s'assurer de la
disponibilité des PC, mais aussi de leur approvisionnement en
quantité suffisante. Car actuellement, dans la «poche de
Dialakoto», les pressions sur les ressources forestières
participent beaucoup à la déforestation des formations
boisées, principaux sites de prélèvement.