Section 2 : Vérification des hypothèses
et établissement du diagnostic
Nous avions préalablement établi un certain nombre
d'hypothèses sur lesquels nous nous sommes basés pour conduire
notre travail :
- La Société Civile est occultée dans les
prises de décision. - Le chantier de la Démocratie est encore
vaste.
- Les résolutions issues des Conférences ne sont
pas suivies.
A ce stade de notre travail, nous procéderons à
l'analyse des données sur lesquelles portait la 4eme CIDNR à
savoir : Paix, Démocratie et Développement. Nous
établirons les liens qui existent entre eux et procèderons
à la vérification des hypothèses que nous avions
émises, ceci dans le paragraphe 1. Ensuite, nous établirons le
diagnostic de notre étude, ceci en faisant ressortir les contenus et
limites dans le paragraphe 2.
Paragraphe 1 : Analyse des données et
vérification des hypothèses
A- Analyse des données
Pendant très longtemps, dans leurs études sur le
développement beaucoup de spécialistes des sciences sociales se
sont concentrés sur les problèmes économiques et sont
restés ignorants des dimensions politiques essentielles du processus.
Et, justement, il est apparu qu'au moment même où de nombreux pays
du " tiers monde " avaient atteint l'objectif des Nations Unies en terme de
croissance du PNB, les populations d'une grande majorité d'entre eux
continuaient à vivre dans une misère grandissante.
Ainsi les chercheurs, économistes, pouvoirs publics et
éducateurs ont commencé à réaliser qu'il y a
quelque chose de faux dans la définition du développement qui
insistait trop exclusivement sur l'économique. Dès lors, la lutte
pour le développement est inévitablement un combat pour la
conquête de la liberté et des droits ; les droits de l'homme
renvoyant au droit de se développer. Ainsi il apparaît clairement
une corrélation entre démocratie et développement. A cet
effet, la démocratie est une nécessité absolue pour un
développement harmonieux et durable.
La Démocratie et le Développement sont
complémentaires et se renforcent mutuellement. Le lien entre eux est
d'autant plus fort qu'il prend naissance dans les aspirations des individus et
des peuples et les droits qui leur sont reconnus.
L'Histoire montre, d'ailleurs, que les expériences dans
lesquelles la démocratie et le développement ont
été dissociés se sont, le plus souvent, soldées par
des échecs. A l'inverse, l'imbrication de la démocratisation et
du développement contribue à enraciner l'une et l'autre dans la
durée. En effet, si, pour se consolider, la démocratie politique
doit trouver son prolongement dans les mesures économiques et sociales
qui favorisent le développement, de même, toute stratégie
de développement a besoin, pour être mise en oeuvre, d'être
validée et renforcée par la participation démocratique.
L'interdépendance entre démocratie, développement et paix
est mentionnée clairement dans la déclaration de Vienne de
1993.
Rappelons également que la reconnaissance de cette
interdépendance entre démocratie, développement et paix
n'est pas nouvelle. La Charte des Nations Unies, les Pactes internationaux, la
Déclaration de 1986 sur le Droit au développement, la Convention
pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes, en ont tous fait état. Mais, la mise en
oeuvre de ces droits, consacrés par le droit international, implique
tout à la fois une plus grande solidarité de la communauté
internationale et le respect, par les Etats, de leurs obligations
internationales. Nous voyons ainsi, dans l'Etat de droit ou la primauté
du droit le fil qui peut relier la construction et la consolidation de la
démocratie à celle du développement, ainsi que le moyen de
consolider ce qui est leur socle commun : la Paix.
En effet, pour qu'il y ait la paix, et pour que la
démocratie fonctionne, il faut non seulement, que la communauté
et les individus, hommes et femmes, aient accès à la justice,
mais aussi qu'ils puissent, en amont, avoir connaissance des lois et les
comprendre. Dans le même ordre d'idées, l'absence de justice
compromet directement le développement, d'une
part parce que cela favorise les pratiques de mauvaise gestion
et de corruption, et, d'autre part, parce que cela décourage les
investissements et les échanges économiques. Il ne peut, en
effet, avoir des échanges dans un contexte d'arbitraire, en absence de
primauté de droit.
Pour institutionnaliser, il faut un minimum de certitude ; il
faut savoir quelle est la règle applicable, et comment elle s'applique.
Cette primauté du droit, qui est le contraire de l'arbitraire est
basée sur le règne des principes généraux du droit,
sur le concept de justice dans la société, d'où son
importance par rapport à un Gouvernement démocratique. Cette
primauté du droit implique, pour l'exercice du pouvoir, la
légitimité, la transparence, l'obligation de rendre compte.
Ces trois éléments, qui sont à la base de
la primauté du droit, sont essentiels tant pour le processus
démocratique que celui du développement. Mais pour que cette
primauté du droit qui va de pair avec la citoyenneté, s'implante
au sein d'une société, il est nécessaire que ce soit
développé une culture juridique, ce qui implique la mise en place
de stratégies adéquates. Elle implique que tous connaissent le
fonctionnement de la justice. Or, cette connaissance n'est possible que si
l'accès à la justice est égal pour tous, et si elle est la
même pour tous.
La démocratie et le développement peuvent
contribuer aussi, ensemble à la consolidation de la paix. En effet, les
démocraties règlent le plus souvent leurs différends
internes par des moyens pacifiques. Par ailleurs, au delà de ce
rôle préventif, le cadre démocratique s'est souvent
révélé efficace pour le règlement pacifique des
conflits internationaux. Facteur de paix, la démocratie favorise donc le
développement, qui tend lui- même à consolider
l'état de paix intérieure, et partant la paix internationale,
puisqu'un grand nombre de guerres trouvent leur origine dans les conflits
internes. Démocratie, développement et paix constituent une
trilogie, un dessein commun.
Parler aujourd'hui d'un idéal démocratique
relève du rêve ou plutôt de l'utopie, mais l'idéal
sert de pierre de touche et de but auquel on aspire. Les idéaux de la
démocratie ne constituent pas une configuration statique. Toutes les
démocraties sont spécifiques à un pays et à une
culture.
Nous ferons nôtre cette question du professeur Amady Aly
DIENG, tirée des rapports issus de la 4éme CIDNR : «
L'histoire économique n'a-t-elle pas montré que des pays qui ne
sont pas de tradition démocratique comme l'Allemagne, la Corée du
Sud, Taiwan, la Chine, le Chili ont connu un développement prodigieux ?
»
L'expérience béninoise de la démocratie
montre que sa liaison avec le développement, n'est point automatique.
Autrement, le lien entre la démocratie politique et le
développement économique n'est pas spontané. S'il existe,
le lien entre les deux ne peut être que médiat. Ce n'est pas
l'absence de Démocratie qui est la cause du sous-développement et
l'arriération des pays africains, mais c'est la mauvaise gestion des
affaires publiques.
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