WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Problématique de la gestion des terres par les collectivités locales au MALI: cas de la commune de Bougouni

( Télécharger le fichier original )
par Ibrahim Boubacar SOW
Université Gaston Berger de Saint Louis- Sénégal - DEA Droit de la Décentralisation et de la Gestion des Collectivités Locales 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe 2 : Cas des allochtones.

La particularité de la nature du conflit de l'arrondissement de Garalo réside dans le fait que ces allochtones habitent dans la forêt classée de Dialakoro (commune de Garalo). A propos des migrations en Afrique, Bakary Camara60(*) nous présente trois (3) types de migrations : le système ancien, le système colonial et le système post colonial. Le cas qui nous intéresse ici est le système de migration ancien dans la mesure où divers mouvements des populations ont permis à certaines couches sociales à s'installer tout en complexifiant les sociétés en place. Ce cas de migration s'expliquait aussi par la conquête de nouvelle terre de culture et de pâturage.

La forêt classée de Dialakoro couvre les villages de Sienré, Tienko, Dialakoro, Solabougouda, Ségoubougouda, Miniankabougou et Kadobougou. Elle est occupée par les migrants venus des cercles de Ségou, Baraouéli, Bla, Koutiala, Yorosso, Sikasso, Bamako pour le bois de menuiserie et des autochtones dans les activités comme l'agriculture, l'élevage et le bois de menuiserie.

Le ministre de l'environnement et de l'assainissement de l'époque61(*) est entré en contact avec cette population pour leur faire comprendre que cette zone est une forêt classée qui représente un intérêt particulier à la collectivité locale, et par conséquent, ne peut faire l'objet d'aucune exploitation quelconque comme l'agriculture et l'élevage mais tout en leur proposant un autre site de réinstallation ou ils pourront exercer pleinement leurs activités.

Mécontentent de cette décision, les allochtones de Dialakoro ont boudé le ministre tout en insistant sur leur droit de propriété sur la zone concernée. Les sources de motivation de ces populations résidaient dans le fait, qu'ils étaient en complicité avec le Maire et le chef de village de l'époque, notamment les ressortissants de Bamako qui coupaient les arbres destinés à la vente. En d'autre terme, ces autorités soutiraient des sommes forfaitaires de ces transporteurs en fonction du nombre de voyage par cars. Sur cet aspect, on remarquera que la population rurale n'est pas suffisamment impliquée sur la législation en particulier, les textes de la décentralisation. C'est pourquoi, on peut affirmer que « la négation des droits coutumiers notamment sur la terre et l'eau à travers le parachutage de textes manifestement étrangers à l'univers mental des populations rurales crée un effet de rejet et de résistance »62(*). Face à cette situation, la population rurale est réceptrice des dispositions d'ordre législatives et règlementaires venant du pouvoir public.

Le député de la localité63(*)qui s'est beaucoup impliqué dans cette affaire a prit note à la sous- préfecture de Garalo le 29 mars 200564(*) par rapport à l'exécution de cette opération de déguerpissement, et une semaine après le maire de Garalo le sollicita de sensibiliser la population afin qu'elle déménage au village de Sienré pour une meilleure cohabitation.

Le 16 avril 2005, pour la circonstance, le député était accompagné par le représentant de la conservation de la nature et les 2et 3ème adjoints au Maire de Garalo. A cette date les allochtones étaient bien installés et toutes les conditions étaient réunies. Après l'intervention de ces autorités, la population leur proposait de passer la campagne agricole de 2005 et ont promis de descendre au village de Sienré après les récoltes. Cette demande a été acceptée par les autorités.

Entre avril 2005 et janvier 2006, une mission de médiation a été effectué par certaines autorités (sous-préfet, le maire et le personnel de la Conservation de la Nature) dans le but de sensibiliser les populations concernées par le déménagement en dehors de la zone de la forêt classée prévu pour février 2006. N'ayant pas eu de suite favorable aux différentes médiations, l'opération de recensement des populations à déguerpir commença en mars 2006 en vu de trouver un site de réinstallation, mais en même temps, une plainte formulée par le maire de Garalo, le chef de service de la Conservation de la Nature et certains chefs de villages contre ces même habitants. A la même période, le maire de Garalo s'est engagé à l'installation de certains exploitants dans d'autres villages de la commune car le terroir disponible au village de Sienré hors de la forêt classée ne pourra pas contenir tous les occupants.

Le 23 mai 2006, une forte délégation de la Direction Nationale de la Conservation de la Nature65(*) des agents de la région de Sikasso et la gendarmerie de Bougouni commis par le juge débarquent à Garalo pour lancer un dernier ultimatum de vingt quatre heures (24h) aux résidents encore présents sur les lieux et pour leurs propres intérêts que l'opération de déguerpissement débutera le lendemain. Contrairement à la résolution d'autres formes de conflit comme le cas de la Casamance au Sénégal par l'implication « des ressources sociales » (Sow 2008), et un cas du Mali qui s'est manifesté par la faiblesse des législations (Camara 2008), l'étude proprement dite de la forêt classée de Dialakoro nous montre une autre forme de dimension de résolution des conflits. Après toute forme de médiation initiée par les autorités étatiques, l' « intervention énergétique » demeurait la seule alternative. Comme convenu, l'opération de déguerpissement commença le 24 mai 2006 causant des dégâts matériels et des pertes en vies humaines. L'opération a duré quarante huit heures (48h) sur toute l'étendue du territoire de la commune de Garalo et, dans les zones faisant partie de la forêt classée.

Après cet évènement, le député mécontent de cet état de fait interpelle le ministre en charge sur la question le 30 mai 2006. Ce jour là, le ministre a fait un exposé extraordinaire de la forêt classée de Dialakoro, en montrant aux autres députés la manière dont les allochtones gèrent la forêt classée. Parmi les questions du député, celle qui a le plus retenu notre attention est celle de savoir « si l'originalité de votre action est d'incendier pour faire déguerpir relève du domaine de la loi, pouvez-vous donner au peuple malien qui vous entend, le détail de la formule consacrée ?», et le ministre réplique « j'ai effectué cette opération sans regret, et d'ailleurs je regrette pourquoi je n'ai pas engagé cette mesure depuis le jour de ma visite sur le lieu ».

Après cet évènement, il était question de réinstallation des populations dans un autre site. Apparemment, il n'y a pas eu de politique d'accompagnement de cette situation. Le député a cherché toutes les issues favorables pour sortir de cette crise. Cette situation aussi reste en suspens, car, on ne sait pas jusqu'à qu'elle date les migrants trouveront un site.

* 60 Camara Bakary, op.cit

* 61 Monsieur Nancouma Keïta ancien ministre de l'environnement et de l'assainissement.

* 62 Alissoutin, Rosnert Ludovic : « Les défis du développement local au Sénégal », page 67

* 63 Honorable Tidiani Guindo, député à l'Assemblée Nationale du Mali.

* 64 Entretien avec le député au siège de l'A.N le 09/09/2008.

* 65 Ordre de mission n°00-88/MEA-SG du 22 mai 2006.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus