SECTION I : PARTICIPATION
Pour le Petit Robert (1995), Participation vient du latin
"Participatio" qui voudrait dire « action de participer à quelque
chose. »
Aux discours habituels sur le thème de la lutte contre
le sous-développement selon, N'Kaloulou (1984), est venu s'ajouter le
"mot magique" de participation paysanne. Ce mot pour l'auteur à pris une
telle dimension dans le discours des pouvoirs publics et du
"développeur" , qu'on y voit déjà la solution aux
énormes problèmes qui assaillent et assujettissent l'africain.
« La Participation, c'est donner aux
communautés à la base la possibilité de décider
elles- mêmes de leur développement, et ne plus les
considérer comme des exécutrices des politiques de
développement conçues au niveau national. Il faut une
évolution des pouvoirs de décision vers les communautés de
bases »
Franco cité par N'Kaloulou (1984 : 25).
Kébé Alpha Oumar : 39ème
Promotion UGANC/FLSH
Thème : Participation des Femmes dans les Projets
de Développement dans la CRD de Mankountan
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Soumaré cité par Baldé (2001 :7), dans le
cadre de la participation des populations à la base affirme, que si les
membres de l'association ne participent pas activement à la vie du
groupement, celui-ci mourra rapidement. D'ailleurs, la non participation des
populations rurales aux projets de développement serait, selon l'auteur,
considéré comme la cause fondamentale du
sous-développement. La participation de chacun et de tous est donc la
condition de survie et de développement des communautés à
la base et de ses activités. L'urgence des problèmes à
résoudre et la lenteur de l'adhésion populaire, voire le rejet
pur et simple des projets de développement proposés
découragent ainsi les volontés les plus tenaces.
Pour Soumaré cité par Baldé (2001 : 21),
le terme participer veut alors dire prendre part et suppose que l'on est
élément dans un processus où les éléments
sont complémentaires. Pour prendre part, participer, il est essentiel
d'avoir conscience de l'objectif visé, de l'importance de cet objectif,
et du rôle exact qui lui est assigné. En outre, il faut avoir la
conscience que la non participation remettra en cause l'objectif
visé.
A cet effet, il illustre en relatant que lors d'un
déplacement en Guinée Forestière, entre Kissidougou et
Guéckédou, si un tronc d'arbre barre la route, que le chauffeur
demande aux passagers de l'aider à déplacer le tronc d'arbre pour
pouvoir avancer, et que ces derniers refusent de prendre part au
déplacement du tronc d'arbre, tout le monde restera sur place aussi
longtemps qu'ils ne se mettront pas à l'oeuvre. La prise de conscience
d'une situation où l'on est partie prenante exige donc la participation
défendra-t-il.
Soumaré, cité par Baldé (2001 : 8)
distingue cinq types de participations et cinq degrés et formes de
participations aux projets de développement local participatif :
1. La participation de fait qui tire son origine de la tradition
(groupe d'âge, de métier, groupe familial, de religion, etc,..).
Cette participation est non volontaire, elle est de fait. Elle renforce les
traditions ;
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2. La participation volontaire ou consciente est une
création du groupe par les participants eux-mêmes et sans recours
à des animateurs extérieurs. Dans ce cas, le groupe se donne
lui-mêmes son organisation (syndicat, coopérative, partis
politiques, etc.). Cette participation est volontaire, elle satisfait des
besoins nouveaux ;
3. La participation spontanée est une création
du groupe par les participants eux- mêmes. Ce type de participation se
fait à l'intérieur de groupe fluide, fluctuant et sans
organisation. Les membres sont entièrement des volontaires et aucun ne
possède de fonction sociale apparente ;
4. La participation provoquée résulte d'une
création du groupe par des animateurs extérieurs dans le cadre
des projets communautaires. Ce type de participation est provoqué et
suscité. Les membres adoptent des comportements jugés
désirables ;
5. La participation imposée découle de la
création du groupe par des animateurs ou des autorités.
Habituellement, les membres eux-mêmes s'imposent des normes
impératives de comportement. Cette participation est obligatoire et
celle-ci est indispensable au fonctionnement du groupe.
Pour Soumaré, cité par Baldé (2001 : 8),
en lieu et place de la notion de non participation, il est
préférable de parler de degrés de participation en raison
du fait que les projets de développement communautaire sont toujours un
système ouvert. Il existe donc forcément une certaine forme de
participation des populations aux projets de développement, mais
à des degrés divers. Dans le cadre des formes de participation,
Soumaré distingue la participation lointaine et celle provocatrice. La
participation lointaine est le degré le plus bas de la participation.
Dans ce cas, les populations voient débarquer une équipe
d'experts qui se livrent à des travaux dont elles ignorent l'origine et
la finalité. Elles commencent alors à s'interroger : que viennent
faire ces gens ? Où veulent-ils en venir ? A ce stade, toutes les
spéculations sont permises.
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La participation est dite provocatrice lorsque les projets
s'implantent sans l'avis et la participation des membres de la
communauté, et provoquent des réactions négatives dans la
population. Il s'ensuit des tensions et des conflits. N'ayant reçu
aucune observation sur les objectifs du projet, les populations y voient une
menace pour leur propre sécurité.
La participation résignée des populations est
due à la crainte des sévices politiques et administratifs du
pouvoir. Les réactions de la population sont du genre « que
m'adviendra t-il si je ne participe pas au projet ? Ne va t-on pas me
créer des difficultés aux niveaux politiques et administratifs ?
». Il arrive aussi que des sollicitations de leaders influencent la
participation des populations. Dans ce cas, selon Soumaré, cité
par Baldé, (2001 : 9), on entend les individus dirent « moi, je
participe parce que c'est mon frère, il est de la même ethnie que
moi, c'est lui qui est à l'origine du projet ». Parfois, il s'agit
aussi pour certains de ne pas être rétrograde, de faire comme les
autres d'autant plus que telle ou telle autre a son mari dans le projet.
Dans le cadre de la présente étude, la
participation serait la prise en compte des populations sans exception dans les
différentes étapes de l'évolution des projets de
développement.
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