CHAPITRE I: -PROBLEMATIQUE
La communauté internationale a adopté en 1945 la
charte des Nations Unies en faveur de l'égalité entre l'homme et
la femme. Depuis cette époque, la juste revalorisation de la position et
de la condition des femmes dans la société ainsi que leur
rôle dans le développement n'a cessé d'être une
préoccupation dans les pays d'Afrique et du monde. (PCGeD, 1998 : 16).
Dès 1946, pour PCGeD, la Commission des Nations Unies sur la condition
de la femme a été créée. Elle est l'organisme
intergouvernemental chargé de suivre l'égalité entre les
sexes et la promotion des droits des femmes à travers le monde. En 1960,
cette commission a revu son acceptation de l'égalité des sexes
qui jusque là était liée aux droits humains pour
l'élargir au développement économique et social. C'est sur
la demande de cette commission que l'année 1975 a été
déclarée "Année Internationale de la Femme".
L'assemblée Générale des Nations Unies a ensuite
approuvé le plan d'action pour l'application des objectifs de
l'Année Internationale de la Femme et proclamer les années
1975-1985, la décennie des Nations Unies pour les femmes avec un triple
but d'égalité, de développement et de paix. Ce plan
définit des directives à suivre et les jalons pour les pays
membres afin d'incorporer les femmes en tant que groupe cible spécifique
dans les initiatives de développement. (PCGeD, 1998 : 19).
Depuis le début de la décennie de la femme, les
Nations Unies ont parrainé tous les cinq ans ou dix ans, de grandes
conférences sur les femmes, qui ont été
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relayées par des assises régionales dont la
troisième Conférence Mondiale sur les femmes tenue à
Nairobi en 1985. A Nairobi, on a reconnu que les institutions nationales, les
organisations non gouvernementales et les particuliers jouent un rôle
actif pour la suppression des obstacles socio-économiques qui
empêchent les femmes d'exprimer tous leurs potentiels en tant qu'agentes
et bénéficiaires de développement. "Les stratégies
prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme à
l'horizon 2000" définissent des mesures concrètes à
prendre par les Etats membres pour garantir la réalisation des objectifs
de la décennie des femmes. (PCGeD, 1998 : 21).
Suite aux recommandations de Nairobi, des organismes ont
été spécialisés dans l'amélioration du
statut social et des conditions de vie des femmes. Les pays africains et les
organisations interafricaines (OUA, CEDEAO,...) ont institutionnalisé la
question féminine et ont tenté d'y apporter des réponses.
Des mécanismes étatiques ou non gouvernementaux ont
été consacrés aux femmes. Plusieurs pays
industrialisés, les organismes de l'ONU et les autres agences de
coopération bilatérale et multilatérale se sont
dotés de stratégies visant à mieux intégrer les
femmes du tiers monde dans les initiatives de développement. (PCGeD,
1998 : 24).
Pourtant en Afrique, comme ailleurs, dans nombreux des pays en
voie de développement, les progrès et les évolutions de la
société dans ses différentes composantes (sociales,
économiques et politiques) ont parfois pu bénéficier
à certaines couches de populations qu'à d'autres. Le
développement, malgré les efforts des opérateurs et
bailleurs de fonds, et malgré les politiques soucieuses
d'égalité et de justice sociale, a parfois engendré des
inégalités et accentué des logiques d'exclusion. Les
femmes et les jeunes sont alors ceux que les programmes "oublient" et qui
exercent le moins leurs droits fondamentaux, bien que participant de
façon considérable mais non reconnue à l'économie.
Coche (1995 : 7)
Dans tous les domaines de la vie de l'Homme, les
disparités de genre sont observées.
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Dans l'éducation, Jacquet (1995 : 87), citant les
rapports sur l'Indice de Développement Humain (IDH) de 1993, de la
Banque Mondiale et de l'UNICEF, indique qu'en Afrique Sub saharienne, on compte
fréquemment deux garçons pour une fille à l'école
primaire. En 1990, plus de 20 millions de filles de 6 à 11 ans
n'étaient pas scolarisées.
Au Moyen Orient et en Afrique du Nord, 70% des femmes
âgées de 25 ans et plus sont analphabètes.
En 1998, le rapport de la Banque Mondiale2 sur le
taux d'inscription dans les écoles de certains pays africains, montre
que : Au Burkina Faso, 37% des garçons sont scolarisés contre 24%
de filles. Au Ghana, il montre que 80% des garçons vont à
l'école contre 67% de filles. Au Lesotho, 98% des garçons sont
scolarisés contre 11,3% des filles. Au Rwanda, 72% des garçons
sont scolarisés contre 68% des filles.
Dans le domaine de la participation dans les projets de
développement, à l'occasion de l'Assemblée
Générale de l'ONU, de 1989 consacrée au genre, le
comité de liaison des ONG (au nombre de 700) à conduit une
enquête d'où il ressort qu'il n'y a que 11% de femmes dans les
services projets des ONG, contre 89% d'hommes. (Jacquet 1995 : 80).
En matière de taux de fréquentation des genres
dans les projets de développements, dans certains pays d'Afrique, le
rapport de la Banque mondiale de 1995 cité par ( le Réseau Ouest
Africain de la Documentation d'Information et de Communication, 1999 : 20 ),
montre que :
· En Ethiopie 63% des hommes sont pris en compte dans les
projets et ONG contre 37% de femmes.
· Au Sénégal, le même rapport indique
61% d'hommes contre 39% de femmes.
· Au Maroc, on compte 79% d'hommes contre 21% de femmes.
·
2 Rapport cité par le Réseau Ouest
Africain de la Documentation d'Information et de Communication, dans son
Dossier Documentaire N°2 intitulé "La Question du Genre et
Développement" page 35
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· En Mauritanie, 77% des hommes sont pris en compte contre
23% de femmes.
· En Tanzanie, dans les projets de développement les
hommes compte 63% contre 37% des femmes.
· En Afrique du Sud, on compte 64% d'hommes contre 36% de
femmes dans les projets de développement.
· Au Rwanda, 90% des hommes sont concernés par les
projets et ONG contre 10% des femmes.
En Guinée selon Raphaël Coche (1998 : 6), la
situation de la femme reflète le manque de prise en compte de leurs
statuts et rôles particuliers. Bien qu'étant impliquées
dans l'ensemble des domaines sur lesquels portent les actions de
développement, elles n'en restent pas moins des exécutantes
silencieuses, jouant davantage le rôle de main d'oeuvre que des
participantes effectives.
Mettre fin au développement séparé,
initier des projets qui bénéficient à l'ensemble des
acteurs de la vie économique, sociale, politique, et rurale et ce, en
prenant en compte les besoins et intérêts de chacun sont des
priorités des politiques de développement actuelles. De ce fait,
la question de l'amélioration et de la reconnaissance de la
participation des femmes au développement s'impose comme un
préalable à la mise en place et à la pérennisation
de nombreux projets de développement.
Le constat selon le (PCGeD, 1998 :32), semble unanime sur
l'extrême modestie des conséquences pratiques des
stratégies lors des conférences sur les conditions de vie
effectives des femmes des milieux ruraux. Les mécanismes, les approches
et les stratégies développés, n'ont pas permis de
résoudre les problèmes des femmes. Malgré la
reconnaissance de la centralité des guinéennes dans les actions
de développement, de leurs rôles économiques, familiaux et
sociaux, malgré les discours et nombreuses ratifications, elles sont
restées marginalisées.
Dans un tel contexte, le fait d'être attentif à la
situation des femmes, ne relève point d'une visée humanitaire
mais se pose bel et bien comme un impératif
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indispensable du développement. En plus d'être,
plus de la moitié de la population, les guinéennes sont aussi les
piliers essentiels de la survie des familles. Chargées pour une grande
part de l'alimentation familiale mais aussi fortement impliquées dans
les cultures de rente, les femmes assument d'importantes responsabilités
dans la survie de leurs communautés, dans l'économie
régionale et dans l'économie nationale. Cependant dans le cadre
de la société patriarcale où la domination masculine est
très forte, elles restent maintenues à l'écart des
décisions et de la majeure partie des bénéfices issus des
programmes de développement.
De la démarche initiée par les théories
sur "l'Intégration des Femmes au Développement", à
l'approche "genre et développement", c'est-à-dire des
années "70" à nos jours, nombre d'évolutions ont eu lieu
et de multiples changements se sont produits. Toutefois, les résultats
paraissent encore insuffisants et les femmes en milieu rural restent encore
fréquemment prises en compte de façon accessoire dans les projets
de développement. (Coche, 1995: 58).
C'est par la compréhension des relations de genre et
l'analyse de la place des femmes dans les communautés et donc des
possibilités qu'elles ont de jouer un rôle dans le processus de
développement qu'il sera possible de mener des études en leur
faveur.
Notre étude s'inscrit dans cette logique de recherche,
centré sur la Guinée Maritime et singulièrement dans la
CRD de Mankountan du fait du rôle prépondérant qu'elle joue
et des impératifs de développement concernant cette
région. Comme le souligne Loquay3 (1999 : 100)
« La Guinée Maritime devra être la
première région sollicitée par un développement
agricole dans la mesure où, elle dispose des plus importantes
potentialités agricoles du pays; d'immenses plaines rizicoles mais aussi
des palmerais, des arbres fruitiers des cultures maraîchères et
aussi une forte présence de la culture ».
3 Annie CHENAU-LOQUAY : contribution de la
Guinée Maritime à la sécurité alimentaire du pays.
(OSTROM) vol 1 page 100.
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Pour Coche (1995 : 39), « Cinquante (50) année
d'études et de tentative de mise en valeur des projets de
développement n'ont pas permis d'améliorer les conditions des
populations en générale et celle des femmes en particulier
». Pour Droy (1998 : 3) « l' "oubli" des femmes est sans doute l'une
des raison de la faillite de certains programmes de développement
»
Dans de telle situation, il nous a donc paru pertinent dans le
cadre de notre étude, de nous poser la question de savoir, qu'elle
est la participation des femmes dans les différents projets de
développement, dans la CRD de Mankountan ? Nombreuses et
variées sont les approches qui permettent d'expliquer la situation
relative aux conditions des femmes. Parmi ces approches nous avons le genre, le
féminisme et le culturalisme.
Le genre a maintenant dépassé la signification
essentiellement grammaticale qui permettait de classer les substantifs en
masculin, féminin ou neutre. On l'utilise désormais comme
approche pour cerner les rôles sexuels définis socialement, les
attitudes et les valeurs que les communautés ou les
sociétés considèrent comme appropriées à un
sexe ou à l'autre. L'analyse des rapports sociaux de genre permet de
mettre en valeur et d'expliquer le déséquilibre
général que l'on peut constater dans les relations entre les
hommes et les femmes.
Le féminisme exprime son unité doctrinale autour
d'un axe principal, la volonté d'égalité entre les sexes
formulée comme identité, ressemblance ou analogie, parfois
même complémentarité. Malgré ses insuffisances et
son militantisme, l'approche féministe apparaît comme une
théorie essentielle pour l'analyse et la compréhension de la
situation de la femme dans sa relation avec l'homme. Encyclopédie
Unversalis (1996 :68)
Le culturalisme est un courant anthropologique postulant que
« la culture est un système de comportements appris et transmis par
l'éducation, l'imitation et le conditionnement dans un milieu social
donné. Le façonnement de la personnalité s'opère
inconsciemment ou consciemment par des institutions ou par le jeux des
règles ou pratiques habituelles » Boudon cité par Diaby
(2002 : 10)
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Pour Kardiner (1948) cité par (Ansart et al,
1998 : 85) « à chaque culture correspond une personnalité de
base, c'est à dire une configuration psychologique particulière
se manifestant par un certain style de vie et de penser à partir duquel
les individus réalisent leur variance individuelle ». L'approche
culturaliste accorde une grande importance aux valeurs culturelles qui sont
transmises d'une génération à l'autre. Pour le
culturalisme, la femme occupe une position sociale pour laquelle il est tout
à fait inimaginable de la changer car cette position est ancrée
dans les mémoires depuis très longtemps.
Dans le cadre de cette étude, nous nous inscrivons
dans l'approche culturaliste parce qu'elle apparaît comme étant la
plus commode pour la saisie correcte des difficultés liées
à la faible participation des femmes dans les projets de
développement dans la CRD de Mankountan.
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SECTION I: OBJECTIFS
SOUS SECTION I : OBJECTIF PRINCIPAL :
Cette étude se donne comme objectif principal de
comprendre le niveau de participation des femmes dans les projets de
développement de la CRD de Mankountan.
SOUS SECTION II: OBJECTIFS SPECIFIQUES
· Identifier les obstacles que les femmes rencontrent par
rapport à leur participation dans les projets de
développement.
· formuler des propositions
SECTION II HYPOTHESE
Certains projets de développement de la CRD de
Mankountan ont tenu compte dans leur conception, de la nécessité
de la participation effective des femmes à toutes les étapes
desdits projets. Mais cet idéal s'est heurté à des
difficultés d'application sur le terrain à cause de l'habitude
des femmes à être toujours « derrière » les
hommes et de l'habitude des hommes à toujours décider pour les
femmes. C'est pourquoi, dans le cadre de cette étude, nous
présumons que « la participation des femmes dans les projets de
développement à Mankountan serait fonction de leur position
sociale ».
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CHAPITRE II CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
Dans les règles relatives à la constitution des
types sociaux, Durkheim cité par Camara (1995 : 8), affirme que :
« la tâche du chercheur doit être la
définition et la classification des
éléments sur lesquels porte sa
recherche. La définition de son objet
d'étude permet du coup, de délimiter le champ de la recherche
d'une part et de localiser le sens dans lequel chacun des concepts clés
est utilisé ».
Dans ce chapitre se trouvent exposés les concepts
clés qui servent de fondement thématique de notre recherche. Il
comprend trois (3) sections qui traitent respectivement de la notion de
Participation dans la première section, celle de la
Femme dans la seconde section et la troisième traite de
la notion du Développement Local.
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