II - Revue de littérature
La littérature concernant les facteurs
déterminants de la transition de la fécondité est assez
abondante que ce soit sur les approches théoriques ou sur les approches
empiriques. Au vue des différentes formulations sur les
déterminants de la fécondité, deux types de facteurs sont
identifiés comme étant à la base des changements de
fécondité : Les variables intermédiaires ou
déterminants proches dont l'influence sur la fécondité est
directe et les facteurs socio- économiques et culturels dont l'influence
est médiatisée par les déterminants proches.
II.1. Fécondité et variables
socio-économiques et culturelles
a- Théorie classique de la transition de la
fécondité
Les premières tentatives d'explication de la transition
de la fécondité remontent aux classiques. Pour eux, ce sont les
changements macro économique qui sont à l'origine des variations
de la fécondité. L'hypothèse la plus utilisée dans
cette théorie est que dans les sociétés traditionnelles,
une forte fécondité est jugée nécessaire pour une
abondance de maind'oeuvre et pour compenser la forte mortalité
infanto-juvénile. Ainsi, lorsqu'une société se
développe, les structures sanitaires s'améliorent et entrainent
une baisse de la mortalité infantile. Le développement
s'accompagne aussi d'une industrialisation, d'une urbanisation et d'un
développement de l'éducation. Dans ce cas l'enfant ne
représente plus une main-d'oeuvre mais plutôt une charge du fait
des coûts de l'éducation. Cette situation entraine
inéluctablement une baisse de la fécondité au niveau des
familles, et une nucléarisation des familles.
b- Approche culturaliste de la
fécondité Face à la diversité des
transitions de fécondité, de nouvelles approches se sont
développées au cours des années 1970 pour
étendre les déterminants de la fécondité à
l'influence du contexte socioculturel. Elles marquent ainsi les limites des
approches classiques qui pensent qu'on ne peut pas avoir de transition de la
fécondité sans développement économique. Selon
les approches culturalistes la baisse de la fécondité peut
être obtenue en mettant l'accent sur les barrières culturelles,
la promotion sociale de la femme, la santé de la mère et de
l'enfant ... C'est dans cette perspective que s'inscrit les travaux de
Caldwell (1976, 1980). Dans sa conception de la transition de la
fécondité des pays en voie de développement,
Caldwell évoque, comme d'autres auteurs, la rationalité
économique des parents mais met l'accent sur
le fonctionnement des structures familiales comme le statut des
individus selon leur sexe, le rôle des membres de la famille, etc.
II.2. Les déterminants proches de la
fécondité
Plusieurs chercheurs en démographie ont proposé
des schémas pratiques pour l'analyse explicative de la
fécondité via les déterminants proches. Parmi ceux-ci, on
a le schéma de Kingsley Davis et Judith Blake qui identifient onze
variables intermédiaires aux travers desquelles s'exercent toutes
influences sur la fécondité. Parmi les variables
intermédiaires de Davis et Blake, six sont relatives aux relations
sexuelles, trois sont relatives à la contraception et deux à la
parturition.
Le schéma sur les déterminants proches de la
fécondité le plus connu est celui de Bongaarts et al (1983). Ces
auteurs ont retenu neuf déterminants qui sont :
- Le comportement à l'égard de la
nuptialité ;
- La fréquence des rapports sexuels ;
- L'abstinence post-partum ;
- L'aménorrhée due à l'allaitement ;
- La contraception ;
- L'avortement provoqué ;
- La mortalité intra-utérine spontanée ;
- La stérilité naturelle ;
- La stérilité primaire ou pathologique.
Bongaarts a proposé un modèle simplifié,
consistant en une décomposition multiplicative de l'ISF d'un pays
donné à partir des indices représentant les variables
intermédiaires. Le modèle de Bongaarts suppose que toutes les
naissances ont lieux dans le mariage et ne prend pas en compte les naissances
hors mariage. Plus tard Jolly et Grible ont repris le modèle et l'ont
amélioré en intégrant l'effet des naissances hors
mariages. Une description plus détaillée de ces modèles
est présentée dans la méthodologie.
III - Méthodologie : Données et modèle
III.1. Sources de données
Nos données proviennent essentiellement des trois
ENDES de Madagascar (ENDS 1992, ENDS 1997 et ENDS 2003). Nos calculs ont
été faits à partir des résultats des rapports de
ces ENDS et surtout à partir des fichiers de données brutes
concernant les femmes de 15 à 49 ans sous format SPSS. Les statistiques
descriptives concernant les tailles des échantillons des ENDS de
Madagascar sont résumées dans le tableau 2.
Tableau 2 : Taille d'échantillonnage par région
et milieu de résidence
Taille échantillon
|
ENDES 1992
|
ENDES 1997
|
ENDES 2003
|
Antananarivo Urbain
|
1092
|
1446
|
2301
|
Antananarivo Rural
|
1136
|
1014
|
664
|
Fianarantsoa Urbain
|
299
|
152
|
731
|
Fianarantsoa Rural
|
987
|
934
|
526
|
Toamasina Urbain
|
251
|
213
|
654
|
Toamasina Rural
|
529
|
662
|
498
|
Mahajanga Urbain
|
170
|
191
|
468
|
Mahjanga Rural
|
556
|
837
|
331
|
Toliary Urbain
|
176
|
182
|
580
|
Toliary Rural
|
511
|
580
|
425
|
Antsiranana Urbain
|
294
|
192
|
442
|
Antsiranana Rural
|
259
|
657
|
329
|
Total
|
6260
|
7060
|
7949
|
|
Sources : Nos calculs à partir des ENDES de
Madagascar
|