III.2.2 / Pour les centres d'insémination
artificielle
Il apparaît de plus en plus que l'essor de
l'insémination artificielle dans les élevages bovins
orientés vers la production de viande est étroitement lié
à la maîtrise des cycles. Cette programmation de la mise en
fécondation présente deux intérêts majeurs pour les
centres d'insémination artificielle et les inséminateurs:
> augmentation du nombre d'inséminations
artificielles premières dans les troupeaux à monte naturelle
comme dans ceux conduits de façon intensive. Dans de tel élevage
la dispersion du cheptel rend la pratique de l'insémination mal commode,
contraignante et coûteuse.
> diminution du nombre de déplacements et du temps
de travail des inséminateurs. Parallèlement à ces
avantages, l'inséminateur a de fortes chances d'augmenter son taux de
réussite grâce, d'une part, à une meilleure
détection des chaleurs et , d'autres part à la synchronisation
des oestrus qui permet de pratiquer l'insémination artificielle de
façon systématique à un moment bien
déterminé
III.3 / Principes et choix des méthodes à
utiliser
Avant de mettre en oeuvre l'une ou l'autre des méthodes
préconisées pour la maîtrise des cycles sexuels il est
impératif, en tout premier lieu, de connaître les conditions
d'élevage, l'équilibre alimentaire, la technicité de
l'éleveur. Ces trois paramètres s'étant
révélés satisfaisants, ou , le cas échéant,
les corrections conseillées ayant été
réalisées il est alors possible, et à cette condition
seulement, d'utiliser avec succès les différents protocoles
proposés.
En fin, le choix du traitements à retenir est fonction de
la catégorie des animaux (génisses ou vaches), de la nature de la
production (lait ou viande), de la cyclicité des animaux à
traiter.
III.4 / Traitements, état physiologique des
femelles et types de troupeaux
III.4.1 / Traitements et état physiologique des
femelles
Mesuré par le taux d'ovulation, l'activité
ovarienne est le meilleur critère pour apprécier la
capacité de réponse des femelles à un
traitement de maîtrise des cycles. On peut ainsi distinguer à un
moment donné:
v les femelles en activité ovarienne ou femelles
cycleés pour lesquelles on propose un traitement de synchronisation des
chaleurs; on utilise, soit des progestagènes réalisant un corps
jaune artificiel, soit des prostaglandines provoquant la disparition des corps
jaunes;
v les femelles non en activités ovarienne ou femelle
non cyclées pour lesquelles on propose un traitement d'induction et de
synchronisation des chaleurs; on utilise uniquement des progestagènes
puisque l'absence du corps jaune exclut l'emploi des prostaglandines.
III.4.2 / Traitements et types de troupeaux
Dans la pratique, il faut situer la proportion de chaque
catégorie de femelles (cyclées ou non cyclées) dans chaque
type de troupeau pour proposer la traitement le plus approprié. On peut
ainsi distinguer:
v Les troupeaux laitiers
Génisses: c'est la seule population
où le taux de femelles cyclées est toujours proche de 100 %,
quelle que soit la période et les conditions d'entretien, permettant
ainsi l'utilisation de tous les types de traitements de synchronisation des
chaleurs.
Vaches: la majorité d'entre elles sont
cyclées 60 jours après la mise bas mais 10 à 30 % restent
non cyclées à cette période; il faut donc leur administrer
un traitement d'induction (nécessaire pour une faible part des femelles)
et de synchronisation des chaleurs.
v Les troupeaux allaitants
Au moment généralement choisi pour la mise
à la reproduction (février à mai), la population des
vaches et environ la moitié des génisses sont en repos ovarien;
il faut donc administrer à ces femelles des traitements d'induction et
de synchronisation des chaleurs à base de progestagènes.
Figure 4 : Traitements de maîtrise des
cycles proposés pour les femelles des troupeaux laitiers (a, b, c, d :
génisses : c, d, e : vaches)
> génisses laitières:
traitement de synchronisation des chaleurs: prostaglandines, implants de
Norgestomet, spirales de progestérone associées ou non aux
prostaglandines, (figure N° 4 a, b, c, d).
> vaches laitières: traitement de
synchronisation des chaleurs associé ou non à un traitement
d'induction des chaleurs (figure N° 4. c, d, e,). les meilleurs
résultats sont obtenus avec le traitement combinant progestagène,
prostaglandines et surtout PMSG dont le rôle et certainement d'induire
l'ovulation chez les vaches non cyclées.
> génisses et vaches des troupeaux
allaitants: traitement d'induction et de synchronisation des chaleurs,
à l'exclusion des prostaglandines (figure N° 5); pour tenir compte
de la majorité de femelles cyclées, le traitement comprend
l'administration d'un agent lutéolytique oestrogénique
(valérate ou benzoate d'oestradiol).
L'injection de PMSG en fin de traitement est nécessaire
pour induire l'ovulation; la dose de PMSG doit être
déterminé à la fois pour assurer une fertilité
suffisante et pour limiter les naissances multiples; on ne dépasse pas
500 UI pour les génisses et 600 UI pour les vaches.
Figure 5 : Traitements de maîtrise des
cycles proposés pour les femelles des troupeaux allaitants.
III.5 / Mécanismes physiologiques des traitements
III.5.1 / Femelles cyclées
On cherche à modifier la durée de vie du corps
jaune puisqu'elle contrôle l'oestrus et l'ovulation. Le contrôle de
la production de progestérone peut être obtenu soit en provoquant
la disparition des corps jaune (lutéolyse), c'est la voie des
prostaglandines, soit en réalisant un corps jaune artificiel, c'est la
voie des progestagènes.
III.5.1.1 / Utilisation d'analogues des prostaglandines
F2 alpha (PGF2a)
Entre le 5ème et 17 ème
jour de vie du corps jaune, les prostaglandines sont responsables de la
régression du corps jaune et l'arrêt de la sécrétion
de progestérone, les chaleurs apparaissent 3 à 4 jours
après la lutéolyse. On peut distinguer trois types de situations
représentées par la figure N ° 6.
Figure 6 : Mode d'action des prostaglandines F2
alpha
y' l'injection intramusculaire de prostaglandines en
début de cycle, avant le 5ème jour, est sans effet; le corps
jaune évolue normalement, seule une nouvelle injection 10 à 12
jours plus tard provoque une régression du corps jaune et des chaleurs
suivies d'ovulation ( situation A);
y' l'injection de prostaglandines en milieu de cycle provoque
une régression rapide du corps jaune, les chaleurs apparaissent 3
à 4 jours plus tard, suivies d'une ovulation et un nouveau corps jaune
se développe. La deuxième injection de prostaglandines provoque
une régression rapide de ce corps jaune et l'apparition de nouvelles
chaleurs suivies d'ovulation (situation B);
y' l'injection de prostaglandines en fin de cycle,
après le 17ème jour, est sans effet: chaleurs et ovulation
apparaissent normalement; un corps jaune s'installe, qui sera détruit
par la deuxième injection; à nouveau, chaleurs et ovulation
apparaissent 3 à 4 jours plus tard (situation C).
Au total, si on considère que A, B, C, correspondent
à la situation de trois femelles différentes, ces trois femelles
sont effectivement synchronisées après le traitement. pour
grouper les chaleurs il faut donc réaliser deux injections à
10-12 jours d'intervalle; au moment de la deuxième injection, toutes les
femelles sont théoriquement entre le 5ème et le 17ème jour
de leur cycle, donc réceptives aux prostaglandines et les chaleurs
apparaissent 3 à 4 jours plus tard.
III.5.1.2 / Utilisation de la progestérone ou de
ses analogues, les
progestagènes.
La progestérone est l'hormone
sécrétée par le corps jaune au cours du cycle ou de la
gestation; elle a la propriété de bloquer la maturation des
follicules et l'ovulation. L'administration pour la maîtrise des cycles
est faite à l'aide d'implants de progestérone (Norgestomet) ou
à l'aide de spirales vaginales imprégnées de
progestérone; le principe d'action est le même dans les deux cas.
La recherche d'un traitement plus cours que la durée du cycle (8-12
jours) a conduit à la nécessité d'administrer en
début de traitement un oestrogène, valérate ou benzoate
d'oestradiol, pour:
y' empêcher la formation d'un corps jaune fonctionnel chez
les femelles en début de cycle;
y' raccourcir la durée de vie du corps jaune chez les
femelles en milieu de cycle. Comme le cas précédent, on peut
distinguer trois types de situations représentées par la figure N
° 7.
Figure 7 : Mode d'action d'un traitement
associant un progestagène (Norgestomet en implant
pendant 8 -10 jours) au valérate d'oestradiol (IM).
V le traitement commence en début de cycle,
l'association progestérone (progestagènes) oestrogène
conduit à un arrêt du développement du corps jaune. Les
chaleurs apparaissent un 1 à 12 jours après le traitement
(situation A);
v le traitement commence au milieu du cycle, le corps jaune
évolue normalement, ce qui se traduit par la chute du niveau de
progestérone au 16-17 ème jour et les chaleurs apparaissent
naturellement après la fin du traitement (situation B);
V le traitement commence en fin de cycle, le corps jaune
régresse normalement au
16ème jour mais le relais est pris par le corps jaune
artificiel que représente le
traitement et les chaleurs n'apparaissent qu'après la fin
du traitement (situation C).
Au total, si on considère que A, B, et C, correspondent
à la situation de trois femelles différentes, ces trois femelles
sont effectivement synchronisées; les chaleurs apparaissent 1 à 2
jours après la fin du traitement.
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