II. 3 / Croissance folliculaire pendant l'anoestrus
post-partum
Pendant la gestation, chez l'ensemble des espèces
mammifères, un petit nombre de follicule sort continuellement de la
réserve ovarien et entame une poussée de croissance
évoluant rapidement vers l'atrésie. Cet état d'anovulation
se produit après la parturition chez la plupart des espèces
pendant un laps de temps variable et se dénomme anoestrus
post-partum.
La croissance folliculaire observée pendant l'anoestrus
post-partum est caractérisée par un développement
irrégulier de follicules qui sortent de la réserve ovarienne, se
développant jusqu'à une faible taille et s'atrésient
ensuite très rapidement. Aucun phénomène de
sélection ni de dominance ne se produit. Ensuite, progressivement, la
taille atteinte par les follicules augmente et l'ovulation se produit lorsque
la régulation permet d'aboutir à la dominance d'un follicule.
II. 4 / Facteurs de variation de la durée de
l'anoestrus post- partum
Dans les espèces sauvages comme les espèces
domestiques, de nombreux facteurs influencent la durée de l'anoestrus
post-partum, tels que la saison (par le biais de la photopériode),
l'involution utérine, l'alimentation, les maladies, le rang de
vêlage, l'allaitement, la période de vêlage, le mode de
stabulation, les conditions de vêlage et ses suites.
II.4.1 / Rang de vêlage
L'effet de la parité sur la durée de l'
anoestrus post-partum a été décrit par de nombreux auteurs
(Petit et al., 1977; Aguer ,1981 ; De Fontaubert et al., 1990 ; Short et al.,
1990) cités par Kabandana, 1995.
Les primipares ont un anoestrus post-partum plus long que les
multipares. Dans une étude menée en Saône et Loire au cours
de la campagne 90-91 sur les vaches charolaises, le taux de cyclicité
était de 9,10 % après premier vêlage, 18,5 % après
le deuxième et significativement
plus élevé (49 %) pour des vaches de rang 3 et plus
(Grimard et al., 1992b) cité par Kabandana, 1995.
II.4.2 / Allaitement
La reprise de l'activité cyclique chez vaches
tétées est lus longues que celle des vaches traites,
elle-même plus tardive que celles des vaches taries (Petit, 1977 ; Petit
et al., 1977 ; Humblot, 1982) cités par Kabandana,1995. Il y a donc une
influence double de la lactation et de la stimulation mammaire sur l'initiation
des premières ovulations (Thibier, 1982) cité Kabandana, 1995.
Plus précisément, l'allaitement retarde la reprise de
l'activité de l'activité ovarienne en différant le moment
ou la fréquence et l'amplitude de la sécrétion tonique de
LH, en diminuant la sensibilité hypophysaire à la GnRH et
inhibant le retro-contrôle positif de l'oestradiol sur la
libération de LH (Humblot, 1982) cité par Kabandana, 1995.
Lorsque une vache de race à viande est traite, la durée de
l'anoestrus post-partum est proche à celle de la vache laitière
(Mialot et Badinand, 1985) cité par Kabandana, 1995.
II.4.3 / L'alimentation
L'alimentation en fin de gestation par son incidence sur
l'état corporel au vêlage et le niveau énergétique
au début de la période d'allaitement, sont de loin les principaux
éléments de la conduite du troupeau qui détermine la
proportion des vaches cyclées au cours du post-partum (Gary et al., 1987
; Paccard et Grimard, 1988) cités par Kabandana, 1995.
L'effet de la nutrition énergétique est le mieux
connu plus que le niveau énergétique des apports. Il semble que
l'état corporel des animaux et ses variations au cours du post-partum
soient en cause.
Chez les femelles maigres, on peut observer une diminution de
la fréquence des pics de LH ; du niveau de la sécrétion
tonique de LH et du nombre des follicules de grande taille (> 10 mm) sur les
ovaires (Grimard et al., 1992b) cité par Kabandana, 1995.
Selon (Haresign, 1980) cité par (Humblot, 1982)
rapporté par Kabandana, 1995 ; le niveau alimentaire appliqué
chez la vache allaitante pendant la période post-partum n'a que peu
d'influence sur la fonction de la reproduction des vaches qui au vêlage
sont en bon état, alors que l'effet est très net sur la
population de vaches mal nourries avant vêlage. Le ou les
mécanismes par lesquels l'alimentation peut modifier le
rétablissement de l'activité ovarienne restent
hypothétiques.
On suppose que la sous alimentation pendant la fin de gestation
diminue la sensibilité
ovarienne aux gonadotropines hypophysaires (Humblot, 1982)
cité par Kabandana, 1995.
En début de lactation, une sous alimentation provoque une
mobilisation des réserves, ce qui donne un amaigrissement incompatible
avec une reproduction normale.
II.4.4 / La saison
Au sahel, dans les élevages exclusivement extensifs, la
proportion des femelles en inactivité sexuelle devient de plus en plus
importante au fur et à mesure que la durée de la saison
sèche augmente. Cela est dû au fait qu'en saison sèche, les
pâturages s'appauvrissent de plus en plus jusqu'à devenir
complètement vides. Les animaux maigrissent exagérément et
leur activité sexuelle passe en repos.
II.4.5 / Période de vêlage
En Afrique, en zones sahéliennes, dans les conduites
extensives, un vêlage en début ou pendant l'hivernage
amènerait une reprise d'activité ovarienne plus rapide qu'un
vêlage après l'hivernage ou en début de saison
sèche. Cela s'expliquerait au fait que pendant l'hivernage les
pâturages naturels sont bien fournis, par conséquent les animaux
trouvent suffisamment de l'herbe et ont un bon état d'embonpoint
d'où un reprise rapide de l'activité ovarienne.Or quelques mois
après l'hivernage ces mêmes pâturages deviennent vides et
les animaux passent une longue misère physiologique jusqu'à la
nouvelle saison d'hivernage. Ainsi l'anoestrus post-partum serait suivi d'un
anoestrus de stress dû à un déficit alimentaire.
II.4.5 / Mode de stabulation
La reprise de la cyclicité des vaches conduites en
stabulation libre est souvent plus précoce que celles des femelles
logées en stabulation entravée. L'amélioration de la
restauration de l'activité ovarienne constatée en stabulation
libre peut s'expliquer par différents facteurs : la luminosité,
l'exercice, une conception des bâtiments offrant une meilleure ambiance
(Gary et al., 1987) cité par Kabandana, 1995.
II.4.6 / Conditions de vêlage et ses
suites
Un vêlage dystocique ayant nécessité une
intervention obstétricale, prolonge la durée de l'anoestrus
post-partum. Les lésions utérines provoquées par
l'intervention pourraient différer la première ovulation.
De nombreuses femelles sont en anoestrus au moment où
leur mise à la reproduction devient indispensable. Pour
remédier à cette situation, il est nécessaire de mettre en
place des
traitements permettant d'induire et de synchroniser les
chaleurs.
Chapitre III : Maîtrise des cycles sexuels
III.1 / Définition
Chez la femelle bovine, vache ou génisse, il est
possible de contrôler le déroulement de l'activité
ovarienne (moment des chaleurs et de l'ovulation) par des traitements
hormonaux. Ces techniques, que l'on désigne sous le terme
général de maîtrise des cycles sexuels, ne
constituent pas un traitement de l'infécondité
et doivent, pour donner des résultats satisfaisants, s'adresser à
des femelles en bon état de reproduction. Le principe de ces traitements
découle de la connaissance des mécanismes physiologiques de
régulation de l'activité ovarienne; ainsi, l'état
physiologique des animaux doit être connu pour proposer les traitements
appropriés.
Du point de vue physiologique, la maîtrise des cycles
sexuels doit s'attacher à résoudre des problèmes bien
différents:
V synchroniser les chaleurs et les ovulations chez les femelles
cycliques;
V induire et synchroniser l'oestrus et l'ovulation chez les
femelles non cycliques.
III.2 / Objectif de la maîtrise des cycles III.2.1
/ Pour l'éleveur
Il peut intervenir de façon efficace sur le rythme
d'apparition des chaleurs: il a donc la possibilité de programmer des
chaleurs et des dates d'inséminations, de planifier les mises bas en
fonction de divers paramètres d'ordre pratique et économique.
L'éleveur possède ainsi un atout supplémentaire important
pour parfaire la gestion du troupeau, gestion qui doit être toujours
rigoureuse face à l'évolution de l'élevage moderne et qui
passe par la recherche d'une productivité toujours accrue.
Comment la maîtrise des cycles permet-elle d'atteindre cet
objectif ?
> La détection des chaleurs qui se manifesteront
alors sur une période prévue et relativement courte pour la
femelle ou le groupe de femelles traitées se trouve hautement
facilitée. dans certains cas une double insémination peut
être pratiquée «en aveugle», sans se soucier des signes
extérieurs d'oestrus, à une date post traitement bien
précis.
> La programmation des naissances permet à
l'éleveur de conduire son troupeau en
lots homogènes et d'obtenir ainsi une meilleure
rationalisation de son travail.
> De même, dans un souci de rentabilité optimale
il peut espérer commercialiser ses
produits au moment où les cours sont les plus soutenus.
> il devient plus facile de coïncider les besoins du
troupeau et les ressources alimentaires disponibles.
> La maîtrise des cycles - surtout dans les
élevages allaitantes - aide à développer la pratique de
l'insémination artificielle qui présente deux avantages
essentielles: la
possibilité certaine d'obtenir une amélioration
génétique, source de meilleurs performances. La garantie et le
maintien d'un bon état sanitaire si souvent perturbé par l'apport
extérieur de reproducteurs.
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