CHAPITRE III: LES AVORTEMENTS CLINIQUES
III.1. Définition
+ Définition courante: interruption de
gestation avant son terme normal suivi de l'expulsion du conceptus mort ou non
viable [HANZEN, 2008b].
+ Définition légale: En France,
d'après le décret du 24 décembre 1964, on considère
comme avortement dans l'espèce bovine l'expulsion du foetus ou du veau
mort-né ou succombant dans les 48 heures qui suivent la naissance
[HANZEN, 2008 b].
+ Définition pratique: interruption de
la gestation entre la fin de la période embryonnaire (fécondation
- 50ème jour de gestation environ) et le
260ème jour de gestation, suivie ou non de l'expulsion d'un
produit non viable. Après le 260ème jour de gestation,
on parlera de vêlage prématuré. Il convient de distinguer
l'avortement clinique (mise en évidence de l'avorton et/ou des
enveloppes foetales) de l'avortement non réellement constaté
(avortement supposé). Ce diagnostic d'avortement « supposé
» dit encore avortement « subclinique» peut être
posé sur la base de l'une ou l'autre information suivante relevé
après qu'un constat de gestation antérieur positif ait
été réalisé: diagnostic de gestation négatif
quelle que soit la méthode utilisée, détection d'un retour
en chaleurs, réinsémination de la vache, observation d'un retard
d'involution utérine [HANZEN, 2008b].
III.2. Importance
III.2.1. Importance sanitaire
En effet, une part non négligeable des avortements est due
à des agents infectieux zoonotiques, et certaines de ces zoonoses sont
loin d'être bénignes d'un point de vue médical (Brucellose,
chlamydiose, Fièvre Q, etc ) [HAUREY, 2000].
III.2.2. Importance économique
L'importance économique est considérable. Les
avortements cliniques limitent l'élevage à sa source et
constituent ainsi un frein aux tentatives d'amélioration
génétique. Selon GATSINZI (1989), sans
production de veau vivant et viable il n'y a pas de rentabilité
économique et donc pas d'intensification de la production bovine.
De plus, l'avortement, quelle que soit son origine est souvent
suivi de rétention placentaire, pouvant donner suite à des
métrites et de l'infertilité, voire de la
stérilité.
III.3. Etiologie
En élevage bovin, les avortements cliniques ont une
étiologie très variée (Figure 16). En effet, les agents
responsables de ces avortements sont de nature biologique tels les
bactéries, les virus, les parasites, les champignons et les levures
[DJABAKOU et al., 1985]; ou non biologiques comme les
facteurs nutritionnels, chimiques, physiques, génétiques ou
iatrogènes [KARABAGHALI, 1972; WOLTER, 1973].
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Protoz: Protozoaire; Non Inf:
Non infectieux
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Figure 16: Etiologies des avortements bovins
[Source: YAMINI cité par HANZEN,
2008b].
III.3.1. Agents biologiques III.3.1.1. Causes
bactériennes III.3.1.1.1. Brucellose
La brucellose est une maladie cosmopolite, zoonose due
à des bactéries du genre Brucella et se caractérise par
une évolution chronique affectant principalement les organes de
reproduction et se traduisant par de l'avortement plus
généralement vers le 6ème ou
7ème mois de gestation (80 % des animaux exposés au
germe avortent), la mortinatalité, la stérilité chez les
ruminants (surtout les bovins), qui de loin payent le plus lourd tribut
à cette entité pathologique [LEGEA, 1974].
Selon les différents auteurs, son dépistage a
été réalisé dans beaucoup de pays de l' Afrique
intertropicale. Au Tchad [DELAFOSSE et al., 2002],
une étude a montré une prévalence de 2,6%;. en Côte
d'Ivoire [THYS et al., 2005] la prévalence
était de 3,573% en élevage intensif et de 4,291% en
élevage traditionnel.
Au Togo, la prévalence est de 16,6% [AKAKPO et
al., 1981]. Au Sénégal, des enquêtes
sérologiques seules [CHAMBRON, 1965]; [MOUICHE,
2007a]; [HABIMANA, 2008], sérologiques et
bactériologiques [DOUTRE, et al., 1977] ont
montré des prévalences respectives de 13,3%, 1,17%, 1,5% et de
14,9%.
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