2.2.1.3 Identification des déterminants par un
modèle Tobit
Après avoir déterminé l'efficience des
différents systèmes d'irrigation, l'étape suivante
concerne l'identification des déterminants de l'efficacité de ces
pratiques ; ce qui est le plus souvent réalisé par une
estimation d'une relation de second niveau entre les mesures d'efficience et
les variables suspectées (cf. tableau 2) avoir une corrélation
avec celle-ci (Barnes,2006; Chavas et al., 2005; Binam et al., 2003;
Iráizoz et al., 2003).
· Spécification du
modèle
Les scores de l'efficience qui deviendront nos variables
expliquées dans cette seconde étape sont des variables continues
et observables que sur l'intervalle] 0,1[. Un modèle Tobit est alors
requis pour cette estimation :
Avec les scores d'efficience, Z le vecteur des variables explicatives de
l'efficacité technique, les paramètres inconnus à estimer et le terme d'erreur.
· Estimation du modèle
L'estimation du modèle Tobit passe par la maximisation
de la log-vraisemblance suivante :
L'expression de l'estimateur par maximum de vraisemblance de
â est :
Soit avec mco pour moindres carrées ordinaires.
2.2.1.4 Collecte des données
Les données de cette étude proviennent d'une
enquête réalisée entre février et Avril 2007
auprès des maraîchers dans les municipalités de
Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou (Burkina Faso), les deux plus grandes villes
économiquement et démographiquement. .Les questionnaires
couvrent les périodes 2006-2007, 2005-2006, ont concernés 574
producteurs repartis sur 12 sites couvrant une superficie totale en
maraîchage d'environ 164ha.
Les systèmes évalués ont
été choisis parmi les pratiques les plus courantes chez les
producteurs. Les systèmes ont été
caractérisés par la source d'approvisionnement en eau, le moyen
d'exhaure ou transport de l'eau de la source à la parcelle
cultivée, et le mode de distribution.
Pour l'estimation de notre frontière stochastique, les
données sur les quantités de légumes produits et les prix
de vente bord champ du lieu de l'enquête, ont été
utilisées pour obtenir notre output qui est la production totale par
producteur, en terme monétaire. Les inputs retenus conformément
au modèle de frontière retenu sont en quantités. Ce sont
la superficie en hectares (Land1), la durée totale de travail
consacrée à l'exploitation pour l'ensemble de la main d'oeuvre en
heure (Labour1), la quantité de semences (seed1), la quantité de
fertilisants (Ferti1) et de pesticides (Pesti1).
Une analyse Tobit nous permettra d'analyser les
déterminants du système jugé le plus efficient. Les scores
d'efficience obtenus pour les producteurs de ce système seront
régressés sur les variables socio-économiques
détaillées dans le tableau 2. Ces variables sont censées
avoir un impact sur cette efficience.
Tableau 2 : Variables explicatives
intégrées à l'analyse Tobit
Variables
|
Labellisation
|
Type de variables
|
âge
|
L'âge du producteur (en années)
|
Quantitative
|
tailmena
|
la taille du ménage
|
Quantitative
|
msit
|
son expérience, le nombre d'année de pratique du
maraîchage sur le site enquête (en années)
|
Quantitative
|
sexe
|
le genre du producteur
0 = femme ; 1 = homme)
|
Qualitative
|
nivinst
|
le niveau d'instruction
1= le producteur a reçu une instruction formelle
0= aucune instruction et ou coranique
|
Qualitative
|
regfonc
|
le régime foncier
1= la terre appartient a l'agriculteur (acquis par don,
héritage ou par achat)
0= la terre ne lui appartient pas (location ou emprunt)
|
Qualitative
|
credi
|
l'accès au crédit
1= le producteur bénéficie d'un crédit
pour la production
0 = si non
|
Qualitative
|
laitue
|
Pratique de la culture de laitue
1= culture de la laitue
0= si non
|
Qualitative
|
dist
|
la distance de la parcelle au cours d'eau
1= moins de 100m
0= plus de 100m
|
Qualitative
|
Source : Auteur
2.2.2 Résultats et discussions
2.2.2.1 Analyse des systèmes d'irrigation
Le système d'irrigation 1 est le plus adopté par
les producteurs. Plus de la moitié des producteurs (54.4%) dans le
maraîchage au Burkina Faso utilise comme source d'approvisionnement en
eau les puits et les puisards, privilégie une exhaure manuelle au moyen
de seau ou d'arrosoir et distribue l'eau aux cultures également avec des
arrosoirs.
Tableau3 : Principaux systèmes d'irrigation
dans le maraîchage dans la zone d'étude.
Système
|
Source d'eau
|
Mode d'exhaure de l'eau
|
Mode distribution
|
Effectif
|
Fréquence
|
Systeme1
|
puits/puisard
|
Manuelle
(seau/arrosoir)
|
Arrosoir
|
312
|
54.4%
|
Systeme2
|
Cours d'eau
|
Manuelle
(seau/arrosoir)
|
Arrosoir
|
36
|
6.3%
|
Système 3
|
Cours d'eau
|
Motopompe
|
Gravitaire
|
52
|
9.1%
|
Systeme4
|
Cours d'eau
|
Motopompe
|
Arrosoir
|
71
|
12.4%
|
|
471
|
82.2%
|
Source : construction de l'auteur à
partir des données de l'enquête FAO-Université de
Bobo-Dioulasso (2007)
Les systèmes qui utilisent les cours d'eau ont eux
moins de succès auprès des maraîchers burkinabé. En
effet, le système 4 est le deuxième système le plus
utilisé avec un pourcentage de 12.4% suivit des systèmes 3 et 2
avec respectivement 9.1% et 6.3% des producteurs.
Variables
|
Minimun
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart- type
|
Valeur de la production totale en F CFA 2006-2007
|
3750
|
3300000
|
517775
|
648997
|
Inputs
|
|
Superficie cultivée en 2006-2007
|
0.01
|
4.19
|
0.33
|
0.51
|
Labour1 (heures) en 2006-2007
|
1.00
|
133.00
|
19.06
|
17.00
|
Seed1 (kg) en 2006-2007
|
0.01
|
30.00
|
1.59
|
3.23
|
Pesti1 (kg) en 2006-2007
|
0.00
|
50.00
|
2.94
|
5.95
|
Ferti1(kg) en 2006-2007
|
0.00
|
49800.00
|
3850.16
|
4716.05
|
Tableau4 : Statistiques descriptives des variables
intégrées au calcul de l'efficience technique
Source : construction de l'auteur à
partir des données de l'enquête FAO-Université de
Bobo-Dioulasso (2007)
La valeur de la production totale moyenne annuelle en
2006-2007 est de 517.775 FCFA (cf. tableau 4). Avec l'hypothèse que les
coûts de production engrangent plus de la moitié de ces recettes,
le profit restant permet au producteur d'être largement au dessus du
seuil de pauvreté de 1$US par jour ; preuve que le MUP au Burkina
Faso peut permettre de lutter efficacement contre la pauvreté.
Les superficies cultivées sont en moyennes de 0.33ha.
Les producteurs ont la capacité de mobiliser en moyenne 19h de travail
par jour soit par l'enrôlement de la famille à l'activité
de maraîchage ou par l'acquisition d'une main d'oeuvre
salariée. Aussi, les exploitations ne consomment pas trop de pesticides
(2.94kg) mais par contre reçoivent de grandes quantités d'engrais
composées en majorité d'ordures ménagères, de
fécès d'animaux et de résidus de coton.
Dans l'ensemble, les écarts entre les différents
producteurs dans le maraîchage sont très élevés.
L'écart moyen dans la production est de 648 997FCFA, ce qui est à
priori consécutif aux différences dans les quantités
d'intrants (superficie, pesticide et fertilisants) par producteur qui sont
également très grandes. La variabilité sur la production
de l'utilisation de ses différents inputs est appréciée
à l'aide de l'estimation de notre fonction de production.
Tableau5 : Estimation des paramètres de la
frontière de production stochastique utilisant une Cobb-Douglas (Y= ln
(production totale en CFA)) par le maximum de vraisemblance.
|
Coefficient
|
Standard-error
|
T-stat
|
const
|
12.75***
|
0.3518
|
36.24
|
Land1
|
0.2629***
|
0.0422
|
6.23
|
Labour1
|
.02013***
|
0.0945
|
2.13
|
Seed1
|
-0.010
|
0.0383
|
-0.261
|
Pesti1
|
0.00871
|
0.0076
|
1.148
|
Ferti1
|
0.0799***
|
0.0154
|
5.185
|
|
5.23***
|
1.6678
|
3.133
|
|
0.8522***
|
0.0601
|
14.19
|
RV test (test du ratio de vraisemblance) Ho : ( =0)
|
|
Stat calculée
|
Stat lue (p=0.01)
|
Décision
|
Chi-deux (2)
|
10.79
|
9.210
|
Rejet de ho
|
*significatif au seuil de 10% ; **significatif au seuil
de 5% ; ***significatif au seuil de 1%
Source : construction de l'auteur à
partir des données de l'enquête FAO-Université de
Bobo-Dioulasso (2007)
Le test du ratio de vraisemblance nous permet de valider la
significativité du terme d'inefficience. La valeur du terme de la
variance différent de 0, proche de 1 et significative au seuil de 1% nous
permet également de rejeter l'hypothèse d'absence d'inefficience
dans le modèle.
Les coefficients associés aux variables surface
cultivée, travail et fertilisants sont positifs et significatifs au
seuil de 1%. Ces résultats rejoignent ceux de T. Mkhabela
(2005) dans l'analyse de l'efficience technique pour la
culture de légumes en Afrique du Sud. Le signe de la variable relative
aux pesticides est également positif mais non significatif. L'input qui
a le plus grand impact sur la production est la superficie cultivée. Un
accroissement de cette superficie de 1ha à partir de la moyenne entraine
une augmentation de la production de 26% à partir de la moyenne toutes
choses égales par ailleurs.
Concernant, les systèmes de production, nous pouvons
retenir qu'ils sont économiquement rentables, que les productions
varient fortement en fonction des superficies cultivées, mais qu'ils
présentent des sources d'inefficience technique.
|