1. La démence du SIDA
La démence du SIDA, aussi appelée syndrome
démentiel cognitivo-moteur du VIH-1 ou encéphalopathie
VIH-190 affecte 15% des patients séropositifs78.
C'est une complication neurologique du SIDA, apparemment liée à
l'infection du système nerveux par le VIH, dont le mécanisme
exact n'est pas connu. Cette démence a été décrite
pour la première fois par Navia et coll.19 et introduite dans
la définition du SIDA en 1987 (Une encéphalopathie VIH-1
associée à une sérologie VIH-1 positive permet de poser le
diagnostic du SIDA).
La démence du SIDA est caractérisée par
des troubles mnésiques, des troubles des fonctions exécutives et
des fonctions attentionnelles ainsi que par des manifestations
comportementales. Ces troubles rappellent en première analyse ceux
décrits dans les démences sous-corticales.
Les données concernant la date d'apparition, le mode
d'installation et la nature de l'évolution dans les principales
descriptions de la littérature restent contradictoires.
Pour Navia et collaborateurs19, le processus
débute le plus souvent de manière insidieuse avec une progression
régulière (quelques mois) ou une stabilisation. Plus rarement, il
survient de façon aiguë ou subaiguë et progression rapide
(quelques semaines).
Pour Selnes et collaborateurs91, la démence
apparaît dans la grande majorité des cas de manière rapide.
Une fois le diagnostic posé la durée estimée de survie est
de 6 mois.
Description clinique:
Classiquement, le patient est atteint de troubles cognitifs
modérés évoluant de façon rapide, le mode
d'entrée dans la maladie pouvant être, plus rarement, brutal.
Rapidement, les altérations intellectuelles conduisent à un
état déficitaire plus important. L'inertie et le ralentissement
sont les éléments les plus marquants. Souvent réduit, le
langage est pourtant largement préservé. Le raisonnement est, en
revanche, nettement déficitaire, surtout si les tâches
imposées obligent à des opérations successives
reliées entre elles. Les réalisations motrices sur ordre sont
lentes et des consignes complexes ne sont pas exécutées ou
demeurent inachevées. L'impression générale est celle d'un
appauvrissement global de l'activité mentale et d'un déficit de
toutes les performances aux épreuves explorant les fonctions
cognitives.
En fin d'évolution, la majorité des patients
sont atteints d'un dysfonctionnement cognitif global et de troubles moteurs
majeurs (akinésie, tremblements, myoclonies). En outre, certains sont
affectés de signes frontaux à l'examen neurologique.
L'indifférence affective, l'apragmatisme et le mutisme ainsi que le
développement de troubles du contrôle sphinctérien vont
contribuer à l'établissement d'une situation d'abandon, de
passivité et de perte de contact avec l'entourage. A certains moments,
pourtant, de courtes phases de lucidité inattendue contrastent avec
l'aspect général de démence globale.
Actuellement, deux nomenclatures regroupant l'ensemble des
manifestations cognitives, motrices et comportementales permettent de poser le
diagnostic de "démence probable": le DSM-IV (Critères
diagnostiques et généraux de démence du
DSM-IV92 et la classification de l'American Academy of
Neurology31.
1.1.
Classification et critères du DSM-IV : Formes sévères
Critères généraux de démence
du DSM-IV92:
La démence est définie :
1- Par la présence d'un déficit mnésique
2- L'association du déficit mnésique à
au moins l'une des perturbations cognitives suivantes:
- Aphasie
- Apraxie
- Agnosie
- Déficit des fonctions exécutives
(Pensée abstraite et capacité de planifier, initier,
exécuter, contrôler et arrêter un comportement complexe).
3 - Le déficit doit être suffisamment
sévère pour causer des perturbations dans la vie sociale ou
professionnelle du patient.
4- Ce déficit doit être acquis et
évolutif.
Critères diagnostiques d'une démence du SIDA
(DSM-IV)92
« Le patient présente des pertes de
mémoire, des difficultés de concentration, des difficultés
à résoudre des problèmes, une apathie et un retrait
social. Occasionnellement, on peut observer un délire, des illusions ou
des hallucinations. L'examen physique montre souvent un tremblement, une
difficulté à exécuter des mouvements rapides et
répétés, des troubles de l'équilibre, une ataxie,
une hypertonie, une hyper-réflexie généralisée, des
signes d'un syndrome frontal et des mouvement oculaires saccadés ou une
perturbation des mouvements oculaires de poursuite ».
Ces critères reposent donc sur l'observation d'un
déficit mnésique associé à un déficit des
fonctions exécutives.
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