B) Infection du SNC et
déclenchement du dysfonctionnement cérébral
Dans le cerveau infecté par le VIH, les lymphocytes,
les macrophages et les astrocytes sont activés. Ils expriment alors des
marqueurs antigéniques spécifiques sur leur membrane et
produisent des cytokines. Le degré d'activation macrophagique est
lié à la présence de la démence73. Le
virus se propage principalement dans les cellules du système
monocyte-macrophage circulantes et résidentes (microgliales) qui sont
activées. Ces dernières produisent des médiateurs
inflammatoires (cytokines et chimiokines) et des radicaux libres. La production
de cytokines pourrait notamment induire la sécrétion d'oxyde
nitrique (NO) par les astrocytes et d'anions superoxydes par la microglie. Ces
composés se combinent secondairement en peroxynitrate, toxique pour le
SNC. Ainsi l'inflammation dans le système nerveux central pourrait
être à l'origine de lésions neuronales 53, 74,
75.
L'infection du système nerveux central par le VIH-1 et
le déclenchement du dysfonctionnement cérébral sont
liés à trois propriétés du virus : 1) la
neuropénétrance, capacité de pénétration du
virus dans le système nerveux central; 2) le neurotropisme,
capacité du VIH-1 à infecter des cellules du système
nerveux : 3) la neurovirulance, capacité d'induire une maladie
neurologique 74, 76.
C) La
neuropénétrance
Le VIH envahit précocement le système nerveux
central (SNC) sans que la majorité des malades ne présente de
troubles neurologiques au début de la maladie. L'ADN proviral peut
être détecté précocement dans le cerveau des
patients séropositifs avec le plus souvent une faible charge virale
intracérébrale à ce stade77. Aux stades
précoces de l'infection par le virus (stades I et II), survient une
réaction inflammatoire du SNC, avec rupture de la barrière
hémato-encéphalique et lésions de la substance blanche qui
semblent être réversibles29, 78.
Différentes hypothèses sur les voies
d'entrée du virus ont été proposées : 1) Le
franchissement direct de la barrière
hémato-encéphalique79, 2) L'infection des cellules
endothéliales80, 3) Le passage à travers la
barrière hémato-encéphalique de cellules immunitaire
infectées et activées provenant du sang
périphérique81-83. La dernière hypothèse
est la plus fréquente. Cependant ces mécanismes pourraient
exister concomitamment.
Dans des conditions de culture in vitro, l'IL1- et le TNF-
(des cytokines) peuvent induire l'expression de l'ICAM-1 (intercellular
adhesion molecule-1) et de VCAM-1 (vascular cell adhesion molecule-1).
ICAM-1 va permettre l'ancrage des monocytes-macrophages sur les cellules
endothéliales et leur passage à travers la barrière
hémato-encéphalique. Ce mécanisme participe à
l'initiation et au maintient de la réaction inflammatoire du SNC84,
85. Il existe au stade de SIDA une activation de l'endothélium
avec un recrutement des monocytes-macrophages périvasculaires,
indépendamment du développement de troubles neurologiques ou
cognitifs86.
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