3.3.3. La phase asymptomatique
Après la phase de primo-infection, le virus devient
cliniquement latent pendant une période variant en moyenne de 8 à
10 mais avec des extrémités pouvant aller de 18 mois à
plus de quinze ans (voir plus haut).
Pendant cette période, la réplication
détectable dans les munonucléaires périphériques
sanguins est faible voir indécelable. Le taux de lymphocytes T CD4+ du
sang périphérique décroît de manière lente et
progressive. Pas ou très peu de signes cliniques sont décrits
(lésions cutanées ou des muqueuses).
Malgré une virémie faible ou indécelable,
le virus continue cependant de se répliquer en particulier dans les
organes lymphoïdes. La réponse immune est active (plus de 99%,
environ 2 milliard, des virus produits seraient éliminés, puis
renouvelés chaque jour) mais insuffisante pour prévenir la
réplication virale continuelle dans les organes lymphoïdes et, en
conséquence, le système immunitaire s'épuise
progressivement.
Chez une minorité de personnes infectées par le
VIH une prolifération polyclonale des lymphocytes CD4 dirigés
contre l'infection VIH et contrôlant la virémie a pu être
démontrée. Cette réponse est médiée par les
cytokines (interferon gamma et beta chimiokines). Une réponse de ce type
peut apparaître avec les thérapies antirétrovirales.
La marque de l'émergence de la phase asymptomatique
vers la phase symptomatique est un déclin plus marqué des
lymphocytes CD4 et une augmentation de la virémie suite à la
disparition des cellules folliculaires dendritiques qui piégeaient le
virus dans les ganglions68.
Concernant la durée de la phase asymptomatique, il
existe des progresseurs typiques (de 8 à 10 ans de progression) des
progresseurs rapides (10% des personnes évoluant vers le SIDA en 2
à 3 ans) et des non progresseurs lents (10% des personnes n'ayant pas
évolué vers le SIDA plus de 10 ans après l'infection). Le
tabac et l'âge sont associés à une progression plus
rapide69.
On observe des troubles cognitivo-moteurs chez près de
30% des patients considérés comme asymptomatiques.
Les patients séropositifs pour le VIH peuvent
être catégorisés comme symptomatiques ou asymptomatiques,
suivant des critères biologiques (taux de lymphocytes associés
aux CD4), les pathologies opportunistes apparues ou les troubles cognitifs des
patients31. Il n'y a pas de corrélation entre ces
différents types de critères. Ceci rend l'analyse de la
littérature particulièrement difficile quant à la
signification du terme "asymptomatique", qui n'est parfois pas
spécifiée. Les précisions sur la signification du terme
« asymptomatique » sont d'autant plus nécessaires
que les molécules antirétrovirales provoquent une
réaugmentation du taux de CD4 alors que leur effet sur le cerveau et, a
fortiori, sur les déficits cognitifs, est encore largement inconnu. Ces
ambiguïtés ont conduit certains auteurs à s'orienter
dorénavant vers une catégorisation des patients discernant ceux
n'ayant jamais atteint le seuil fatidique d'un nombre de CD4 inférieur
à 200 cellules/ml et ceux ayant déjà, à un moment
quelconque de la maladie, dépassé cette limite. Cette nouvelle
définition rend plus complexe encore les comparaisons entre les diverses
séries de la littérature.
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